Une équipe de choc
Ben Grogan défend Andre Chernoff, un voleur victime de violence policière, profitant de la venue de Justin pour demander à Kate de venir assurer la médiation pour cette affaire. Le jeune avocat pointe alors le témoignage troublant d'un des agents, le Capitaine O'Hara, qui se trouvait sur les lieux, mais parait refuser de témoigner pour couvrir les vrais coupables. Pendant ce temps, Lauren doit faire face à une plainte de Ian Saunders qui pourrait coûter sa réputation à Reed and Reed ainsi que son droit d'exercer.
Résumé de la critique
Un épisode réussi que l'on peut détailler ainsi :
- un duo entre Kate et Ben assez irrésistible
- une affaire du jour qui repose beaucoup sur les comédiens
- un dynamique intéressante entre Lauren et Kate
- une héroïne en pleine remise en cause
L'art de trouver un terrain d'entente
Avec cette affaire opposant Ben à Justin, Fairly Legal essaie d'installer le nouveau équipe de choc de la série, à savoir le couple entre Sarah Shahi et Ryan Johnson une nouvelle fois irrésistible. Comme toujours dans les séries USA, ce duo est par nature antagoniste et par magie complémentaire, leur opposition devenant le moteur qui pousse Kate à se sublimer. Une association classique, mais qui fonctionne parfaitement, offrant l'occasion de voir la différence entre l'action d'un avocat et celui d'un médiateur, l'un cherchant la compensation de son client, l'autre à trouver de quoi satisfaire les deux partis.
Mais il apparaît assez vite que Kate ne peut travailler sans une idée de la vérité, à la différence de son associé qui cherche seulement à élaborer la version la plus crédible possible pour son client. C'est sur cette confrontation entre le cynisme calculateur de Grogan et l'empathie naturelle de Kate consistant à croire en l'existence d'un accord parfait que se construit la dynamique de l'épisode. Des routines s'installent comme les scènes d'ascenseurs, offrant l'occasion de mettre en valeur le duo tout en installant une tension romantique très efficace alimentée par une Sarah Shahi particulièrement troublante.
En séduisant Ben, elle tente de prendre l'avantage sur lui, essayant ainsi de briser cette carapace d'insensibilité pour se prouver qu'elle a raison et qu'un coeur existe en chaque personne qui sait le vrai sens du mot justice. Un thème parfaitement exploité par une affaire qui montre la nuance entre le vrai et le juste, entre soulager et guérir. Un thème fort pour une intrigue peu concluante, servant juste de décor pour fournir une opposition entre deux visions du droit, entre le point de vue moral de Justin et le regard plus matérialiste de Grogan.
L'art de ne pas compliquer les choses
Cette saison, les intrigues de Fairly Legal sont moins exposées que l'année dernière, le show possédant désormais une vraie mythologie à exploiter. Chargée de remplir les quarante minutes de l'épisode l'année dernière, les histoires étaient souvent inutilement compliquées, avec des développements à rallonge obligeant Kate Reed à enfiler trop souvent son costume de super-héroïne. Une tenue qu'elle peut laisser cette année plus souvent au placard avec une nouvelle équipe créative qui a su donner de la matière à la série pour ainsi éviter ainsi les complications excessives.
Une capacité de diversion bienvenue tant l'intrigue du jour parait avec le recul pour le moins bancale, avec une conclusion peu satisfaisante du point de vue de la crédibilité, mais qui permet juste de montrer la nature subjective du bien. Une opposition qui permet de voir combien elle se plait à pouvoir déstabiliser son opposant afin de pouvoir utiliser ses armes contre lui. Avec une certaine intelligence, cet épisode fait voir les armes de Kate pour arriver à ses fins, utilisant le charme et l'enthousiasme pour prendre l'ascendant sur Justin en refusant de jouer selon les règles des autres .
