Critique : The Hour (2011) 1.06

Le 25 août 2011 à 15:49  |  ~ 7 minutes de lecture
Un final en forme d'ultime provocation de l'équipe de The Hour contre le pouvoir en place. Un épisode où tous les éléments se mettent en place jusqu'à un final plutôt inspiré, donnant une définition assez juste de ce que doit être de la bonne télévision.
Par sephja

Critique : The Hour (2011) 1.06

~ 7 minutes de lecture
Un final en forme d'ultime provocation de l'équipe de The Hour contre le pouvoir en place. Un épisode où tous les éléments se mettent en place jusqu'à un final plutôt inspiré, donnant une définition assez juste de ce que doit être de la bonne télévision.
Par sephja

Une heure pour tout changer  

Le tournage de l'émission de The Hour est sur le point de commencer et la pression se fait sentir, les représentants du gouvernement ayant interdit aux journalistes d'évoquer les actualités brulantes sur Suez et la position du premier ministre Eden. Seulement, si en apparence les journalistes paraissent résignés, en douce ils se préparent pour ce qui sera sans le moindre doute leur dernière heure à l'antenne. 

 

 

Résumé de la critique 

Un excellent épisode que l'on peut détailler comme ceci : 

  •  Bel sur le point de comprendre que les raisons profondes de son désir de devenir productrice. 
  •  Harvey qui doit faire le choix entre le confort de sa vie passée et sa soif de nouveauté 
  •  Freddie Lyon face à son propre destin qui va se découvrir lui-même 
  •  un bel épisode où la vérité éclate, donnant une conclusion vraiment satisfaisante à la série.

 

 

Une heure pour donner du sens à sa destinée 

Pour Bel, l'espoir de s'imposer comme la première productrice de la BBC s'est évaporé depuis que Clarence a révélé que la seule raison de sa présence à la tête de l'émission venait du fait qu'il l'estimait plus facile à contrôler. Plus qu'une pionnière, Bel est avant tout intègre et ne se reconnaît ni dans un rôle de maîtresse ou d'épouse mais uniquement dans celui de journaliste.  Comprenant qu'elle ne se pardonnerait jamais de ne pas faire un show qui lui ressemble, la jeune femme prend son destin en main en rompant avec Hector avant de lancer cette heure qui va marquer la fin de l'aventure pour elle. 

En tant que première femme à un tel poste, elle se devait de marquer les esprits et de remuer un univers où les mensonges devenaient trop gros pour ne pas être exposés. Sans chercher à être des leaders d'opinion, les journalistes de The Hour tente de relayer objectivement le quotidien du monde en toute indépendance, une émission à son image dont elle ressent le besoin de se sentir fier. Plus qu'un simple pamphlet féministe, cette série nous aura compté le destin d'une femme désirant prendre le contrôle par amour de son métier et par son désir de proposer une autre vision de l'information. 

Pour l'anecdote, la mère de Romola Garaï est journaliste et a servi de base à la construction de son personnage, permettant à la comédienne de se montrer particulièrement convaincante.

 

Une heure pour changer de vie 

Piégée entre sa femme et son coup de coeur pour Bel, Hector a une heure pour choisir entre l'excitation de la nouveauté et le confort d'une vie parmi une bourgeoisie dans la sécurité. Seul à la présentation du show, il voit bien que Bel et Freddie ont clairement l'intention de franchir les bornes et que les suivre signifierait perdre sa femme à jamais. Pour lui, le choix qui va se poser est celui de sa propre intégrité et de sa capacité à se montrer à la hauteur de Miss Rowley et du courage de Freddie Lyon. 

Warren incarne le citoyen moyen qui aime avant tout l'image qu'il se renvoie à lui-même sans pour autant mettre sa vie en péril et risquer son propre avenir. C'est dans cette heure à la force émotionnelle surprenante que va se montrer la vraie nature des hommes et des femmes, révélant les vérités les plus imprévues entre déception et révélation. Pour Hector, cette heure est pleine d'un doute terriblement humain tandis qu'il s'apprête à défier les mêmes personnes qui l'ont mis dans ce fauteuil. 

