Critique : The Slap 1.02

Le 26 octobre 2011 à 06:21  |  ~ 8 minutes de lecture
Un épisode très fort qui poursuit l'étude de personnages entamé dans la première partie
Par sephja

Critique : The Slap 1.02

~ 8 minutes de lecture
Un épisode très fort qui poursuit l'étude de personnages entamé dans la première partie
Par sephja

The Slap Partie II

Anouk est une femme qui semble avoir tout pour elle : elle dirige son équipe de scénaristes pour un soap à la télévision et couche avec un jeune acteur très amoureux qui veut partir avec elle pour une nouvelle vie. Seulement, elle doit aussi faire face à une mère qui subit les premiers effets de la vieillesse et une soeur pacifiste incapable de se remettre de la claque que son fils vient de prendre. 

 

Résumé de la critique : 

Un épisode remarquable que l'on peut détailler ainsi : 

  •  un drame d'un réalisme poignant sur une femme qui vit entre rêve et réalité 
  •  des comédiens remarquables et un ton unique  
  •  un gifle comme un retour brutal au réel 
  •  une série en prise avec le réel

 

 

Une héroïne qui perd le contrôle 

Après un premier épisode très collectif, The Slap se penche sur le cas particulier d'un personnage qui semble le moins marqué par la gifle qu'a reçu le petit Hugo. Malgré ses liens forts avec la mère du jeune garçon, elle vit beaucoup dans l'imaginaire, dirigeant une équipe de scénaristes pour un soap télévisé. La présentation de cet univers est particulièrement bien détaillée, poursuivant la recherche de réalisme voulue par l'équipe créative en ne laissant aucun détail au hasard, preuve étonnante du soin apporté au développement de ce show. 

Seulement Anouk a eu la mauvaise idée de mélanger son travail et sa vie sentimentale, son petit ami Rhys étant un jeune comédien de la série qu'elle dirige. Malgré la différence d'âge, elle essaie de suivre son rythme, le jeune comédien vivant une existence de jeune homme trop effrénée pour elle. Prise entre un besoin de retrouver une jeunesse et de fuir la vision de sa propre mère en train de lentement s'effondrer sous le poids de l'âge, la jeune femme traverse cette crise de milieu de vie où les instants de plaisir sont toujours suivis d'un fort sentiment de culpabilité. 

Toujours tourné vers ses personnages avant tout, The Slap construit des portraits très réalistes d'êtres humains crédibles et touchants, vivant une vie entre réalité et illusion. Le retour au réel lors du dernier acte profitera de toute cette mise en place avec un final d'une émotion intense qui permet d'apprécier pleinement tout le travail de préparation effectué dans les deux premiers tiers. Une très bonne surprise que ce show qui dépeint avec un réalisme étonnant des portraits saisissants des êtres humains en ce début de vingt et unième siècle. 

 

Des acteurs au diapason

Pour ceux qui tenteront de regarder The Slap, il vaut mieux prévenir que la série fait plus penser aux premiers films de Jane Campion ou Mike Leigh qu'à un show classique de télévision. Singulière, elle possède un rythme particulier qui s'adapte à chaque personnage et nous présente les humains de notre siècle comme des êtres vivants dans un univers entre rêve et réalité. Evidemment, pour appuyer ce style presque néoréaliste, il faut des comédiens de talent et le show ne nous déçoit pas avec dans le rôle principal une Essie Davis (photo du dessus) remarquable. 

Sa confrontation qui marque le tournant de l'épisode avec Melissa Georges est assez poignant, une scène longue et étirée qui détruit tout rêve et nous ramène à la réalité. Cette séquence de onze minutes est un pur bijou qui prend le temps pour donner du sens au final particulièrement poignant de cette histoire. Voir Anouk tenter de reconstituer un simple jeu d'éveil pendant que sa vie part en miettes devant ses yeux est un instant de mise en scène surprenant, une scène  cruciale où l'être humain doit faire des choix en laissant de côté ses sentiments pour revenir à l'essentiel. 