Prise entre deux hommes qui se livrent une bataille de coqs, Kate s'interpose, mais découvre assez vite qu'elle peine à exister dans un débat résidant dans un rapport de force permanent. Là où elle était fuyante l'année dernière, esquivant les conflits, l'héroïne du show de Peter Ocko montre une capacité nouvelle à vouloir affronter la réalité, acceptant de trouver ses propres armes loin de l'ombre de son père. Un changement qui se retrouve dans sa relation apaisée avec Lauren et sa volonté affichée de défendre un cabinet où elle a fini par trouver sa place.
Retrouver la volonté de se battre
Avant d'être une série judiciaire, Fairly Legal a pour point de départ la question du deuil d'un père protecteur dont l'ombre a lentement disparu, laissant Lauren prendre seule les rênes de la compagnie. En abandonnant l'image froide et glaciale de la première saison, les auteurs offrent l'occasion à Virginia Williams de laisser apparaître les fêlures de son personnage, Lauren se retrouvant en tort dans sa gestion du cabinet. L'occasion de constater combien la relation entre les deux femmes s'est clairement apaisée, faisant de Kate est un renfort utile en évitant ainsi certaines lourdeurs de la saison un.
Avec la mort de Teddy, sa belle-mère a perdu petit à petit son statut particulier, laissant lentement apparaître un visage différent, celle d'une femme essayant de sauver l'héritage de son ex-mari. Un point qu'elle partage avec Kate, même si cette confrontation avec un de ses anciens clients s'avère trop anecdotique et laisse vite apparaître les limites de cette partie de l'intrigue. En essayant de maintenir la sensation d'une menace pesant sur Reed and Reed, les auteurs ont oublié de lui donner un visage, empêchant les scénaristes d'installer une vraie intensité lors de la confrontation finale.
Formant une union improbable, le trio qui travaille à Reed and Reed apparait comme une union utopique entre une vision morale et rigide du droit, un avocat cynique et arriviste et un électron libre idéaliste. Pourtant, c'est la nature profondément explosive de cette association qui lui donne tout son charme et son caractère, nous offrant une nouvelle fois un divertissement très plaisant et particulièrement efficace.
L'univers selon Kate Reed
Si certaines séries peuvent être accusées d'être manichéenne, Fairly Legal n'en fait clairement pas partie, son héroïne se refusant à l'idée de l'existence d'un être sans coeur, incapable de compassion et de la capacité de pardonner. Devant la façade de froideur affichée par Grogan, elle va tenter lors de la scène finale de faire apparaître un signe de faiblesse, un trouble qui trahisse l'existence de sentiments. Une confrontation remarquable qui doit beaucoup au talent de Sarah Shahi et Ryan Johnson dont le duo s'impose comme la révélation de cette saison.
En conclusion, une nouvelle preuve des qualités de Fairly Legal avec une association entre Kate Reed et Ben Grogan totalement réjouissante. Prise au milieu d'une dispute entre lui et Justin, la médiatrice doit laisser de côté ses sentiments pour empêcher cette opposition de finir en combat, avec en jeu la vie d'un policier qu'elle croit innocent. Une conception de la justice qui la contraint à chercher la vérité pour contraindre le vrai responsable à exprimer cette once d'humanité et à abattre les murs existants entre les deux parties d'une médiation.
J'aime :
- Le duo entre Sarah Shahi et Ryan Johnson
- Plusieurs scènes réellement drôles
- La scène finale très réussie
Je n'aime pas :
- La storyline de Lauren anecdotique
- Les circonstances de l'agression particulièrement vagues
Note : 13 / 20
Encore un épisode réussi qui confirme les qualités de Fairly Legal cette saison, grâce à un duo entre Kate Reed et Ben Grogan très réussi. Un divertissement réjouissant à apprécier comme tel, sans chercher trop à creuser une intrigue qui parait assez superficielle, surtout concernant la sous-intrigue de Lauren.
sephja
