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C'est ... assez surprenant et à plus d'un titre.

Je dois bien avouer en toute honnêteté que je ne m'attendais pas du tout à cela. En même temps, je m'attendais à une catastrophe totale digne des derniers épisodes de Moffat en date et ce n'est pas le cas ici.

Peut être est-ce donc à cause d'attentes aussi basses mais bien que ça reste très loin d'être fameux, je mentirais en disant que j'ai passé un mauvais moment devant l'épisode.

En fait l'épisode tire paradoxalement de la même source ce qui est à la fois sa principale force et sa principale faiblesse.

Et cette source, c'est, et putain vu l'égo habituel du gars je n'aurais jamais cru qu'un jour il puisse faire ça : Moffat qui se renie.

C'est probablement plus inscrit dans la démarche pute à fans qu'il a toujours eu plutôt que dans une vraie tentative de relancer le show mais force est de constater que Moffat essaie ici autant que possible d'effacer toute traces de son style habituel pour tenter de proposer autre chose.

Et la plus belle preuve de cela c'est le personnage de Bill, qui est aux antipodes de ce que Moffat a fait pour ses précédents archétypes. En effet, c'est le personnage le plus humain et normal qu'a jamais écrit Moffat. Et rien que cela apporte une certaine fraîcheur à l'épisode.

Et il faut dire que le talent insoupçonné de Pearl Mackie (qui faisait peur à voir sur les bandes annonces) aide également beaucoup à cela

De même, l'arc narratif semble à première vue plus consistant et maîtrisé que ceux des trois saisons précédentes, et cette fois tonton Steven à le mérite de ne pas trop nous marteler la tête avec pour que ça en devienne lourd d'entrée, tout en laissant suffisamment d'éléments sans réponses pour faire confiance quand au contenu disponible pour étoffer ce fil rouge et ainsi ne pas le faire reposer sur un seul élément comme les catastrophiques deux derniers en date, d'autant que le passif de la série à été quasi intégralement soldé à la fin de la saison 9 (bien qu'en contrepartie, il nous faudra des réponses claires et bien pensées à l'arrivée. Et vu le passif de Steven sur ce point là, c'est moins rassurant sur l'aspect "non résolu" de certains éléments de l'épisode) ...

Cela dit, Moffat reste Moffat. Ainsi parfois il ne peut pas s'empêcher de partir dans quelques grands discours et effets de styles putassiers qui n'apportent absolument rien au tout, au détriment de temps d'antenne qui aurait pu être utilisé à des fins plus propices, comme ce discours entrecoupés d'effets de styles clipesques certes pas moches mais à l'utilité fort discutable ...

Sans oublier les références putassières et sans fond ou pertinence avec le passé de la série, d'autant plus hors de propos ici que l'épisode se présente comme un reboot et un point d'entrée potentiel à l'univers de Doctor Who ...

Peut-on m'expliquer d'ailleurs pourquoi on ressort Susan du placard maintenant ? Si ça a une incidence sur la suite ok, mais si c'est juste pour la référence c'est totalement débile de faire ça ...

De même, si Bill est le personnage le plus humain que Moffat n'ait jamais écrit pour le show, il ne peut pas s'empêcher de ne la caractériser ici uniquement que dans tout ce qui la différencie de l'être humain banal, dans tout ce qui la rend exceptionnelle à la norme. Parce que Moffat ne sait fondamentalement pas écrire ce genre de personnage. Parce que ça ne l'a jamais intéressé et que ça l'ennuie. Ainsi, Moffat surlignera à outrance la candeur et l'optimisme à toute épreuve de la jeune femme ainsi que son homosexulaité, à un tel degré d'ailleurs que sur ce dernier point ça en devienne presque gênant (c'est pas en le surlignant 10000 fois que tu te fera mousser pour ton travail dessus Steven, c'est avant tout en le faisant bien. Alors si pour cette dernière saison tu pouvais arrêter de ruiner tout ce que tu entreprends de bien à force de saouler tout le monde avec, ce serait apprécié).

A noter également que Nardole ne sert ici toujours à rien et que ses interventions font souvent toc, bien qu'au moins il se fasse rare dans l'épisode.

