la chanson d'accompagnement, par le compositeur de la série Get Well Soon
Mais alors, Xanadu c'est du porno dans une série ou une série sur le porno ?
Un peu d'infos avant de commencer... Xanadu, c'est une série écrite par la scénariste Séverine Bosschem, produite par Haut et Court, réalisée par Podz (réalisateur québecquois) pour les premiers épisodes et Jean-Phillippe Amar pour les derniers. Elle raconte l'histoire des Valadine, une famille qui gère un "empire" dans le milieu de la pornographie, qui se transmet de père en fils.
La série se pose en tant que saga familiale au même titre que pourrait l'être par exemple Six Feet Under. De ce fait, elle est avant-tout une fiction et pas un documentaire sur la pornographie. Elle aborde un nombre important de thèmes à travers le prisme de la pornographie (et non l'inverse), donc je pense que chacun peut y trouver son compte.
Le début de l'histoire en quelques phrases
La série commence lors du passage de témoin entre le père et ses enfants. L'empire familial, Xanadu (le nom de l'entreprise) va mal, car l'industrie du porno a beaucoup changé. Le père va donc confier le renouveau de la société à ses deux fils, puis sa fille (hum, tiens ça me rappellerait presque une série sur les croque-morts). La principale problématique à laquelle ils vont devoir faire face, c'est que leur porno scénarisé ne se vend plus autant, à cause de la concurrence du porno gonzo. Le deuxième problème c'est que l'un des fils va avoir un accident et ne pourra pas assurer la relève, c'est donc la fille qui va l'assurer à sa place.
Une série noire, mais vraiment noire
Si on vous demandait maintenant ce que vous évoque l'industrie du porno, je pense que la majorité penserait d'abord à un petit comparatif des actrices ou acteurs, aux jeux de mots un peu douteux de certains films, mais pas forcément à l'envers du décor. Xanadu choisit donc de nous montrer ce dont on ne se doute pas forcément, et choisit rapidement son camp : la noirceur. Car ce que choisit de raconter la série, c'est que le porno n'est pas très drôle à tourner ou produire. Voire pas du tout. L'équipe entière (dont un acteur qui était acteur X) était d'ailleurs d'accord pour dire que tout ceci est exagéré et "qu'on se fend quand même plus la gueule dans la vraie vie".
Et c'est sûrement la première chose qui m'a sauté aux yeux, la totale subjectivité prise dans l'histoire. Ca passe par beaucoup de choses : de la violence physique (viols, meutres, scarifications) mais aussi de la violence verbale et émotionnelle entre les membres de la famille. Cet excès de violence m'a paru vraiment too much, surtout en seulement deux épisodes de 50 minutes. Je préfère un minimum connaître les personnages et m'en imprégner avant que des choses aussi importantes se passent, sinon j'assimile rapidement ça à de la surenchère. Ca pourra gêner pas mal de personnes, trouvant que la série part dans trop de chemins différents (et pas à reculons), sans véritablement y apporter une réflexion poussée à chaque fois.
Rêve et réalité
Mais la où la série arrive à se défendre, c'est qu'elle essaie sans cesse de brouiller fiction et réalité, dans son écriture et sa réalisation. Les rêves des personnages sont constitués d'images très nettes sans aucun effet, tandis que la réalité divague de temps en temps, à travers des flous visuels, et une ambiance onirique. La BO de la série contribue d'ailleurs très bien à nous troubler (la BO est composée par l'allemand Get Well Soon, que je vous conseille par ailleurs d'écouter, il a sorti deux très bons albums). On peut donc penser que la surenchère décrite au-dessus est volontairement exagérée, pour nous montrer le malaise des personnages. C'est défendable, même si je reste sur ma position initiale (oui j'anime mon propre débat intérieur).
Par contre là où la série profite bien de sa noirceur, c'est dans son humour très naturel. Le perpétuel décalage entre leur monde et celui que nous pouvons connaître facilite énormément le comique de situation (toujours assez noir). Il y a des personnages très drôles et attachants très rapidement.
J'ai néanmoins quelques doutes sur d'autres personnages, et les acteurs qui les interprètent (notamment la fille qui reprend la société).
En conclusion sur les deux premiers épisodes...
Xanadu est une série bien emballée tant sur sa réalisation que sa musique, originale car elle nous montre l'envers d'un décor très peu exposé, mais elle souffre un peu de sa surenchère de violence et de son parti pris exagéré. Comparativement aux autres séries de notre belle nation, elle reste cependant une des meilleures et pourrait facilement concurrencer les dernières fictions de Canal.
J'ai aimé :
- la réalisation et la photographie
- la musique
- Brandon Hard On
- la découverte de cet univers
- l'équipe de la série, très sympathique
J'ai moins aimé :
- certaines relations et personnages pas très passionnants (la relation mère fille notamment)
- certains acteurs un peu limites
- la surenchère de violence pas nécessaire
- l'absence de contre-balance sur le parti pris de la série avec un personnage ou autre
Note 1.01 : 13/20
Note 1.02 : 12/20
Merci à WayToBlue et Arte pour l'invitation, et donc pour rappel, Xanadu sera diffusé à partir du 30 avril sur Arte.