C’est maintenant une certitude : Chris Chibnall ne sait pas conclure une saison. L’épisode dont on taira le nom en saison 11 est une abomination. The Timeless Children en saison 12 est brillant, mais uniquement car il tient en un twist qui nous bombarde en lore, tandis que la partie conclusion était presque inutile. Et nous avons The Vainquishers, un épisode presque anecdotique pour conclure cette saison de Flux tout sauf anecdotique.
On ne pouvait pas imaginer un pire épisode… qui reste de qualité. Ce final dégage donc un sentiment très étrange et ambivalent de déception et de satisfaction. Satisfaction sur l’ensemble de l’arc, mais déception pour ce qu'il n'est pas.
S’écrouler sous le poids de l’ambition ?
The Vainquishers est une heure divertissante de télévision. C’est fun, ça virevolte de partout, il y a des détails grossiers mais aussi beaucoup de qualités, comme on le verra par la suite. Mais cela aurait pu être beaucoup plus que ça ! Chris Chibnall nous fait tous passer pour des cons à s’imaginer des théories folles, du lore à gogo. J’ai honte de moi d’avoir cru dur comme fer à un final explosif en lore, alors que l’épisode 5 est à la limite de ce qu’il a à raconter… cette année du moins. J’en voulais plus.
Partons sur du concret. Le premier gros problème évident de l’épisode, c’est qu’il est un peu trop dense. Même si le rythme effréné permet des enjeux forts et de très bonnes scènes, trop de parties de l’ensemble sont sacrifiées. Par exemple, le fait qu’on ne voit jamais les Sontariens commettre le génocide sur les Lupari, m’a vachement gêné. Encore un problème de hors-champ qui est assez courant dans cette ère. La scène reste assez triste et réussie malgré ce problème, mais il ne faut pas nier l’existence d’un sentiment type "ça aurait été mieux si…"
Autre exemple, le personnage de Diane est traité trop rapidement. Et presque de façon méta.
DIANE: To them, I'm insignificant. But I'm not insignificant.
Sa survie dans la prison Passenger n’a aucun sens et le script essaye de faire en sorte qu’on ne le remarque pas. Son revirement sur Dan a déjà plus de sens : elle a vécu un traumatisme et l’associe à Dan… elle se sent un peu submergée, et elle veut s’éloigner de tout ça. Why not, mais ça manque de dialogues quoi. Diane dans l’ensemble a des utilités évidentes dans l’histoire (comme tous les personnages), contrairement à ce que j’ai pu lire. Elle permet d’illustrer la prison Passenger, ce qui est crucial pour la résolution (et le scénariste le sait bien en faisant dire à un personnge: “I knew you'd have some use!”).
Diane permet aussi de pousser Dan vers l’aventure, que ce soit par sa capture ou en le rejetant à la fin. Elle subit juste le fait d’être dans une saison qui va trop vite pour elle (ce que le personnage ressent également, d’ailleurs, ce qui la rend ainsi presque méta). Diane écope surtout d'une partie très mal exécutée, alors qu'elle est entourée par de meilleurs personnages plus intéressants.
Comme le Grand Serpent et Kate.
KATE: The name's Stewart. Kate Stewart.
Leur affrontement reste pourtant aussi anecdotique. Les scènes sont toutes bonnes : les retrouvailles entre Kate et la Docteur sont satisfaisantes – certes rapides, mais elles le sont toujours. Le montage laisse malheureusement trop peu de place à Kate, visuellement je veux dire : on ne la voit pas assez. La scène d’intro est un enfer là-dessus, avec un taux de cut à la seconde qui donne la nausée. Heureusement que la réalisation se calme (un peu) par la suite. L’épisode est déjà bien assez chargé pour que la réalisation n’ait pas à vouloir donner du rythme artificiellement.
