À la fin de la saison 2, Spartacus triomphait enfin de son ennemi numéro 1 Glaber. La bataille aura été sanglante et de nombreux personnages principaux y ont trouvé la mort (Oenomaüs, Mira, Ashur, Lucretia… pour ne citer qu’eux). Sa vengeance accomplie, « le faiseur de pluie » et ses esclaves semblaient alors bien décidés à faire payer à toute l’armée romaine leur mépris du passé.
Dans le feu de l’action…
Le début de cette saison 3 reprend quelques mois (années ?) après la chute de Glaber et le moins qu'on puisse dire, c’est que nous sommes tout de suite transportés dans le feu de l’action. On retrouve Spartacus et ses hommes en pleine bataille contre ces chers romains et comme toujours ils ne font pas dans la dentelle. Ainsi, les cinq premières minutes de l’épisode se présentent comme une démonstration de sang et de violence. Beaucoup de gorges tranchées et des têtes coupées en veux-tu en voilà, les amateurs d’hémoglobine seront servis à coup sûr. Cette scène excessive à souhait vient tout de suite conforter les fans de la première heure, en leur rappelant que leur série fétiche n’a perdu ni de sa brutalité ni de sa virulence. Nos esclaves sont clairement en forme et ça se ressent à leurs coups d’épée.
La "vraie" bataille commence enfin pour Spartacus et ses acolytes...
Et si la saison 3 commence dans le feu de l’action, c’est sans doute pour répondre au désir de Steven S. DeKnight le créateur de la série, qui lors de la saison 2 avait décidé de mettre fin au show après cette troisième saison. Ce dernier trouvait en effet que l’histoire de Spartacus avait tendance à se répéter et il craignait que les intrigues finissent par tourner en rond. La saison 3 étant finalement la dernière, elle se devait donc de commencer fort. Et sur ce point, on peut dire que ce premier épisode remplit correctement sa mission et innove même en matière de narration.
En effet, l’une des forces de cet épisode, c’est que les batailles gagnées par Spartacus depuis les événements de l’épisode 2.10. nous sont résumées via quelques flash-backs parsemés ici et là. Ainsi, on découvre un Spartacus qui a réussi à rassembler de nombreux esclaves et dispose désormais d'une véritable armée qui met en fuite les troupes romaines, pendant que le sénat semble définitivement dépassé par cette rébellion incontrôlée. Ce stratagème classique mais efficace nous permet de nous plonger d'emblée dans le vif du dujet, tout en nous épargnant les sempiternelles et rébarbatives scènes de combats de gladiateurs. Mission accomplie donc pour DeKnight et son équipe…
Un nouveau méchant bien sympathique
Ce qui fait la force de la série c’est aussi et surtout sa dimension politique, car Spartacus Blood and Sand c’est avant tout l’histoire d’une révolte sociale. Entre manipulation politique, stratégie militaire et confrontation d’idées, la série nous propose de suivre cette révolte non seulement du côté des opprimés dont les libertés ont été bafouées mais également du côté des dignitaires. À ce propos, Spartacus est toujours aussi attrayant et défend assez bien son propos. Après Batiatus dans la saison 1 et Glaber dans la saison 2, c’est donc au tour de Marcus Crassus de se confronter aux révoltés cette saison.
Depuis ses débuts, la série a toujours eu le don de mettre en scène des « méchants » intéressants et complexes sauf que cette fois on atteint le summum. Crassus est en effet un personnage fascinant qui a le mérite de traiter Spartacus comme son égal. D’ailleurs, il se prépare à affronter ce dernier en s’entraînant auprès d’un de ses gladiateurs personnels. La relation entre les deux hommes (Crassus et son gladiateur) est particulièrement intéressante, car elle est fondée sur un principe de respect mutuel. Conscient que l’argent ne fait pas tout et mesurant la force de son adversaire, Crassus ne sous-estime aucunement son ennemi et analyse même ce dernier afin de savoir anticiper ses coups. Crassus est de ce fait un fin stratège qui prend le temps de mesurer ses forces et ses faiblesses. Ça change de tous ces nazes en jupes qui se prennent pour des dieux vivants…
Un "méchant" pas si mauvais que ça !
