Après moults déceptions (Person of Interest, Terra Nova, Playboy Club, New Girl, Hell on Wheels, Once Upon a Time ou encore Alcatraz), The River était la dernière grosse production attendue dans les nouveautés de la rentrée 2011. Les yeux étaient un peu rivés sur cette série créée par les deux réalisateurs de Paranomal Activity, produite encore et toujours par Steven Spielberg, qui s'annonçait au pire divertissante, au mieux originale et bien foutue.

Cette critique est basée sur le double épisode du pilot, et je précise lorsqu'il y a des spoils, vous pouvez donc lire si vous n'avez encore regardé la série.

Pas de soucis, ça a de la gueule.

Très rapidement, le scénario

The River, c'est l'histoire d'un explorateur passionné d'aventures, amoureux de la Terre et de ses secrets. Il devient grâce à sa passion le héros d'une des emissions de télé-réalité les plus populaires, dévoilant à tout le monde sa vie mais aussi sa famille puisque sa femme et ses enfants le suivent partout en Amazonie.

Tout ça nous est expliqué en 30 secondes très (trop) didactiquement à travers un mini-reportage. Tout allait bien jusqu'au jour où... il disparaît, évidemment. Nous atterrissons donc six mois après sa disparition dans une discussion où la mère de famille veut absolument le retrouver malgré l'arrêt des avis de recherche. Elle va donc essayer de convaincre son fils de venir avec elle, mais lui il a un doctorat à finir, alors il sait pas trop. Surtout que son père, il était jamais là pour lui lors de ses anniversaires, et il l'a exposé dans de la télé-réalité, le méchant.

Bon clairement il ne va pas falloir attendre grand-chose des relations entre les personnages, parce qu'entre la maman qui aime son mari, le fils déçu par son papa qui n'était pas assez là pour lui, et la fille qui était sa chouchoute, ça ne va pas très loin. Malheuresement, ça ne les empêchera pas de traîner ces dialogues dignes d'un soap de mauvaise qualité pendant l'heure et demie du pilot.

Très vite j'abandonne l'idée que cette série devienne mon coup de coeur de l'année. Mais bon abaissons nos attentes, et regardons la série pour ce qu'elle prétend être : un divertissement de bonne facture.

C'est parti pour l'aventure dans la jungle avec la famille au grand complet (oui le fils s'est finalement laissé convaincre en trois minutes chrono).

Une scène caméra embarquée particulièrement belle.

Ce qu'on ne pourra pas nier, c'est le dépaysement total dès l'arrivée en Amazonie. Les décors sont saisissants, et l'Amazonie se prête à merveille au genre de la série. La nature est à la fois magnifique le jour, terrifiante et oppressante la nuit. Et je réalise qu'un tel dépaysement commençait à me manquer depuis la fin de Lost, d'Entourage, ou dans une moindre mesure depuis que j'ai arrêté de regarder Dexter.

La réalisation, la photographie et l'effet documentaire caméra à la main ne font qu'appuyer cette beauté des décors. C'est limite si on a peur d'être éclaboussé dans leurs petits bateaux et qu'on ne lève pas la main pour toucher les feuilles des arbres (non par contre, ne le faites pas, vous auriez l'air stupides).

Voilà, mais sinon concrètement il se passe quoi ? Et bien c'est là le problème ma petite dame, pas grand chose... La famille est à la recherche de son papa à travers différentes pistes : faut aller ici il y a sa balise, faut aller là il y a son bateau. Tout ceci est véritablement inintéressant et au final ça ne sert de prétexte qu'à utiliser ces situations pour en faire les "scènes d'horreur" de la série.

Et c'est là qu'on touche pour moi l'énorme défaut de la série. Au bout de 40 minutes à peine, tout nous est balancé en pleine face. Par rapport à Lost qui avait su gérer à merveille la proportion de fantastique et de rationnel pour protéger et amplifier ses mystères, The River joue d'entrée de jeu la carte du fantastique, tellement que ça en devient presque grotesque.

- Si vous vous voulez vous réserver la surprise des éléments fantastiques, évitez ce paragraphe -

Une espèce de fumée noire bis qui sort d'un caillou, la petite espagnole du bateau qui voit des fantômes depuis son enfance, qui est hantée et peut abriter le fantôme de l'explorateur (...), les poupées vaudous dans la forêt et "l'esprit" qui veut récupérer sa mère.

Non franchement c'est too much en plus d'être totalement prévisible dans la mise en scène. Et l'absence concrète de scénario ne fait qu'amplifier ce sentiment de remplissage. Alors il y a quelques bonnes idées qui pourraient potentiellement faire tenir la série (le cliff final, certaines personnes dans le bateau), mais en sortant de ce pilot, j'ai le mauvais sentiment que la série n'a déjà plus rien à dire et a utilisé ses plus belles cartouches.

En jouant d'entrée de jeu autant avec le fantastique, tout l'aspect mystérieux s'est envolé. Oui car quand on a un "esprit" qui rentre dans un caillou et demande qu'on déterre sa maman, personnellement ça me fait rire plus qu'autre chose. Je ne suis malheureusement pas sûr que ce soit le but de la série.

Le pot-pourri de reproches

Bon, je mets ça à part parce qu'objectivement, reprocher ce genre de choses à une série c'est un peu de la mauvaise foi. Ce serait un peu comme dire "On a jamais vu Jack et Kate faire caca durant 3 ans dans Lost". Mais j'aime la mauvaise foi donc allons-y.

Je me baigne, et hop six secondes plus tard mes cheveux sont secs et étincelants.

Une fumée noire qui attaque des gens ? How original !

Des cassettes vidéo qui apportent des réponses, mais contribuent à amplifier le mystère ? How original.

Des caméras qui filment la nuit, en avance rapide ? How original.

Une petite fille esseulée qui pleure dans un coin de la jungle ? How original.

Et dernière chose, quelqu'un a t-il compris pourquoi les deux seules personnes qui peuvent faire marcher le bateau sont deux espagnols dont une fille qui voit des fantômes ? Parce que soit j'ai loupé quelque chose, soit c'est un magnifique quota bien placé.

Audiences

Elles sont décevantes par rapport à l'ambition de la série. 8,2 millions de téléspectateurs au maximum, et déjà une perte d'1,5 million entre les deux parties du pilot, ce qui est plutôt inquiétant. Pour comparaison NCIS réalisait 20 millions de téléspectateurs ce soir-là.

J'ai aimé :

•  les décors et le dépaysement
•  la réalisation

J'ai moins aimé :

•  la plongée dans le fantastique un peu grotesque
•  l'absence de scénario et de mystère