Le Grand Serpent quant à lui, se fait piéger par la Docteur dans une scène qui donne enfin à Jodie Whittaker de quoi s’amuser face à un ennemi menaçant. Mais il paraît ridiculement peu dangereux par rapport aux Sontariens ou aux Ravagers. La scène où il torture un mec random pour savoir où est Kate, est incroyablement inutile (s’il a détecté la présence d’énergie artron sur Kate, c’est qu’il a détecté aussi Kate, non...?).
J’avais beaucoup aimé cette sous-intrigue de Flux sur le démantèlement d’UNIT, je pense que cela ajoute une cohérence aux conséquences du Flux dans l’Univers et sur Terre. Et je ne pense pas qu’il fallait s’étendre plus sur la question. Il est donc naturel de n’avoir "que" une conclusion classique dans cet épisode. Mais il aurait peut-être été plus judicieux de tout boucler en épisode 5. Le final paie en fait un peu les pots cassés de la saison qui a tout laissé à résoudre ici. Il y a tout de même des intrigues pour lesquelles cela fonctionne mieux que d’autres. La conclusion de l’intrigue de la taupe folle Williamson est assez réussie et parvient à expliquer les choses en illustrant le concept des tunnels sans prendre trop d’importance.
Autre élément bâclé que je trouve un peu trop problématique : le Flux n’étant pas inversé... l’univers est donc ravagé à jamais ?
Pourquoi pas, hein. On se doute que les Daleks ont survécu en partie. On sait que les Cybermen et les Sontariens peuvent apparaître/se cloner à plusieurs endroits. On a aussi vu des colonies "humanoïdes" qui survivent. Des populations, ça se refait en quelques millénaires j’imagine. Pour un show qui se base sur le voyage dans le temps et l’espace, sur des milliards de milliards d’années, ça n’empêche pas qu’on pourra revoir un Univers fleurissant dans les épisodes suivants. Par la suite, les aliens pourraient même mentionner le Flux comme une partie de leur histoire. Une sorte d’univers post-Thanos qui s’est rétabli avec le temps. Bref, pourquoi pas, j’aime bien l’idée de ne pas céder à la facilité du reboot du flux comme tous les finaux le font avec leurs menaces majeures.
Mais faut le dire hein. Faut en parler. Là, on est tous dans l'inconnu, alors que ce n'est pas un élément qui appelle à une divergence d'interprétation, comme le choix d'un certain personnage d'ouvrir une certaine montre, par exemple. Le Flux, c'est factuel.
Mais il n’y a pas le temps.
L’épisode ne prend en fait que trop rarement le temps de se poser et d’expliquer les choses. Comme si Chibnall s’était dit “oula oula, on m’a trop reproché que ça faisait du blabla, donc je vais faire un final qui bombarde”. Dommage, car cela aurait grandement bénéficié à ce final.
Sous les débris, un dénouement épique réussi
Tout de même, c’est satisfaisant de voir que tout converge en un seul épisode.
Le final est largement boosté par le fait que tous les autres épisodes de la saison sont super (et sans doute mieux que lui). Les personnages secondaires (à part Diane, et peut-être Vinder) sont tous géniaux. Le simple fait de revoir Jericho, Karvanista et Claire est ultra satisfaisant. En peu de temps, les éléments clés de Flux ont donné une vraie identité séparée à cet arc et le pay-off est souvent réussi. Les retrouvailles entre Bel et Vinder sont cute, encore heureux vu le temps qu’on a passé à leurs côtés (personnellement, je suis chaud pour les revoir, surtout Bel). Le retour de Claire donne de la vraie continuité entre les histoires et un sentiment de complétude narrative assez jouissif, qu'il n'y a pas dans d'autres saisons, ou alors sous forme de brefs caméos.
La scène où l’on se rend compte que Karvanista était un compagnon de la Docteur Fugitive est surprenante et touchante, tout en étant ultra logique.
La mort de Jericho est la partie la plus émouvante de l’épisode. L’acteur était incroyable tout du long, et il tire sa révérence avec une réplique qui résume très bien toutes les qualités et les défauts de Flux :
JERICHO: What an awfully big adventure.
