Autant le dire de suite, ce final est vraiment très réussi. Une fois de plus, Wilfred parvient à se renouveler et ainsi à nous surprendre. Là où de nombreuses séries vont là où on les attend, Wilfred prend ici le pari de ne pas céder à la facilité et nous prend à rebrousse poil. Et une fois encore, c’est réussi.
Qui est Ryan ?
Le thème de l’épisode, c’est la question de l’identité. Qui est-on réellement et surtout qui veut-on être ? Une question on ne peut plus théorique qui mériterait à elle seule plusieurs livres (il me semble que c’est d’ailleurs un sujet de philosophie au bac). Une question extrêmement « casse gueule » aussi et plutôt hasardeuse pour toute série qui essaye de s’y frotter. Et je dois dire que Wilfred s’en sort haut la main.
Ici, Ryan va devoir faire face au plus grand défi qui lui a été porté cette saison : lui-même. Jusque là, il avait toujours affronté quelqu’un d’autre, il avait toujours appris la leçon par le biais d’autres personnes : le motard, Drew, les voisins, la maman de Malcolm, … Là, il va devoir affronter son démon le plus profond : lui-même. On arrive ici à un point charnière de la thérapie initiée sur lui depuis le début de la saison et qui va vraiment être déterminent : Ryan va-t-il aller de l’avant ou redevenir celui qu’il était ?
Et en l’occurrence, il faut bien le dire, Ryan était un « connard en puissance ». On apprend en effet que s’il a été radié du barreau, c’est parce qu’il n’hésitait pas à « remuer la merde » et à l’exposer en public. Et là, je dois dire que le scénario est particulièrement bien foutu puisque Ryan va devoir choisir entre rester honnête ou déterrer des cadavres pour pouvoir sauver Jenna. Bon, je dois dire que face à un tel cas de figure, je ne sais pas trop comment réagir. On a beau dire : « non, Ryan, c’est mal, ne le fait pas », est ce que l’on ne ferait pas le même choix que lui, au final, dans une telle situation ? (Je ramasse les copies dans 2 heures).
Le piège est vicieux à souhait et bien entendu, Ryan va sauter à bien joint dedans. Et là, la question de l’identité prend tout son sens : Ryan va-t-il redevenir celui qu’il était ? En l’occurrence, oui. Ragaillardie par son audience, il va monter un plan machiavélique pour récupérer Jenna. Plan qui, une fois de plus, montre une grande maitrise dans l’écriture de la série puisqu’il est à la fois simple pour que le téléspectateur le comprenne rapidement et en même temps suffisamment subtil pour coller au personnage de Ryan, redevenu le salaud qu’il était autrefois. D’ailleurs, je dois dire qu’Elijah Wood est encore une fois parfaitement en phase avec son rôle et que c’est un plaisir de l’y voir évoluer et de suivre sa composition de « parfait trou du cul ».
Malheureusement pour lui, comme tout plan aussi bien huilé soit-il, le destin se charge toujours de nous rappeler que nous ne contrôlons rien et les ennuis vont s’enchainer pour lui. Et il faudra un Wilfred à l’agonie pour que Ryan se réveille et se rende compte qu’il s’est une nouvelle fois perdu en chemin, qu’il n’a pas encore changé. Au final, il se retrouve dans la même situation qu’au départ : seul, perdu, avec tout son petit monde qui s’écroule. Certes, il ne s’écroule pas de la même façon que précédemment mais il s’écroule quand même.
C’est probablement toute la force de cet épisode : avoir réussi, en 20 minutes, à faire écrouler autour de Ryan tout ce qu’il avait pu construire au cours de la saison. En très peu de temps, tout bascule et tout est relancé pour une seconde saison qui se fait déjà attendre.
Qui est Wilfred ?
Alors on aurait très bien pu avoir un épisode dans la veine des précédents : Wilfred apprend une leçon à Ryan, le tout de façon complètement grotesque et drôle. Mais non, la série choisie au contraire d’aller où on ne l’attendait pas en privilégiant le sentimental à l’humour gras auquel elle nous avait habitués. L’épisode bouleverse encore une fois les codes établis pour mieux faire passer son message et une fois encore ça marche. Les scénaristes maitrisent vraiment bien leur bébé et sont aussi à l’aise dans le pathos que dans le rire : c’est vraiment un plaisir de suivre une série qui ne prend pas les téléspectateurs pour des cons.
Du coup, le point faible de cet épisode (si l’on peut appeler ça un point faible), c’est l’humour nettement moins présent. En jouant la carte sentiment, la série a du restreindre les blagues. Mais ce n’est pas vraiment un manque et celles-ci sont au contraire astucieusement placées. Wilfred et ses bulles apportent une petite dose de fraîcheur bienvenue sur la seule scène un peu longuette de l’épisode, à savoir le repas chez Ryan. De même, la référence à Lost, lorsque Wilfred tente d’expliquer à Ryan qui il est, est non seulement drôle mais renforce encore le suspense quant à l’identité de Wilfred.
Parce que oui, il n’est pas seulement question de la prise de conscience de Ryan et ce qu’il souhaite réellement être mais c’est aussi celle de l’identité de Wilfred. Celui tente, lorsque Ryan le lui demande, une explication hasardeuse qui finit en queue de poisson sur la blague Lost, blague qui remet en doute tout ce qu’il a pu dire précédemment. Toujours est-il que Wilfred ne serait en fait qu’une hallucination de Ryan provoquée par les pilules qu’il a avalé en début de saison et qu’il serait toujours sous leur emprise. Cette hypothèse est d’ailleurs renforcée par le cliffangher de fin qui voit Ryan cherchant à aller dans la cave et qui se rend compte que ce qu’il croyait être l’accès à celle-ci n’est en fait qu’un placard.
Alors qui est réellement Wilfred ? Un pur fruit de son imagination malade et droguée (pour rappel, la mère de Ryan qui est en asile psychiatrique voit également son chat comme une humaine) ? Ou est-ce plus que cela ?
Cette scène finale fait également écho au comportement de Wilfred tout au long de l’épisode, lorsque qu’il rédigeait son testament. D’amusantes à le voir taper à la machine avec ces lunettes, ces scènes prennent un tout autre écho avec ce final : Wilfred savait-il qu’il allait disparaître ? Sentait-il la fin, que les pilules de Ryan n’allait plus agir ?
Bref, l’épisode est propice à se poser de nombreuses questions sur tout. Et il est incroyable de constater comment, en à peine 20 minutes, autant de choses ont été racontées, à quel point l’histoire est dense et particulièrement jouissive.
Alors bon, l’épisode n’était pas non plus parfait, il a quelques défauts par ci par là. Comme par exemple, la scène du repas chez Ryan qui est un peu surfaite : la série est plus à l’aise à mettre en scène un nombre réduit de personnages qu’un groupe. Mais au final, au vue de la qualité de l’épisode, ce ne sont que de menus défauts qui ne gâchent en rien le plaisir procuré par celui-ci.
En conclusion, je reprendrais l’avis de Cad sur cette fin de saison : elle ne pouvait pas finir de meilleure façon. Il va maintenant falloir être patient pour voir la suite des aventures de Ryan et Wilfred : rendez-vous l’été prochain, même série, même site web, même rédacteur (j’espère).
J'ai aimé :
- Ryan version connard
- Tout l'épisode en lui même, franchement bien foutu
- Avoir tout de remis en question
J'ai moins aimé :
- Une ou deux scènes longuettes, mais c'est pour chipoter
15/20