Image illustrative de Attack on Titan
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Attack on Titan

L'Attaque des Titans

Dans un monde ravagé par des titans mangeurs d’homme depuis plus d’un siècle, les rares survivants de l’Humanité n’ont d’autre choix pour survivre que de se barricader dans une cité-forteresse. Le jeune Eren, témoin de la mort de sa mère dévorée par un titan, n’a qu’un rêve : entrer dans le corps ...

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Terminée Japonaise, JP Pas de durée
Action, Aventure, Animation, Anime, Drama, Fantasy, Science-Fiction & Fantastique, Action & Adventure MBS, NHK, NHK G, Tokyo MX 2013
14.11

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Image illustrative de l'épisode 4.20 - Les souvenirs de l'avenir

Memories of the Future

Pour tenter de rallier son frère à sa cause, Sieg l'entraîne dans les souvenirs de Grisha. Eren voit sa vie rejouée devant ses yeux, scène après scène.

Diffusion originale : 31 janvier 2022

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Diffusion française : 31 janvier 2022
Réalisat.eur.rice.s : Kouki Aoshima
Scénariste.s : Hiroshi Seko
Guest.s : Hiroshi Tsuchida

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Avatar Koss Koss
Rédacteur
Avis favorable Déposé le 20 décembre 2022 à 11:46

Timmy Wimmy <3

Incroyable épisode en effet. Je me doutais bien qu'il y allait avoir des trucs sur le voyage dans le temps, mais je pensais juste que c'étaient les porteurs des titans qui avaient de réminiscence (comme des flashs) du futur. On était bien loin d'une interaction entre les deux protagonistes. La scène où le père se lève de son bureau et "voit" Sieg est un vrai choc. Tout l'épisode, par un biais de plans très habiles, joue là-dessus. Comme si Sieg, avait de plus en plus conscience d'Eren, succombait à son emprise. Quand il se jette dans les bras de Sieg, c'est franchement bouleversant et poignant. La meilleure scène de l'animé pour moi.

L'avis de Galax est parfait et je vais bien avoir du mal à y ajouter quoi que ce soit. C'est le mal qui s'auto-créé, ce qui est bien plus terrifiant que n'importe quelle autre œuvre de fiction occidental. Et il fallait forcément un Japonais, avec tout le poids de son histoire, pour parvenir à quelque chose comme cela. Walter White fait vraiment petit bras à côté. "I did it because i like it" VS " Because I was born into this world.", comme l'analyse très justement et avec finesse Galax.

Je continue de penser que Eren est le "bon" de cette histoire et que le générique de fin montre l'ultime but de son plan (tout le monde mort, mais en paix). Mais je dois dire que pour la première fois, je suis réellement ébranlé dans cette croyance. Et ça franchement, c'est fort. Effectivement, c'est Sieg qui entrainant Eren dans le Chemin qui le conduit à cet Ouroboros du temps et lui donne la capacité d'être omniscient. Alors pourquoi l'Assaillant, spécifiquement ? J'avoue que pour l'instant, je reste sur ma fin. On verra lors du prochain épisode.

Un très grand épisode cela dit.

1 réponse
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Avatar Galax Galax
Administrateur
Avis favorable Déposé le 20 septembre 2022 à 21:02

Un épisode absolument monstrueux. Probablement le plus intelligent de la série. Là, ok oui, peut-être pour la première fois de l’anime, on trouve un véritable twist comme il n’en a jamais existé dans l’histoire de la fiction, et qui rend tout génial et plein de sens. Damn.

Spoiler

L’origine de tout ? Un voyage dans le temps. Il y a des dizaines de signes qui allaient dans ce sens (le plus évident étant les propos de la chouette sur Armin et Mikasa en fin de saison 3 lorsqu'il parlait à Grisha). C'était évident et cohérent, et pourtant je n'avais rien vu venir. Rien.

C'est prodigieux sur tellement d'aspects que je ne sais pas par où commencer à aborder la chose.

