A l’époque où j’ai suivi avec passion V, on ne parlait pas de séries, mais de téléfilms. Ado, j’avais été scotché par ces aventures d’extra-terrestres reptiles venus conquérir le monde et je voulais savoir ce que cela valait aujourd’hui.

Bah ma foi, ça va, ça tient encore la route. Les effets spéciaux sont parfois cheap (Dana qui ouvre la bouche pour avaler un cochon d’Inde, aïe, ça pique), on sent que le budget était limité (l’intérieur du vaisseau mère qui ressemble à un vulgaire hangar), mais ça fonctionne. Le rythme est martial, on ne perd pas de temps, les vaisseaux arrivent dans les 5 premières minutes, puis, en parallèle de cette rencontre du 3ème type, on présente les personnages efficacement, certains n’échappant à certains clichés (Mike aka le journaliste rebelle, toujours prêt à se jeter dans l’action et à défier l’autorité), d’autres sont instantanément sympathique (Elias ou Willie incarné par un tout gentil Robert Englund, futur Freddy Krueger), tandis qu’on a à des méchants assez fascinants (Daniel, l’ado fasciné par les Visiteurs au point de rejoindre leur cause notamment. Pour Diana, j’attends qu’elle plus que 3 lignes de dialogue pour juger). Bref, pas trop le temps de s’ennuyer durant l’heure quarante et on passe très vite de gentils ET venus faire copain-copain à civilisation colonialiste et intraitable.

Niveau thématique, le parallèle avec le régime nazi est un peu trop appuyé (le symbole des Visiteurs ressemble à une croix gammée, mais surtout, c’est carrément verbalisé par Abraham, le juif qui a connu la déportation). Cela aurait pu être plus subtile. Malgré ça, la série montre bien les rouages des prises de pouvoir des régimes totalitaires ou d’extrême-droite, en muselant la presse, en séduisant la jeunesse, en s’alliant avec les bourgeois, mais surtout en créant un ennemi simple et identifiable, n’hésitant pas à recourir aux mensonges et aux fake news (comme quoi, la série était peut-être même visionnaire). C’est d’ailleurs assez rigolo de constater que dans la série, les boucs émissaires sont les scientifiques qu’on oppresse et qu’on fait disparaître…ce qui est un peu le cas aujourd’hui où tout bon complotiste commence par remettre en cause tous ce qui a été acquis depuis des années, notamment au niveau science (la Terre ronde) ou histoire (Gims et les pyramides).

En conclusion, tout en étant divertissant (la découverte du look et du mode d’alimentation des Visiteurs fonctionne encore très bien), en usant intelligemment de certains codes déjà crées (le meilleur exemple est la toute dernière scène qui utilise l’iconique logo de la série, ce V rouge écrit avec une bombe de peinture, effet garanti), V montre qu’une démocratie peut très vite devenir une dictature sanglante, si on ne fait pas attention. Avec le RN qui monte en puissance et en intention de votes, pas certain que l’Humanité ai appris de ses erreurs passées.