Après un jeudi riche en rencontres et conférences, vendredi a été principalement consacré à la diffusion de séries d'horizons divers. Alors, que faut-il retenir de ce vendredi 20 avril ?

Showrunners en séries, deuxième partie

En début d'après-midi était diffusé la suite de la semi-rétrospective de la série de documentaires Showrunners, cette fois-ci consacrés à Carlton Cuse (Lost), Terence Winter (The Sopranos, Boardwalk Empire) et Ronald D. Moore (Battlestar Galactica).

Dans le documentaire consacré à Carlton Cuse, il était intéressant de remarquer que Lindelof n'a pas été interviewé, et J.J. Abrams que mentionné à une ou deux occasions. Carlton Cuse était ainsi décrit comme le pilier de la série grâce à sa maîtrise du métier de showrunner. Il a également parlé du final de la série, en parlant de sa préférence pour le religieux plutôt que pour la science dans ce cas précis. Du côté de Terence Winter, si le documentaire pouvait faire redite par rapport à sa rencontre de mardi, il avait néanmoins l'avantage de nous présenter quelques interventions du rare David Chase, qui apparaît comme un curieux personnage. Pour l'anecdote, ses silences avant de prononcer le moindre mot avaient tendance à se reproduire dans son écriture des personnages de la série, des silences en disant souvent plus long que des «bavardages» comme il le dit.

Diffusions en série

Comme nous l'avons précisé en début d'article, ce vendredi était surtout un jour de diffusions, aussi bien de séries argentines que coréennes ou françaises. Malheureusement, elles n'étaient pas toutes de même qualité.

Cette hétérogénéité était d'ailleurs présente à l'intérieur même de la sélection argentine, composée des deux premiers épisodes de la série Maltratadas ainsi que des trois premiers de Perfidia. En ce qui concerne la première, l'ambition était de présenter sous formes d'épisodes indépendants diverses violences physiques ou morales exercées sur les femmes, ou plutôt sur la «violence de genre» comme le disait le producteur de la série. Si l'objectif était tout à fait louable, le résultat n'est malheureusement pas à la hauteur : les acteurs ne sont pas catastrophiques, mais les dialogues sonnent terriblement faux, et les situations sont tellement démonstratives qu'elles en déservent le propos. L'esthétique est quant à elle assez vieillotte, mais ceci est néanmoins à mettre sur le compte du manque de moyen.

Alors que la question de la différence culturelle était envisageable pour expliquer la raison de cette non-appréciation, Perfidia a vite fait de prouver le contraire par un jeu d'acteur très réaliste, une esthétique étonnement soignée en commençant par un générique original, ainsi qu'une ambiance sonore appréciable. Mais c'est surtout la construction narrative qui surprend ici, avec un récit imbriqué dans plusieurs flashbacks, et composé d'un certain nombre de personnages. Si le procédé narratif n'est pas totalement nouveau, le fait qu'il soit employé dans un drame à légère tendance de thriller (et non l'inverse comme pourrait le suggérer le pitch de la série), rend le tout au final assez novateur et attachant.

Pour repasser au niveau des déceptions, la série sud-coréenne City Hunter (inspirée du manga éponyme) pouvait laisser espérer une production de bonne qualité si elle conservait la même ambiance que la plupart des films du même genre sortant en France ces dernières années. Malheureusement, les deux n'ont absolument rien à voir. Vous voyez à peu près ce que donne un mélodrame bien mieilleux ? Eh bien multipliez cela par dix et vous obtiendrez City Hunter, c'est-à-dire des acteurs qui surjouent à fond, des dialogues bien appuyés, tous les clichés dramatiques possibles et imaginables, une bande sonore omniprésente principalement composée de violons. Alors certes, ce genre de série où tout est plus grand que nature semble être en quelque sorte la norme en Corée du Sud (ainsi qu'au Japon semble-t-il), mais il y avait tout de même sans doute de quoi éviter certaines situations ultra-prévisibles. Le seul point positif serait néanmoins l'esthétique, qui donne à voir quelques jolis plans de temps en temps. Mais c'est malheureusement à peu près tout.

Pour finir, la soirée se finissait sur la diffusion des quatre premiers épisodes de la prochaine importante fiction d'Arte, Ainsi soient-ils, qui prend le pari de faire une série sur l'Eglise catholique. Globalement, on peut dire que la série a plutôt bien remplie son contrat : les acteurs sont assez loin du cliché du jeu d'acteur de série française, les personnages sont dans l'ensemble assez bien construits (sauf quelques-uns encore un peu fades), et surtout l'humour est présent, élément qui semblait essentiel étant donné le sujet de la série. D'ailleurs, les créateurs semblent avoir appris la leçon d'Habemus Papam, qui parvenait à faire rire sur un sujet touchant à la religion. Il y a bien sûr encore des choses à améliorer, mais il faut reconnaître que c'est déjà un bon début.

Et voilà, c'était tout pour ce vendredi 20 avril.

Et ce à quoi Serie-all n'a pas pu assister :

•  La diffusion des deux premiers épisodes de la série britannique The Fades (dont vous pouvez retrouver les critiques respectivement ici et là)
•  La conférence sur Lost de Pacôme Thiellement
•  L'intégrale de la série britannique Top Boy
•  La diffusion des deux premiers épisodes de la série américaine American Horror Story (dont vous pouvez retrouver la critique du pilot ici)

Les autres articles sur Series Mania saison 3 :

•  Compte rendu du Festival Series Mania : Jour 6
•  Compte rendu du Festival Series Mania : Jour 4
•  Compte rendu du Festival Series Mania : Jour 2
•  Compte rendu du Festival Series Mania : Jour 1
•  Présentation du programme
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L'auteur

Qui va à la chasse dans la peau de l’ours, vient à point avant qu’elle ne se brise.

Antofisherb