Ce personnage est aussi intriguant de par son opposition avec son fils Tiberius, jeune désinvolte qui comprend difficilement la stratégie de son père. Ce dernier apparaît en effet comme ambitieux et cupide et ne conçoit pas vraiment Spartacus comme une menace. Il fait partie de ceux qui pensent que sa condition sociale l’élève au-dessus des simples gens. Cette relation père-fils est particulièrement prenante de par le fait que Crassus tente d’inculquer à son fils ses propres valeurs et que ces dernières sont en contradictions totales avec les aspirations du jeune homme. Cette relation est un véritable coup de poker comme Spartacus aime nous en offrir de temps à autre (souvenez-vous de la relation complexe entre Batiatus et son père dans Spartacus : Gods of Arena).
Des Dieux vivants
Du côté des esclaves, on retrouve un Spartacus bien en forme qui a définitivement pris le commandement de la rébellion. Cependant, les scénaristes ont semblent-ils décidés de mettre l’accent sur la part d’ombre de notre héros en insistant notamment sur ses contradictions. Il est donc intéressant de voir comment Spartacus qui s’est battu pour la liberté des esclaves, devient progressivement un chef d’armée à la manière d’un Glaber. Les pièces d’échec sont d’ailleurs de mise et l’ancien gladiateur est bien obligé de s’adapter à sa nouvelle condition, quitte pour cela à devenir aussi stratège que ses adversaires. Désormais, c’est à lui que revient le droit de donner des ordres et de guider son armée. En résumé, il a de quoi prendre la grosse tête « le grand homme de la colline ». Et ce n’est pas son copain Agron qui nous dira le contraire puisque ce dernier se prend carrément pour un dieu.
Il faut toujours garder un pion d'avance...
Par ailleurs, on découvre ici un Gannicus qui de son côté a adopté la cool attitude. Ce dernier refuse d’être un meneur et se bat uniquement pour la mémoire de son défunt ami Oenomaüs. Par conséquent, ses activités annexes se résument en quelques mots aux femmes, à l’alcool et aux femmes (parce que une ce n’est pas suffisant pour un gladiateur). Sa manière de réagir pousse Spartacus à se confronter à ses propres questionnements : sa vengeance contre les romains a-t-elle encore un sens maintenant que Glaber est mort? Que fera-t-il après avoir battu les romains, qu’est-ce qui continuera de l’animer par la suite ? Tant de questions qui seront sans doute abordés au fil des prochains épisodes et qui trouveront leurs réponses à la fin de cette ultime saison.
Toujours plus fort !!!
Il y a Dieu... et il y a Spartacus !
Spartacus n’a jamais vraiment brillé par son scénario un peu trop simpliste à mon goût. La grande majorité des intrigues étant prévisibles, on n’est surpris que très rarement par le déroulement des épisodes. Outre cette facilité scénaristique, c’est surtout le manque de subtilité et de réalisme qui nuisent à la qualité générale de la série. Pour ne pas changer des saisons précédentes, Spartacus et ses comparses (Gannicus et Crixus en tête) sont présentés ici comme de véritables guerriers à qui rien ni personne ne résiste.
Ainsi dans cet épisode, lorsque les trois hommes prennet d’assaut la villa où sont cachés des romains, ils parviennent à se débarrasser de tous les gardes sans une seule égratignure pour enfin atteindre leurs cibles. Alors oui, on sait qu’ils sont forts les bonhommes, on sait aussi qu’il faut du spectaculaire, mais de là à me nous prendre pour des cons (oups c’est sorti tout seul), il ne faut pas trop exagérer. Ainsi, cet épisode comme de nombreux épisodes de Spartacus avant lui souffre de ce manque évident de crédibilité. La situation paraît clairement improbable, mais cela ne semble gêner personne sauf moi peut-être… Ah mais oui j’avais oublié qu’on avait affaire à des dieux !!!
J’ai aimé :
- Le bond en avant de plusieurs mois
- Le personnage de Marcus Crassus
- Les nouvelles perspectives de cette saison
- La mise en parallèle de Crassus et Spartacus
Je n’ai pas aimé :
- La facilité du scénario
- Le manque de crédibilité
Ma note : 14/20
Une bonne entrée en matière dans laquelle on retrouve avec plaisir (ou pas) les ingrédients qui ont fait le succès de notre gladiateur préféré. À première vue, cette ultime saison semble donc prometteuse…