D'abord, ce n'est pas vraiment un voyage dans le temps. C'est plus complexe et original que ça. La vision du voyage dans le temps de cet anime est quelque chose que je n'ai jamais vu en fiction : un souvenir du futur. Le fait qu'un personnage qui intervient dans le passé d'un autre, se matérialise par l'obtention de souvenirs du futur, c'est absolument génial. Et ça résout plein de problèmes comme le fait que Grisha et Eren n'ont que des bribes de leur futur, comme un vague souvenir. Ils ne se rencontrent pas vraiment et n'ont pas un savoir omniscient sur la suite. Cela contourne un des problèmes les plus évidents quand on écrit de la SF avec des retours dans le temps : le paradoxe de la connaissance. Ici, il n’est pas question de machine sophistiquée à la Retour vers le futur, de poussière ou d'étagères abstraites façon Interstellar, ou d'un univers sans aucune règle comme Doctor Who : c'est une idée de conscience à travers le temps, de pressentiments et d'images partagées. Ce qui s’en rapproche le plus, c’est probablement la vision un peu Wachowski-enne de Cloud Atlas : un axe d’approche moins tangible, plus creepy et donc sans doute plus réaliste d'un voyage dans le temps.

La réalisation de l'épisode est aussi incroyablement soucieuse de ne jamais montrer directement que Grisha se voit, puisqu'il voit tout à travers les yeux d'Eren. Il ne remarque Sieg que lorsqu'Eren lui-même lui fait face, et qu'il n'a qu'une vague idée d'où se situait Eren dans les lieux. La composition de certains plans des anciennes saisons (quand il donne la clé à Eren par exemple), comme des nouveaux, est donc ultra soignée, et suggère qu’Eren a toujours été là pour le guider, ou plutôt, pour le forcer à aller dans son sens.

Et cela constitue un twist à grande "valeur choc" avec la simple mention du pouvoir du titan assaillant, le fait de "voir dans le futur". C'est, bien sûr, incorrect. Selon moi en tout cas. Le titan assaillant n'a pas le pouvoir de voir l'avenir ; il s'avère juste qu'un titan assaillant (Eren) a réussi un jour à pénétrer dans l'Axe pour voir et influencer tous ses prédécesseurs en leur partageant des souvenirs sélectionnés - des souvenirs qu'il a lui-même obtenus. D’un autre côté, il faudrait donc partir du principe qu’Eren a, en hors-champ, influencer la chouette Eren Krueger notamment. Mais pourquoi pas ? Après tout, le titan assaillant a toujours été connu dans le lore pour être le titan spécial dissident, qui ne suit pas la même voie que les 7 autres servant Ymir. Cette soif insatiable de suivre sa propre voie et son propre libre-arbitre n’est pour moi pas mieux représentée que par Eren, et j’aime à croire que c’est lui qui a impact rétroactivement tous ses prédecesseurs, plutôt qu’imaginer qu’obtenir le pouvoir de ce titan est ce qui a exacerbé sa soif de liberté et ses ambitions.

Mais les deux théories sont valables. Répondre à la question "le titan Assaillant a-t-il un pouvoir iné qui influence Eren, ou est-ce un concours de circonstance qui leur a offert cette capacité ?" revient à répondre à la question de l'oeuf et de la poule, à résoudre un paradoxe, et ne change rien au résultat. Je ne m'y essaierai donc pas car ce n'est pas le seul paradoxe posé par l’épisode, et l’autre est le plus intéressant.

Le vrai paradoxe, c’est la question soulevée par l'origine d'Eren, qui est beaucoup plus intéressante. Tout l'enjeu de l'épisode est de scruter le passé pour répondre à une question existentielle : Eren Jaeger a-t-il été corrompu par son père dans son désir de vengeance, ou a-t-il lui-même corrompu son père ?

