Critique : The Hitchhikers Guide of The Galaxy 1.01

Le 17 juillet 2012 à 20:34  |  ~ 8 minutes de lecture
Une adaptation un peu trop fidèle de l'émission de Douglas Adams qui n'a pas pris une ride si vous ne regardez que le générique de fin.
Par sephja

Critique : The Hitchhikers Guide of The Galaxy 1.01

~ 8 minutes de lecture
Une adaptation un peu trop fidèle de l'émission de Douglas Adams qui n'a pas pris une ride si vous ne regardez que le générique de fin.
Par sephja

L'importance d'une serviette de plage 

 

Arthur Dent a un gros problème qu'il pense être ce  bulldozer qui se dirige vers sa maison pour la réduire en miettes afin de faire passer une voie rapide. Un souci qui n'a pourtant que peu à voir avec ce tracteur à chenilles et beaucoup plus avec l'énorme vaisseau Vogon en route vers la Terre pour la réduire à néant. Heureusement, son meilleur ami Ford Prefect a quatre qualités indispensables : il est courtois, il l'invite au pub , il a une serviette de bain et il est un alien venu d'un amas d'étoiles de la planète Beltegueuse travaillant pour le plus merveilleux livre du monde, The Hitchhikers Guide of The Galaxy. 

 

Résumé de la critique 

 

Un épisode sympathique que l'on peut détailler ainsi : 

  •  un ton très réaliste assez amusant
  •  l'histoire du dernier humain dans l'univers 
  •  une pure merveille d'humour anglais 
  •  une première partie un peu timide 

 

 

En mai, fais ce qu'il te plait 

 

L'été approche et c'est le moment parfait pour moi de retourner à mes chères oldies avec un show que j'ai beaucoup peiné à retrouver : l'adaptation par la BBC de l'oeuvre radiophonique culte du Guide Galactique du Routard. Pour ceux qui ignorent tout de ce bijou  d'humour anglais, laissez-moi vous résumer l'intrigue ainsi : c'est l'histoire d'un homme qui va à la bibliothèque et qui demande gentiment les livres de Douglas Adams... Bon, d'accord, vous avez autre chose à faire alors je vais résumer :  c'est l'histoire du dernier survivant de la Terre, la planète ayant été atomisé par les Vogons en ne laissant qu'un seul survivant : Arthur Dent, le seul humain ayant eu l'idée d'avoir pour meilleur ami un alien fan d'auto-stop.

Bien sûr, si les quelques rares lecteurs perdus sur ses pages s'attendent à ce que je plaisante, pas la peine de rêver, je suis un homme de peu d'humour comme il est bien connu. Non, ce sera une critique ennuyeuse, où je soulignerais l'effort des auteurs de ne pas verser dans le délire total, montrant un respect du travail de l'écrivain et une volonté de respecter le rythme de l'oeuvre. Ainsi, la première partie sur Terre est plutôt réussie, prenant le temps d'installer les personnages en évitant de succomber à la tentation de bâcler le premier acte de l'intrigue pour donner des bases solides à la suite du show.

Très bon dans son rôle de Ford Prefect, David Dixon possède un style très léger, son style flegmatique évoquant parfaitement le slogan "Don't Panic" présent sur la couverture du guide. Si l'adaptation est clairement fauchée et les décors minimalistes, la performance des comédiens reste très plaisante, en particulier Peter Jones excellent dans le rôle... du livre. Ayant clairement subi le poids des années, la série se regarde encore avec plaisir grâce à la qualité du texte de Douglas Adams et le caractère volontairement kitsch de la réalisation.

 

Dans l'espace, personne ne vous entendra râler

 

Héros involontaire de cette histoire, Arthur Dent est incarné par un Simon Jones impeccable, personnage d'une banalité telle qu'il est difficile de vraiment s'attacher à lui, représentant lambda de l'espèce humaine. Seul survivant de sa race, il est avant tout un râleur perpétuel, anglais peu adepte du concept de voyage qui a perdu la chose la plus importante à ses yeux : sa maison. En peignoir et pantoufles, il devient l'aventurier le plus absurde, le héros le plus décalé qui soit, une étrangeté qui donne toute sa valeur à une série qui utilise fréquemment le décalage comique, raillant en particulier la théologie et l'existentialisme avec un certain délice.

