Pour les retardataires, In The Flesh est une série anglaise qui prend pour héros Kieren, un gentil mort vivant. Oui, vous avez bien lu, ça existe. Des scientifiques ont, en effet, trouvé une drogue qui permet d’inhiber le coté enragé et anthropophage des morts vivants en leur rendant paroles et facultés cognitives. Mis à part leurs teints blafards et leurs yeux incolores, on les prendrait presque pour des vivants. Sur l'échelle de l'Humanité, ils repassent devant ces gens.
Puis ces zombies furent priés de retourner au sein de leurs familles dans leurs anciens villages. Mais tout le monde ne voit pas ça d’un bon œil. D’autant qu’il suffit d’oublier une injection, pour que les PDS (personnes partiellement mortes) redeviennent des monstres n’ayant qu’une idée en tête : bouffer du vivant.
Dans cette saison 2, à Roaton, la vie semble avoir repris un cours normal. En apparence, car le fossé vivants-morts se creusent de plus en plus, entre la milice dissoute et nostalgique de la bonne époque où l’on dégommait du zombie impunément et les PDS supportant de moins en moins le délit de faciès. L’arrivée d’une politicienne anti-zombies va mettre encore plus d’huile sur le feu.
De plus, il semblerait bien que Kieren ai été le premier mort ressuscité et que son sacrifice serait le point de départ d’un second Réveil….
Qui embrasse trop, mal étreint.
Comme je l’avais expliqué dans ma critique de la saison 1, la série profite des ces morts déambulants pour poser la question de la différence (ou plutôt du rejet de la différence par une communauté «normale»). Cet aspect est creusé dans cette deuxième saison où les extrêmes se radicalisent : les villageois refusent l’intégration des PDS, les appellent «pourris». Les ressuscités, eux, revendiquent fièrement leures natures mortes et certains continuent de se réunir sous la tutelle du mystérieux Prophète Mort, gourou prônant la guerre ouverte contre les vivants.
Déjà apparu dans la première saison, la drogue bleue refait son apparition. Quand un mort vivant la prend, il redevient une créature enragée et dangereuse. Ainsi, le premier épisode commence par un groupe de zombie qui utilise la drogue de l’oubli dans un train bondé, créant plusieurs victimes. Bien vu, la série fait clairement référence aux attentats suicides commis par certaines factions islamiques. Et assez subtilement démontre que stigmatiser une population l’amène à des réactions extrêmes (petit message ici).
Mais conscient de la matière à métaphore que propose le mort vivant, la série force, parfois, un peu trop le trait. Les camps d’entrainement et le travail obligatoire, franchement, c’est un peu beaucoup et cela déssert la crédibilité du propos.
Heureusement, sur la durée des six épisodes, In The Flesh sait laisser tomber le symbolisme à outrance et devenir une vraie série fictionnelle avec rebondissements et personnages attachants.
Il y a de la vie chez ces morts.
En s’intéressant à d’autres personnages, en suivant des arcs parallèles (comme l’histoire Freddy et Haley, ou Henry le pauvre qui cumule le fait d’être mort et roux), la série se sert de ressorts plus intéressants. Les personnages gagnent suffisamment de place pour pouvoir évoluer.
Faisons un petit tour des personnages principaux et passons assez rapidement sur le cas du personnage de Mlle Martin, la députée extrémiste. Car ce personnage n’est franchement pas une réussite. Entre son secret dont on se fout un peu et le cliff final, elle ne vit jamais autrement qu’en tant que passe plat pour les autres intrigues.
Kieren, quant à lui, continue à tenir la dragée haute. Il passe du mort vivant désireux de rentrer dans le moule à la révolte. Il comprend que quoiqu’il fasse, il sera toujours différent, jamais intégré. Le fait qu’il soit homosexuel renforce ce besoin violent de revendication : on peut même penser que, même vivant, il était déjà obligé de se cacher. Personnage écartelé (incapable de se regarder dans un miroir), il tombe amoureux de Simon, leader charismatique des zombies contestataires et apôtre du Prophète Mort.
Un autre personnage a, par contre, beaucoup souffert du passage à la saison deux : Jem, la sœur de Kieren. Il n’y a rien de plus frustrant, de plus énervant, de plus déprimant que de voir les scénaristes faire n’importe quoi avec un personnage qu’on a aimé. Entre ses jérémiades et son envie incompréhensible de reprendre les armes, elle se réincarne en le pire des personnages existants à la télé : le personnage indécis ! Au point de grincer des dents à chacune des ses apparitions. (Je n’évoque même pas sa désespérante relation avec l’exaspérant Gary).
Quel gâchis.
Petit coup de projecteur sur le père de Kieren. À la fin de la saison une, il finissait en pleurs, promettant de ne plus cacher ses sentiments. C’est peu de dire qu’il tient promesse et chacune de ses interventions devient hilarante (au début).
Et l’amour, bordel ?
Mais le coup de cœur, la relation qui amène la série à de beaux et émouvants niveaux est le couple Amy et Phillip. Ce duo improbable entre le député haineux, nécrophile non assumé et la morte qui cache sa mélancolie sous une débauche d’énergie est une vraie réussite. Ils sont vraiment touchants.
Grâce à eux, dorénavant si vous invitez une fille à la maison et que vous voulez l’emballer en proposant un truc romantique, vous pouvez mettre In The Flesh ! Oui, oui. Un grand merci à Philippe et Amy qui incarnent un des thèmes centraux de la série : assume qui tu es !
Même si elle perd l’effet de surprise, malgré de petits défauts ici et là (se défoncer avec de la cervelle de mouton, bonne idée ou mauvais gag ?) cette deuxième saison n’en reste pas hautement recommandable. Jamais ennuyeuse, ouvrant des pistes de réflexions, tout en faisant vivre ou mourir ses personnages vivants ou morts, c’est une belle réussite à recommander aux blasés des zombies en plastoc de The Walking Dead.
Note de la saison 2 : 14/20