Critique : Underground 1.01

Le 18 mars 2016 à 10:39  |  ~ 7 minutes de lecture
L'esclavage, c'est moche. Mais c'est intéressant à étudier.
Par RasAlGhul

Critique : Underground 1.01

~ 7 minutes de lecture
L'esclavage, c'est moche. Mais c'est intéressant à étudier.
Par RasAlGhul

Généralement, la première chose que je regarde dans une nouvelle série – si l'on excepte les spin-offs –, ce sont les acteurs qui jouent dedans. S'ils ont précédemment fait partie d'une série que j'idolâtre, c'est encore mieux. Je suis très "fidèle" dans ma conception des séries ; un acteur/une actrice qui m'a plu aura toujours droit au fait que je regarde le pilote de sa nouvelle série. Évidemment, je peux faire face à un énorme raté – oui, je vous regarde Truth be Told et Mark-Paul Gosselaar – mais qui ne tente rien n'a rien, non ?

Arrive dès lors Underground, nouvelle série originale de WGN America, la chaîne qui met de la musique pop dans ses séries d'époque. Créée par Misha Green et Joe Polaski, elle propose de nous raconter la lutte d'esclaves américains pour leur liberté. Le casting principal est rempli de tête que je connais : entre Jurnee Smolett-Bell (Friday Night Lights), Alano Miller (Jane The Virgin), Aldis Hodge (Friday Night Lights again), Jessica de Gouw (Arrow) et Christopher Meloni, un mec qui joue dans tout et n'importe quoi.

Passons donc à la critique de ce pilote, duquel on devine une série prometteuse, proposant un autre point de vue sur un sujet que tout le monde connaît mais dont tout le monde refuse de parler : l'esclavage.

 

 

Un univers dur

 

Première chose frappante dans Underground : la dureté de son univers. Vous me direz, c’est normal qu’une série portant sur l’esclavage soit dure. Je vous répondrai : ouais, mais quand même. Nos deux héros mangent du fouet : Noah (Aldis Hodge) se fait lacérer le dos après avoir tenté de s’échapper, tandis que Rosalee (Jurnee Smolett-Bell) voit ses poignets saigner de tous les coups qu’on lui donne. La seconde vit d’ailleurs le moment le plus traumatisant de ce pilote, que je ne vais pas vous raconter parce qu’il me reste une partie de sensibilité qu’un visionnage intensif de Banshee n’a pas réussi à enlever.

 

John et Elizabeth

 

Ce que je reproche à ce pilote, c’est la caricature qu’incarnent les personnages blancs. Tu as Tom Macon (Reed Diamond) et sa femme Suzanna (Andrea Frankle), l’archétype des Blancs propriétaires de plantation. Ils sont méchants, cyniques, irrespectueux des autres et baignent dans leur propre richesse. En quelques mots, pas des gens sympas. De l’autre côté du spectre de la blanchisserie, nous avons John Hawkes (Marc Blucas) et sa femme Elizabeth (Jessica De Gouw) : le premier est un avocat qui souhaite améliorer la cause des Noirs, la deuxième ne peut pas avoir d’enfant et possède une santé mentale fragile. Et, bien entendu, John et Tom sont frères ! Enfin, au milieu de ce spectre, il y a August (Christopher Meloni) : d’apparence sympathique, il joue un double-jeu qui fait de lui le personnage le plus énigmatique du lot. Tous les clichés sont donc au rendez-vous : cela augmente forcément les enjeux de la série, mais cela est réalisé avec un manque de finesse flagrant.

Si les autres esclaves mènent eux-aussi une vie difficile, souffrant de l’ultra-domination des Blancs, il y a un Noir qui a tiré son épingle du jeu : Cato (Alano Miller). Déjà dans Jane the Virgin, il n’était pas net ; là, c’est la même chose : son pragmatisme fait de lui un allié pour Tom, mais également un traître aux yeux de sa communauté. Je n’ai d’ailleurs pas encore retenu tous les noms de cette dernière, mais cela ne va sans doute pas tarder, compte tenu de ce que Noah a prévu pour eux.

 

 

Une histoire de casse… sous fond de pop music

 

Au lieu de simplement nous présenter une lutte manichéenne entre les esclaves en quête de liberté et les Blancs qui veulent les garder assujettis, Underground nous propose en effet une histoire d’évasion, dans la plus belle veine des films Ocean's. Par exemple, la scène où Noah révèle quelles personnes il souhaite avoir dans son équipe pourrait tout à fait avoir sa place dans un film de casse. Le ton de l’épisode est volontairement rapide, de façon à instaurer un climat d’urgence, qui se mêle bien à la dureté de l’univers.

 

Rosalee, pansant les plaies de Noah

 

Du coup, on est légèrement surpris d‘entendre de la musique contemporaine dans une série de ce type. John Legend est un producteur exécutif d’Underground, ce qui explique les chansons choisies. Il y a des moments où cela fonctionne parfaitement – regardez juste la scène d’ouverture sous le son de Black Skinhead de Kanye West, où les respirations de la musique se confondent avec celle de Noah – et d’autres où l’on se demande pourquoi on entend du hip-hop en pleine période de traite des Noirs. Cela donne en tous les cas à la série une identité propre, maintenant j’espère que les auteurs ne vont pas trop en abuser.

 

 

Aldis Hodge, une révélation

 

Enfin, parlons un peu du casting. Il y a du bon et du moins bon, mais il y a un acteur qui sort véritablement du lot : j’ai nommé Aldis Hodge ! Autant je n’avais absolument pas pu le saquer dans Friday Night Lights, autant dans ce pilote il est absolument énorme. Il dégage une force brute et un charisme incroyable, qui donnent tout de suite envie de s’investir dans sa quête de liberté. C’est un des personnages qui m’a fait la plus forte impression en cette saison sérielle.

 

Noah, le héros de la série

 

Les autres sont davantage effacés, même si Cato est intéressant par sa duplicité et que Rosalee possède vraiment les moyens de s’affirmer. Pour le moment, Smolett-Bell ne possède que trop peu d’opportunités pour faire briller son personnage, mais cela ne saurait tarder. On ne peut pas en dire autant pour tous les personnages blancs de la série ; De Gouw n’a presque rien à faire et Meloni est pour l’instant trop énigmatique. Il faudra réussir à trouver un équilibre entre les esclaves et les maîtres, pour ne pas rendre trop facile l’investissement dans la quête de liberté.

 

Ce pilote d’Underground nous propose une relecture sympathique d’un sujet qui l’est beaucoup moins. La musique pop brouille toute sensation de temporalité ; des fois cela fonctionne, d’autres fois beaucoup moins. Il reste néanmoins des interprétations inspirées, notamment celle d’Aldis Hodge, véritablement magnétique. Personnellement, cela me suffit pour continuer l’aventure !

 

J’ai aimé :

 

  • Aldis Hodge. Superbe performance.
  • C’te scène d’ouverture. Je te jure.
  • Le capital sympathie du casting.
  • Un pilote qui n’a pas peur d’exposer la violence de son univers.
  • L’idée de raconter l’histoire d’un casse, plutôt que d’étudier simplement la dichotomie gentils/méchants.

 

Je n’ai pas aimé :

 

  • Une utilisation de la musique souvent anachronique.
  • Des personnages qui pour le moment ne servent à rien.
  • La caricature des méchants Blancs esclavagistes.

 

Mise(s) en garde :

 

  • Trop abuser de la musique pop.
  • Ne pas développer les personnages secondaires.
  • Faire simplement une lutte méchants contre gentils.

 

Ma note : 13/20.

L'auteur

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