Parfait pour se moquer de la passivité de l'être humain, Douglas Adams fait de son héros un râleur pathétique, se plaignant de sa condition alors qu'il est tout simplement le dernier survivant de la Terre. Un comportement hors de propos qui fait le charme du personnage, base d'un humour reposant assez souvent sur les erreurs d'interprétations entre la réalité et la vision du monde proposée par le Guide Galactique du Routard. Les double-sens sont nombreux et certaines blagues, en particulier celle concernant Arsenal, restent assez mystérieuses, confirmant le goût de son auteur pour le comique délibérement absurde.

Avec son style dynamique, léger et son enthousiasme communicatif, le personnage de Ford rappelle clairement le Doctor Who de Russel Davies, l'auteur s'étant clairement inspiré de H2G2 pour le moderniser. Jamais surpris, assez calme en toutes circonstances, il fait avancer une intrigue qui ne dispose d'aucun enjeu, simple voyage délirant dans un univers décalé et amusant. En détruisant la Terre, Douglas Adams fait sauter le cadre habituelle d'une intrigue en tuant tout espoir d'un retour, utilisant la science-fiction comme moyen pour rire des dérives du monde moderne.

 

Mostly Harmless ! 

 

Difficile de faire plus anglais que H2G2, cette culture du flegme avec ce mélange entre autocritique acerbe et autosatisfaction qui fait le charme de l'humour britannique. Les dialogues sont blindés de références culturelles amusantes, avec une identité aussi affirmée avec fierté que raillé avec un réel enthousiasme. La scène finale ingénieuse n'hésite pas à proposer une suite d'objets improbables, seul moment où la série échappe enfin au texte de départ pour développer quelques éléments originaux plutôt réussis. 

Cette fidélité à l'émission radiophonique est finalement le principal défaut de cet épisode, si l'on excepte les dégradations liées au temps, le show se montrant par instant plutôt lent dans sa mise en place. Là où la force de suggestion de la radio fonctionnait à plein, le choix d'un format série s'avère moins convaincant, laissant le sentiment d'observer un objet bancal qui ne parvient à fonctionner que ponctuellement. Trop connue, l'intrigue perd une partie de son souffle épique, suivant froidement un déroulement qui manque parfois d'enthousiasme.

On se surprend malgré tout fréquemment à sourire devant les jeux de mots réjouissants proposés par Douglas Adams, pour une oeuvre à déguster en version originale obligatoire. Une nouvelle preuve que le meilleur pays pour célébrer la fin du monde reste indéniablement l'Angleterre, le seul où le voyage spatial nécessite de boire six pintes de bière une serviette de plage à la main.

 

So long and thank you for all the fish !

 

C'est avec plaisir que l'on retrouve cette version de H2G2 qui s'avère supérieure au film de 2005 (plutôt bon dans l'ensemble) par son style "so british" très affirmé. Il est amusant de voir combien le Ford Prefect de Douglas Adams influera sur le Doctor Who de Russel T. Davies, ce style flegmatique, poussé par le seul instinct de survie. Comme un rêve d'enfant, l'espace se révèle au dernier humain de la galaxie, embarqué dans un périple délirant, à la recherche du sens de la vie.

En conclusion, une mini série anglaise qui a beaucoup vieilli du point de vue technique, mais profite du texte étonnamment drôle de son auteur. Pastiche absurde, Douglas Adams  se moque de la propension de l'homme à refuser l'invitation au voyage, poussant le héros en réduisant sa maison en ruines, écrasée par un bulldozer. Une comédie qui manque un peu de rythme, mais n'a rien perdu de sa saveur, avec des allusions comiques réjouissantes, brillant particulièrement par son aspect volontairement kitsch.

 

J'aime :

  •  Douglas Adams 
  •  les acteurs très bons 
  •  certains gags assez irrésistibles 

 

Je n'aime pas : 

  •  l'absence de version restaurée 
  •  le rythme un peu lent dans le premier acte 

 

Note : 13 / 20 

Un petit hommage personnel à ce bijou d'humour britannique qui répondra à toutes les questions que le spectateur se pose sur la vie, l'univers, le reste. Si le rythme est un peu lent et l'ensemble légèrement trop fidèle à la version radiophonique, la bonne performance des comédiens suffit à apprécier ce voyage aux confins du "nonsense"

L'auteur

Commentaires

Pas de commentaires pour l'instant...

Derniers articles sur la saison

Aucun article similaire.