Critique : The Fades 1.01

Le 24 septembre 2011 à 05:15  |  ~ 7 minutes de lecture
Une série fantastique étrange et au final très immersive, quelque part entre Clive Barker et un teen show horrifique.
Par sephja

Critique : The Fades 1.01

~ 7 minutes de lecture
Une série fantastique étrange et au final très immersive, quelque part entre Clive Barker et un teen show horrifique.
Par sephja

Surpasser ses peurs

Paul est un adolescent anglais très ordinaire, un pur loser souffrant de terreurs nocturnes et d'une incapacité à s'empêcher d'uriner durant la nuit. Avec son meilleur ami Mac, qui vit sa vie au travers des films, il traine dans un centre commercial abandonné lorsqu'il tombe sur Neal, un homme mystérieux à la recherche d'une dénommée Anna. Seulement, une créature rôde dans ce monde, un monstre que Paul a déjà vu dans ses cauchemars. 

 

 

Résumé de la critique 

Un épisode assez épatant que l'on peut détailler ainsi : 

  •  un univers visuel étonnant et particulièrement travaillé 
  •  une construction à la Clive Barker entre cauchemar et réalité 
  •  quelques fautes de goût regrettables et une tendance à abuser de certaines références 
  •  une approche de la mort originale et excitante

 

 

Un visuel impressionnant 

Signé Farrell Blackburn, le visuel de cette série est l'élément le plus frappant d'un show à la fois ambitieux et par moment totalement régressif, à l'image de ce héros incapable de retenir sa vessie chaque nuit. Subissant chaque matin son humiliation, il garde pour lui ses terribles cauchemars (voir ci-dessous), dans lesquels le monde a été totalement réduit en cendres par une menace invisible. Succession d'images vraiment travaillées, The Fades aligne les références en piochant autant dans les films d'horreur façon teen-movie que dans les oeuvres angoissantes de Clive Barker. 

Série pour adolescents par son duo vedette particulièrement puéril, son humour ras des pâquerettes et sa construction en forme de récit initiatique, The Fades possède un visuel soigné et propose une mythologie troublante et passionnante sur la mort. Difficile donc de donner une identité à cet épisode étrange qui alterne originalité et cliché, parvenant à fasciner autant qu'il agace. En tout cas, les images sont vraiment impressionnantes, même si les moyens anglais ne permettent pas de verser dans les effets spéciaux spectaculaires. 

Une série en marge, vraiment singulière, tentant de mélanger plusieurs styles avec par moments beaucoup de réussite, donnant l'étonnante sensation d'avoir affaire à un objet unique dans l'univers de la télévision. Et autant le dire tout de suite, en faire une critique est bien présomptueux tant le show dépasse totalement les cadres habituels du show d'horreur pour teenagers et du simple récit fantastique. 

 

Les portes de l'ailleurs se referment 

La littérature fantastique moderne est une des principales influences du show, avec un univers que je situerais entre Clive Barker pour la dimension apocalyptique et Neal Gaiman pour le rythme très dynamique. Les morts hantent les toits, essayant de s'élever vers un ailleurs qui leur a été refusé sous la forme d'une lumière intérieure qui s'éteint brutalement. Ils errent alors, désabusés et moroses, dans un univers qui leur est étranger, gagnant petit à petit en violence, en particulier pour l'un d'entre eux, qui commence à agresser les vivants en leur aspirant la cornée. 

Si tout ceci vous semble flou et étrange, alors sachez que ce n'est qu' un des aspects de cette série bizarroïde qui peut nous balancer des références à Matrix avant de glisser lentement dans un monde de spectres angoissants au moindre changement de rue. Perdu là dedans, Paul subit ses cauchemars, incapable de prendre sa vie en main, pris au piège d'une passivité qui l'empêche de dépasser son statut d'adolescent complexé. En résumé, raconter The Fades semble impossible, si ce n'est en disant qu'il s'agit d'une série fantastique particulièrement étonnante et que son potentiel semble particulièrement élevé.

 

 

Un show particulièrement agaçant par moment

Alors pourquoi cette note moyenne si cette série possède de telles qualités visuelles et narratives, me demanderez-vous, le coeur hésitant encore à découvrir le show ? Et bien, tout simplement parce que dans leur quête du scénario idéal, les auteurs ont jugé intéressant de créer le duo le plus bizarre qui soit, multipliant les références plus ou moins subtiles et les scènes balourdes. Le duo Paul et Mac est le premier à laisser pantois par leur monumentale bêtise, deux puceaux à la maturité totalement discutable, aussi agaçants qu'ils peuvent être drôles. 