Voir tout ce beau monde œuvrer ensemble pour la destruction des Sontariens et pour littéralement sauver l’univers, c’est quelque chose de sacrément beau qui imite (sans égaler évidemment) la réunion incroyable de la fin de saison 4 face aux Daleks. Ce final avait d’ailleurs aussi beaucoup trop de personnages, dont certains faisaient de la figuration, mais avait une volonté de faire plaisir sans précédent. The Vainquishers vise à faire un peu la même chose, et rate le mille… mais il fait son petit effet néanmoins.
Flux est un arc qui a eu son petit microcosme à lui, très imparfait, certes, mais très attachant. Voir toute l’ambition space-opera être condensée dans un finish épique réussi, c’est quand même impressionnant.
Certains points sont heureusement positifs sur presque toute la ligne et n’ont pas de parties trop précipitées. Je citerai déjà le plan super ingénieux des Sontariens. Je ne m’attendais pas à ce qu’ils soient à nouveau si importants. Mais entre la scène absurde et hilarante du chocolat, l’élaboration ingénieuse de leur plan qu'on ne peut qu'adorer, ou leurs personnalités plus distinctes et amusantes que par le passé : tout y était. Le plan sur les flottes de vaisseaux Sontariens, Daleks et Cybermen réunis, face au Flux qui les avale tous grâce à un tour de passe-passe ingénieux de la Docteur, était d'ailleurs une séquence visuellement et concrètement vachement épique.
STENCK: Your service to Sontar will end in success, or death.
JERICHO: And the reward for success?
STENCK: ... Death.
Il y a aussi cette idée d’une Docteur splitée entre trois versions quantiques d’elle-même qui permet à l’histoire d’aller super vite sans se soucier de problèmes géographiques. Une idée originale qui permet aussi à Jodie Whittaker d’occuper l’espace comme il se doit. Honnêtement, c’est un concept tellement malin que je me demande comment Steven Moffat n’y a jamais pensé.
DOCTOR: I've got such a crush on her!
Pour continuer mes paragraphes sans transition sur plein de points de l’épisode (que j'imite un peu en faisant ça), je tiens aussi à souligner que : c’est bon ! Après six épisodes, je peux enfin affirmer sans risque que Jodie a eu de vrais compagnons. Heureusement que parmi tout le chaos, l’épisode prend le temps de faire dialoguer Thirteen avec Yaz, et d’admettre encore de plus belle que la Docteur a eu tort de ne jamais s'ouvrir. C'est un beau message qui sert un trait de caractère original chez un Docteur et qui continue à développer la relation Yaz/13, qui passe un certain cap. Whittaker joue particulièrement bien dans la scène de fin dans le TARDIS avec Yaz, avec un regard fuyant, un sourire de fièreté de s'être ouverte, tandis que Mandip Gill est plus bad-ass que jamais.
YAZ: We're never defenseless.
Bref, vous l’avez compris : il y a du très bon. Il y a du bon. Il y a du moins bon. C’est classique pour Doctor Who.
Mais… ça ne devrait pas.
Une frustration cohérente mais difficile à effacer
J’en viens à ce que je disais au début. On ne devrait pas avoir à juger cet épisode comme les autres. Pas de Division. Pas de Tecteun (bon ça, ok). Pas de vraie réponse sur le passé de la Docteur. Pas de Ruth (ce qui se sentait venir, certes). Mais c’était le moment où jamais, bordel !!! La fanbase devrait être en train d’exploser sur les origines de la Docteur. Pas argumenter pour savoir si le Flux a détruit l’univers ou pas.
Chris Chibnall vient de se taper un sprint de cinq heures pour finalement rebrousser chemin juste devant la porte de sortie. C’est incompréhensible. On dirait qu’il a lâché le navire et s’est totalement dégonflé à la dernière minute. Un sentiment de "tout ça pour ça" tenace ne me quitte pas… et je ne veux pas trop y croire. Mais d’un autre côté, aussi énervant que cela puisse être d’écrire ça… c’est assez cohérent, comme fin.