Malgré son petit soucis d'accent, Dominic West est une fois de plus impeccable et compose un personnage à la fois troublant et attachant, celui d'un homme qui peine à porter un costume trop grand pour lui. 

 

Une heure pour abattre les murs du mensonge

Pour Freddie Lyon, cette heure est avant tout celle d'une revanche envers ceux qui ont assassiné Ruth et aussi celle où il tente de se prouver à lui-même qu'il n'est pas un simple pantin dans un jeu de pouvoir. Le complot va alors s'inviter dans l'univers fermé du show qui va exploser sous le poids d'une histoire qui renverse tout sur son passage. Refusant la censure et le politiquement correct, l'émission devient le symbole d'un journalisme qui refuse de séparer les convictions personnelles de l'objectivité indispensable d'un professionnel devant l'actualité. 

The Hour devient alors une tribune où un homme seul peut prouver son courage en défiant tout un système en place. Dans le but non pas de fabriquer sa propre légende, mais de venger le souvenir de son amie, Freddie évoque particulièrement le personnage de Bon dans les premiers romans. A force de lutte, il parvient à faire surgir la vérité, mais de manière particulièrement inattendue, révélant les secrets cachés derrière Brightstone tout en réaffirmant sa propre indépendance face à tout type de mouvement politique. 

Ben Wishaw est une fois de plus extraordinaire et apporte une vraie intensité à un final qui se montre à la hauteur de mes attentes, confirmant le caractère imprévisible de Lyon. 

 

La vérité est collective, le mensonge est solitaire 

Avec cet épisode, The Hour s'achève sur une impression de devoir accompli, offrant au passage un moment de télévision assez intense et plutôt prenant. Sans laisser vraiment de portes ouvertes pour la suite, la série parvient à donner une vraie conclusion à cette intrigue en liant adroitement le complot et la storyline concernant l'émission de la BBC. Très crédible, la série aura raconté les premières heures d'une télévision prise d'assaut par des utopistes qui ont révolutionné notre vision de l'information en lui donnant une tonalité plus passionnée. 

La dernière scène, vraiment surprenante, vient donner une justification crédible à toute cette histoire et permet de refermer la page sur six épisodes captivants, d'une qualité visuelle et d'interprétation indéniable. La crise de Suez laissera une marque indélébile sur les journalistes qui l'ont couvert et sur une Europe qui commençait alors à perdre de sa superbe. L'histoire d'une équipe qui voulait libérer la parole, un groupe poussé par le désir de vérité face à des hommes puissants certes, mais perdu dans des mensonges auxquels plus personne ne croit. 

 

J'aime : 

  •  une construction en temps réel très intéressante 
  •  les acteurs excellents en particulier Dominic West 
  •  un final plutôt intense qui fournit toutes les révélations nécessaires 
  •  une direction artistique parfaite 

 

Je n'aime pas : 

  •  rien 

 

Note : 16 / 20 

Un final à la hauteur de mes espérances qui confirment que les auteurs savaient parfaitement où il allait, révélant tous les aspects d'un complot à la conclusion étonnante. Une série élégante et intelligente qui aura décrit avec intelligence l'histoire d'un groupe motivé par le besoin de dire la vérité et de transgresser les règles absurdes d'un monde en pleine crise. Réjouissant.

L'auteur

Commentaires

Pas de commentaires pour l'instant...
Image The Hour (2011)
14.27
15.75

Derniers articles sur la saison

Critique : The Hour (2011) 1.01

Reconstitution soignée de l'Angleterre des années cinquante, ce pilote convainc grâce à la qualité de son casting et ses personnages forts et charismatiques. Au programme, la BBC en 1956, un journaliste brillant et vaniteux dans une description de la naissance d'un programme télévisé.

Critique : The Hour (2011) 1.05

Episode superbe où les révélations s'enchaînent pour dévoiler toute la force d'une histoire particulièrement réussie. Au programme, Bel sous la pression du pouvoir, Hector en pleine révolution pendant que Freddie découvre la vérité sur Brightstone.

Critique : The Hour (2011) 1.04

The Hour s'accorde une petite pause pour replacer ses personnages en vue des deux derniers épisodes. Au programme, Freddie Lyon sous étroite surveillante, une émission sur la voie du succès et un sentiment déplaisant de frustration.