Critique : The Fades 1.06

Le 30 octobre 2011 à 11:34  |  ~ 8 minutes de lecture
Un season final aux allures de fin du monde qui offre l'affrontement attendu entre Paul et John.
Par sephja

Critique : The Fades 1.06

~ 8 minutes de lecture
Un season final aux allures de fin du monde qui offre l'affrontement attendu entre Paul et John.
Par sephja

La fin pour les morts et les vivants 

John et son groupe de morts-vivants traînent dans les rues, à la recherche des dernières personnes à ne pas s'être enfuies, cherchant une nourriture qui se fait rare. Paul, de son côté, cherche à rouvrir l'accès à l'ascension, mais ne parvient pas à trouver le point d'origine de celle-ci, tandis que ses prémonitions ne cessent de lui rappeler qu'il lui reste peu de temps avant de mourir. C'est alors qu'il découvre que Neal a pris en otage toute sa famille pour le pousser à affronter John.

 

Résumé de la critique 

Un épisode agréable que l'on peut détailler ainsi :

  •  un volet aux allures de Western qui offre un affrontement réussi 
  •  un épisode qui traine beaucoup pour ne rien dire 
  •  la définition tragique d'un mal nécessaire 
  •  un bilan de la saison 1 

 

 

Un décor aux allures de western

Après la fuite de la population, les derniers survivants doivent affronter l'équipe des morts-vivants de John, celui-ci refusant de partir sans avoir d'abord liquidé Paul. L'occasion de sortir les armes pour un Joe Dempsie toujours aussi bon, envoyant son armée de zombies à la recherche d'un ennemi fuyant, caché avec Alice dans les recoins de la ville. Au centre de l'épisode, Paul essaie de fuir son destin, à la recherche d'un point d'ascension hypothétique qui lui permettrait de renvoyer les morts dans l'au-delà.

Contrairement aux habitudes du show, l'affrontement final est loin d'être décevant, mais souffre d'un démarrage qui cherche à clore plusieurs storylines totalement inutiles. Le personnage de Mark en est le plus bel exemple, longuement présenté au début de la saison, sa seule action dans ce final se limite à fuir la ville lors d'une scène vraiment discutable. De même, la prise d'otage de Mac ne servira pas à grand-chose, hormis fournir du dialogue à cet insupportable bavard toujours aussi peu drôle.

Les défauts de la série sont encore là, surtout que Paul continue à ne pas s'affirmer, incapable de prendre son destin en main. Le jeu de Ian de Caestecker est d'ailleurs toujours aussi peu convaincant, posant la question d'une possible erreur de casting tant le comédien aura fréquemment usé la crédibilité de la série. Heureusement, l'affrontement va profiter d'un visuel toujours remarquable, parvenant à achever une série qui aura beaucoup déçu malgré des qualités évidentes particulièrement mal exploitées.

 

Un scénario non maîtrisée

Construit comme un western, l'épisode va se bâtir sur la longueur, cherchant avant tout à resserrer l'intrigue sur les deux personnages principaux ce qu'il parvient plutôt bien à faire. Seulement, pour arriver à ses fins, The Fades a la fâcheuse manie de poser les personnages là où cela l'arrange, de l'intervention providentielle du père de Mac à l'apparition un peu trop opportune de Sarah. Les évènements s'enchaînent de manière abrupte, les scénaristes cherchant plus à orienter l'épisode dans la direction voulue quitte à délaisser la vraisemblance.

Neal est l'exemple parfait du personnage qui aura le plus souffert des changements d'orientation du scénario, ses motivations restant pour le moins confuses. De même, on se demandera comment John peut savoir certaines choses, les auteurs n'arrivant pas à évoquer le passé de leur personnage sans sombrer dans une certaine confusion. Le manque de profondeur du héros, les problèmes d'enchaînements, tous ses éléments viennent nuire à la crédibilité indispensable pour une série fantastique comme The Fades.

Le choix de Sarah, pourtant central dans cette intrigue, est mal amené, le scénario n'arrivant pas à montrer son hésitation entre le camp des vivants et celui des morts. Jamais expliquées, ses motivations restent obscures, les scénaristes n'ayant jamais réussis à prendre la mesure de ce personnage. Du coup, le final, bien que spectaculaire, ne possède pas l'intensité voulue et paraît finalement assez mécanique, n'explorant que trop tard le besoin de John de rester vivant et sa peur de retourner dans les limbes.

