Vous êtes un grand enfant dans l’âme et vous cherchez un dessin animé capable de vous transporter, de vous amuser ? My Little Poney n’est pas (et on vous comprend) votre tasse de thé ? Sortez vos épées en plastique et vos scénarios abracadabrants, il est temps de partir à l’aventure avec Adventure Time !
Présentation rapide
Mais quel est donc ce dessin animé au nom à rallonge ? Il s’agit du nouveau phénomène de Cartoon Network, créé par Pendelton Ward en 2010, et nommé aux Emmy Awards à trois reprises (rien que ça). Dans cette série, nous suivons les aventures de Finn, un jeune adolescent de 14 ans, et son chien Jake, qui possède une particularité : il est capable de changer de forme et de taille à volonté. Ensemble, ils parcourent le pays de Ooo (Land of Ooo) à la recherche d’aventure et réalisent des missions pour la princesse Chewing Gum (Princess Bubblegum).
Une aventure au pays des merveilles et de la bizarrerie
Adventure Time est un dessin animé unique en son genre, tellement l’univers et la mythologie qu’il a développé sont originaux. Ainsi, la princesse Bubblegum dirige le royaume de sucreries (Candy Kingdom), peuplé effectivement de sucreries. On peut donc croiser une pastille à la menthe majordome, ou alors un donut vivant. Le « méchant » dans la série, le roi des glaces (Ice King) est un vieillard désespérément seul qui kidnappe des princesses dans l’espoir de se trouver une reine et son fidèle compagnon est un pingouin nommé Gunther.
La série dispose d’une galerie de personnages secondaires impressionnante, tous formidables les uns comme les autres : Lumpy Space Princess, caricature des adolescentes populaires et obsédées par leur apparence qu’on retrouve si souvent dans les teen shows (mon personnage secondaire préféré), le comte de la Citronnelle (Earl of Lemongrab), un être créé par la princesse Bubblegum à partir d’une sucrerie au citron, incapable de s’amuser (il est connu surtout pour sa réplique « Unacceptable ! »), ou alors Lady Rainicorn, une licorne à la crinière arc-en-ciel (littéralement), amie de la princesse Bubblegum et petite amie de Jake, qui parle uniquement coréen.
Lumpy Space Princess a le sens des priorités, c’est pour ça que je l’adore.
Il me serait impossible de parler des personnages sans évoquer les véritables ennemis de Finn et Jake (l’Ice King a une position très ambigüe), à savoir Ricardio (doublé par ni plus ni moins que George Takei), le cœur de l’Ice King qui est devenu un être indépendant et tente de voler le cœur de la princesse Bubblegum, ou le Magicien, un être venant de Mars qui s’amuse à jouer de mauvais tours et jeter des sorts à n’importe qui (par exemple, dans un épisode, il transforme Finn en pied). Le grand méchant loup ici est sans aucun doute le roi Lichi (The Lich), doublé par Ron Pearlman, une liche qui tente de conquérir Ooo et oppose un véritable danger à Finn et Jake. Leurs confrontations donnent lieu à d’excellents épisodes, en particulier le final de la saison 4.
Outre les personnages, Adventure Time dispose d’un graphisme tout à fait singulier : il suffit d’observer seulement le générique pour s’en apercevoir. De la destruction de notre monde dont il ne reste que des ruines, nait un univers poétique, féérique, où la magie existe, où les vampires et démons côtoient bonbons enchantés et licornes. C’est d’ailleurs un des seuls dessins animés capable de me faire véritablement peur rien que par les graphismes : le roi Lichi me terrifie, tout comme Marceline la reine des vampires, mi-démon mi-vampire, grande amie de Finn et Jake, quand elle y met du sien. En revanche, je trouve la princesse des flammes (Flame Princess) absolument magnifique. Enfin, le visage de Ricardio me perturbe par son réalisme, comparé au dessin très simpliste du visage de Finn par exemple.
Medames et messieurs, The Lich. Adorable, n’est-ce pas ?
