Salut les gens !
Bon, si comme ça, à brule point, je vous demande : citez moi une série avec des morts vivants, vous allez me répondre “The Walking Dead” ! Effectivement. Mais si maintenant, je vous demandais de me citer une bonne série avec des morts vivants et que vous me répondez "The Walking Dead", je peux déjà affirmer qu’on ne va pas rester copain bien longtemps. Car si vous voulez une série originale, qui ne prend pas ses spectateurs pour des demeurés, jetez donc un coup d’œil sur In The Flesh la série de BBC. "Quoi ? Mais c’est quoi In The Flesh ? On ne connait pas" vous entends-je déjà vous plaindre et râler. Avant de répondre à votre soif de curiosité, je vous propose un petit exposé, un petit tour d’horizon du monde des morts vivants, les films qui les traitent, leurs invasions dans notre petite lucarne avant un petit coup de projo sur In The Flesh. C’est bon pour tout le monde ? De plus pour ceux qui souffrent d’hyper activité et sont incapables de lire plus de dix lignes sans s’ennuyer, l’article sera illustré de photos de zombies décharnés et probablement interdits aux mineurs.
Ready ? Go !
Un mort vivant issu du film Le retour des morts vivants
Zombie, the land of the living dead
Depuis tout petit, j’ai une fascination passionnelle pour les morts vivants. Et qui m’a inoculé ce virus, ainsi qu’à des milliers d’autres personnes ? Il s’agit bien évidement de Mickael Jackson ! Et là, attention je parle de son clip Thriller réalisé par John Landis au début des années 80 qui m’a traumatisé jeune et non de son apparence physique les dix dernières années de sa vie, soyons clair, pas de polémique pour commencer.
Car les morts vivants sont des créatures mythologiques fascinantes, pas très sexy certes mais inarrêtables car focalisées sur un seul but : te bouffer. Impossible de les raisonner, de négocier, ils sont là pour te manger les tripes et le cerveau (j’ai aussi une fascination pour les films avec des requins et des crocodiles mais là n’est pas le sujet, n’est ce pas ?). De plus, le zombie et son invasion/domination de notre monde permet le développement de nombreux thèmes annexes : le rapport à sa propre mort, l’immortalité, la question de la mort de ses proches, la survie, le frêle vernis qu’est la civilisation, bref l’Humanité avec un grand H. Le mort vivant nous renvoie à toutes nos peurs enfouies concernant notre mortalité, notre éphémère existence sur terre et nous oblige à nous regarder tel que nous sommes, pauvre assemblage de chair en dislocation. On va tous mourir un jour, vous le saviez non ?
Des morts vivants du film Shaun of the Dead
Cac 40 of the Dead
Karl Marx a dit un jour "les patrons capitalistes sont que des morts vivants en cravate". Car, un prisme rarement abordé dans les films de zombies, est l’écroulement de notre société de consommation. En effet dans les films et bandes dessinées, nous constatons que les hommes se battent et se tuent pour survivre, manger ou se reproduire, mais jamais, jamais pour amasser le plus de billet. L’argent devient une denrée inutile, jamais évoqué. Dans le jeu The Walking Dead, lorsque le joueur doit trouver de la monnaie, c’est uniquement pour dévisser un écrou afin de s’évader d’une cellule. George Romero, le papa de tous les morts vivants actuels, va encore plus dans la réflexion dans son séminale Zombie. Au final ce film est il autre chose que l’histoire d’une bande de personne qui prend les armes pour défendre "leur" supermarché ?
Il ira même plus loin dans le controversé Land of the dead. Dans ce film, les riches se sont réunis entre eux en sécurité dans un gratte ciel, où ils gardent la nourriture et le confort du luxe tandis que les pauvres végètent dans un ghetto, population laissée en friche sous la menace constante d’une morsure pas propre. Pour Georgie, c’est clair, le capitalisme survivra à tout. C’est Mélanchon qui va être déçu.
Le héros entouré de morts vivants dans Braindead
Pour le plaisir
Et allez, comme ça, pour le fun et parce que j’ai toujours eu envie de le faire mais que je vois bien que mon entourage se contrefout gentiment de ma fascination pour les cadavres ambulants, mon top 3 des films de zombies !
- Shaun of the Dead : alors là je vous entends, "quoi, une parodie en numéro 1 ?". Sauf que si ce film est effectivement drôle, ce n’est pas une parodie dans le sens où il n’est jamais irrespectueux envers les zombies. Ceux-ci ne sont jamais moqués. Ils font leurs rôles de morts vivants et bouffent du vivant. Le comique vient du décalage entre cette situation et le comportement des protagonistes (qui mettent quasi la moitié du film à comprendre qu’ils sont entourés de morts vivants)
- Le retour des morts vivants : eighties à mort, The Cramps à la musique, des punks, un strip tease en plein cimetière, rock’n’roll motherfucker !!!!!!!
- Dellamorte Dellamore : peut on allier poésie, sexe, humour noir, mélancolie et mort vivants ? La réponse est dans ce film (c’est oui).
Un mort vivant qui donne un concert
Six Feet Under (mais pas pour longtemps)
La nuit des morts vivants date de 1968. Depuis, régulièrement, la créature cannibale (anthropophage plutôt) fait son retour au cinéma, marchant par vague ou cycle. La dernière en date semble perdurer. Depuis une petite dizaine d’années, les zombies ont envahi le cinéma pour le meilleur et pour le pire (Zombieland, Warms Bodies, World War Z), les jeux vidéos et les BD (Marvel Zombie). Bref, on bouffe du zombie, ce qui est assez paradoxale, convenons en.