Je parle spécifiquement du choix final du refus de la montre. J’ai revu l’épisode, et j’ai été frappé par le fait que la deuxième fois, j’étais presque d’accord avec la Docteur, et soulagé qu'elle n'ouvre pas tout de suite. La hype de savoir absolument plus de rebondissements m'avait-elle un peu fait tourner la tête ? Certaines scènes anecdotiques semblent en effet préparer le terrain pour ce choix de ne pas découvrir ses souvenirs. Déjà, quand Swarm et Azure lui proposent d’entrer dans la maison, 13 refuse. Et en fait, cette maison est décrite et montrée comme "illogique", "sans aucun sens", elle fait carrément peur, même. C’est aussi la scène avec Karvanista qui m’a frappé. En déroulant bien le truc, on comprend que la traque de Karvanista était extrêmement perverse et a dû être très dure à vivre pour notre Lupari préféré. Par le passé, le Doc a clairement dû faire beaucoup souffrir autour d’elle, et sa quête de recherche des réponses a eu des répercussions tout aussi malsaines (Karvanista donc, mais aussi Yaz piégée, et toute l'existence du Flux, même !). Enfin, de façon assez évidente, si les Ravagers veulent se servir de ses souvenirs pour la faire souffrir, c'est qu'ils ne sont pas tout rose. Ce qui n'est pas incompatible avec le fait d'exiger de posséder la montre. Je comprends la quête de 13 de reconquérir ses souvenirs : pas parce qu'elle se sent forcée ensuite de les ouvrir. Mais parce qu'elle veut se donner le choix.
En plus, elle prend quand même son pied dans l'épisode à sauver l’Univers, à jongler entre trois corps et trois intrigues, à réunir tout le monde et à gérer mille trucs à la fois. Bref, à faire ce qu'elle sait faire le mieux. Comme le spectateur prend assez son pied à voir tout ce beau monde réuni pour déjouer des plans d’hommes-patates mangeurs de chocolat plus forts que l’Univers. C’est assez méta, de se dire que malgré mon envie furieuse de connaître tout du passé de la Doc, je m’éclate tellement dans le moment présent que je me dis : au fond, c’est aussi ce qui compte le plus, d’avoir eu des aventures aussi cool et fun.
La Docteur se dit même à un moment :
DOCTOR: Come on, Doctor, just concentrate on the here and now.
Et je pense qu’avec des scènes comme celle de Karvanista, les dialogues avec Yaz, ou même voir Bel et Vinder en heureux couple réuni, la Docteur est censée réaliser que c’est ce qui compte le plus. Et ce qui fait la série et les épisodes, ce ne sont pas des réponses balancées à l'audience comme sur une page Wikipédia, mais bien les rencontres sur le chemin.
Ahem. Bon. Maintenant, tout ça n’est qu’une interprétation. Et j’aurais clairement aimé que l’épisode soit plus frontal à ce sujet. Sans parler du fait que, ce qui fait la série, ce n'est pas que le voyage ou les personnages. Ce sont aussi ses idées. Et même si la saison en a déjà eu son lot de belles, un peu plus dans le final n’aurait pas fait de mal. Cette conclusion à base de "non mais en fait ce n’est pas ce qui est important", est en effet super prévisible. C’est ce que Ruth énonçait à la fin de The Timeless Children (à noter que contrairement à la croyance ultra populaire chez les fans, non, Thirteen n'avait pas du tout "déjà fait le même constat" à la fin de la saison 12, et que toute l'existence de la saison 13 le prouve – assez dingue de voir des fans aussi enclins à ne pas regarder les épisodes et à se forger un auto-canon sur la base de leurs envies et leurs souvenirs... on dirait presque le choix d'un certain personnage qu'ils décrient...).