Déjà, il faut rappeler que l'anime a toujours eu le chic pour faire des flashbacks. C'est son mode de procédé préféré pour nous révéler des choses. Et si cela a eu ses mauvais côtés (en saison 3 notamment), cela a aussi été le coeur des meilleurs moments de l'anime (toute l'histoire de Grisha, de Reiner, celle de Zeke, la backstory d'Ymir...). Et l'histoire a trouvé ici un prétexte excellent, à savoir l'Axe qui existe dans sa propre dimension temporelle et connecte tous les Eldiens (descendants d’Ymir) pour permettre à ses protagonistes actuels (Eren et Zeke) de naviguer dans le passé. C’est donc un océan de possibilités infinies, l’entièreté de leurs histoires auxquelles les deux frères ont accès. Tout le pitch fait donc honneur à la formule privilégiée de l'anime pour raconter ses histoires et son lore, le flashback, mais la présence de celui-ci ici est totalement motivée par les intérêts des personnages et du public. Si bien que contrairement à certains autres arcs de l'anime, je n'ai pas la sensation d'être frustré de faire une pause dans les combats et l'action : il y a une raison de revenir avoir des explications. Le temps est figé, les personnages s'interrogent, et nous aussi.

Et donc, il y a cette fameuse question existentielle sur la nature de l'âme d'Eren. Eren est le méchant de l'histoire, ce n'est plus un secret pour personne depuis bien longtemps. En tout cas, c’est la menace principale de leur univers, désormais. Seulement, plus ou moins tout le monde était d'accord pour dire que ce n'était pas vraiment sa faute : la question restait de savoir s'il perpétue un cycle de violence entamé par Mahr et les Eldiens initialement, ou s'il est aveuglé par ses sentiments et corrompu par son père.

Zeke pense à la seconde théorie - il déteste son père par-dessus tout et considère qu'Eren n'est qu'un innocent perverti. Il ne fait qu'essayer d'aller dans son sens depuis le début de l'anime, et tout l'épisode est motivé par Zeke qui veut faire ouvrir les yeux à son petit frère.

Pendant longtemps (depuis la fin de saison 3), j'ai pensé qu'Eren, lui, était partisan de la première théorie. A savoir, des raisons principalement de valeur, de principe, de politique aussi : en apprenant toute la vérité sur l'origine de son peuple et de sa vie, Eren a craqué. Une sorte de nihilisme "j'ai eu une vie de merde, tout le monde en aura également une car je le décide ainsi, autrement je ne serai jamais libre”. C’est ce qu’il résume lorsqu’il découvre l’océan. C'est l'idée de combattre comme seule solution pour se défendre et vivre, car dans un monde pourri fondé sur la violence, la violence est la seule option qui reste en retour. C'est ainsi que moi et plein d'autres, je pense, avons toujours interprété le fameux :

Because I was born into this world.

c'est-à-dire qu'Eren se justifie de toutes ses actions par l'existance du monde mauvais dans lequel il est né.

Sauf que la réponse n'est ni celle-ci, ni la théorie de Zeke. A la grande surprise de ce dernier (et de tout le monde), Grisha n'est pas un mauvais père pour Eren, il est loin d'avoir abandonné sa nouvelle famille pour la cause, au contraire : c'est un homme aimant, capable de changement et de regrets, qui a même retardé sa mission de tuer la famille royale (ce qui solidifie grandement la cohérence de la série, sur le fait que Grisha ait attendu aussi longtemps pour agir et s'emparer du titan de Frieda).

Eren donne en fait la vraie explication de son comportement : il est juste né ainsi. Né foncièrement mauvais, né en étant capable de trouver Mikasa, sa meilleure amie et soeur adoptive, dégoûtante, et de trouver Armin, son meilleur ami, faible.

Et là c'est absolument fascinant de voir l'anime aborder cette notion : le mal est-il créé ou est-il conçu ? (le mal étant bien sûr ici, Eren). Beaucoup d'oeuvres prennent la seconde option, car c'est celle qui offre le plus de flexibilité d'écriture, et c'est aussi la plus optimiste, bien sûr : si le mal est fabriqué et dépend d'un contexte, c'est qu'on peut toujours faire machine arrière. Faire le choix de changer. Ce n'est pas un hasard si les arcs de rédemption sont parmi les plus populaires en fiction. C'est tout le crédo de Star Wars, les super-héros et des tas d'autres. C'est aussi tout le twist de l'hiver de Game of Thrones, finalement (pour reprendre un concept similaire d'un enfant omniscient qui apprend la vérité sur le passé - j'ai beaucoup pensé à ça ici).

