Intervertir l’ordre d’épisodes est un phénomène toujours bien particulier. Souvent, cela a à voir avec une tragédie (non, pas ce genre de tragédies) frappant les États-Unis. Il y a maintenant deux ans et demi de cela, le marathon de Boston fut le théâtre d’un attentat terroriste à la bombe faisant 3 morts et 264 blessés. La chaîne ABC a changé la programmation de Castle, déplaçant Still – épisode contenant une intrigue autour d’une bombe – pour le remplacer par The Squab and the Quail.
Bien que ce genre de choses soient « normales », elles posent toutefois un problème de cohérence. Dans le cas de Castle, ce fut finalement une bonne chose que les épisodes soient ordonnés de cette façon. D’habitude cependant, cela n’est pas le cas, et les spectateurs se retrouvent en face d’un épisode avec des références à un épisode qu’ils n’ont pas vu !
Toute cette introduction pour dire que Supergirl – tout comme NCIS : LA – a vu ses épisodes 4 et 5 interchangés à la suite des attentats qui ont frappé Paris le 13 novembre dernier. L’épisode 4 originel devait montrer Kara sauvant National City d’une bombe ; à la place, nous avons l’introduction d’une vilaine connue des fans de Supergirl le comics : Livewire.
Livewire, elle est électrique ! Ok je sors.
Si l’on excepte Tata Astra dans l’épisode 2, les ennemis de Supergirl n’ont jamais été vraiment mémorables. Comme d’habitude, lorsque les vilains n’ont pas de lien avec l’un des personnages principaux, ils n’intéressent que peu et cette partie de l’épisode en pâtit.
Heureusement, ce n’est pas le cas de Livewire, à la fois le personnage et l’épisode. Dans son émission de radio, elle détruit littéralement Supergirl dans la plus belle veine de tous les misogynes des douze galaxies. Sévèrement réprimandée par Cat Grant, elle doit désormais gérer le trafic aérien – le pigiste du journaliste – et lorsque son hélico est frappé par la foudre, Supergirl accoure pour la sauver mais un éclair traverse le corps de Kara et frappe Leslie, qui tombe dans le coma… et change de couleur de cheveux ! Après les abdos de Barry Allen, voici que ce bon vieux Zeus s’occupe du style capillaire.
Bien décidée à faire payer à Cat sa transformation – bien qu’elle soit contente d’utiliser ses nouveaux pouvoirs – elle va alors la piéger au sein même de CatCo. Presque tout ce qui concerne le personnage de Livewire est réussi dans l’épisode. On peut râler sur la vitesse (de l’éclair) à laquelle Leslie maîtrise ses pouvoirs. Mais si l’on enlève cela de l’équation, on se retrouve avec des pouvoirs qui ont la classe, et des effets spéciaux qui envoient bien. Les fouets électriques m’ont rappelé avec émotion le temps où je jouais à Ratchet et Clank. Sniff sniff.
Les différentes scènes d’action de l’épisode sont plutôt bonnes, même s’il n’y a pas réellement de coups échangés entre Livewire et Supergirl. En début d’épisode en revanche, on sent que Melissa Benoist grandit encore dans son rôle au niveau des scènes plus physiques.
Mères et filles, des relations compliquées
Cet épisode de Supergirl devait être diffusé pendant la semaine de Thanksgiving, ce qui offre une thématique familiale à Livewire. Beaucoup de superhéros sont des hommes, j’en ai déjà parlé. Du coup, s’il est indéniable que ceux-ci ont des problèmes parentaux, cela reste souvent des complexes d’Œdipe, ou tout du moins de bons gros problèmes avec leur père. Le fait d’avoir dès lors une série s’intéressant aux dynamiques mère-fille est intéressante, non seulement parce que c’est sacrément novateur, mais surtout parce que cela permet à Alex – et Cat ! – de gagner en importance.
