Critique : Vinyl 1.01

Le 25 février 2016 à 19:11  |  ~ 5 minutes de lecture
God Damn Rock'n'Roll !!!

Critique : Vinyl 1.01

~ 5 minutes de lecture
God Damn Rock'n'Roll !!!
Par nicknackpadiwak

Des fucks prononcés à la pelle, des travellings, de la drogue, beaucoup de drogues, un peu de violence, des plans-séquences, des ralentis... D'entrée, Martin Scorsese (producteur et réalisateur du pilote) reprend pour le pilote de Vinyl toute la panoplie de ses tics de mise en scène qui l’ont fait devenir culte (Casino, Les Affranchis). Au point de frôler l'auto-parodie.

Mais très vite, on se rend compte que ce respect scrupuleux du cahier des charges est un petit bras d’honneur aux critiques qui lui avaient reproché d’avoir trop fait du « Scorsese » lors du pilote de Boardwalk Empire. Notamment lorsque la voix off se lance au tout début, pour ensuite s'interrompre d'elle-même et laisser l'histoire prendre les rennes. Malicieux.

 

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Rock and Roll

 

Avec Vinyl, la nouvelle série HBO, M&M (Martin & Mick Jagger) nous font plonger dans l'univers très sex & drugs & rock'n'roll du monde de la musique dans le New-York des années 70, en suivant le producteur de musique Richie Finestra en quête de nouveaux talents, tandis que son label s’apprête à être racheté par Polygram.

Dans ses trailers, la série promettait une plongée intensive dans ce monde sale, dangereux, tourbillonnant, excessif, sauvage qu’étaient les seventies. Le moins qu'on puisse dire, c'est que la réussite est totale. De par les décors, les costumes, la bande son (Slade, Otis Redding…), les intermèdes musicaux ou autres extraits d'actualités de l'époque, l'immersion est jouissive. Vinyl ne s’est pas loupée sur ce point-là.

 

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Sex & Drugs & Rock & Roll

 

L'autre réussite est l'évocation de l'envers du décor du monde de la musique. L’image donnée est peu reluisante : drogues en excès, baises à gogo, corruption, cynisme, cupidité et méthodes proches du gangstérisme. Un vrai panier de crabes, où tous sont prêts aux pires coups bas et trahisons pour gagner le plus de fric possible. Et ensuite tout dépenser en drogues…

Il faut aussi mettre en lumière le casting très réussi avec, en tête d’affiche, Bobby Cannavale qui campe Richie, prototype du héros Scorsesien, un être ambitieux et passionné qui sera contraint à de nombreux sacrifices pour accéder à la plus haute marche du podium. Le pilote se concentre essentiellement sur lui. Les autres personnages, bien que hauts en couleur, ne servent que de faire-valoir. Logiquement, la série leur accordera un peu de temps d'antenne pour leur permettre de prendre un peu d'épaisseur.

 

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Petit bémol pour le personnage de Jamie Vine, promise à prendre de l’importance dans les épisodes à venir. Mais pour cela, elle devra s’affranchir de l’impression de voir un copier-coller (en moins sage) de Peggy de Mad Men, soit la fille partie de tout en bas, dans un monde très machiste, qui va se battre pour s'imposer.

 

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I Love Rock'n'Roll

 

Ce personnage personnifie le plus gros défaut de son pilote : son classicisme. Car, si au niveau de la forme on ne peut qu'applaudir la série, le fond, par contre, est clairement plus sage et emprunte des routes déjà prises ailleurs.

Les auteurs se sont même sentis obligés d'ajouter une histoire de crime pour pimenter la série, comme s’ils avaient peur que Vinyl n'ait pas les reins assez solides pour captiver le spectateur. Alors M&M, on lorgne sur les recettes et le succès d'Empire ?

 

vinyl_pilote_une image représentant richie dans la voiture tandis que des gens courent derrière, c'est bon là?

 

 

Talk about the Blues

 

Se battre, monter, être au top, devenir riche, le portrait de cette communauté n'a rien d'humaniste et la série décrit bien cet appât du gain qui, à l'aube des années 80, va totalement dévorer le milieu de la musique pour en faire un produit de consommation propre, calibré et aseptisé, sans vie, sans passion et sans plus rien à raconter. Car, même plein de défauts et ne vivant que pour le fric, les producteurs de cette époque possèdent néanmoins en commun l'amour de la musique. Pas sûr que ce soit le cas des Pascal Nègre et consorts à la tête des labels d'aujourd'hui.

 

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Par contre, deux heures pour le pilote c'est beaucoup, beaucoup trop. On passe clairement un cap dans le trop. Même si Vinyl, au final, arrive à ne jamais sombrer dans l’ennui, cette durée est superflue, il s’agit juste de l’esbroufe, une manière de marquer les esprits. Si les épisodes d’une série commencent à durer plus longtemps que certains films, il y a comme un dérèglement.

 

vinyl_pilote

 

Excessif jusqu’à être épuisant, mais assez classique finalement, Vinyl réussit toutefois son premier test en instaurant un univers, une atmosphère et des personnages au riche potentiel, donnant envie de revenir rocker en deuxième semaine. Que demande le peuple ?

 

J’ai aimé :

 

  • Les acteurs au top.
  • L’univers des 70 bien rendu.
  • La réalisation aux petits oignons (ognons ?).
  • Une bande son de dingue.

 

Je n’ai pas aimé :

 

  • Un certain classicisme.
  • Les personnages féminins très en retrait, si ce n'est réduits à de la « chair à baise ».

 

Ma note : 15/20.

 

Bonus : Liens vers les chansons qui constituent les titres de cet article. Du bon son en somme :

 

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