Certaines oeuvres font tout de même l'autre choix : celui de décrire le mal comme absolu et inné (Walter White dans Breaking Bad, pourri dès le début), ce qui est risqué car c'est associé avec le manichéisme à la Disney, ou le fait d'avoir une histoire simpliste avec des antagonistes sans progression, sans facteur atténuant.

Et ici, Zeke ne trouve pas les réponses qu'il veut. Eren est juste véritablement né pour détruire, sans aucun autre facteur, et il n'a aucune chance de changer. C'est en tout cas ce que semble dire l'épisode (l'anime n'étant pas fini, rien ne dit que ça sera le propos final). Si l'épisode s'en était tenu là, à montrer un Grisha “gentil” - du moins, plein de regrets et qui aurait fini par faire le bon choix et ne pas corrompre son fils - ce dernier se serait donc illustré dans la première vision du mal.

Sauf que l'anime va plus loin, dans une scène ébouriffante où Eren comprend sur le coup qu'il peut influencer lui-même le passé pour... s'auto-créer.

Et c'est là que j'ai été complètement secoué.

SNK fait donc un choix de montrer un mal encore pire qu'inné : un mal qui est sa propre origine. Ce passage dans la caverne où Grisha aurait décidé de refuser d'accomplir sa mission, par amour pour Eren et sa famille, est un souvenir qui devient corrompu par la présence du Eren futur. C'est lui-même qui, à travers ce transfert des souvenirs qui s'opère, convainc son père de tuer la famille royale, afin de s'assurer du déroulé des événements à venir et des bonnes conditions de sa naissance en tant que titan, qui permettront à Eren d'atteindre son état actuel d'arme de destruction massive... et de venir accomplir sa destinée dans l'Axe ici.

C'est absolument dément.

Alors ok, en apparence, on peut se dire, "super il va dans le passé et s'influence", genre ce n'est rien de plus qu'une autre instance d'un paradoxe bootstrap. Eren est sa propre cause et il était toujours destiné à être ici.

Sauf que c'est, d'une part, mis en scène d'une façon magistrale, avec une cohérence incroyable et de multiples changements de paradigme dans l'anime qui ont brouillé toutes les pistes, et d'une cohérence probablement sans faille (je ne fais que découvrir de nouveaux exemples de foreshadowing malin depuis que j'ai appris ce twist), voire même qui répond à certaines questions ou incohérences précédentes dans l’histoire (comme le fait que seul Rod Reiss survie au massacre).

Et d'autre part, c'est mis au service du protagoniste de la série, et du propos de celle-ci sur la violence et le cycle de répétition de la guerre. La série affirme de plus belle son idée que la guerre n'est qu'un cycle de violence sans fin, qui ne fait qu'offrir aux personnages l'illusion du choix, que ce soient pour les guerriers de Mahr ou les traîtres d'Eldia.

Eren n'est même plus l'antagoniste de l'histoire à ce stade, il en est aussi le créateur et le perpétuateur, l'alpha et l'omega. Cela me fait penser beaucoup au film Prédestination [attention petit spoil], où au final, un même protagoniste était sa propre raison pour laquelle il est venu au monde.

La phrase culte d'Eren que j'ai citée plus haut prend alors tout un autre sens quand on comprend sa formulation : il n'est pas "né" (born in) dans ce monde, il y a été "placé" (born into), autrement dit, il a toujours été prédestiné pour faire ses actions et devenir qui il a été.

Because I was born into this world.

Ce n'est donc pas le monde le problème. Cela ne l'a jamais été. C'était Eren, et il le disait depuis le début, mais personne n'écoutait.

Je ne sais pas si cette subtilité du langage se retrouve dans l'oeuvre originale en japonais de Hajime Isayama, mais le twist est bien là : le nihilisme d'Eren est né lorsqu'il a compris pour la première fois que tout était déjà en place et qu'il ne pourrait rien changer.

