Après un cliffhanger qui promettait beaucoup – c’est désormais devenu une habitude avec la série –, Supergirl revient donc avec un épisode qui va mettre Kara devant le plus grand défi de sa jeune carrière de super-héroïne : une jeune femme aussi puissante qu’elle, qui lui ressemble, qui se comporte comme elle… sauf qu’elle a pour objectif de la tuer ! Place à Bizarro, un épisode très solide qui continue la jolie forme de la série.
Y a deux Supergirl à National City !
Dans les séries en général, il y a un trope dont les scénaristes raffolent : le double maléfique. Ce n’est pas obligatoirement celui du personnage principal, mais ce procédé permet à l’équipe créative de développer des histoires intéressantes sur la psyché du personnage qui voit arriver dans sa vie quelqu’un qui lui ressemble, mais qui est l’exact opposé de ce qu’il représente. L’opposition manichéenne n’est jamais très fine, mais elle est porteuse de storylines en tout genre.
Dans le genre des séries de super-héros, le processus peut se révéler encore plus intéressant. Généralement, les super-héros font le bien autour d’eux ; cependant, il existe toujours une part de méfiance et de ressentiment de la part de la population. Dès lors, lorsque quelqu’un qui ressemble au super-héros en question commence à faire le mal autour de lui, les choses se corsent très sérieusement en un rien de temps. Ce qui est généralement bon signe pour des histoires divertissantes. Supergirl a donc cette semaine de nombreuses cartes en main, et les scénaristes les utilisent relativement bien.
Les ennemis de la série ont été plus ou moins oubliables jusqu’à présent, et Bizarro va ainsi se révéler être une adversaire tenace. Les différents duels entre les deux Supergirl se révèlent divertissants et plutôt pas mal réalisés. L’équipe créative s’est clairement amusée avec les effets spéciaux, qui sont d’un assez bon niveau par ailleurs. Cette opposition contre son double va permettre à Kara de définitivement marquer son territoire concernant ce que représente Supergirl : une vision positive et empathique des choses, une envie perpétuelle d’aider les gens et toujours la bonté en lieu et place de la force pure. Et pourtant, elle va se retrouver tentée de casser du couillon patriarcal, en la personne de Max Lord.
Maxwell Lord, Mr. Patriarcat
Supergirl a toujours eu comme objectif de nous montrer le monde à travers les lentilles d’une super-héroïne. Son côté féministe n’a pas toujours été amené avec la plus grande finesse, mais cette semaine cela fonctionne plutôt bien. Il faut dire que voir un homme d’âge mûr manipuler des jeunes filles, de façon à les faire ressembler à ce que ce même homme recherche, possède quelque chose de dérangeant. La même constatation peut être faite au sujet des différentes remarques qu’il fait à Bizarro, qu’il définit uniquement par son physique. En quelques mots, Maxwell Lord est un connard fini.
Cette fois c’est clair, le bonhomme est le méchant de cette saison. Astra et Non sont sans doute en train de réfléchir à un plan quelque part très loin de National City, donc c’est ce cher Max qui représente le danger imminent. Les cartes sont sur la table : il sait qui est Supergirl, et il faut donc agir en conséquence. C’est Alex qui va prendre les choses en main, de manière franchement illégale par ailleurs, ce qui va sans doute permettre un approfondissement du personnage. La voir plaquer Lord contre une table a quelque chose de jouissif, comme la voir à nouveau en mode Lara Croft. Alex est déjà bien badass, elle a juste besoin d’un peu plus de développement.
Holding people indefinitely against their will. Can't get more American than that. – Maxwell Lord
Max Lord se retrouve donc au sein du DEO, ce qui va sans aucun doute poser des problèmes. Après tout, si enfermer des méchants dans des cellules au sein d’une organisation secrète était efficace dans le monde des super-héros, cela se saurait. Quoiqu’il en soit, Lord est bel et bien un méchant, et Peter Facinelli interprète son personnage avec juste ce qu’il faut de suffisance pour le rendre détestable. Mais ne nous fourvoyons pas : il reste surtout très dangereux !
Bizarro est un épisode très solide. Aucune scène ne se démarque réellement, mais l’ensemble se révèle constant du début à la fin. Mon seul regret est de voir que le célèbre trope super-héroïque de « on ne peut pas avoir de vie privée » s’applique aussi à cette série. Mais, à part ce sentiment tout personnel, c’était encore une bonne semaine pour Supergirl !
J’ai aimé :
- Kara et Adam. Sérieusement, Benoist et Jenner ont une alchimie de malade.
- La « rupture » entre Cat et Kara m’a affecté bien plus que je ne le pensais.
- Cat en mère poule.
- Melissa. Benoist.
- Le personnage de Kara. Cette fille est géniale. Elle donne un côté optimiste au monde qui l’entoure. Et ce dernier en a bien besoin.
