Aaaaaaaaaaaaaaaaah !!!
Enfin !!!
Enfin une dose de Game of Thrones, j’étais en manque, je dépérissais, je voulais revoir les Stark, et puis les Lannisters, surtout les Lannisters, et puis les paysages d’Islande, d’Irlande, de Croatie !
Que c'est bon, que ça fait du bien !...
... Ou non.
En fait, j’ai attendu ce moment avec une telle impatience que, fatalement, il y a eu un petit effet gueule de bois. L’épisode est calme, très calme. Trop calme pour être réellement excitant – la sensation de manque perdure : où sont passés Jaimie, Arya, Brienne, Théon, Bran, le Limier ?
C’est frustrant, il faut dire que la drogue est dure, mais, paradoxalement, ça pourrait être une bonne nouvelle pour cette saison.
Soeur Sansa, ne vois-tu rien venir ? (source : Winter is Coming)
Valar Morghulis*
Game of Thrones est une de ces séries qui, à l’instar de The Wire, ne peut être réellement jaugée qu’à l’issue de chaque saison – et c’est précisément sur ce point que la série avait montré sa faiblesse l’an dernier : la plupart des scènes et des épisodes étaient bons, voire excellents, mais une fois les éléments mis bout à bout ils ne formaient pas un tout cohérent, ni, in fine, une saison à la hauteur des attentes.
La raison ? Trop de personnages, trop de sous-intrigues dans un temps trop court. Des intrigues délayées à outrance (oui, Jon Snow et Daenerys, c’est bien vous que je regarde !), d’autres trop étriquées pour qu’on s’attache aux personnages (Stannis, quel gâchis !)… et des ellipses assez choquantes du côté de Winterfell. Evidemment, l’ensemble restait de haute tenue, mais on sent que la série a tellement mieux dans le ventre !
Et puis, cette année, la pression est encore plus forte que les années précédentes : tous les aficionados des romans de George R. R. Martin vous le diront : le troisième tome de la saga du Trône de Fer, « a Storm of Swords », est le meilleur des cinq tomes parus à ce jour. C’est celui qui a conféré à cette histoire le statut d’œuvre culte aux yeux d’un grand nombre de fans – dont les showrunners de la série, David Benioff et Daniel Weiss, qui, de leur propre aveu, n’ont eu de cesse de vouloir remuer ciel et terre pour pouvoir adapter le livre en série depuis qu'ils l’ont lu.
Le livre – qui correspond au troisième tome de l’intégrale du Trône de Fer dans l’édition française – est épais, et dense, bien plus que les deux premiers… aussi ne peut on que saluer l’initiative des créateurs de la série de lui consacrer deux saisons au lieu d’une seule.
Deux saisons pour un seul livre, cela veut dire plus de temps. Plus d’opportunités de laisser la série prendre des libertés vis-à-vis du récit, de faire une adaptation moins littérale, de laisser les personnages vivre et respirer… et c’est exactement ce qui se passe dans cet épisode, qui choisit de poser calmement la nouvelle donne politique de Westeros suite aux évènements de la saison 2, et de délaisser tous les personnages éparpillés dans la nature – pour eux, il faudra probablement attendre l’épisode 2. C’est frustrant, mais, objectivement, c’est une bonne décision.
Missandei, la traductrice qui édulcorait les insultes faites à Daenerys
Valar Dohaeris*
Game of Thrones est une série délicate à analyser quand on connait déjà les livres. L'effet de surprise que peut ressentir le spectateur qui découvre l'histoire avec la série est absent, hélas. Et la capacité à s'émerveiller est elle aussi émoussée... Mais en y repensant, il y a tout de même des tas de choses qui m’ont bien plu dans cet épisode.
Dès le générique, j’ai eu le cœur serré de voir Winterfell en cendres.
Et puis je me suis régalée avec les scènes de Jon Snow, qui n’est pourtant pas d’habitude un de mes personnages préférés. Mais le voir rentrer enfin en contact avec les sauvageons, et découvrir les géants qui vivent parmi eux, a un côté jubilatoire. Et puis il y a leur chef, Mance Ryder, incarné par un Ciaran Hinds presqu’aussi impérial que dans la peau de César dans Rome. Et surtout, les images sont d’une beauté à couper le souffle – les géants notamment s’intègrent si bien que leur présence parait parfaitement crédible.
J’ai aimé le parallèle entre Jon, qui ouvre l’épisode, et Daenerys qui le clôt. La glace et le feu... Daenerys, dont les dragons ont grandi et sont magnifiquement rendus eux aussi, et qui, si elle commence à prendre de la bouteille, n’est clairement pas au bout de ses peines. J’espère que l’arrivée de Ser Baristan Selmy à ses côtés va redynamiser un peu ses relations avec son entourage, parce que Ser Jorah commence franchement à m'agacer avec sa façon de dire toutes les phrases sur le même ton ;).
Du côté du royaume des sept couronnes, la série assure le service minimum dans les camps de Robb Stark et de Stannis. En revanche, à Port Réal, il y a toute une succession de scènes toutes mieux écrites les unes que les autres. Moi qui vient de subir la saison 3 de Spartacus et ses dialogues indigents, ça me fait tout bizarre !
Par exemple, la scène où Margaery s’adonne aux bonnes œuvres vis-à-vis des orphelins et la scène du diner avec Joffrey et Cersei qui s’ensuit. Elles réussissent à mettre en valeur plein de choses assez subtiles, et de façon indirecte : l’intelligence politique de Margaery, l’importance que les Tyrell sont en train de prendre à Port-Réal, et le fait que la position de Cersei s’est énormément affaiblie depuis cette alliance de dernière minute : elle est désavouée par son fils, méprisée par son père et son frère, et Margaery semble être de taille à lui tenir tête.
J’ai beaucoup aimé aussi les multiples niveaux de lectures de la scène où Shae et Sansa « jouent » à deviner où vont les bateaux. Elle met en valeur le fait que Sansa a encore des réflexes de jeune fille trop gâtée quant elle s’adresse à Shae, qu’elle a envie de s’évader, mais c'est aussi une parabole sur le "jeu" qu'elles jouent toutes deux à la cour. Beaucoup de gens n’aiment pas Sansa, pourtant je fais partie de ceux qui voient en elle énormément de potentiel, surtout au contact de Littlefinger.
... bref, je pourrais détailler plein de petites choses comme ça. C'est agréable une série si bien écrite.
les sauveageons, un peuple viril
Note : 13/20 (note du coeur, celle de la raison serait plus haute). Cet épisode déçoit un peu au premier abord parce qu'il ne s'y passe pas grand chose. Mais il est très bien écrit et réalisé, et laisse présager du meilleur pour la suite. Vivement la semaine prochaine !
J'ai aimé :
- retrouver l'univers du trône de fer
- retrouver les personnages du trône de fer
- des scènes à plusieurs niveaux de lecture
- les effets spéciaux sobres et super bien intégrés
J'ai moins aimé :
- ne pas retrouver TOUS mes personnages préférés ;)
- l'ellipse entre la fin de la dernière saison et le début de l'épisode, que n'aurait pas reniée Rocambole lui-même !