L’histoire est classique, mais elle n’en est pas moins vraie. C’est bien connu dans le monde des séries, l’excitation de la découverte de la saison 1 laisse trop souvent place à la déception les saisons suivantes. A moins d’avoir un plan préétabli sur le long terme, la saison 2 est souvent synonyme d’amertume (coucou Homeland !). Ces phénomènes sont démultipliés dans les sitcoms. Engoncé dans une mécanique très serrée, les sitcoms paraissent rapidement à bout de souffle au bout de trois ou quatre saisons. L’exemple d’How i met your mother est le cas d’école parfait de la série qui n’a rien à dire après quatre saisons.
Six Seasons and no movie
Jusqu’alors la sympathique The Big Bang Theory suivait la même voie. Je n’ai jamais été un grand fan de la série. Je l’appréciais juste pour ce qu’elle était : un automate d’écriture par et pour le rire. Le show de Chuck Lorre égayait gentiment, mais de moins en moins fréquemment, mes jeudi soirs. La rupture était intervenue en saison dernière. Alors incapable de se renouveler et glissant doucement mais surement vers un humour aseptisé, The Big Bang Theory a été à deux doigts de me faire abandonner. Après avoir vu le season premiere de cette année, j’étais loin, très loin, de penser que la série allait m’offrir sa meilleure saison depuis sa création.
L’an dernier, la série avait pris des risques inhabituels pour un show multi-camera : deux actrices régulières étaient venues se greffer au casting d’origine. D’une mécanique 4+1 (les garçons et Penny), on est passé à un 4+3 (avec l’addition de Bernadette et d’Amy). La saison 5 a été une catastrophe dans la gestion de cet ajout. Mal caractérisés, ces nouveaux personnages, par facilité d’écriture, sont rapidement devenus des caricatures d’eux-mêmes (Bernadette surtout). Bien sûr, l’ensemble a rapidement tourné à vide. On se souvient du catastrophique épisode de la saison 5 (The Speckerman Reccurence) où, en plus de renier son petit côté geek, la série peinait à susciter le rire en accumulant les situations et les clichés forcés. L’ajout ne prend pas et l’ensemble acquiert un goût bien fade.
Une meilleure dynamique des personnages
C’est cela qui a changé cette année. Les deux nouveaux personnages féminins ont enfin de la profondeur. C’est particulièrement le cas avec Amy (Bernadette reste encore en retrait du reste du groupe). Elle n’est plus une copy-cat de Sheldon ; elle est celle qui tente de le faire évoluer. Mieux, elle y arrive. On touche exactement du doigt ce qui fait tout le sel de The Big Bang Theory : le personnage de Sheldon. La tentation est grande pour ce genre de personnage breakout character qui monopolise l’attention (Barney dans How i met your mother ou Fonzie dans Happy Days) de transformer la série en monument à leur gloire. The Big Bang Theory est tombé dans le panneau. En dotant Sheldon d’un sidekick féminin retravaillé et mieux écrit, la sitcom a relancé le personnage ultra nerd vers une nouvelle dynamique très touchante et forcément intéressante. A partir de là et avec un personnage mieux équilibré, les gags s’enchaînent : Sheldon qui ne supporte pas l’absence de fin aux choses, l’obsession du parking, etc. Bref, on sort de l’ornière de la facilité pour explorer d’autres horizons créatif et c’est très rafraichissant !
L’axe Penny/Leonard suit une progression similaire. Cette saison marque la fin de l’oscillation permanente et agaçante du couple. Désormais, Penny est avec Léonard et elle le reste. Se faisant la série prend un énorme risque, celui de détruire son unique fil rouge. Mettre fin à la dynamique amoureuse du couple phare de sa série peut lui être fatal sur le long terme (et l’exemple Clair de Lune est là pour le montrer). J’espère que les showrunners ne reviendront pas en arrière (et la fin de la saison peut d’une certaine façon le laisser penser) et continueront d’avancer sur le chemin de la maturité. Plus globalement, cette saison six donne enfin l’impression de faire évoluer l’ensemble de ces personnages : Howard devient moins lourd et plus réfléchi, Raj trouve une petite amie et retrouve même l’usage de la parole en présence de filles, dans le dernier épisode.
Sans se renier complètement, la sitcom la plus populaire aux Etats-Unis trouve une nouvelle voie plus « mature » tout en continuant à nous faire rire. En espérant de tout cœur que cette saison ne soit pas une passade, je serais au rendez-vous l’an prochain !
Top 5 des meilleurs épisodes de la saison :
- The Closet Reconfiguration (6x19) : Le meilleur épisode de la saison repose tout entier sur une chose que la série n'avait quasiment jamais montré jusque là : de l'émotion. La scène finale d'Howard face au groupe est d'une justesse à pleurer. Pour un épisode de "réunion" du groupe, la sitcom est à l’apogée de son sujet et de ce qu'elle est capable de faire.
- The Love Spell Potentiel (6x23) : La vrai fin de la saison est en fait dans son avant-dernier épisode. En scindant les casting en deux groupes, puis le regroupant en une unité fonctionnelle et coordonnée, l'épisode apparait comme une parfaite synthèse de ce qu'est la saison six : une saison pleinement maitrisée, drôle à souhait et terriblement attachante.
- The Parking Spot Escalation (6x09) : Parfois pour faire rire, il suffit de peu de chose : une place de parking et deux névrosés (Sheldon et Howard) se battant pour l'obtenir. Des gags de la première à la dernière minute.
- The 43 Pecularity (6x08) : La storyline Sheldon / Howard-Raj dite du "monde parallèle" vaut à elle seule le coup d'oeil. Un épisode qui sent bon la très bonne saison 2 de la série.
- The Re-Entry Minimization (6x04) : Le renouveau de la saison commence là. Après quatre épisode de moyenne qualité, les scénaristes se lâchent et nous offrent une séquence de défis drolatique entre Penny/Amy et Sheldon/Leonard.