Pour info cela est arrivé en fin de saison 3, quand il a embrassé la main d'Historia (et ainsi touché une descendante originelle d'Ymir, ce qui lui a permis d'avoir accès à ces bribes de souvenirs du futur, ses propres futurs souvenirs). La question est : pourquoi Eren n’a eu ces souvenirs que durant ce toucher, et pas plus tôt en saison 3 ? Peut-être car il était spécifiquement dans l’état d’esprit pour comprendre ce futur. Peut-être car Ymir la déesse/esclave peut elle-même influencer quels souvenirs sont vus et quand. Peut-être car cet aspect mystique ne sera jamais expliqué, que c’est comme lorsqu’un souvenir du passé nous revient sans trop de raison.

Toujours est-il que cela explique même son comportement complètement léthargique depuis la saison 4 : je pensais en effet, toujours naïvement et toujours comme tout le monde, qu'il s'agissait d'une histoire de guerre et de désespoir qui avait rendu Eren aussi froid et sans âme. C'était bien pire que ça, puisque c'était depuis le début une histoire de destin : il a compris qu'il est littéralement né pour... pour on ne sait pas encore quoi exactement, la nature de son plan ne nous est pas encore révélé, probablement la destruction du monde entier avec le Rumbling (central dans l’opening). En tout cas, Eren est là où il devait être, et il le sait.

Maintenant, tout ça peut être aussi relativisé.

En effet, le fait qu'Eren se soit auto-créé et que toute la violence soit issue d'un paradoxe initial, n'est pas tout à fait vrai : il y a bien eu une guerre avant tout cela, avant même la naissance de Grisha. Il reste même tout un pan mythologique de l’histoire des titans, vieille de 2000 ans soit 1900 de plus que le récit principal de l’anime. Eren n’est peut-être que le point de non-retour. De plus, nous avons la confirmation qu'Eren a eu une influence sur ses deux prédecesseurs, mais pas forcément les plus anciens. La suite de l'anime reviendra peut-être sur Ymir, la titan originelle et la première guerre, pour nous expliquer que tout est également lié (auquel cas tout est vraiment une histoire auto-expliquée), ou au contraire, qu'il y a eu un vrai élément déclencheur indépendant du futur, une sorte de "premier domino" tombé avant les autres. On ne sait pas encore, mais l'idée reste ouverte.

De plus, contrairement à ce qu'il prétend lui-même, Eren reste un personnage marqué par ce qu'il a vécu. Il est probablement, malgré tout, capable de changements. Je suis persuadé d’ailleurs que, sans aller jusqu’à la redemption arc, l’anime va finir par ré-insuffler de l’humanité en Eren. Et je suis persuadé qu’une part de lui ne croit pas à son destin.

Pour dire ça, je me base sur cette superbe, SUPERBE scène où il reste un peu plus longtemps en spectateur du souvenir où il offre son écharpe à Mikasa. C’est très subtil. Ça dure 3 secondes de plus que les autres. Mais ça suggère énormément : ça suggère qu’Eren se souvient qu’il est possible d’aimer inconditionnellement, comme Mikasa le fait. Qu’on peut influencer vers le bon. Qu’on peut vivre, être libre sans tout détruire. Ce plan en est bien la preuve pour moi. Eren observe littéralement son incrédulité de l'époque. Je pense que le Eren gentil et innocent existe donc bel et bien. Je ne crois donc pas personnellement à la propre théorie d'Eren : malgré le paradoxe qu'il est à l'origine des actions horribles qu'il a vues se produire sous ses yeux (son père, la mort de sa mère et de tous ses amis, les traîtres du bataillon, la guerre de Mahr, etc.)... il n'empêche qu'il a vécu, qu'il a aimé et qu'il a été capable d'ignorer son destin pour, un instant, rêver.

Certes, un instant, c’est peu, surtout que Zeke et Eren semblent avoir passé “une éternité” à revivre les souvenirs de leur père. Mais un instant, c’est aussi… la durée entière de leur voyage, puisque le temps est une notion absente de l’épisode et de la mythologie de l’Axe. Un instant de bonté dans l’épisode, un regard vers la jeune Mikasa, c’est donc tout ce qu’il suffisait pour prouver que rien n’est perdu.