Alignant les références cinématographiques, Mac est censé être le casse-cou, mais se révèle être une grande gueule totalement insupportable par moments. Donnant l'impression de vouloir marcher dans les pas de Misfits, la série ne possède pas de comédiens de la dimension de Robert Sheehan pour transformer cette vulgarité en or. La scène dans les toilettes des filles, par exemple, est simplement ridicule, puisant ses références dans des films obscurs comme "Not Another teen movie".

Mais le pire reste la scène du toit mal amenée, mal fichue, proposant une rencontre entre Neil et Paul qui semble tout droit sortie de "Teen Wolf", le héros nous faisant une apparition à la Capitaine Intensité. Mais en parallèle à ces maladresses, The Fades est aussi capable du meilleur, proposant une approche intéressante sur la difficulté de choisir un sachet de chips et révélant au passage une jeune actrice étonnante nommée Sophie Wu. Résultat, le show nous balade perpétuellement entre le très bon et quelques fautes de goût vite pardonnées, surtout au vu de sa dimension mythologique impressionnante.

 

Un monde rempli de spectres

Si la série semble particulièrement influencée par Clive Barker, cela se retrouve dans la manière dont le récit propose une idée fantastique forte en évoquant une possible porte sur le point de s'ouvrir sur un monde funeste. Comme dans certaines oeuvres du grand écrivain anglais, l'univers est sur le point de s'ouvrir sur une menace qui engloutira le monde, poussant un personnage d'apparence banale à accepter sa destinée, à savoir empêcher cette invasion. Mélangeant plusieurs styles visuels et narratifs, la série aborde la mort comme une évolution nécessaire empêchée par notre urbanisation excessive.

Le monde est hanté de spectres qui ne comprennent pas leur situation, trouvant avec Anna un personnage qui devrait être très intéressant. La scène de la forêt est d'ailleurs assez impressionnante et permet à l'épisode de se clore avec une scène d'averse d'oiseaux bibliques. En conclusion, The Fades est une série qui étonne, énerve, fascine et parvient malgré quelques maladresses à nous convaincre d'aller plus loin dans un univers de lumières, de cendres  et de pouvoirs magiques plus que mystérieux.

 

J'aime :

  •  l'univers visuel fascinant 
  •  l'influence de l'oeuvre de Clive Barker étonnante 
  •  la scène de la forêt et son final biblique 
  •  la direction artistique surprenante 
  •  certaines scènes vraiment drôles ...

 

Je n'aime pas : 

  •  ... d'autres très lourdes 
  •  certains raccourcis narratifs regrettables

 

Note : 14 / 20 

Il n'est pas encore temps de crier au génie, mais The Fades s'impose comme une vraie originalité, avec un univers vaste et foisonnant particulièrement excitant. Une vraie série fantastique, associant les défauts d'un teen show avec les qualités d'un univers qui semble tout droit sorti d'un roman de Clive Barker. Surprenant et à découvrir.

L'auteur

Commentaires

Avatar Koss
Koss
Déjà que j'imaginais que ça allait être terrible ce truc, mais avec ta critique, j'ai encore plus envie d'y courir. Par contre, la BBC, pour faire de belles images, je ne sais pas comment ils font, mais ils sont sacrement balèse !

Avatar sephja
sephja
je pense qu'elle mérite le coup d'oeil (en espérant que tu aimes car il y a des défauts) Tout à fait d'accord pour ta réflexion sur la BBC. Mais leur réalisateurs sont bons

Avatar Altaïr
Altaïr
je me laisserais peut-être bien tenter...

Avatar Taoby
Taoby
Pareil, ça me branche carrément en fait.

Avatar CaptainFreeFrag
CaptainFreeFrag
Je me la mate aussi dans la journée ou dans le week-end. Sephja, t'as de la chance, de critiquer des bons trucs :p

Avatar sephja
sephja
luck va être super, c'est toi qui a de la chance. The Fades et prime suspect, ce sont les deux séries auxquelles je tenais le plus. Maintenant, je peux ajouter revenge

Avatar Gouloudrouioul
Gouloudrouioul
Je suis bizarrement d'accord avec ta critique, tout ce que tu dis est on ne peut plus vrai. En fait je crois que pour moi tous les défauts que tu cites dominent largement les qualités et m'ont empêché de rentrer dans la série.

Image The Fades
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