Et pire que tout, sous prétexte d'essayer de ne pas faire ce qu'il fait d'habitude ou de conserver certaines réponses pour plus tard, il se permet de ne donner aucune substance à son histoire du jour (tout en n'essayant pas de faire quelque chose de bien avec cette approche opposée à son habituelle), qui est incroyablement vide, peu regardante côté cohérence (et putain, vu comment elle est simple c'était pourtant pas compliqué quoi) et uniquement là pour introduire les nouveaux personnages et enjeux de la saison. Ce qui n'est pas forcément un problème en soi dès lors que l'on accorde alors à cette intrigue prétexte la place qu'elle mérite dans l'épisode sans la faire trop déborder au détriment du reste de ce qu'il y a a développer. Ce qui n'est pas le cas ici, et c'est d'autant plus regrettable car cette intrigue n'aura eu strictement aucune incidence. Mais bon, vu que Moffat n'a clairement plus envie de se faire chier avec la continuité ces derniers temps (cf. cet effacement de mémoire pourri et incohérent d'Hell Bent qui pioche juste là où ça l'arrange sans jamais assumer pleinement l'idée, que cet épisode ne manque pas de mentionner d'ailleurs à mon grand regret ...), on va dire que c'était plutôt attendu.

Ah et sinon, Moffat prouve encore une fois qu'il n'en a strictement rien à foutre des Daleks et ne sait pas comment les écrire. Fallait les confier à quelqu'un d'autre alors, pas sacrifier de la sorte ce qui sera surement leur seule apparition de la saison juste parce que toi tu n'as aucune idée de quoi en foutre. Du pur relent du Moffat que je ne supporte plus, là encore, sur toute la ligne ...

Du coup, tout l'épisode paraît très forcé sur pleins d'aspects, au point de considérablement limiter l'impact de la fraîcheur et la réussite des éléments qui le sont. Mais paradoxalement (et un peu tragiquement), à ce stade de la série et du run de Steven Moffat, ce compromis est sans doute la meilleure solution qu'il avait à sa disposition.

La formule de Moffat ne marche plus du tout (cf. Hell Bent, Doctor Mysterio et même Husbands qui sans River Song aurait surement été pas terrible du tout) et le gars montre qu'il n'a vraiment plus rien d'autre dans sa besace (en même temps ça lui apprendra à vouloir comme dans Hell Bent tout caser au burin pour se faire mousser sur l'instant sans penser à garder des atouts dans sa manche pour la suite) que d'aller à l'opposé de ce dernier (ou alors, il aurait pu partir dans la parodie. Mais Moffat n'a jamais été doué pour écrire du léger / comique et sa formule de base est surement de toutes façons trop usé pour que même sa parodie puisse encore passer, malheureusement ...)

C'est sans doute le season premiere le moins réussi de Moffat après l'ignoble Asylum of the Daleks (en même temps, pour faire pire que celui-là, faut se lever de bonne heure) et aussi le moins grandiloquent (bien que ça ne gêne en rien qu'il ne le soit pas ici) mais si ça peut du coup empêcher cette saison de tomber dans le piège des précédentes qui partaient bien souvent avec des débuts tonitruants et très prometteurs pour finalement totalement se planter à l'arrivée, ce sera déjà ça.

Bref, c'est loin d'être parfait mais tout aussi loin de la catastrophe annoncé et à ma grande surprise ça offre à cette saison dont je n'attendais moins que rien un potentiel certain pour nous offrir quelque chose de réussi.

Avec un Moffat plus en retrait cette année et des scénaristes qui eux sauront correctement exploiter l'aspect humain de Bill dans les épisodes à venir, il y a en tout cas carrément moyen d'obtenir une saison à la hauteur des autres.

Reste à voir si Moffat arrivera à tenir son pari fou d'aller systématiquement à l'encontre de son style tout au long de la saison. Ce n'est qu'à moitié réussi ici et pourtant on a l'impression qu'il fait tout son possible pour ne pas retomber dedans.

Bref, je note l'effort Steven. Mais j'ai à peine plus confiance qu'avant en ta capacité à prouver au monde que cette saison n'est pas définitivement ta saison de trop dans Doctor Who ...