Les paysages sont absolument sublimes, le niveau de détail apporté aux différents royaumes est impressionnant (la Nightosphere, demeure du roi des démons par exemple, ou alors le royaume des flammes). L’univers d’Adventure Time est complètement déshumanisé ; ne subsistent que des traces de l’ancien monde (une télévision cassée dans le générique, des constructions humaines désaffectées apparaissent au détour d’un épisode), Finn étant le dernier représentant de l’espèce humaine.
Un dessin animé remarquablement mature et fédérateur
Ne me regardez pas comme ça, vous savez aussi bien que moi que c’est vrai !
Le point fort de la série est sans doute sa maturité. A l’image d’un autre dessin animé iconique, Bob l’éponge (d’ailleurs, le doubleur originel de Bob interprète le roi des glaces dans la série également), les blagues sont à double sens ; ainsi, les jeunes adultes comme les enfants peuvent apprécier la série et son ton particulier. Les personnages principaux bénéficient d’un véritable traitement, et sont dotés d’une personnalité complexe et riche : l’exemple le plus emblématique est le roi des glaces. Au départ conçu comme un simple opposant aux héros, au fil des épisodes il devient un personnage digne d’une tragédie, un être qui a tout perdu, qui s’est perdu lui-même. Prisonnier de sa solitude, il en vient même à rechercher la compagnie et l’amitié de Finn et Jake (en écrivant par exemple une fan fiction autour d’eux), qui pourtant sont ses ennemis. Il passe ainsi du statut d’antagoniste à celui de personnage secondaire aux intentions louables mais aux actions condamnables, à la recherche d’une compagnie autre que celle de ses dévoués pingouins, un être capable de faire preuve d’amour et de considération envers lui.
En outre, cette série dépasse le traditionnel clivage « les garçons préfèrent de l’action, des voitures, et/ou des monstres et les filles tout ce qui est rose, romantique, de rang royal et si possible avec des chevaux/poneys/licornes », les garçons comme les filles appréciant le dessin animé pour son concept original, son humour et ses personnages de qualité. Bien que les personnages féminins soient essentiellement des princesses, ce ne sont pas que des demoiselles en détresse, bien au contraire. Ainsi, la princesse Bubblegum est une scientifique, Marceline la reine des vampires possède des pouvoirs très puissants, et de ce fait n’a pas besoin de la protection de Finn, même LSP la princesse pourrie gâtée par excellence ne se laisse pas faire. Quant à notre héros, il découvre la vie et grandit sous nos yeux : Finn, comme n’importe quel adolescent, apprend à maîtriser ses sentiments et ses émotions, et surtout à ne pas avoir peur de se montrer vulnérable en se dévoilant.
Adventure Time est l’un des rares dessins animés à ne pas prendre son public pour des idiots, démontrant qu’il est possible de faire une série pour enfants populaire tout en étant intelligent, fin et subtile dans la délivrance de sa morale.
Par où commencer ?
Idéalement, par le début (Captain Obvious à la rescousse), mais si vous voulez un petit avant-gout avant de vous lancer dans les 5 saisons de la série, voici une petite sélection des meilleurs épisodes d’Adventure Time pour vous initier :
- Freak City (1x18): Finn, transformé en pied par le Magicien, part vivre avec un groupe d’exclus partageant la même tare.
- To Cut a Woman’s Hair (2x10): Finn doit obtenir une mèche de cheveux d’une princesse pour sauver Jake d’une sorcière chauve.
- Mortal Folly/Mortal Recoil (2x24 – 2x25) : double épisode où Finn et Jake rencontrent pour la première fois The Lich (sans doute le plus terrifiant méchant de dessin animé que j’ai vu, après Azula d’Avatar : le dernier maître de l’air – courrez voir cette série également)
- Fionna and Cake (3x09) : hommage de Pendelton Ward aux fans de la série sur Tumblr, c’est une fan fiction du Roi des Glaces sur Finn et Jake, avec comme remplacement Fionna l’humaine et Cake le chat
- Goliad (4x10) : sans doute un des épisodes les plus intenses, où la princesse Bubblegum , en proie à une crise existentielle, crée un sphinx nommé Goliad pour lui succéder
Et normalement, après tout ça, vous ne devriez plus pouvoir vous en passer !
louna69
