Nouvelle série de Chris Lilley après une période de silence de l'auteur, Ja'mie laissait quelques craintes. Inquiétude liée à la réutilisation par Lilley d'une figure de Summer High, reprise d'un format mockumentary un peu érodée et les scandales qui ont émergés depuis Angry Boys autour de l'oeuvre de cet auteur.

Oui, je dis oeuvre et je vous emmerde car Lilley n'est pas qu'un simple ccomique, il est le concepteur d'un univers à part entière, incarnant son héroïne pour mieux souligner la nature totalement fictive de l'ensemble. Chez Lilley, tout sonne vrai, que ce soit concernant la forme et le fond... et puis il y a le comique, la goutte d'eau absurde et multicolore qui appuie le trait, grossit la vulgarité de cette infecte connasse de Ja'mie et révèle la vraie nature de son hypocrisie.

Dès le début, on comprend que Lilley veut corriger un élément important d'angry Boys, à savoir l'éclatement du récit qui avait perdu certains spectateurs. Ici, Ja'mie est le coeur du récit, la caméra opérant en simple témoin de son idiotie tout en optant pour un format télé réalité qui l'encense et la décridibilise en même temps.

Bref, la fin de l'adolescence et le passage à l'age adulte sont toujours au coeur de l'oeuvre de ce grand gamin de Chris Lilley, dressant le portrait d'une petit co... bourgeoise, élève modèle d'une école privée garanti 100% BCBG. Du point de vue du jeu d'acteur, Lilley se fait plaisir et campe avec délectation cette mithomane ridicule, pédante et raciste, accro au réseau sociaux et à un groupe de copines qui ne sert juste qu'à la conforter dans sa parfaite image d'elle-même. Le ton est doux amer, jamais méprisant, l'humour possède ce mélange de vulgarité et d'intelligence qui fait la marque de Lilley.

Le fan est en terrain connu, on se laisse porter, on se sent bien et les quelques blagues intelligemment disseminées font mouche.

Sauf que...

Sauf que tout est trop comme d'habitude et l'univers de l'école déçoit un peu par son absence d'éléments inattendus. Seules les scènes en famille surprennent, dressant le portrait d'une mère en rupture totale avec sa fille et d'un père inconscient du monstre de mépris et de vantardise qu'il a crée.

Cela reste du bon Lilley, mais le manque de surprise fait qu'on ne passe qu'un bon moment, loin des éclairs de génie habituels de Chris. Comme Angry Boys, un portrait fin de la jeunesse actuelle et de cette période terrible qu'est la conclusion de l'adolescence, là où les rêves éclatent sur la surface dure de l'amère réalité.

Une sacré conne, cette Jai'mie.