Anybody, sees more than me. Anybody, thinks he is free....Ces paroles extraites du titre Just Another Day in L.A interprété par Christopher Franke vous rappellent peut-être quelque chose. Souvenez-vous, le 2 novembre 1997, TF1 diffusait pour la première fois Pacific Blue. L'intrigue se déroule sous le soleil de Santa Monica, en Californie. Pour les téléspectateurs peu aguerris, le choc peut être brutal. En revanche, pour les habitués d'Alerte à Malibu, la transition se fait en douceur.
Pacific Blue est le pur produit d'une nouvelle ère télévisuelle. Dans les années 90, le format connaît une croissance exceptionnelle, qu'il s'agisse de la forme ou du fond (X Files, Urgences, Buffy...). Les séries s'exportent de plus en plus à l'étranger et les studios font davantage confiance aux showrunners. Et cette confiance entraîne aussi l'essor des spin-off. Dans la mémoire collective, Baywatch Nights (Un privé à Malibu) et Baywatch Hawaii sont les uniques séries dérivées de Baywatch (Alerte à Malibu). Toutefois, Pacific Blue peut prétendre au titre de troisième dauphin de la série crée entre autre par Douglas Schwartz.
Du sable blanc, des californiennes très bronzées, des californiens trop bodybuildés, voilà les premiers ingrédients que nous propose Pacific Blue. Ces amateurs d'UV naturelles partagent la lumière avec non pas des policiers munis de planches de secouriste rouge mais, un vélo. Il faut le reconnaître, l'idée est plus qu'originale. En effet, nos héros sont de jeunes flics ayant soif de justice sur le sable de Santa Monica et ils poursuivent les criminels sur leurs VTT. Une performance sportive ici plus que louable. Certes, le pitch peut paraître ridicule, toutefois la série a su obtenir la confiance de la chaîne USA qui a maintenu le programme durant 5 saisons à l'antenne. Une longévité incroyable. Tentons cependant de comprendre son succès.
I/ Le décor
Il est toujours plus agréable de travailler sous le soleil que sous la pluie. Attention, loin de moi l'idée de dénigrer Twin Peaks, mais on ne pas dire que le climat humide de la petite ville crée par David Lynch soit un endroit très chaleureux. Le téléspectateur ainsi que la téléspectatrice lambda sera toujours plus tenter de contempler (même quelques secondes) les corps musclés de nos cavaliers modernes.
II/ Le casting
Il serait hypocrite de ma part d'écrire que la performance des acteurs de Pacific Blue est exceptionnelle. Le jeu des comédiens est assez moyen. Information plus qu'étonnante, Mario Lopez a été reçu un ALMA award en 1999 pour son travail devant la caméra. Ses classes au lycée de Bayside n'ont visiblement jamais porté leur fruit. Pour attribuer un bon point aux acteurs il faut malheureusement (ou heureusement, ça dépend du point de vue) se tourner sur leur physique. Les acteurs sont beaux, bronzés et sportifs. Parfait.
III/ Le générique
Some try to talk you down, why everyone begs on my time....Le titre Just Another Day in L.A interprété par Christopher Franke est le principal atout de cette série. En effet, le générique est élément important pour éveiller l'intérêt du téléspectateur. Saul Bass, célèbre graphiste américain et créateur de nombreux génériques comme Les Affranchis ou West Side Story propose une définition plus qu'intéressante du genre : « Le générique est là, il crée une ambiance, il aide le spectateur à pénétrer dans le premier plan tourné par le réalisateur. Avant le film, le générique prépare le spectateur à ce qu'il va voir ». Ici, l'ouverture de Pacific Blue remplit son contrat. Les premières images du générique montrent les prouesses sportives des policiers à vélo. Ses plans sont associés aux images de femmes en bikini.
IV/ Les scènes d'actions
Inutile de s'intéresser aux intrigues de la série, elles ne sont ici qu'un prétexte pour mettre en avant les scènes d'action. Les poursuites en VTT dans les ruelles étroites de Santa Monica sont assez impressionnantes et très réalistes. On apprécie le travail de précision dans la réalisation ainsi qu'au montage. Les séquences sont dynamiques et bien cadrées.
Évidemment, Pacific Blue est remplit de clichés, les femmes ont de fortes poitrines et elles sont généralement très blondes. Les hommes, eux sont musclés et passent la majeur partie de leur temps à faire du sport sur la plage. Les méchants sont très méchants. Le manichéisme y est étouffant. L'équipe du Lieutenant Parlermo patrouille avec efficacité sur des plages, bondés de criminels (généralement des voleurs de sacs à main). Les policiers finissent toujours par rattraper les malfrats. Faire appel aux experts auraient été ici une perte de temps. L'analyse de sang, le relevé des empruntes ou l'inspection de la scène du crime est inutile. L'objectif est de pédaler au plus vite pour rattraper une voiture, une moto ou un piéton, voir un bus (si, si). En fin d'après-midi, l'heure de la programmation de Pacific Blue en France, il est plus agréable de voir un personnage négatif se faire bousculer par un VTT. La catharsis opère. C'est ça, la cool attitude des années 90. On aime parce que c'est «fun». Anybody, sees more than me. Anybody, thinks he is free. Someday what I let it down just another day, ooh....