La mère adoptive de Kara revient cette semaine pour Thanksgiving, et les tensions ne manquent pas de remonter à la surface. Elle a toujours été prompte à pardonner sa fille adoptive, alors que sa fille biologique subissait un retour de bâton jamais vraiment agréable. Cette dynamique familiale – résolument classique, ce qui n’est pas une mauvaise chose – peut se lire à deux niveaux :
- Elle permet de montrer à quel point – dans une famille de deux enfants – les parents sont toujours plus sévères envers le plus âgé. Le plus jeune passe souvent « entre les mailles du filet » et bénéficie de davantage de liberté, dont son aîné n’a jamais pu faire usage. Cela crée forcément des tensions, notamment entre le père et le fils, ou la mère et la fille.
- Elle permet également d’étudier les mécanismes poussant les parents à pousser leurs enfants à devenir meilleurs qu’eux. La fameuse politique du « ce n’est jamais assez ». Intention louable, sauf que, souvent, cela débouche davantage sur une aliénation du parent en question. Il faut naviguer sur une ligne très fine, et les scénaristes de Supergirl comprennent plutôt bien les dynamiques complexes inhérentes à une vie familiale.
Thanksgiving offre donc une parfaite opportunité pour des conflits. Si Helen Slater ne convainc pas forcément en tant qu’actrice, Chyler Leigh réussit parfaitement à avoir la gravité nécessaire pour que l’on sympathise avec la souffrance de son personnage. Ce n’est pas facile d’être l’enfant le plus âgé dans une famille normale, alors je n’imagine même pas dans une famille où ta petite sœur est une alien ! Quoiqu’il en soit, les scènes familiales et entre Alex et sa mère sont suffisamment fortes émotionnellement, et possèdent en outre de très bons dialogues. Champagne et dinde pour tout le monde !
Enfin, Cat bénéficie vraiment de Livewire. Elle ressemble de plus en plus à une véritable personne, et non plus juste à une caricature. Son côté boss acariâtre et arrogante n’est plus si poussé qu’au début, et on entrevoit une certaine sensibilité chez le personnage. Il est fait brièvement mention de son fils – que l’on aurait dû voir dans le « vrai » épisode 4 – mais c’est surtout lors de sa discussion avec Kara que Cat commence à posséder des traits de personnalité. Sa mère l’a toujours poussée à devenir meilleure que ce qu’elle était, mais elle n’a jamais été contente de ce qu’elle voyait. Ce qui a rendu Cat éternellement insatisfaite. Et c’est ce trait de personnalité, cette capacité à vouloir pousser au maximum les gens autour d’elle qui ont transformé Leslie en Livewire. Bien entendu, sans la foudre et Supergirl, cela n’aurait jamais été possible ; mais l’état d’esprit de la méchante était déjà bien présent. Cat se promet donc de faire mieux, et cela commence avec Kara. Thumbs up aux scénaristes !
Supergirl progresse de semaine en semaine, et Livewire est meilleur que Fight or Flight. Des dialogues plus au points, une ennemie convaincante et des personnages féminins mieux approfondis, l’épisode nous offre un bel espoir. Celui de savoir que la série peut devenir quelque chose de vraiment bien.
J'ai aimé :
- Livewire et ses pouvoirs.
- Kara, d'un optimisme contagieux.
- Alex, qui brille enfin.
- Les scènes familiales dans le présent.
- C'est un peu mieux du côté de Cat et des dialogues cette semaine.
Je n'ai pas aimé :
- Helen Slater en mère de Kara.
- Le personnage de Winn. Enfin je veux dire, je n'aime pas qu'il ne soit pas développé.
- Les flashbacks. Mais c'est parce que les parents d'Alex et Kara jouent avec leurs pieds.
Le point triangle amoureux :
Jimmy Olsen ou Winn ? Pour l'instant aucun des deux, vu que le premier est à nouveau en couple avec Lucy Lane (développement attendu dans l'épisode de la semaine prochaine) et le deuxième est en pleine friendzone. Le problème c'est que Jimmy est bien mieux défini que Winn, donc le "combat" n'est pas vraiment équitable.
Hank Henshaw : méchant ou super méchant ?
Il n'est pas net du tout le pépère Hank. Que ce soit dans les flashbacks ou dans le présent, il semble jouer un double jeu qui est intrigant. Et ce qui est super intéressant, c'est que Kara et Alex sont désormais sur ses traces. Bien mieux géré que The Flash par exemple, avec Dr. Wells l'année dernière.
Ma note : 13/20.