L’année dernière, The Good Place avait créé l’événement en twistant sa fin de saison comme peu de comédies l’avait fait auparavant– voire comme peu de séries tout court l’avait fait ! Spoiler alert : toute cette saison, et par conséquent toute cette critique, est entièrement basée sur ce rebondissement final. Si d’aventure vous connaissez la série mais toujours pas comment sa première saison se termine, foncez finir cette dernière !
Reprenons là où nous en étions : quand Michael, notre adorable mini-dieu malchanceux joué par le superbe Ted Danson, a vu son plan machiavélique révélé à la vue de nos quatre héros victimes de toute la supercherie qu’est cette "Good Place". Si le twist avait le mérite de sublimer une saison déjà fort sympathique, il nous laissait dans une situation incertaine, dans une sorte de mini-reboot un peu inquiétant où tous nos personnages avaient oublié la situation. Face à un Michael qui cherchait par tous les moyens à ne pas reproduire les erreurs de son premier jeu, et à un scénario qui se devait de nous surprendre et de ne pas refaire la même chose que la première saison, la série était confrontée à un mur.
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Un retour qui confirme la superbe dynamique laissée par la saison dernière
Sans totalement effacer toutes nos craintes vis-à-vis de la longévité de la série, ce season premiere réussit avec brio à jouer avec le fait que le spectateur est passé de l’autre côté du miroir. La série dégage définitivement une sensation différente de l’année précédente. On sent qu’elle sait où elle va, même si elle reste toujours aussi imprévisible dans les grandes lignes de l’histoire.
Michael est déjà désabusé par Eleanor qui voit clair dans son jeu...
La vraie bonne idée de ce premiere est en effet la fin : vous pensiez obtenir une saison chiante où nos personnages passent du temps à se remémorer les événements de la première saison pendant d’interminables épisodes ? La série renverse nos attentes en faisant un véritable "faux-départ" comme le dit Michael, puisqu’Eleanor comprend vite la situation et force Michael a faire un reboot… pour un essai numéro 3 ! Alors au final, on pourrait se dire « super… on est juste revenus au point de départ, le petit mot dans la bouche de Janet en moins ! ». Oui, mais ce serait oublier un élément capital rappelé par la scène du générique final : Michael n’avait le droit qu’à UN autre essai par son supérieur. Nous allons maintenant entrer dans une version 3 de la "Good Place", où les héros sont certes amnésiques, mais où cette fois, c’est l’antagoniste Michael qui possède un secret à cacher. Cela remet complètement à plat les perspectives et renverse la dynamique de la série.
De plus, le fait que le spectateur soit mis dans la confidence (ce qui n’était pas forcément nécessaire), et le fait que la série ait pour le moment lâché sa construction d’épisodes en flashback, sont d’autant d’éléments prouvant que cette année, la dynamique du show est différente, et tant mieux !
Un travail de scénariste
L’autre idée top de cette "nouvelle" série, c’est d’assimiler le travail de Michael à celui d’un scénariste, tentant d’arranger les scénarios les plus machiavéliques pour le quatuor de personnages principaux. D’anciens personnages de la précédente saison reviennent pour jouer le rôle d’acteurs capricieux ("True Eleanor" rabaissée à une pizzaiola), et tous ne comprennent pas pourquoi ils doivent se forcer à créer une pièce complexe et soigneusement planifiée au lieu de simplement faire de la torture et s’éclater en le faisant. On peut très facilement lire ça comme une réponse de The Good Place à toutes les comédies et séries typiques qui existent : médiocres, fainéantes, enchaînant des histoires déconnectées d’un jour pour divertir le spectateur, chacune d’entre elles ayant contribué à véhiculer l’idée au fil des années que si une série fait rire, elle peut se passer d’une vraie histoire, et que tout est fait pour que le spectateur débranche son cerveau le temps d’un épisode.
The Good Place prend la voie de la difficulté. Elle a soigneusement introduit tous ses concepts, ne brûle aucune étape mais, à la manière de Michael l’architecte, construit soigneusement un dessin plus grand que ce que chaque épisode de vingt minutes ne peut entièrement raconter, mais auquel il contribue. Pour cette reprise, elle a même dédié un double-épisode de quarante minutes à l’ensemble, jonglant entre plusieurs retours en arrière aboutissant au climax qui chamboule tout de nouveau.
Je me suis toujours demandé pourquoi la "Good Place" ne faisait que des paires hétérosexuelles – avant de me rappeler que nous sommes en réalité en enfer
La série se suit désormais comme un travail de mise en abyme, où le spectateur prend un malin plaisir à voir comment un personnage marionnettiste fait interagir d’autres personnages entre eux, comment cela peut créer un comique de situation assez jouissif et comment tout peut virer au cauchemar si l’ensemble est mal maîtrisé. Est-ce que la future version de la "Good Place" sera dans le même ordre d’idée ou est-ce que c’était une expérience unique et que la suite nous réserve quelque chose de plus direct et moins "méta" ? J’espère bien que non, car tout comme Michael, j’ai pris un plaisir machiavélique durant ces deux premiers épisodes à voir tout ce beau monde dans un shaker qu’on secoue très fort et qui implose en très peu de temps… La situation à venir dans le troisième monde est plus incertaine, mais si elle semble conduire au plus gros "arroseur arrosé" (concernant Michael) de l’histoire, ça risque d’être tout aussi bon !
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Les deux premiers épisodes de The Good Place constituent donc une suite très attendue au fameux rebondissement final de la première saison et ne déçoivent sous aucun aspect : humour, imbrication des personnages mais surtout véritable expérience partagée entre le cerveau diabolique de l’histoire, Michael, et le spectateur averti de la mascarade… Ces épisodes continuent de prouver qu’une comédie n’a pas besoin de chercher le rire à chaque scène et la surenchère de gags pour capter l’attention, mais qu’une bonne histoire suffit. Encore faut-il le bon scénariste... n’est-ce pas Michael ?
J’ai aimé :
- Aller de l’autre côté du miroir
- Tout l’aspect "écriture de scénario"
- Les nouveaux enjeux de la saison et le vent frais sur l’intrigue
- Toujours ne pas savoir où l’on va à l’issue de ces deux épisodes, mais avec confiance malgré tout
- L’humour, Jahani toujours géniale, les acteurs-acteurs tous parfaits dans leurs rôles...
Je n’ai pas aimé :
- …
- ...
- Un défaut ? … Je réfléchis… Je… Je vais à la salle !