- Winn. Il gère parfaitement bien le rejet de la part de sa meilleure amie. Bien joué les scénaristes !
- Les combats. Je ne suis pas fan des scènes d’action avec des câbles, mais c’était assez réussi cette semaine. Bonus pour les effets spéciaux.
- Maxwell Lord est vraiment un connard. Et c’est cool !
- Alex en mode Lara Croft, deuxième partie.
- Un mec a été enlevé, et il se fait sauver par une femme ! Gender equality !
- Euh… c’est quoi ce cliffhanger ?
Je n’ai pas aimé :
- Est-ce que c’est le but des scénaristes de nous faire détester James ? Parce que, si c’est le cas, ils sont en train de réussir leur pari.
- Le fait que Kara doive rompre avec Adam. Cela fait partie du développement du personnage de Kara j’imagine, et cela a été bien mieux géré qu’avec The Huntress dans Arrow ou Linda Park dans The Flash. Mais quand même, je regarde assez de séries de super-héros pour vite être fatigué de ce genre de choses.
Le point Melissa Benoist :
Nouveauté, nouveauté ! Puisque je voue désormais un culte – ok, peut-être que le « désormais » n’est pas très fidèle à la réalité – à Melissa Benoist, je lance une nouvelle sous-partie à l'intérieur de ma critique. Et quoi de mieux qu’un épisode où elle incarne deux version de Supergirl pour commencer ?
Melissa Benoist est l'une des raisons principales du succès que représente Supergirl à mes yeux. Alors ok, elle peut sans doute quelquefois agacer avec ses mimiques ou sa maladresse ; néanmoins, elle offre à la série une telle fraîcheur, un tel optimisme, qu’il est difficile de lui résister très longtemps. De plus, elle est tout à fait capable d’opérer sur un tout autre registre, ce qu’elle fait extrêmement bien cette semaine. En interprétant Bizarro pendant la première moitié de l’épisode, Benoist ôte toute émotion de son visage, et son personnage fait peur à voir. Il s’en dégage une froideur qui établit très bien Bizarro comme le double maléfique de Supergirl, d’habitude si souriante et avenante. Excellant dans les deux registres, Melissa Benoist réalise une nouvelle belle performance. Inutile de le préciser – mais je le fais quand même, parce que j’aime vous soûler avec ça – mais je suis fan de cette actrice. Cœur cœur licorne.
Le point carré amoureux :
Il y a du mouvement cette semaine. Premièrement, huge respect to Winn, qui gère son rejet comme un grand. J’avais confiance en les scénaristes pour bien gérer cette partie importante de l’amitié qui lie Kara et Winn, ils ne m’ont pas déçu. Donc bravo.
Après la carotte, vient donc le bâton. Je ne sais pas ce qu’ils ont pris lors de leur caractérisation du personnage de James depuis quelques épisodes, mais je ne veux pas y toucher. Le personnage n’est que l’ombre de lui-même, et commence à devenir un Barry Allen – oui, désormais, j’utiliserai le nom de ce personnage comme un adjectif signifiant « haïssable ». Il est lâche, ce qui n’est pas un gros problème en soi. Excepté le fait qu’il ne semble pas posséder une quelconque qualité. Il faudrait que les scénaristes se reprennent à son sujet. Qu’importe qu’il soit avec Kara ou non, le personnage doit être mieux défini.
Enfin, entre Kara et Adam, l’alchimie crève le plafond. Sérieusement, les deux forment le couple le plus choupi de l’histoire de la galaxie. On sent que Benoist et Jenner s’aiment beaucoup dans la vraie vie. Cela donne certes l’impression que les deux personnages se sentent très impliqués après un rencard et demi, mais je ne vais pas me plaindre de cela. Leurs scènes ensemble sont géniales, et ils partagent un baiser plutôt chaud, qui change des vieux smacks tout pourris qu’on peut se farcir d’habitude. Malheureusement, les deux vont rompre, perpétuant la tradition du genre super-héroïque. On reverra Adam cette saison je pense – cela serait une erreur s’il ne revenait pas –, mais je suis tout de même déçu du traitement de cette histoire. Le plus dur à accepter pour Kara reste sans aucun doute la deuxième rupture qui suit : celle avec Cat Grant. La relation presque maternelle que cette dernière avait avec son assistante prend du plomb dans l’aile, et ça m’a affecté plus que ce que je ne pensais. Well played Supergirl. Well. Played.
Mentions de Superman dans l’épisode : Alléluia ! Que le Dieu des séries soit loué ! Que la personne qui murmurait à l’oreille des scénaristes obtienne sa statue derechef ! Il a fallu attendre douze épisodes, mais on y est : zéro mention de Superman au sein de Bizarro !
Ma note : 14/20.