Si l'anime veut une conclusion douce, ils pourront très facilement explorer cette piste... même si, certes, cela s'annonce compliqué quand tous les espoirs et les rêves d'Eren se sont toujours transformés en désillusion (la cave, son père, le fait de voir la mer, ou d'apprendre la vérité). Je pense qu’Eren va mourir, mais que sa mémoire sera sauvée par le regard de ses deux amis.

Bref, Eren est un paradoxe naturellement venu au monde pour le détruire, certes, mais il reste toujours à l'anime la possibilité de répondre à la question : que s'est-il passé dans la tête d'Eren quand, après avoir touché Historia, il a appris ce qu'il devait faire ? Accomplit-il sa propre destinée par conviction et éclairage de sa condition, comme une révélation après avoir tout compris ? Ou s'est-il juste résigné quand il a réalisé qu'il était destiné à devenir ainsi, et que combattre le passé est impossible ? Les deux sont possibles et je ne suis pas sûr que l'anime apportera une réponse là-dessus. D’ailleurs dans les épisodes un peu pourris du milieu de saison 4, quand Paradis commence à prendre contact avec le reste du monde, Eren semble un moment vraiment croire qu’il peut s’écarter de son futur et ne pas mener une guerre internationale. Eventuellement, une confrontation par Armin ou Mikasa d'Eren, pourraient permettre de trancher, puisque ce sont les deux seules personnes possibles capables encore de sauver l'âme d'Eren (Reiner aussi, peut-être ? Il a certainement plus de chances d'aller dans l'Axe que Mikasa).

Vraiment une magnifique histoire d'un méchant tellement pourri à la racine qu'il a provoqué sa propre chute.

Inutile de dire que tout cela donne du sens à tout le plan d'Eren, et au plan de Zeke depuis le début : si Eren savait dès le départ qu'il allait influencer son propre passé, il savait qu'il devait faire semblant de marcher avec Zeke pour que ce dernier, par amour fraternel et conviction personnelle qu'il peut changer Eren, l'amène dans l'Axe et lui fasse voir tous ces souvenirs (ce qu'Eren ne pouvait pas faire seul - il lui fallait un titan de sang royal). Ce que je veux dire c'est qu'au-delà de toutes les questions existentielles et les réflexions que le twist apporte, c'est aussi juste un super twist qui est révélé d'une main de maître, qui explique formidablement bien de nombreux soucis que j'avais avec l'anime plus tôt, et qui sublime ce qui précédait en donnant envie de s'y replonger.

Et il y a encore un autre truc brillant dans l'histoire (oui j'ai pas encore fini !), c'est à quel point tout cela est meta sur le genre de l'animation japonaise, notamment des shônen.

Tout shônen classique repose bien souvent sur le principe d'un protagoniste qui est secrètement un élu. Et c'est d'ailleurs ce que j'ai parfois reproché à l'anime : le fait que, comme par hasard, Eren était spécial, toujours au bon endroit, entouré par les bonnes personnes qui étaient toutes rassemblées selon un timing précis (on se souvient du bataillon d'exploration qui comportait genre 99% des titans secrets, la descendante cachée de la Reine, deux Ackerman et maintenant l'élu ultime du mal). Sans expliquer non plus tout cela, le fait d'injecter une notion de destinée et de prédestination assez sci-fiesque dans l'histoire peut résoudre pas mal de choses.

Bon, au final, SNK a fait le choix de transformer son protagoniste en méchant et de casser une partie de l'image qu'on a de lui, ce qui est super, mais ce n'est pas le premier à faire ça (Hunter X Hunter avec Gon, Death Note avec Light). Et les anime qui font ça s'éloignent justement de cette notion d'élu, puisque du coup c'est souvent juste des protagonistes qui sont normaux et ont été dépassés par les événements (Gon et ses sentiments face à la maîtrise de son nen, Light qui était un mégalo initial qui s'est retrouvé avec une puissance hors de son monde). Typiquement dans SNK, ce rôle du "faux-élu" appartiendrait plus à Grisha (qui s’auto-convainc d’une histoire sur Ymir fantasmée), ou à Reiner (qui faisait personnage principal de la saison 4, d'ailleurs).

