Un coup, ça va…
Bon. Il faut parfois se rendre à l’évidence et admettre avec humilité qu’on n’a pas la prose suffisamment charismatique pour entraîner les gens à vous suivre dès la première critique : malgré tous mes efforts de la semaine dernière, nous sommes toujours aussi peu à suivre Boardwalk Empire sur serie-all.
Mais ce n’est pas grave. Après tout, tout prophète connait un jour la traversée du désert. Je retiendrai donc les larmes qui mouillent mes prunelles, je redresserai fièrement le front, et affronterai ma destinée en face, en clamant haut et fort au serie-allien (à ne pas confondre avec l’ alien de série) qu’il a tort de bouder cette grande œuvre !...
… ou pas.
Parce qu’autant l’épisode de la semaine dernière était un bijou, autant celui de cette semaine m’a laissé assez tiède, sauf à la toute fin…
Margaret au petit matin : parce qu'elle le vaut bien
Ze pitch
Et pourtant, sur le papier, tout était réuni pour en faire un très épisode très fort. Car il s’y passe beaucoup de choses, et l’histoire y progresse un grand coup.
En effet, le ciel tombe plus ou moins sur la tête de Nucky, qui se trouve trahi de toutes parts, y compris par son frère ; et qui finit par réaliser que, contre toute attente, sa meilleure alliée n’est autre que Margaret. Parallèlement, Jimmy se lance enfin dans les choses sérieuses, le succès rajeunit le Commodore d’une vingtaine d’années, Chalky White croupit en prison, et les irlandais veulent l’indépendance.
Rien que ça !
Le plat scénario qui est le sien
La semaine dernière je m’extasiais devant la qualité formelle et, pensais-je alors, toujours constante de Boardwalk Empire ! Eh bien précisément cet épisode n’a aucune des qualités que j’énumérais alors, à un point que s’en est un comble. Les dialogues sont plats, il n’y aucune des fulgurances habituelles, et la réalisation est au mieux neutre, au pire molle. Quant à la musique, elle est quasiment absente…
Enfin, bien sûr, ce n’est pas nul pour autant, hein, c’est même d’une qualité on ne peut plus correcte. Mais on est devant Boardwalk Empire, bon sang, la série de Martin Scorcese et Terence Winter, on n’est pas devant Teen Wolf ! BE, la série où il y a toujours au moins une scène brillante, à tel point que j’avais pensé faire une rubrique « la scène qui tue de la semaine »… eh ben là, rien, nada, aucune scène qui dépasse, aucune leçon d’écriture ou de cinéma.
Oui je sais je fais ma difficile, mais ce n’est pas de ma faute si le reste de la série a porté mon degré d’exigence aussi haut ! Le scénariste du premier épisode était Terence « Mr Soprano » Winter himself, celui de cet épisode Howard Korder. Ceci explique peut-être cela…. J’essaierai d’être vigilante sur le nom des scénaristes et des réalisateurs à l’avenir.
Quand Jimmy fâché, lui toujours faire ainsi
Un trait de craie
Dans l’épisode de la semaine dernière, la « guest-star » qui portait sur ses épaules l’intrigue secondaire était l’agent Van Alden, et c’était jouissif au possible. Cette semaine, l’heureux élu est Chalky White, qui croupit en prison et… c’est tout. Franchement, je n’ai pas compris l’intérêt de cette storyline. On y apprend que Chalky ne sait pas lire, et qu’il a un grand pouvoir dans la communauté noire d’Atlantic City… la belle affaire, on le savait déjà.
A dire vrai, je me demande si le scénariste n’a pas tellement adoré la scène où Catelyn Stark arrête Tyrion Lannister dans Game of Thrones, qu’il a voulu la reproduire dans Boardwalk Empire, en créant toute cette intrigue juste pour pouvoir la placer. Toujours est-il que ça tombe, à mon avis, à plat.
Catelyn Stark en appelle à ses vassaux Chalky white en appelle à ses alliés
Co-om-modore en gaaaardeuh !
Du côté de la storyline principale, il y a par contre des éléments intéressants, mais trop morcelés pour réussir à bâtir une dramaturgie efficace. Toujours est-il qu’il est prometteur de voir Eli obligé de renier son frère au téléphone, sous les yeux du commodore, chose que Nucky ne sait pas. Ou de voir un Jimmy létal se rapprocher de la bande de Rohstein, et former un tandem détonant avec Lucky Luciano.
Du côté de Nucky, on compte les rares alliés restants : l’occasion de savourer chaque minute de présence à l’écran de son génial majordome, et de s’interroger sur certaines fidélités de son entourage de jadis. Mais, surtout, cet épisode montre que Margaret à définitivement choisi son camp : ce sera avec Nucky. Comme elle semble loin l’honnête veuve des débuts ! La –très bonne- scène finale nous laisse même présager qu’elle va « coacher » Nucky dans sa reconquête du pouvoir, un programme alléchant il faut l’avouer.
A noter également, l’arrivée d’un nouveau venu en la personne d’un jeune et fringant militant indépendantiste irlandais aux côtés de Nucky. A suivre…
M'est avis que ce monsieur a de gros complexes...
Le mot de la fin
Un épisode intéressant pour l’avancée de l’histoire, mais gâché par une écriture tiède et peu inspirée, et par une construction trop morcelée. La scène de fin relève cependant la barre, et lui permet d’éviter le 12/20
Ma note : 13/20
J’ai aimé :
- Super-Margaret à la rescousse de Nucky
- Jimmy qui s’affirme
- Le ciel qui tombe sur Nucky
J’ai moins aimé
- L’écriture plate et la réalisation transparente
- La storyline barbante de Catelyn Stark Chalky White