Ce qui est bien avec Jane the Virgin, c'est que l'on se répète constamment lorsque quelque chose fonctionne ou lorsque quelque chose foire. Les personnages sont toujours bons, l'humour se révèle très souvent efficace et l'on passe généralement un très bon moment devant n'importe quel épisode.
La seule différence se trouve dans le rythme et les problèmes qui peuvent dès lors émerger. La première saison avait su largement éviter ce type d'écueils, en majeure partie parce que l'on avait le sentiment de nouveauté et de fraîcheur. En deuxième saison cependant, les scénaristes se doivent de confirmer, et il peut arriver çà et là quelques petits couacs. Dans Chapter Twenty-Nine, ils détruisent des relations avant même qu'elles ne puissent avoir le temps de commencer. Inutile de vous dire que ce n'était pas terrible.
Une propension frustrante à toujours vouloir aller trop vite
Cette semaine, on détruit un bon nombre de relations avant même qu’on n’ait eu le temps de les voir à l’œuvre. Si Jane et Rafael est la plus évidente, j’aimerai d’abord revenir sur Jane et Petra. Comme dirait le narrateur, tout ça n’est que de la narration maladroite.
Ce n’est pas un secret, je suis un shipper d’une amitié entre les deux femmes. Le somptueux épisode de la semaine dernière laissait entendre cette possibilité… que Chapter Twenty-Nine s’occupe à bien élégamment me claquer dans la gueule. Yael Grobglas et Gina Rodriguez possèdent une belle alchimie, et leurs scènes ensemble sont désormais empreintes d’une tendresse et d’une compréhension touchante. Alors pourquoi est-ce que les scénaristes utilisent chaque excuse possible du livre « 1 000 excuses rigolotes pour que vous fassiez rager votre public » ? Le pire dans l’histoire, c’est qu’ils donnent du temps d’écran à Magda. Je n’ai rien contre la transformation du personnage en pirate, mais j’ai beaucoup plus de mal avec le fait de lui donner autant de temps de parole. Ce personnage fonctionne comme ressort comique, pas comme un procédé jeté comme ça pour éloigner deux personnages. Du conflit pour du conflit. Rah que ça m’énerve ça.
Passons donc à Jane et Rafael. Après un très bon Chapter Twenty-Eight pour le couple – je n’insisterai jamais assez sur ô combien l’épisode de la semaine dernière était génial –, ce dernier va une nouvelle fois se retrouver séparé. Pourtant cela commençait bien : l’invitation pour Rafael au traditionnel « Black Friday chez les Villanueva » – comprenez « pub géante pour Target » –, la patience de ce dernier quant à la peur de Jane de confier Matéo à une baby-sitter, et un rencard express magnifiquement négocié par Mr. Solano, qui énonce à Jane son envie de se poser et d’acheter une maison. Mais comme les scénaristes ne peuvent jamais laisser reposer cette pauvre Jane, il faut que tout parte en fumée. D’abord, révélation de l’histoire des Solano par l’ancien nouvel ami de Jane, que le narrateur déteste dans les mêmes proportions que moi. Bonne nouvelle : pas de conflit ! Youpi… oui mais non en fait. Jane découvre que Rafael a fait quelque chose de vraiment mauvais, ce qui l’incite à prendre ses distances… Si vous avez lu mon coup de gueule contre la destruction du personnage de Michael, je ne vous en ferai pas un nouveau ici. Mais ça m’a néanmoins laissé un goût amer.
Enfin, même si cela prend moins de place dans l’épisode, la relation Michael-Nadine aurait pu être vraiment intéressante. J’étais captivé par les possibilités que Michael a pu rencontrer pendant ses 6 mois d’absence… mais rien du tout. Nada. C’est dommage, surtout pour la révélation aussi décevante de l’identité de la nouvelle personne recherchée par Michael.