Je trouve que SNK va plus loin ici et fait quelque chose de beaucoup plus pervers, avec cette idée et cet épisode, puisqu'il repositionne bien Eren en protagoniste et élu absolu... mais totalement néfaste et corrompu. C'est différent d'un élu lambda choisi pour défaire le mal, ou d'un faux-élu qui a un lien avec le mal ou qui va mal tourner (Harry Potter qui a une part de Voldemort en lui, Luke qui est le père de Darth Vader, etc.). C'est bien l'élu, après tout, mais en tant que source de tous les problèmes et pas apporteur de la solution : c'est à cause de lui que tous les événements de l'anime (sauf ceux du passé lointain - pour l'instant...) se sont produits. Ce n'est pas juste un anti-héros là, c'est littéralement le mal incarné quoi ! Héros, méchant, mais aussi créateur et acteur de sa propre histoire, l'être le plus spécial et le plus puissant de tout son univers - parce qu'il en est à l'origine (et qu'il va probablement tout détruire et être le dernier titan attaquant, enfin je suppose).

Et d'ailleurs je crois que ce n'est pas anodin que, spécifiquement pour cet épisode, ils aient fait appel à un animateur ayant travaillé sur Death Note, série que je viens de mentionner. Cela se ressent notamment dans le souvenir où Grisha sort dans la forêt après avoir été forcé par son fils de tuer toute la famille royale et de condamner sa femme et sa vie. Grisha est, en toute logique, complètement à bout de nerfs et en délires. De son point de vue, il est probablement aussi tourmenté que ne le seront Reiner/Bertolt/Annie etc., ou que ne vient de l'être Gaby et Zeke, à savoir, toute leur raison d'être est remise en cause… Sauf que Grisha est, en plus, guidé par un vague souvenir de l'avenir de son propre fils, qui amènera à un sauvetage prétendu de leur race, mais qui n'entraîne en réalité qu'une éradication du monde. C'est, au passage, super intéressant de voir que tous les protagonistes passent par les mêmes stades de traumas et vivent les mêmes horreurs, toujours indirectement ou directement à cause d'Eren.

Et durant toute cette scène, le craquage et l'animation du corps de Grisha faisaient justement vachement penser à certains plans de Death Note. Il faut aussi noter que cette scène a une séquence émotionnelle dingue (donc l'épisode n'est pas juste qu'un twist "pour le choc"), avec le voice actor de Grisha qui est juste sensationnel. Ses cris te prennent aux tripes, et quand il se lamente en parlant à son fils depuis le passé, c'est absolument tragique. C'est aussi la scène où il intéragit le plus avec les manifestations de Zeke et Eren du “présent”. Il embrasse notamment Zeke, son "autre fils", dans ses bras, et renoue avec lui en s'excusant et en lui confessant son amour, et le regret de ne pas avoir profité de son vivant pour jouer avec lui. A nouveau la preuve qu’avec un peu d’amour dans ce monde, les choses peuvent être très différentes. Culcul, certes, mais tellement beau et subtil, intéressant, et surtout, vrai.

C'est un moment très puissant pour Zeke, qui se révèle être une énième victime du destin d'Eren et qui se révèle être quelqu'un de perverti vraiment par son éducation et son environnement, et non par choix. La scène est très touchante parce qu'elle renoue le lien entre un père et son fils, tout en repositionnant Eren en ultime méchant de l'histoire. Car même l'enfance de Zeke, détruite par Grisha qui ne pensait qu'à la grande cause, Grisha qui a lui-même été détruit par Zeke quand ce dernier les a balancés... tout est un produit de l'influence de la Résistance Eldienne et de la chouette. La chouette qui, on le rappelle, possédait le titan assaillant et les souvenirs du futur, justement puisqu'il a parlé d'Armin et Mikasa... Jusqu'à où remonte vraiment l'influence d'Eren bordel ?!

Donc, c'est vraiment une redéfinition inédite d'un élu de shônen, avec une perversité rare.

Et d'autre part, il faut aussi souligner que cet épisode fait honneur à un autre poncif du shônen : le "j'avais prévu que tu avais tout prévu que j'avais prévu".