Bref, c’est cohérent de voir 13 mettre un peu de temps à faire le deuil de la vie qu’elle a toujours pensé avoir, pour arriver sur ce constat simple d'identité forgée dans l'instant.
Mais vraiment, j’ose espérer, j’ose putain d’espérer, qu’on ne s’en arrêtera pas là tout de même.
Car le potentiel d’histoires est trop vaste. On ne sait encore pas assez de choses de cette autre vie. On n’a surtout pas encore assez vu la superbe Jo Martins. Qu'importe la cohérence de l'histoire, il faut parfois la sacrifier aussi pour être cohérent en tant qu'œuvre.
Le fait qu’il reste trois épisodes me rassure sur le fait que ceci n’est pas le point de chute ultime de l’histoire de 13. Mais il aurait été tout à fait possible de donner un peu plus à l’audience et aux fans dans ce final, sans changer la décision de 13 (par exemple avec quelques flashs de cette maison lorsque Swarm et Azure lui teasent des bribes de son passé, ce qui aurait eu du sens vu qu'ils essaient de teaser de toute façon).
J’en profite pour saluer une dernière fois Swarm et Azure. Visuellement ils en jettent toujours, et représentent bien tout le chic intemporel et atypique de la saison. Et j'ai tout bonnement adoré le dialogue entre Azure et 13, typiquement ce qui rend les meilleurs ennemis du Docteur si majestueux. Ce partage de leur incompréhension mutuelle de ce qui est bien et ce qui est mal, avec une touche d'histoire personnelle au passage, c'était à peu près parfait. Certes ils n'ont pas eu beaucoup de minutes d'écran, mais en motivation et en enjeux, je trouve qu'en six épisodes, tout est plus clair et plus intéressant que l'immense majorité des antagonistes du Docteur, que ce soit les Daleks, les Silences ou le Maître. Même si leur ultime scène est un poil rapide, surtout car elle est utilisée pour annoncer pas-du-tout-subtilement le retour justement du Maître au passage (purée, on va vraiment revoir Dhawan...), je trouve que Swarm et Azure ont marqué leur empreinte dans la saison et la série.
Je suis ravi que tout l’accent soit mis ici sur cette guerre pour libérer l’emprise du Temps contre l’espace, idée que j’avais beaucoup aimée dans l’épisode 3.
DOCTOR: Life must win.
AZURE: But why? Why is it better? Why is what you fight for better than what we will bring?
DOCTOR: Because otherwise... why are we here?
AZURE: You shouldn't be. That's why we exist, to correct the error.
DOCTOR: There's a balance to the universe. It exists that way for a reason.
AZURE: That is your faith. Ours is different.
C’est vraiment une idée trop cool et bien exécutée sur une ampleur colossale pour toute une saison. C’est en plus ultra cohérent avec l’incarnation actuelle de la Docteur, qui a démarré avec une personnalité presque si basique que son unique crédo était celui de visiter les merveilles de l’univers. Toute la campagne promo des débuts de cette ère avait pour slogan : Space. For All.
À nouveau, Chibnall arriverait presque à me convaincre que démarrer par des épisodes basiques et une saison nulle, faisait partie de son plan. Après tout, la phrase de conclusion du final nul de la saison 11, était :
DOCTOR: Keep your faith. Travel hopefully. The universe will surprise you... constantly.
Mais je pense que le changement de ton s’est bel et bien opéré l’an dernier, dans la deuxième saison de sa Docteur. Il est à noter d’ailleurs que la réplique utilisée par Swarm plus haut, est la réplique finale du poème qui conclut l’épisode The Haunting of Villa Diodati, et désignait déjà la Docteur :
SWARM: You are the universe, Doctor.
À défaut d’exploiter à fond son lore récent (j’aurais quand même aimé plus de Swarm et Azure) ou mythologique (avec l’absence d’avancées sur les souvenirs), ce final confirme quand même que cette ère a une vision et une cohérence qu’on ne peut que saluer, une nouvelle fois.