Par contre, concernant la lucarne, le zombie a rarement eu droit à son show télévisé, la promesse de voir sur petit écran déambulaient des cadavres en putréfaction a du refroidir nombre de producteurs (pff, dans quel monde vit on ?). Il faut citer quelques apparitions dans Les Contes de la Crypte, X-Files ou de nombreux mangas (I Am A Hero par exemple).
Nos chers cadavres ont eu le droit à une première exploitation dans Dead Set, série anglaise en cinq épisodes de 30 minutes. Sur une réalisation très 28 heures, jours plus tard (c'est-à-dire qu’on ne capte pas grand-chose lors des scènes d’action tant la caméra virevolte), le postulat de base est intéressant. Des participants à une émission de téléréalité (vous commencez à voir le symbole) se retrouvent enfermés dans leur loft, ignorant que le monde extérieur est tombé sur le joug de morts vivants. Malgré de très bonnes choses (le personnage de Pipa, hilarante à chacune des ses répliques et puis niveau gore, ça y va), la série s’effondre sur la durée, notamment sur un final bâclé.
Puis vinrent The Walking Dead et Les Revenants. Pour moi, le monde des séries est divisé en deux catégories : celle où les personnages guident l’intrigue (Six Feet Under par exemple) et les autres où l’intrigue guide les personnages (Under The Dome (vous avez vu le grand écart ?)).
TWD et la série de Fabrice Gober font partie de la seconde catégorie, malheureusement. Car ici, pour créer du suspense, de la tension, les auteurs font entrer de force les personnages dans le cadre. Du coup, ceux ci changent de comportement d’un épisode sur l’autre, font preuve d’une absence de cohérence psychologique. On a, alors, du mal à s’attacher à des protagonistes si changeants, si désespérants, et conséquence, on se fait chier. Bah oui.
TWD touche le fond du fond. Comment ne pas rire, puis s’irriter devant ces caricatures de personnages se comportant comme des gros débiles ou alignant des dialogues probablement écrit par un scénariste licencié de Plus Belle La Vie pour indigence ?
En plus, oubliez tout symbole ou réflexion, cette série oublie tout caractère métaphysique et ne développe que du vent, les morts vivants faisant figure de décor, juste bon à boulotter des quasi figurants dès que les auteurs ont peur que le spectateur s’ennuie, ce qui arrive souvent.
Franchement, il faut arrêter de tresser des louanges à cette série, elle n’est que vide. En fait, les seuls vrais morts vivants, ce sont ses spectateurs que les auteurs veulent décérébrés, manipulables, attirés par la lumière et le bruit de quelques scènes sanguinolentes et la mort inattendue (espérée diront certains, dont moi) de certains protagonistes phares. Arrêtons ça ! Demandons de la qualité ! Ne soyons plus des oies quémandant d’être gavées !
Une morte vivante issue de la série Les kékés font du surplace
Dans la chair du sujet
Alors, refroidi par Rick et ses potos, lorsque j’ai su qu’une nouvelle série britannique avec des morts vivants venait de voir le jour, In The Flesh, j’ai trainé les pieds, bougonné avant de prendre mon courage à deux mains et de commencer la vision.
Mais, mon Dieu, quelle claque !
Dans ce feuilleton de trois épisodes, l’idée de départ est folle d’originalité : les morts vivants sont en fait des personnes malades qu’on peut soigner, guérir de leur férocité, apprendre à reparler pour les renvoyer chez eux. Terrible !
Kieren Walker, jeune mort vivant de 18 ans est de retour chez ses parents à Roaton, petit village où est très implantée une milice, la FVM, qui préfère un mort-vivant mort à un réadapté.
Ce point de départ est traité avec justesse et intelligence et profite de son sujet pour ouvrir de nouvelles pistes de réflexion. A travers ces morts vivants obligés de se cacher, souffrants d’exclusion, c’est bien de la douleur de la différence, des normes imposées par la société des gens "normaux", du racisme que traite magnifiquement la série. On ressent beaucoup d’empathie pour ces personnages, rejetés ou obligés de se camoufler (lentille et fond de teint). Il leur faut apprendre à faire semblant, à se renier, comme pour témoin les scènes de repas où Kieren simule de manger pour "rassurer" ses parents.
SPOILER Un personnage lutte contre ce formatage, il s’agit d’Amy, boule d’énergie tombée un peu de nulle part, assumant et revendiquant fièrement sa nature morte, mais au final, face aux rejets et à la violence, préfèrera se tourner vers le communautarisme. D’actualité, malheureusement. FIN SPOILER
D’autres sujets sont traités, jamais sans lourdeur, comme le rapport père-fils (celui qui n’est pas ému lors du dernier épisode est un gros con insensible), le travail de deuil, la poésie d’une idée toute bête (des morts vivants hantés par des fantômes).
Un autre sujet est abordé, de manière réaliste et touchante : la sexualité des morts vivants ! Les morts vivants éprouvent des besoins et certains vivants ont une étrange fascination pour ces revenants. Et en effet, qui n’a jamais eu envie de coucher avec un cadavre en décomposition ? Hein ? Pardon ? Ah bon, vous ne… Ah ouais tiens, parce moi non plus en vrai, je disais ça pour … Olala vite, allons à la conclusion !
Et après il s'étonne d'être rejeté...
Ouf on est mieux ici. Donc, parmi la horde de morts vivants ayant envahi notre espace culturel, dégageant parfois de nauséabondes odeurs de récupération mercantile, In The Flesh est un oasis de fraicheur, une série audacieuse, fraiche, drôle, possédant une vrai qualité d’écriture, des personnages touchants et intéressants. Bref une série qui parie sur l’intelligence de ses spectateurs
En un mot, comme en quatre, regardez In The Flesh !