C'est aussi ce qui a fait le crédo de SNK très souvent : le bataillon qui avait capté avant le spectateur et avant les personnages qu'Annie était la titan femelle, que Bertolt/Reiner étaient aussi des traitres, qu'Historia ou Ymir étaient d'importance, etc. Récemment : Eren qui avait capté que Zeke avait capté que Eren avait capté qu’il n’était pas dans son plan. L'anime a toujours fonctionné par de la rétention d'informations des personnages, et de leurs plans imbriqués dans d'autres plans - ce qui lui a parfois causé du tort et un manque de connexion avec les personnages, je trouve, notamment en saison 3.

Mais récemment, la série a joué son ultime tour dans ce registre avec la grande question "Eren se joue-t-il de Zeke ou est-il sincère ?". La réponse évidente était que oui, il jouait un rôle, et tout le monde (sauf Armin - et le spectateur) y croyait. Mais la réponse moins évidente (du très bon épisode précédent) était qu'en fait, Zeke se jouait d'Eren et avait compris qu'il simulait son accord, mais avait besoin de lui pour aller dans l'Axe. De plus, Zeke était sincère dans sa démarche de se rapprocher de son frère et de lui ouvrir les yeux.

Mais la réponse encore moins évidente ici est que, re-en fait, Eren avait déjà tout compris cela et avait anticipé la découverte par Zeke de sa feinte. Il était en contrôle depuis tout ce temps (et il semble d’ailleurs reprendre le contrôle dans le désert de l'Axe en guise de cliffhanger de cet épisode). Il était en contrôle parce qu'il triche tout simplement : son rôle était prédestiné et l'empêchait tout bonnement d'être dupé.

A nouveau, Death Note (et beaucoup d'autres) fonctionnent sur ce principe de "A dupe B qui en fait avait prévu que A le duperait, donc qui le dupe, mais A avait prévu la duperie de B donc avait un autre plan..." etc. Mais aucun anime (à ma connaissance) n'avait eu l'idée brillante d'en apporter l'explication et la justification, par une histoire de prédestination de son élu à tout comprendre et à surpasser son monde faits de cycles et de répétitions. C'est une vraie réponse à Hunter, à Death Note et à tous les anime en général.

Cet épisode est donc un chef d'oeuvre, déjà d'un point de vue de mise en scène, de réponse aux défauts de l'anime et à tous ses thèmes, de réponses scénaristiques attendues et inattendues qu'il apporte, et des questions existentielles qu'il soulève. Mais aussi et surtout, évidemment, à travers son idée révolutionnaire de prophétie auto-réalisatrice, qui est à la fois une vision sur le voyage dans le temps (avec ce concept de voyage par le souvenir futur), une vision du processus narratif (l'anime étant bourré de foreshadowing et Eren agissant ici comme la plume du mangaka qui avait tout prévu), et enfin une vision sur son propre genre de shônen avec son élu et ses twists surhumains sur la prédiction des événements.

"Memories of the Future" est donc une réponse aux fans, une réponse à l'anime lui-même depuis ses débuts, et une réponse à son genre. C'est incroyable de A à Z. C'est probablement l'ultime point de bascule de l'histoire de SNK, faisant le lien entre tout ce qui précédait et tout ce qui suivra, et laissant en moi un souvenir indélébile au passage.

La preuve : j'ai à la fois une envie furieuse de tout revoir pour comprendre ce qui m'avait échappé, ET de découvrir la suite et le point de chute de cette histoire, qui peut partir dans n'importe quelle direction à partir de là.

On est vraiment à une croisée des chemins dans tous les sens du terme, car du point de vue du passé tous les arcs ne semblent avoir mené qu'à cela, et du point de vue du futur, il m'est impossible de deviner ce qu'il se passera ensuite. Quelles révélations de cet épisode seront laissées intactes et lesquelles seront revisitées ou démenties par de futurs twists ? Sur quelles autres questions l'anime statuera ? Quels autres éléments l'anime laissera en suspend et libres d'interprétation ? Il me tarde de le savoir...

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