Les choses qui nous séparent
Kate Reed est engagée par Burgess, son ancienne école privée, pour régler le cas d'Eliza Davis, une jeune étudiante que son professeur a surpris en train de tricher à un examen. Refusant son exclusion, son père choisit de poursuivre l'école, mettant le proviseur Olivia Mc Key dans une situation délicate. Pendant ce temps, Justin et Ben se retrouvent opposés dans une affaire portant sur un artiste qui a réalisé une performance en se jetant du pont du Golden Gate habillé en costume d'oiseau.
Résumé de la critique
Un épisode plaisant que l'on peut détailler ainsi :
- une intrigue sur fond de chantage peu originale, mais intéressante
- Kate Reed en quête de pardon
- deux hommes trop séduisants
- une ambiance légère et agréable
Un air de déjà-vu
Pour cet épisode, Fairly Legal va jouer la surprise un proposant des associations originales, avec Kate qui se retrouve en équipe avec Lauren et Grogan qui doit affronter Justin lors d'un procès assez singulier. Très différentes, ces deux storylines vont posséder les mêmes qualités, à savoir un enthousiasme communicatif et une interprétation de très grande classe. L'occasion pour les auteurs de montrer leur maîtrise en proposant des combinaisons inattendues, refusant de s'enfermer dans un schéma pour conserver les qualités de spontanéité qui caractérisent cette saison deux.
Pourtant, le retour de Kate dans les murs de son ancienne école privée va s'avérer un peu décevant au premier abord, celle-ci prenant une nouvelle fois faits et causes pour l'individu contre le système. Se projetant sur cette jeune femme en passe d'être exclue, elle se comporte avec naïveté, inconsciente du jeu cynique que joue cette jeune demoiselle qui va se révéler être une sacré garce. C'est malheureusement sur ce point que le scénario d'Ish Golstein ne surprend pas vraiment, offrant une résolution téléphonée et peu originale, mais qui possède le mérite de remettre Kate à sa place.
Prise par son enthousiasme, Kate Reed est contrainte de faire de l'introspection et de se remettre en cause, tandis que Lauren essaie de rattraper ces erreurs. Le duo Sarah Shahi - Virginia Williams fonctionne parfaitement, les auteurs installant un rapport complexe entre ces femmes, leur relation sortant totalement du cadre belle-mère - belle-fille de la saison dernière. Les interprètes s'en donne à coeur joie, Virginia Williams paraissant beaucoup plus à son aise tandis que Sarah Shahi offre une performances étonnante permettant de creuser le personnage de Kate Reed.
Le besoin de croire les autres
En tant que médiatrice, Kate Reed est, par nature, une idéaliste qui croit qu'il est possible de trouver un accord qui satisfasse les deux partis en présence. Devant le visage triste d'Eliza, celle-ci laisse parler son naturel en choisissant de découvrir les raisons qui auraient pu pousser le professeur à s'en prendre à elle. L'hameçon est un peu gros, mais Kate ressent une telle colère contre Burgess et un tel besoin de faire ses preuves devant son ancienne camarade de classe Olivia qu'elle fonce droit dans le piège, se retrouvant coupable d'un cataclysme qui met le proviseur dans une position périlleuse.
La victime change alors de bord et Kate découvre combien son tempérament de fonceuse obstinée l'a empêché d'écouter les conseils des autres. En travaillant en solo sans consulter Lauren ou Léonardo, Kate apparaît comme faible tant elle est incapable d'avoir le recul nécessaire pour évaluer clairement la situation, fonçant en première ligne avec toute sa force de conviction. La conclusion apparaît alors comme une facilité, seul moyen pour éviter une trop grande remise en cause qui viendrait appuyer un peu trop la conviction exprimée par Justin dans le respect de la loi comme seule moyen de rendre une justice objective.
C'est finalement dans le parallèle entre les deux storylines que cet épisode de Fairly Legal trouve toute sa force, montrant les inconvénients de la médiation et l'importance du débat entre la défense et l'accusation. Un affrontement qui va concerner Ben Grogan et Justin Patrick, prenant un sens particulier à cause de leur relation commune avec Kate. Un duel amusant qui va confirmer l'apport décisif que représente le personnage de Ryan Johnson dans une seconde saison qui surprend épisode après épisode par sa qualité d'écriture.
Une expression originale du désir
Pendant que Kate marque un retour sur les lieux de son adolescence, Ben hérite d'une affaire originale, celle d'un artiste ayant sauté du pont du Golden Gate et que la ville souhait poursuivre pour conduite dangereuse. Très vite, la négociation s'annonce particulièrement épique par l'affrontement qu'il propose entre deux approches totalement opposées de la justice, la droiture de l'un se heurtant au style plus biaisé de l'autre. Un affrontement dont va profiter le juge Conners, se montrant assez vite sensible au numéro de ping-pong des deux hommes de loi qu'elle refuse de départager.
Seulement, ils n'ont pas conscience des vraies intentions de Melinda Mc Graw et continue de s'affronter pour obtenir l'approbation de cette femme qui fantasme clairement sur ce combat de coq. A force de les laisser s'affronter, le débat atteint un niveau surprenant, offrant une déclaration de foi étonnante et touchante de Justin concernant sa vision du droit, instant superbement écrit où le personnage apparaît comme un politicien crédible. L'instant où les deux prennent conscience de la manière dont la juge se sert d'eux pour assouvir un fantasme personnel est vraiment hilarante, storyline drôle qui évite le piège de la vulgarité grâce à un excellent duo Ryan Johnson - Michael Trucco et à une écriture très fluide.
Evidemment, il est question pour Ben de découvrir aussi ce qui est à l'origine de son mariage avec Kate, cette petite différence qui lui a permis de la séduire. Une intrigue dynamique et particulièrement bien écrite, qui fait qu'on en vient vite à se demander comment la série a pu exister sans Ryan Johnson, les auteurs ayant pleinement réussi son intégration à l'intérieur du show. Impressionnante et réjouissante, cette seconde saison de Fairly Legal n'a de cesse de nous convaincre de toutes ses qualités, surtout par l'espace qu'elle laisse aux acteurs pour s'exprimer pleinement.
L'espace de l'interprétation
La scène dont je vais parler se trouve en début d'épisode et concerne un échange très drôle où Ben Grogan s'amuse à déstabiliser Kate Reed. Le premier point amusant est la façon dont les auteurs soulignent l'ironie d'un destin qui s'acharne à les mettre sur le chemin l'un de l'autre, le jeune avocat possédant un talent particulier pour la mettre en colère. Sarah Shahi explose alors littéralement de rage, mais percute aussi le décor factice d'un ascenseur qui vibre alors de manière inquiétante et anormale.
Le metteur en scène aurait pu couper cette séquence, mais il fait le choix intelligent de privilégier la qualité du jeu des comédiens au risque de laisser ce qui peut apparaître comme une faute technique. Le but est alors clairement affiché de donner la part belle aux comédiens en offrant deux excellents duos entre Sarah Shahi et Virginia Williams et entre Michael Trucco et Ryan Johnson. Un pur divertissement qui fait oublier le manque d'originalité de l'histoire de Kate, seul point noir dans un ensemble toujours aussi réjouissant.
J'aime :
- les acteurs sont excellents
- l'affrontement entre Justin et Ben
- la remise en cause du personnage de Kate
Je n'aime pas :
- l'intrigue qui a des airs de déjà-vu
- l'absence de lien entre les deux storylines