Un peu moins d'événements que les autres jours pour ce samedi. Mais tout de même des diffusions de séries, des conférences et des rencontres.
L'Eglise n'aura plus de secrets pour vous
Rassurez-vous, ce n'était pas une invitation douteuse au catholicisme, mais bien une conférence à propos des secrets de fabrication de la série française Ainsi soient-ils (dont nous avons parlé lors du compte rendu de la cinquième journée), traitant de l'univers de l'Eglise catholique.
Cette conférence, menée par Olivier Joyard, s'est révélée être très intéressante à propos de la situation actuelle de la création de séries de fiction en France. En effet, ces quatre créateurs (Bruno Nahon, Vincent Poymiro, David Elkaïm et Rodolphe Tissot) se sont montrés véritablement passionnés dans leur discours et leur volonté de créer une série véritablement artistique. Mais c'est leur vision sur le processus de création d'une série de qualité qui s'est particulièrement montrée exemplaire dans le paysage français. Ainsi, selon le créateur et producteur Bruno Nahon, le résultat à l'écran devait être «organique», c'est-à-dire que les personnages devaient déterminer les dialogues et l'esthétique, et non l'inverse. Pour cela, leurs influences étaient des séries comme NYPD Blue, The Wire ou Six Feet Under, et dans cette même démarche ils ont fait appel au scénariste québecquois Pierre-Yves Bernard. Ils ont également fait le choix d'une certaine lenteur, d'un rapport fort intérieur/fort extérieur lié à l'intime plutôt que de grands conflits à chaques scènes, ou encore d'un mélange particulier de plusieurs genres.
Leurs rapports avec leur chaîne de diffusion (Arte) ont également été évoqués, notamment au niveau du budget et des contraintes que cela a pu engendrer. Ils ont donc dû se poser la question de comment rendre leur série aussi artistique que possible, malgré un plan de tournage fixe et une deuxième caméra peu disponible. Malgré tout, les 500 000 euros accordés par la chaîne se sont visiblement révélés plus efficaces au niveau esthétique que les 800 000 généralement accordés par les autres chaînes hertziennes.
Rencontre avec Gideon Raff
S'en est suivie une recontre avec Gideon Raff, le créateur de la série israélienne Hatufim et co-créateur de Homeland, sa version américaine. La rencontre était comme d'habitude intéressante, notamment au niveau des différences entre les deux séries évoquées au-dessus.
Au niveau de la production, la différence était par exemple évidente. Comme il s'amusait à le dire, le pilote de Homeland a coûté la même chose que deux saisons d'Hatufim. Le processus d'écriture était lui-aussi radicalement différent, puisque Gideon Raff a écrit les quatorze épisodes des deux premières saisons de sa série israélienne, ce qui bien sûr n'a pas été le cas pour la série américaine. Au niveau du contenu en lui-même, les deux personnages principaux de Hatufim ont été combiné en un seul (interprété par Damian Lewis) dans la version américaine afin de laisser plus de place aux enquêteurs, et notamment au personnage interprété par Claire Danes, que Gideon Raff aimait particulièrement car le spectateur ne pouvait pas lui faire confiance.
D'ailleurs, Homeland a remporté dimanche le prix du public (ex-aequo avec Top Boy), sans doute grâce au mélange efficace entre thriller et drame, sur lequel Gideon Raff a particulièrement travaillé.
Ce samedi, on a fait le pont
Enfin, les deux premiers épisodes de la série suédo-danoise Bron/Broen (ou The Bridge, en anglais) ont été diffusé sur grand écran. Ce polar, reposant sur une ambiance froide et un duo d'enquêteurs improbable, s'inscrit dans la lignée du succès de The Killing, adaptée l'année dernière aux Etat-Unis.
Si l'immersion au départ est un peu difficile, on s'habitue peu à peu à l'ambiance glaciale composée d'un humour très noir et de couleurs particulièrement poisseuses, aux deux enquêteurs souvent responsables de rires chez le spectateur, et du rythme très lent de l'enquête. Celle-ci progresse malgré tout petit à petit, offrant quelques moments de tensions. Mais les épisodes se concentrent surtout sur la vie des deux enquêteurs, l'une habitant en Suède, l'autre au Danemark, à l'aide de situations souvent très dramatiques. La série est donc une bonne surprise, même si elle souffre peut être parfois de la comparaison avec son aînée.
Résultat des élections (les autres)
A l'heure où nous écrivons ces lignes, les résultats du prix du public et de la presse internationale ont été communiqués sur le site du festival. Ainsi, comme vous avez pu le lire au-dessus, le prix du public a été décerné ex-aequo à Homeland et Top Boy. Quant aux prix du jury, ils ont été décernés à Ainsi soient-ils pour le prix de la meilleure série, à Gilbert Melki de Kaboul Kitchen pour le prix d'interprétation masculine, ainsi qu'à Zara Prassinot, Camille Claris et Alysse Hallali de Clash pour le prix d'interprétation féminine. À noter que ces prix ne concernaient que les séries françaises.
Et voilà, c'était tout pour ce samedi 21 avril.
Ce à quoi Serie-all n'a pas pu assister :
- La diffusion des trois premiers épisodes de la série américaine Enlightened (dont vous pouvez retrouver la critique du pilot ici)
- La diffusion des trois premiers épisodes de la série israélienne Hatufim
- La diffusion des trois premiers épisodes de la série française Kaboul Kitchen suivie d'un débat
- La diffusion de l'intégrale de la deuxième saison de la série américaine The Walking Dead (il fallait un certain courage pour la faire celle-là)
- La diffusion de deux épisodes de la série française Caïn
Les autres articles sur Series Mania saison 3 :
- Compte rendu du Festival Series Mania : Jour 5
- Compte rendu du Festival Series Mania : Jour 4
- Compte rendu du Festival Series Mania : Jour 2
- Compte rendu du Festival Series Mania : Jour 1
- Présentation du programme
- Site officiel
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