Les créateurs de « Game of Thrones » sont avant tout des fans des livres, et ça se ressent : de par la fidélité avec laquelle la trame des romans est suivie, d’une part, mais aussi, et surtout, de par la pertinence avec laquelle sont écrites les scènes inédites. Qu’il s’agisse de la scène d’introduction de Tywin, le patriarche Lannister ; de la tirade de Littlefinger au cours de laquelle il se livre à une métaphore plutôt inattendue sur sa manière d’appréhender la politique ; ou encore du dialogue entre Théon et Osha qui, s’il ne nous apprend rien de nouveau du côté du pupille Stark, sert toutefois d’introduction aux mœurs sauvageonnes : aucune n’est à jeter. Pour le spectateur non-lecteur, elles permettent d’introduire efficacement un background qui s’étale, dans les livres, sur plusieurs centaines de pages ; pour le spectateur lecteur que je suis, elles fonctionnent comme autant de « behind the scenes », par rapport aux livres. Très bon. En vrac, j’ai particulièrement aimé, dans cet épisode : - L’introduction de Tywin et de sa relation avec son fils, Jaime. On découvre ici, notamment, une nouvelle facette du Régicide, qui avoue se sentir blessé par le petit sobriquet dont on l’affuble depuis qu’il a assassiné Aerys le Fol. - L’interprétation de Sean Bean, qui retranscrit très bien l’état de détresse dans lequel se trouve le personnage d’Eddard Stark, qui se rend compte à ses dépens qu’il n’existe aucune règle au jeu des trônes, et que les hommes d’honneur tels que lui sont chose rare dans le Royaume. - L’interprétation de Mark Addy, et la scène de Robert Barathéon, en elle-même, qui résume bien la vie du personnage : piteuse. - Drogo qui motive ses troupes au cours d’une tirade enflammée : la langue Dothraki spécialement créée pour le show, l’interprétation de Jason Momoa, les simulacres de Haka… impressionnant. - La scène finale. L’épisode reste toutefois, selon moi, un peu moins rythmé que celui de la semaine dernière, mais la crédibilité des cliffhangers tels que celui qui nous est proposé ici est à ce prix-là : poser les enjeux, installer la tension, et retourner ensuite complètement le cerveau du spectateur en lui balançant la scène qu’il n’avait pas vu arriver. ;-)

L'introduction de l'épisode, au King's Landing, m'a légèrement déçu, et j'ai eu beaucoup de mal à y retrouver le David Minahan, réalisateur de l'excellent épisode "A golden crown"... mais ça n'a plus été, ensuite, que du bonheur : la tension monte de toutes parts à Westeros, et l'ambiance qui commence à se dégager de la série devient réellement prenante ! (À voir la preview de l'épisode 9, étant donné le fait que les deux derniers épisodes de la saison figurent dans pas mal des soumissions aux Emmy Awards, et pour avoir déjà lu les livres... je pense que la fin de la saison va être vraiment terrible !)

Je pensais que certains événements n'auraient plus aucun impact sur moi, pour les avoir déjà lus dans les livres... c'était sans compter sur l'immense talent avec lequel ils sont portés à l'écran par HBO. Du jeu des acteurs (plus ou moins jeunes), à la réalisation, en passant par l'utilisation sobre des CGI (les images des Jumeaux et de la scène post-bataille sont magnifiques... et j'apprécie également fortement qu'ils aient pris la décision de faire l'impasse sur les batailles épiques qui, faute de budget, auraient probablement l'air, de toute façon, un peu cheap) : tout y était parfait. Les choses sérieuses vont débuter maintenant, alors que l'on commence seulement à prendre la pleine mesure de l'écriture implacable qui caractérise si bien GRRM. J'ai vraiment hâte de voir comment sera traitée la suite... tout en redoutant la longue année d'attente qui suivra la diffusion du prochain épisode...