Dans le rôle du jeune comédien, Oliver Ackland est aussi très bon, interprétant avec une grande sobriété toute la fougue d'une jeunesse certes sincère, mais naïve et inconsciente dans ses choix. 

 

 

Une gifle qui ramène à la réalité 

Si Anouk ne semble pas beaucoup s'intéresser à la gifle qu'a reçu Hugo, elle va pourtant en subir les conséquences inattendues lorsqu'elle commence à juger sa meilleure amie, la mère du petit garçon, à ce propos. Le fait qu'elle trouve la claque méritée ou pas n'est pas ce qui intéresse les auteurs, celle-ci ne servant qu'à révéler son égoïsme qui l'éloigne lentement de sa nature profonde. Emportée par ses sentiments pour Rhys et l'illusion d'une jeunesse factice, elle fait preuve d'une incompréhension envers les autres qui montre son désir de rester dans sa bulle et de se couper de son ancienne existence. 

Le choix va alors se poser entre l'image de jeunesse que lui renvoie son petit ami et sa vraie nature, la ramenant à un journal qu'elle a tenu étant petite. La vérité réapparaît alors au-delà des illusions, ainsi que le triste constat du temps qui passe qui oblige à faire des sacrifices tandis que l'âge transforme la mort en une réalité. Au travers d'une gifle, geste d'agression et d'humiliation, les auteurs proposent l'histoire de personnages qui se remettent en cause profondément, montrant comment une action peut avoir une multitude de conséquences imprévus. 

Le générique est superbe de ce point de vue, montrant un simple choc qui en entraîne une série croissante d'autres à différents niveaux d'intensité. Mais la vraie force de l'épisode réside dans sa capacité à ne pas imposer un choix en particulier, mais à faire preuve d'une objectivité qui donne toute sa force à la conclusion. La vie est composée de ses moments superbes où l'on est contraint de blesser quelqu'un, de couper certains ponts et de sacrifier un bout de son existence. Voilà ce que raconte formidablement cet épisode de The Slap.

 

Le besoin de réalité 

A l'heure où les excès d'imaginaire mène les créations artistiques dans le puits sans fond de la surenchère, la série prend le temps de construire des personnages forts et nous ramène à une approche de la narration simple et sans artifice. Une claque, une vraie, pour une série qui se construit comme une série de portraits remarquables, avec comme qualité première un soin dans la reconstitution indéniable. Tout le monde n'adhérera pas, mais la série est à mes yeux une vraie réussite, ramenant à une narration qui sait prendre le temps du silence, de l'hésitation face à un choix égoïste, impossible et touchant de sincérité. 

En conclusion, un épisode qui confirme les qualités d'écriture et d'interprétation de The Slap, série singulière qui dresse le portrait saisissant de personnages étonnamment réels. Loin des déferlements de l'imaginaire des autres productions qui glissent, hélas, parfois dans l'abîme de l'ennui, ce show renoue avec une sensibilité presque naturaliste et à mes yeux passionnante. Un show à réserver à un public averti, tant les thèmes abordés sont matures et le rythme particulièrement différent des productions américaines. Mais l'effort en vaut largement la peine, tant le final est poignant et particulièrement prenant. 

 

J'aime : 

  •  les comédiens impeccables, surtout Melissa Georges et Essie Davis 
  •  une scène au milieu entre Anouk et Rosie monumentale 
  •  une réalisation toujours impeccable 
  •  une écriture très soignée 
  •  le concept de la série assez brillant 

 

Je n'aime pas : 

  •  personnellement rien, mais certains seront logiquement choqués par le rythme assez lent 

 

Note : 15 / 20

Un épisode surprenant qui dresse le portrait d'une femme prise au piège entre sa carrière, ses amours et ses problèmes de famille, perdant lentement le contrôle de son existence. La confirmation de la qualité d'écriture de The Slap qui nous propose ici un récit au réalisme cru et saisissant, offrant un rôle particulièrement fort à Essie Davis.

L'auteur

Commentaires

Avatar Altaïr
Altaïr
décidément il faut que je trouve le temps de gouter à the slap !

Image The Slap
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