Je n’ai rien contre les épisodes un peu conceptuels et introspectifs, mais la forme a tout de même son importance… Ici, l’absence totale d’animation sur 20 minutes a du mal à passer avec moi.

Ce powerpoint métaphysique est sans doute très fascinant mais reste un powerpoint. Le format narratif basé sur un interrogatoire où les questions sont imposées plutôt que posées, est une super idée, pour que les personnages soient littéralement face à leurs démons intérieurs. Mais le format s’essouffle bien vite et on a affaire ici plus à un visual novel narré qu’à un vrai épisode d’animation.

Le script passe beaucoup de temps à souligner que tous les personnages de l’anime sont, au fond, les mêmes. Ce qui tend à montrer que tous les humains ne font qu’un car la solitude et les “trous” dans leur coeur les rapprochent. C’était visiblement ça le but du “projet d’instrumentalisation de l’humain” de Gendo/Adam ? Combler le vide de l’existence humaine en s’émancipant de la chair et que toutes les âmes humaines ne fassent qu’une ?

Cette dissection de nos 4 protagonistes est intéressante, mais le problème est vraiment qu’elle paraît hyper forcée et complètement disjointe, peu naturelle et mal amenée par rapport à l’épisode précédent et tout ce qui nous y préparait.

En plus, beaucoup de dialogues très abstraits font assez redite sur la psychée des personnages (notamment pour Shinji et Asuka). Rei est un poil plus intéressante, car elle ressent pour la première fois qu’elle est devenue une “vraie” Rei au contact d’autrui, ce qui alimente le propos de l’épisode (que les humains ne sont complets que par rapport aux autres).

Misato a sans doute la partie la plus intéressante, peut-être car c’est la seule adulte du lot ? J’ai notamment bien aimé que dans son interrogatoire meta, l’épisode revienne sur le fait qu’elle cherchait à coucher avec Shinji de façon abjecte, et en vient à se détester pour ça.

Malheureusement, toute fin pragmatique autour de la NERV, des Eva ou autre, est totalement passée sous silence dans cet épisode (et dans le suivant, qui forment un double en soi), pour que ne reste qu’un discours.

L’exercice de style (ou plutôt de fond, car le style semble clairement absent) est cool, mais je comprends à quel point les fans de l’époque avaient été déçus et demandaient à ce que la fin soit refaite. Si je ne savais pas qu’il y avait des épisodes finaux “alternatifs” qui agissent comme le gap entre les épisodes 24 et 25, je pense que je n’apprécierai même pas les qualités de l’épisode.

En sachant qu’on verra tout de même une vraie fin à l’histoire physique des corps d’Evangelion, on peut tout de même plus apprécier cette fin des âmes (partie 1 — l’épisode n’ayant même pas le bon goût de donner conclusion dans un format condensé).