Critique : The Lottery 1.01

Le 25 juillet 2014 à 11:47  |  ~ 5 minutes de lecture
Malgré un pitch accrocheur, The Lottery offre un premier épisode fade et sans surprise.
Par SarahLund

Critique : The Lottery 1.01

~ 5 minutes de lecture
Malgré un pitch accrocheur, The Lottery offre un premier épisode fade et sans surprise.
Par SarahLund

Diffusée dimanche dernier sur la chaîne Lifetime, The Lottery a fait une entrée assez discrète dans la sphère des séries US de l’été. Peu de promo pour une audience assez mitigée, donc. Il faut dire que Lifetime n’est pas connue pour la qualité de ses programmes, destinés principalement aux ménagères américaines - en témoigne le crédo de la chaîne « A television for Women » -. Avec The Lottery, fiction dystopique angoissante, Lifetime espérait donc redorer son image, en proposant une fiction au scénario audacieux, contrastant avec les séries « destinées » aux femmes telles que Devious Maids (Marc Cherry) ou encore Witches of East End et ses reality shows un peu cheap (Dance Moms, Extreme Makeover et j’en passe).

 

 

Une bonne idée mal exploitée


 

Nous sommes en 2025. L’humanité est menacée par un fléau, inexplicable mais bien réel : celui de la stérilité féminine. Depuis 2016, le taux de natalité est au plus bas. En 2019, seuls six enfants ont vu le jour. « They were the last ones » annonce le générique de début, alors qu’on nous montre des maternités vides et des écoles fermées. Une hypothèse alarmante, mais pas inconcevable dans notre monde où pollution et réchauffement climatique risquent de modifier, à terme, les processus naturels de reproduction. The Lottery part donc d’une idée originale, même si la série ressemble à une version -moins intense- du film d’Alfunso Cuaro, Les Fils de L’Homme ; pas si surprenant que ça, quand on sait que le co-scénariste du film, Timothy J. Sexton, est en fait le créateur de la série !

Tout part de la découverte, révolutionnaire, d’une scientifique férue, Alison Lenon (Marley Shelton, assez convaincante), qui parvient contre toute attente à féconder 100 embryons, derniers espoirs de l’humanité. Alison est alors brutalement mise à la porte par le boss de la United States Fertility Commission, un bureaucrate aux manières expéditives (Martin Donovan, vu dans Homeland et Hannibal) au service de la maison blanche. Déterminée à continuer ses recherches, Alison parvient à subtiliser un des embryons, devenant l’ennemi public numéro 1. Entre temps, le gouvernement américain, qui voit dans cette découverte l’occasion d’une formidable opération de marketing, proclame l’ouverture d’une loterie mondiale qui désignera les « mères porteuses » des précieux embryons.

Malgré un pitch plutôt ambitieux, The Lottery échoue selon moi à exploiter les possibilités ouvertes par un tel sujet. Au lieu d’explorer ce monde où les enfants sont quasi absents, et ou les notions centrales de famille et de maternité sont du même coup totalement remises en question, la série préfère se focaliser sur l’action pure et simple. Le côté « humain » n’est finalement évoqué qu’au travers de Kyle (Michael Graziadei), père d’un des derniers enfants à être né, prêt à tout pour protéger son fils très convoité.

 

 

The Lottery

 

 

Des personnages trop caricaturaux :

 


Surtout, le manque de finesse dans la caractérisation des héros est flagrant. Du coup, le spectateur ne s’attache pas à ces personnages sans contenu propre, qui laissent un sérieux goût de déjà-vu. On est loin du grain de folie d’une Carrie Mathison ou de l’excentricité d’un Walter Bishop. Au contraire, les acteurs sont cantonnés à des rôles déjà trop écrits, limités dans leur évolution par une intrigue trop étroite : le président apathique, ses conseillers avides, la belle scientifique douée et honnête, un père repenti et aimant. On n’est pas surpris d’apprendre, à la fin du pilote, que les chemins d’Alison et de Kyle sont destinés à se rencontrer.

La caricature prive ainsi la série de tout caractère polémique. Il est en effet difficile de distinguer la ou les question(s) posées par The Lottery. On peut y voir, peut-être, une réflexion sur la conception, sur l’importance de la femme en tant qu’élément reproducteur de la société. Ce qui en ferait, somme toute, un show très conservateur, traduisant les craintes des mâles contemporains face à celles, ces « working women » de plus en plus nombreuses, qui refusent de se plier au schéma traditionnel.

 

The Lottery n’est donc pas la série de l’été, loin de là. Alors que les fictions SF et fanstastiques ont le vent en poupe (Extant, The Leftovers, The Strain…), Lifetime aura tenté mais n’a (selon moi) pas réussi.

 

 

 

J’ai aimé :

 

  • La relation, touchante, entre Kyle et son fils

 

 

Je n’ai pas aimé :


  • Le traitement maladroit d’un sujet au fort potentiel
  • La réalisation : trop centrée sur l'action

 

 

 Ma note : 09/20.


L'auteur

Commentaires

Avatar Altaïr
Altaïr
Chouette article :) Le sujet de cette série m'intéresse énormément, et j'aurais bien aimé en débattre - mais ta critique me décourage de dépenser du temps pour regarder cette série. Toutes ces oeuvres de SF qui s'attaquent d'une façon ou d'une autre à la maternité semblent éviter de prendre ce sujet ce sujet certes casse-gueule et polémique mais passionnant à bras le corps. Quel dommage... il y aurait moyen de soulever de vraies questions.

Image The Lottery
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