Si je devais faire un petit bilan des deux premières saisons de Wilfred, je dirais que la première était génialissime alors que la seconde s’est perdue en chemin. La première saison était caustique, drôle, extrêmement subversive et intelligente. La seconde avait les mêmes caractéristiques et ressemblait beaucoup à la précédente. Trop sûrement. L’effet de surprise passé, la seconde saison donnait la désagréable impression de faire du sur-place, hormis quelques épisodes. Tant et si bien que la série a frôlé l’annulation : cette troisième saison a donc de grandes chances d’être la dernière.
Quoiqu’il en soit, la seconde saison s’était achevée sur un cliffhanger autour d’un dessin d’enfance de Ryan. On y voyait apparaître un chien ressemblant étrangement à Wilfred, ce qui relançait toutes les questions autour de l’existence du chien. L’épisode de reprise de cette troisième saison a pour tâche de reprendre ce mystère et d’essayer de l’éclaircir : va-t-il y parvenir ?
Jospéhine Ange Gardien ?
L’action reprend quelques semaines après la découverte : Jenna et Drew sont en lune de miel et Ryan garde Wilfred, tout en menant l’enquête sur le mystérieux dessin. Ryan s’est trouvé une explication toute claire : il est fou et Wilfred est une manifestation de son subconscient. Pour Wilfred, il est un être magique immortel. Deux théories différentes mais pas complètement fumeuses pour expliquer la présence de l’homme-chien. La première a l’avantage d’être rationnelle et de nous avoir été fréquemment mise en avant les saisons précédentes, la seconde part plus en mode Joséphine Ange Gardien mais, vu la série, on peut s’attendre à tout.
Et c’est justement le créneau de cet épisode. Alors que l’épisode de reprise de la seconde saison faisait s’interroger sur la santé mentale de Ryan, celui-ci s’oriente plus vers la quête du passé de Wilfred que l’on avait, jusque là, peu évoqué. Au fil de l’épisode, Ryan découvre que Wilfred a appartenu à une vieille dame et tombe sur… un clone du chien. Oui, rappelez-vous, les scénaristes de Wilfred sont sous l’emprise de la drogue, c’est normal.
Quoiqu’il en soit, ce double ainsi que toutes les problématiques autour, renforce le mystère Wilfred sans pour autant apporter une seule réponse, pas même l’ombre d’une piste. En ça, l’épisode est particulièrement réussi car il parvient à nous envoyer dans de multiples directions, nous faire douter à chaque instant sans pour autant lâcher une seule fois le morceau sur ce qu’est réellement Wilfred. Certains éléments accréditent la thèse de Ryan comme quoi le chien existe bel et bien et n’est qu’un chien alors que d’autres renforcent le côté être magique.
Tout ça pour, au final, renvoyer tout le monde dans les cordes avec un « les réponses arriveront en heure et en temps voulu, il faudra vivre avec une petite incertitude », histoire de bien faire comprendre au téléspectateur que tant que la série ne sera pas terminée, on ne saura rien. Et finalement, n’est ce pas mieux ? On passe tout l’épisode à se questionner et c’en est sa force : est-ce que connaître toutes les réponses ne casserait pas la magie de la série ? Tant que ça ne finit pas dans une église avec une lumière blanche, moi ça me va.
Cette quête de la vérité autour de Wilfred a également pour avantage de casser un peu le rythme classique des épisodes que la seconde saison avait eu du mal à quitter. On n’est pas sur quelque chose d’aussi fun que le premier épisode de la seconde saison mais la routine « Ryan fait quelque chose de nouveau, Wilfred dit non, Wilfred prouve à Ryan qu’il a tort, retour à la case départ » est un peu moins flagrante. Ici, les deux partent à la recherche des origines de Wilfred, ils sont plus ou moins au même niveau, on sent moins le formatage habituel (ce qui n’est pas le cas du second épisode de la saison, malheureusement). Là-dessus aussi, c’est plutôt pas mal même si ça manque un peu de folie quand même.
Point Godwin
D’autant que, plusieurs fois dans l’épisode, j’ai eu l’impression que ça sentait le réchauffé. Ce qui avait trait à Ryan qui se croit fou ne m’a pas vraiment dérangé même si l’idée a été amenée beaucoup de fois. Ici, elle est traitée de façon un peu différente et sert le propos de l’épisode donc ça passe.
En revanche, le coup des girafes, c’était clairement du fan service et plutôt mal amené. Ok, le double de Wilfred a les mêmes goûts mais ça faisait un peu too much quand même. De la même façon, la conclusion autour de Wilfred en danger n’est pas s’en rappeler l’épisode du refuge en première saison où Ryan court libérer Wilfred, et là encore, ici, ça sent le réchauffé. De là à dire que la série a perdu de sa superbe, je ne franchirais pas le pas car elle avait encore de bonnes idées.
Wilfred qui se croit magique et qui se rappelle de ses anciens maîtres, c’était assez hilarant, surtout le passage autour de la capture d’Anne Franck par ces gentils allemands. C’est d’un goût extrêmement douteux mais diaboliquement efficace (et tellement mieux que les déclarations de Bieber sur le sujet).
Donc, au final, je dirais que cet épisode, sans pour autant casser la baraque, est agréable. On n’apprend finalement pas grand-chose, on ne sait pas vers quoi la saison va s’orienter mais le plaisir de retrouver Wilfred, cette désinvolture complète et cette capacité à balancer les pires atrocités comme si de rien n’était suffisent à rendre le tout plaisant. Je ne sais pas si la série va réussir à se sortir de sa routine toute la saison, si elle ne va pas encore tourner en rond, mais pour le moment, j’accroche toujours autant.
Episode 2 : j’en profite pour glisser un petit mot rapide sur le second épisode de la saison, diffusé dans la foulée. Clairement, c’est moins bon, on retombe dans le schéma classique de la série avec un nouveau personnage kleenex (le postier), Jenna et Drew super utiles et un Wilfred en petite forme. De bons moments mais ça n’avance toujours pas et fait cruellement penser que la série retombe dans ses travers…