Critique : The Shadow Line 1.01

Le 29 mai 2011 à 04:01  |  ~ 6 minutes de lecture
Série créée par Hugo Blick, The Shadow Line commence par un crime dont la résolution va occuper les sept épisodes à venir. Au programme, une série déplaisante, austère, glacial, autiste et terriblement fascinante.
Par sephja

Critique : The Shadow Line 1.01

~ 6 minutes de lecture
Série créée par Hugo Blick, The Shadow Line commence par un crime dont la résolution va occuper les sept épisodes à venir. Au programme, une série déplaisante, austère, glacial, autiste et terriblement fascinante.
Par sephja

Pitch foggy 

Harvey Wratten, un ancien parrain de la drogue, est retrouvé mort, abattu de plusieurs balles dans la tête après sa libération de prison suite à l'obtention de la grâce royale. Jonah Gabriel, qui vient juste de regagner la criminelle après un long séjour à l'hôpital, est chargé d'enquêter sur ce décès qui attire beaucoup l'attention des médias. Il apparaît vite que la victime appartenait à une organisation mystérieuse dont l'un des cerveaux, Joseph Bede, cherche avec ses propres moyens les responsables de ce meurtre.

 

 

Une série ambitieuse et mystérieuse  

Objet étrange et assez impénétrable pour l'instant, The Shadow Line n'est pas une série policière simple et anodine, mais un projet à long terme dont l'ambition se rapprocherait d'un The Killing pour la volonté de développer l'enquête sur plusieurs épisodes. Car l'intrigue est vaste, avec une grande quantité de personnages, rendant le visionnage particulièrement pénible pour ceux qui s'attendent à un simple cop show classique. Déroutante, un adjectif qui colle parfaitement à cette série très avare en explications, la faute à une réalisation lourde qui narre sans raconter. 

Il faut donc prévenir ceux qui voudrait découvrir The Shadow Line qu'il s'agit d'un saut dans l'inconnu le plus complet, avec de bonnes scènes (en particulier la première) , mais aussi des séquences volontairement hermétiques qui empêchent de rentrer correctement dans l'histoire. Le héros, Jonah Gabriel, a pris une balle dans la tête qui aurait du le tuer si un agent ne l'avait pas protégé au péril de sa vie. La balle a pénétré son crâne, endommagé son cerveau et causé une amnésie partielle concernant les évènements liés à cette époque. 

Il sera beaucoup question de la mémoire dans cette série avec Joseph Bede, un homme assez mystérieux qui était en affaire avec la victime. Interprété par un Christopher Eccleston vraiment juste, cet homme est partagé entre son travail et sa femme qui perd petit à petit la mémoire à court terme, victime d'un Alzheimer précoce. Refusant obstinément de nous donner plus d'informations, la série place le spectateur en position d'observateur clinique d'évènements qui nous échappent totalement sans pour autant être vide de sens.

Un  récit amnésique, avare en informations, glacé comme l'intérieur d'un frigo, voilà ce qui attend le spectateur qui tentera l'aventure de The Shadow Line. Rajoutons à cela des tics de mise en scène maniérés et vous vous retrouvez face à un objet vraiment mystérieux dont l'esthétique brute peut rebuter les moins courageux. Pourtant, on se prend à en apprécier les quelques séquences qui font l'effort de ne pas nous perdre dans le dédale du récit, prouvant que la série cache son jeu, osant dérouter pour mieux surprendre. 

Car malgré son côté opaque, incroyablement hermétique, la série possède une vraie ambition et nous pousse à essayer de voir la suite, dans l'espoir de pouvoir enfin pénétrer dans cet objet mystérieux et déroutant. Très vite, on pense au syndrome Inception, ces histoires où les premiers instants du récit vous perdent totalement pour mieux vous forcer à prendre le pli d'un récit différent des productions classiques.

 

 

 

Un récit qui manque d'humanité et de réalisme 

Le principal problème de la série est l'impossibilité de pouvoir entrer réellement dans l'histoire, tant les différents éléments de l'intrigue nous sont cachés, créant une atmosphère lourde et désagréable qui se dissipe peu à peu sans vraiment s'estomper. Les comédiens semblent peiner à trouver les marques, à l'exception de Christopher Eccleston et David Schoffield, tous les deux formidables dans des rôles complexes et passionnants. 