Un épisode sur les attentes créatives pesant sur les artistes
L’équipe créative se rattrape quelque peu avec la métaphore qu’elle file durant tout Chapter Twenty-Nine. Le placement produit Target nous montre à quel point certaines entités peuvent exercer des pressions sur les artistes. Le parallèle est fait avec Rogelio et le fait qu’il doive choisir un nouveau projet après l’échec d’Hombres Locos. Puisque – évidemment – son investisseur secret était lui-même, il est désormais pauvre et doit donc rapidement se reporter vers une nouvelle telenovela s’il veut continuer de mener son train de vie habituel. #Newpantswednesday. Jaime Camil est un formidable acteur et Rogelio se révèle plus que touchant dans cet épisode. Son geste pour Xiomara et sa sortie de tournage marquent le point d’orgue du personnage. Néanmoins, cela fait deux fois que la performance de Rogelio est éclipsée par les scories scénaristiques – voire Chapter Twenty-Seven.
Jane est également touchée par les attentes des autres. Alors qu’elle rencontre sa professeure favorite et dont elle veut absolument être la protégée, ses attentes ne seront pas totalement remplies. La prof ne lui donne que des critiques vagues et peu claires, tout en lui demandant de l’émerveiller. On voit ici une nouvelle métaphore sur le fait de préférer la forme au fond, et des pressions qui en découlent pour les écrivains – ou scénaristes. Elle retourne alors vers les critiques du professeur caliente campé par Adam Rodriguez, qu’elle trouve tout de suite bien mieux construites et constructives que n’importe quelle injonction vague. Par ailleurs, je suis convaincu qu’il y aura de la passion dans l’air entre Jane et son prof. Elle commence déjà à se mettre en place…
Chapter Twenty-Nine se révèle ainsi extrêmement frustrant. Des possibilités de relations réjouissantes sont tuées dans l'œuf avant même d'avoir pu commencer, l'épisode va trop vite et on enchaîne histoire sur histoire sans vraiment posséder de fil directeur. Cela reste néanmoins un épisode de Jane the Virgin, dans le sens où il y a assez de bons points pour que l'on passe un moment divertissant. Mais là, je suis vraiment en colère.
J'ai aimé :
- La référence à American Idol.
- Toute la métaphore – qui n’est pas une famille qui est dans le besoin mais qui refuse de l’aide par fierté – sur les attentes souvent vagues et irréalistes qui reposent sur les artistes.
- Rogelio, toujours présent lorsqu'il s'agit de faire rire. Son personnage est vraiment une bouffée d’air frais cette semaine.
- Gina Rodriguez, comme d'habitude. Et pourtant, son personnage peut taper sur les nerfs.
- L'équipe créative toujours aussi en forme avec les hashtags.
Je n'ai pas aimé :
- Arrêtez de rendre Luisa débile bordel.
- La révélation de l'identité de Mutter, trop facile et attendue.
- L'ancien nouvel ami de Jane. Heureusement, le narrateur pense comme moi.
- La relation avortée Jane-Petra, surtout si c'est pour voir Magda.
- Pourquoi faire passer ENCORE une fois Rafael pour le bad guy, si ce n'est pour créer du conflit inutile ?
- L'intrigue de Michael n'intéresse pas tellement pour l'instant.
- Tout le passage à Target, grande surface américaine.
Le point Gina Rodriguez :
Heureusement que Gina est là pour empêcher l'épisode de sombrer complètement. Je suis définitivement tombé amoureux d'elle avec sa prononciation d'Hombres Locos avec l'accent espagnol. Je l'ai ainsi regardée avec les yeux de l'amour pour tout le reste de l'épisode. Chapter Twenty-Nine était bien moins demandeur niveau performance d'actrice, mais ça n'empêche pas Gina Rodriguez de maîtriser les petits moments, notamment la discussion avec Rafael devant la maison. Qui plus est, sa lutte interne pour laisser Matéo à sa nouvelle baby-sitter était touchante et – comme d’habitude – incroyablement bien rendue par l’actrice. Ça va ? Je n’en fais pas trop ?
Ma note : 11/20.