 

 

Le mal nécessaire (Spoiler Alert)

Pour un récit fantastique, posséder une incarnation du mal est une nécessité, celle-ci devant prendre deux formes : une humaine plus faible et une abstraite et a priori immortelle qui entraîne à la fin le sacrifice du héros. Si The Fades a bien développé la première incarnation avec John, elle a totalement négligé la seconde au profit d'un cliffhanger assez vain, la série n'ayant que peu de chance d'être renouvelée. Cette forme abstraite et mystique sert à mettre en péril la vie des proches du héros, le poussant à se battre contre une force en apparence supérieure.

Si l'identification du mal est nécessaire alors le fait que Neal tue Jay devant le héros devient une monumentale erreur, encore plus que Paul ne fasse aucune action pour punir le coupable. Cette scène du meurtre de la jeune femme est l'exemple parfait du manque de crédibilité d'un show prêt à sacrifier le désir de se battre de son héros pour le transformer en un vulgaire soldat aux ordres de Neal. Si le mal est nécessaire, alors jouer ainsi à troubler la frontière entre bien et mal si près de la fin est un bêtise, poussant le spectateur à se demander pourquoi Paul laisse sans protection toute sa famille.

A la fin du premier Superman, Clark Kent revient dans le temps pour sauver Loïs Lane car elle incarne sa part d'humanité, une force à l'origine de son désir de se battre pour les hommes. Tuer ainsi un tel personnage est un risque monumental, surtout que la réaction de Ian de Caestecker est loin d'être convaincante, son visage ne montrant qu'une douleur assez mesurée, comme s'il était insensible à cette disparition. Une scène qui montre tout le problème avec The Fades, show visuellement élégant qui multiplie les références, mais ne maîtrise pas les codes du genre, accumulant les scènes chocs uniquement pour masquer d'énormes invraisemblances.

(Fin Alerte Spoiler)

 

Bilan de la saison un 

Série fantastique anglaise, The Fades possédait au démarrage un charme certain, grâce à un visuel remarquable, les visions d'Apocalypse renvoyant à un univers digne de Clive Barker. Seul le casting peinait à convaincre, le héros trop lymphatique traînant avec lui son meilleur ami Mac, personnage à la fois soûlant et pas vraiment drôle, preuve que la culture geek n'est pas soluble dans la littérature fantastique. L'idée principale, assez ingénieuse, consistait à imaginer que le développement des villes avait entraîné la fermeture des portes vers l'au-delà, poussant les morts à errer  parmi nous.

A des années-lumière de l'excellent "Ainsi vivent les morts" de Will Self, les auteurs de The Fades posent les bases d'un univers troublant, entre chair et esprit. Les morts peuvent revenir à la vie en nous mangeant, créant une nouvelle race d'êtres humains invincibles guidés par John. Cette part de l'intrigue doit beaucoup à la performance de Joe Dempsey, évitant que l'on se pose la question du miracle à l'origine du retour de ces êtres désincarnés à la vie. Très vite, The Fades laisse apparaître des zones d'ombres, surtout du côté des Angelics qui luttent contre ces créatures.

Cumulant invraisemblances, erreurs de scénario, ellipses gênantes, les auteurs ne maîtrisent à aucun moment leur script et offrent des épisodes entiers de remplissage. Les personnages manquent de caractère, ne sont jamais vraiment développés et laissent la désagréable impression d'un beau gâchis. Peu crédible, voire même par instant ridicule, The Fades agace autant qu'elle fascine, associant fréquemment le meilleur (la discussion avec John sur les toits) avec le pire (les apparitions de Neal dans la chambre du héros façon Teen Wolf, ou tout simplement Mac inutile et insupportable).

Au final, beaucoup de déceptions pour un show maladroit, bâclé et qui aura eu comme seule qualité de garder le meilleur pour la fin... sauf qu'ici c'est en fait un défaut.

 

J'aime : 

  •  Joe Dempsie impeccable 
  •  le final spectaculaire et assez prenant 
  •  la réalisation toujours impeccable 

 

Je n'aime pas : 

  •  la scène entre Mac et Anna 
  •  la scène entre Neal et Jay 
  •  le jeu de Ian de Caestecker

 

Note : 12 / 20 

Un final correct pour une série qui repose essentiellement sur la performance de Joe Dempsie et un visuel particulièrement impressionnant. A l'opposé, le jeu de Ian de Caestecker et certaines maladresses narratives empêchent d'apprécier cet affrontement au maximum, les ficelles du scénario étant vraiment trop visibles. 

L'auteur

Commentaires

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arnoglas
Avis modéré par la rédaction de Série-All.

Image The Fades
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