Sans le moindre égard pour le spectateur, les séquences se succèdent mais peine à trouver une véritable continuité, et les rares instants où on se sent enfin entrer dans l'épisode sont vite balayés par des scènes étranges dont les enjeux sont pour le moins confus. Alors, pourquoi regarder cette série, me direz-vous, où aucune clé n'est donnée, si ce n'est par masochisme pur et simple ? 

Tout simplement car ce show devient de plus en plus fascinant au fur et à mesure que le temps passe, révélant une ambition sincère qui pourrait justifier des épisodes suivants d'une ampleur bien supérieure. The Shadow Line est pour l'instant un ovni, un objet mystérieux qui attirera tous les curieux de mon espère à la recherche de nouvelles sensations. N'ayant pas vu la suite, je ne peux promettre que le jeu en vaut la chandelle, mais je pressens qu'elle est une étrangeté, une anomalie qui possède le pouvoir de surprendre les plus exigeant d'entre nous. 

Elitiste, non. Mais terriblement mystérieuse et fascinante, oui. 

 

 

De l'importance de faire confiance à un auteur

Créateur de ce show étrange, Hugo Blick n'est pas un novice de la télévision, c'est le créateur de plusieurs shows assez réussis, et il possède donc assez d'expérience pour construire une intrigue à grande échelle. Si l'épisode ne plait pas, il faut savoir apprendre la patience et la confiance envers les risques étonnants pris par cet auteur ambitieux. Car le potentiel est tel que l'on pourrait facilement être face à un objet d'une qualité remarquable qui peine juste à s'installer. 

Je posterai dès dimanche une critique de l'épisode deux, mais je voulais juste attirer l'attention sur cet objet étrange, déboussolant et surprenant comme seuls quelques productions anglaises en sont capables. En cette époque où les séries s'achèvent et où l'année prend fin, c'est l'occasion de découvrir quelque chose de différent, dont le style un peu poseur ne parvient pas à effacer un certain charme et un mystère surprenant.  

Allez savoir, peut-être suis-je en train de me tromper et je viens de découvrir un Person Unknown à l'anglaise... ? L'avenir nous le dira... 

 

J'aime : 

  •  David Schoffield remarquable 
  •  un objet intriguant et fascinant 
  •  beaucoup de personnages et de potentiels 

 

Je n'aime pas :

  •  une mise en scène maniérée qui trouve petit à petit son équilibre 
  •  un style glacial qui tient le spectateur à distance 
  •  à réserver à ceux qui auront le courage de tenter l'expérience 

 

Note : 10/ 20

Un premier épisode froid, troublant et autiste qui joue avec notre patience, la faute à une réalisation austère et assez maladroite dans les premiers instants. Heureusement, le talent des comédiens principaux permet de croire au potentiel d'un show complexe, conçu comme une grande histoire qui se développera sur sept épisodes.

L'auteur

Commentaires

Avatar Gouloudrouioul
Gouloudrouioul
Totalement d'accord avec ta critique. Heureusement que tu dis que la suite est meilleure, car je sais vraiment pas si j'aurais eu le courage de continuer (même si ça s'arrange un peu vers la fin).

Avatar sephja
sephja
franchement, après, c'est le pied

Image The Shadow Line
14.91
13.42

Derniers articles sur la saison

Critique : The Shadow Line 1.03

Un épisode de transition où l'histoire prend enfin tout son ampleur. The Shadow Line cache de moins en moins l'influence de Rubicon. Au programme, un polar cérébral d'une noirceur abyssale et une ambiance étouffante pour une série très exigeante.

Critique : The Shadow Line 1.07

Final superbe pour l'un des polars les plus sombres et tourmentés qu'il m'ait été donné de voir. Au programme, la confiance et la désillusion, l'obsession du rouge pour un dernier acte glaçant.

Critique : The Shadow Line 1.06

Episode superbe, extrêmement dur et sombre, où les révélations de l'épisode précédent entraînent des conséquences imprévues. Au programme, Jonah Gabriel en lutte contre son amnésie, Gatehouse en chasseur impitoyable et Joseph Bede aux portes de l'enfer.