Oh, là, là, c'est très compliqué de parler de ce pilote, très très ... alors on va faire dans l'ordre. APB est une série copshow techno où un ingénieur golden boy à la Tony Stark obtient le contrôle d'un district de la ville de Chicago dans le but de venger la mort de son meilleur ami.

Premier point : le riche milliardaire qui décide de remplacer un état corrompu et des politiciens véreux en upgradant des services publics désoeuvrés... en pleine époque Trump, le parallèle serait facile. Et idiot. Très très idiot car si la série est portée par une idéologie droitière, il est aussi un récit de vengeance et non une quête de pouvoir, schéma parfait pour Matt Nix, co créateur du show et de Burn Notice.

Problème : si le pilot évacue clairement ce possible parallèle, la fin est à mes yeux une catastrophe du point de vue mythologique. Matt Nix a beau multiplier les références cool à Robocop et à vouloir opposer les années 2010 et les méthodes à l'ancienne des années 90, cela ne passe pas vraiment, la faute à un pilot trop compact qui s'interdit de laisser la moindre zone d'ombre pour le spectateur.

Pas de mystère ici, ni sur la nature de ses personnages, ni sur leurs motivations, aucun d'eux ne parvient à s'extraire de son archétype premier. Il faut captiver le spectateur avide d'action avec des drones, des grosses voitures, des gros flingues... résultat, pas beaucoup d'air et la réalisation de Len Wiseman ne va clairement pas aider.

Personnellement, la réalisation est le gros problème de cet épisode, l'élément qui l'empêche d'être un vrai divertissement cool et fun (ce qu'il est par moment). C'est un sommet du balai dans le cul style Wiseman, cinéaste fasciné par les éclairages verts, bleus et jaunes, mais incapable de laisser la place aux comédiens pour s'approprier l'espace et introduire de vrais enjeux à cette histoire.

Les auteurs voulaient rendre hommage à Robocop, cela se sent et c'est une très bonne idée, mais Wiseman n'était pas le bon choix pour porter une intrigue car il ne possède aucun sens de la nuance. C'est un réalisateur monolithique et boursouflé qui sacrifie les scènes de souffle, de respiration au profit d'une mise sur tension qui ne fonctionne pas vu notre absence d'attachement aux personnages.

APB est une série qui peut être un bon divertissement, si elle parvient à s'équilibrer, si elle parvient à rendre ses personnages vraiment attachants, à jouer habilement la palette des nuances. Certes, ce pilot possède quelques bons gimmicks et la nostalgie du film de Verhoven; mais il s'autocondamne à la surenchère permanente vu sa mythologie sacrifiée.

Au final, un produit formaté, qui pioche un peu partout comme toujours chez Matt Nix, mais qui se prend trop au sérieux et n'a pas la légereté nécessaire pour nous toucher au-delà du superficiel des gadgets high-tech. Mais si l'ensemble me laisse un rien dubitatif, l'idée de mise en scène de faire participer Reeves aux scènes d'actions via un drone (l'homme de fer, Reeves, non ... et oui, c'est Nix à l'écriture) me plait beaucoup.

Le potentiel est là, l'exploitation est très discutable... dommage, mais tout n'est pas perdu encore.