School Cannibal
Paul rentre chez lui et découvre un univers au bord du chaos, les disparitions se multipliant au rythme où les morts retrouvent un corps de chair et de sang. La police cherche alors à recruter des volontaires pour relever la liste de toutes les disparitions dans leur nouveau QG installé dans l'école de la ville. Un petit garde-manger pour John qui prépare son piège dans lequel viennent se jeter Mac, Jay, Paul et toute sa famille.
Résumé de la critique
Un épisode moyen que l'on peut détailler ainsi :
- un univers fantastique qui verse dans le survival basique et peu inspiré
- des personnages mal exploités pour une série qui manque de caractère
- un manque de construction flagrant malgré quelques bonnes idées
- Joe Dempsey particulièrement convaincant
Survival horror mou
L'épisode commence par le retour de Paul chez lui, offrant à la série un petit instant de répit avant de nous ramener au flash-back concernant la mort de sa famille. Le temps des réponses est sur le point de commencer, mais va passer d'abord par une séquence de survival assez classique dans l'école transformée en quartier général de la police. Pour John, il s'agit de récupérer un maximum de corps afin d'accroître son armée de cannibales immortels. Evidemment, les scénaristes vont user d'un argument particulièrement peu convaincant pour y envoyer Paul et sa famille dans la gueule du loup.
Les ficelles sont grosses, comme toujours avec The Fades et la série va se montrer moyennement inspirée, la faute à un scénario peut subtil qui fait clairement du remplissage, alignant les idées sans chercher vraiment à les développer. La principale bonne idée est que les morts-vivants étant en tout point identiques à nous, il est donc difficile de les différencier des victimes, augmentant la paranoïa du groupe de survivant. Seulement, comme à chaque fois dans The Fades, la bonne idée est vite balayée, les créateurs choisissant de faire que les monstres se reconnaissent au filet de sang humain qui coule sur leur joue.
L'épisode vire alors à la chasse à l'homme pathétique, confuse du point de vue géographique et manquant cruellement de crédibilité. En héros, Paul découvre l'étendue de ses pouvoirs et passe enfin à l'action avant de changer d'avis pour se poser des questions existentielles pas vraiment passionnantes. Plombé par des références geeks clairement hors contexte, la série cherche encore son identité, la faute à un personnage principal agaçant et sans charisme et à un humour qui se veut décalé, mais se révèle souvent pathétique.
Des personnages mal construits
Une fois le huit-clos lancé, l'équipe doit survivre dans l'école, pendant que certains survivants comme Marc sont enfermés et ligotés dans le gymnase, attendant une mise à mort imminente. Plutôt que de jouer sur ces deux dimensions du récit (mobile pour Paul, statique pour Marc) et de nous familiariser avec le décor et la géographie des lieux, la série multiplie les séquences clichées, misant tout sur le potentiel de sympathie discutable de son groupe de héros. Et c'est là que The Fades se heurte à son plus gros problème, car le personnage le mieux réussi est incontestablement le chef des monstres, John, incarné par un Joe Dempsie remarquable.
A l'opposé, le héros Paul reste toujours aussi passif et peu charismatique pendant que Mac multiplie les blagues vaseuses et les références lourdes, détruisant les efforts du metteur en scène pour installer un climat de tension. Jay n'apporte pas grand-chose, hormis devenir la cible prévisible de John et pousser Paul à agir et à accepter les conséquences du fait d'être un héros. Quant aux autres personnages, ils vont être totalement abandonnés, Marc ne profitant que d'une ligne de dialogue pour confirmer son manque d'intérêt malgré le développement dont il fit l'objet en début de saison.
The Fades confirme ici son manque de travail préparatoire, se confrontant avec Marc au symbole du manque de conviction d'une intrigue qui nous aura trop baladée pour être encore crédible. Et je passe sur l'arrivée miraculeuse de Neal dans l'école qui flirte avec le ridicule et les nombreuses incohérences d'un scénario qui ne maîtrise rien.
Ne jamais réécrire une histoire en cours de route
Mais quelque chose de bien pire nous attend durant l'épisode qui commençait, je le rappelle, par l'évocation du flash-back de début de saison concernant la mort de la famille du héros. L'occasion était parfaite pour les scénaristes de nous prouver que cette scène était plus qu'une simple promesse dans le vent, mais la preuve d'une construction sur la longueur. Hélas, la série va faire ce qu'il y a de pire en optant pour une réécriture de l'histoire, les flashs de Paul n'étant qu'une version de la réalité qu'il serait visiblement capable de modifier.
Ce procédé, s'il peut sembler crédible au premier abord, permet surtout aux scénaristes d'adapter ses visions comme ils le désirent, preuve une fois de plus que tout le premier acte de la série n'était que poudre aux yeux. Difficile dès lors de ne pas s'agacer devant les rebondissements aberrants et la mort de certains personnages charismatiques là où le meilleur ami / boulet survit. Seul le voyage de Sarah dans le royaume de John aura fourni quelques scènes intéressantes, relevant le niveau d'un épisode réellement médiocre.
Entre incohérence, bavardages inutiles et ellipses grossières, The Fades donne l'impression d'avoir été écrit par un amateur n'ayant finalement soigné que le pilote, en espérant que le reste en découlerait logiquement. Reste une réalisation impeccable, symbolique du gâchis que représente cette série, visuellement élégante, mais à la construction désastreuse.
Un personnage qui sauve la série
Depuis Skins, à l'exception d'une apparition dans GoT, Joe Dempsie n'avait jamais à ce point crevé l'écran, offrant avec John le seul personnage vraiment intéressant de la série. Comme il le souligne avec justesse, il est celui qui ramène les morts à la vie, le vrai héros de cette histoire là où Paul... ne fait pas grand-chose au final. Avec un jeu très maîtrisé et assez intense, il est clairement le point fort d'un show en roue libre qui ne peut plus se raccrocher qu'à lui, Neal ayant été réduit au statut de simple couteau suisse narratif.
En conclusion, un épisode construit sur le principe du survival, mais qui s'égare vite dans les méandres d'un scénario absurde, mal construit et fréquemment incohérent. Les personnages sont si peu attachants qu'il est difficile de trouver un intérêt à ce huit-clos bizarre, où les ellipses agaçantes se succèdent, permettant aux scénaristes de ne jamais se soucier de la vraisemblance. Le season final de la semaine prochaine s'annonce confus et chaotique, mais mettra fin à ce qui s'impose comme un ratage indéniable.
J'aime :
- la direction artistique impeccable
- Joe Dempsey vraiment convaincant
Je n'aime pas :
- le scénario incohérent
- Mac rarement drôle
- le héros toujours aussi mollasson
- la réécriture de l'histoire qui trahit le manque de préparation de la série
- Neal déplacé de droite à gauche, au gré des auteurs
Note : 09 / 20
A un épisode de la fin, The Fades s'effondre sur lui-même prouvant le manque de travail préparatoire d'un scénario qui respire un amateurisme assez agaçant. Entre ellipses incohérentes et récit mal structuré, la série apparaît comme un sérieux gâchis, surtout au vu du potentiel de départ du show. Maladroit et décevant.
sephja