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The Vainquishers est l’épisode appréciable qui m’énerve le plus de la série. Les proportions épiques sont réussies, la plupart des conclusions sont bien trouvées, les quelques raccourcis sont dommageables mais excusables face au plaisir de voir toutes les intrigues culminer dans une course finale épique, émouvante et satisfaisante, en partie. Mais au-delà de ses quelques gros ratés indéniables, qui déjà le privent d’être une réussite totale en guise de final, je reproche surtout à The Vainquishers de ne PAS être ce que je voulais.
Il faudra attendre la fin de l’ère Whittaker pour savoir si ce final nous rappellera à tous le moment où Chris Chibnall s’est dégonflé, ou si ce final sera retenu plutôt comme étant la fin d’un arc ambitieux réussi qui a lancé de façon efficace le vrai acte final. Même si l'épisode m’a fait perdre un poil de confiance, je garde espoir que la dernière page nous saisisse. L’avenir nous le dira.
Mais en attendant, pour reprendre les mots d’un grand homme : quelle aventure terriblement grande !
J’ai aimé :
- Un côté space opera toujours très réussi et épique, approprié pour un grand final.
- Je suis vraiment fan de l’identité visuelle et thématique de la saison, qui culmine ici, même dans ses défauts.
- Quelques séquences émotionnelles pour les meilleurs personnages secondaires de l’ère Chibnall (Jericho <3).
- Le plan des Sontariens et les résolutions de l’épisode.
- Le superbe dialogue entre la Doc et Azure, les Ravagers étant pour moi toujours aussi réussis malgré – et surtout ! – pour leur conclusion mystique.
- Une frustration sur le délai des réponses qui reste cohérente in-universe.
- Jodie Whittaker s’éclate à fond (je me retiens juste de ne pas trop penser à Jo Martins...).
- La saison a été un vrai flux ininterrompu d'idées, de personnages et de thématiques cool ! (je vous mets au défi de faire un meilleur jeu de mot avec flux... ou pas en fait...)
Je n’ai pas aimé :
- Le montage hideux par moment, surtout au début.
- Du hors-champ, du "hors-dialogue" et des incohérences trop gênantes pour un final.
- Certaines intrigues auraient gagné à être résolues séparément et plus tôt.
- Le sentiment de s’être fait clickbait, sauf si les théories folles viendront dans les spéciaux.
- Aucun lore, pas de Ruth, pas plus de vraie réponse, pas plus de Division… c’est un peu trop dur à avaler maintenant, tout de même.
Ma note : 14/20, plutôt sujette à évoluer en bien ou en mal, selon la satisfaction des réponses finales apportées… une note qui traduit pour le moment le paradoxe entre l’énervement de devoir encore faire dépendre la note d’un final de la suite, mais aussi le plaisir à avoir eu à suivre la saison et les péripéties et idées de ce final. À titre informatif, cela place l'épisode dans le bottom 3 des fins de saison de la série jusqu'à maintenant.
What the Flux ?!
J’ai déjà parlé de quelques répliques reprises d’anciens épisodes. Le reste sera bref, après tout, le Flux n'est plus.
- Les Sontariens offrent refuge à tous leurs ennemis "sauf aux Rutans", un passage très drôle puisque les Rutans sont les ennemis jurés des Sontariens depuis la série classique. À noter qu’ils ne se sont jamais rencontrés à l’écran ! On en voit un dans Horror of Fang Rock (c'est un gros blob vert peu impressionnant, qui ferait bien de ne jamais revenir...).
- L’énergie artron mentionnée plusieurs fois dans l’épisode est celle qui est liée au Docteur, à sa capacité à se régénérer et au TARDIS.
Voilà. Le WTFlux était maigre, pour conclure cette année, un peu à l’image du final trop avare en lore. On se retrouve très vite pour le spécial de nouvel an, le premier des trois spéciaux de fin pour Jodie Whittaker, avec, espérons, des Coins du Fan plus remplis par la suite… à très vite !