Critique : American Horror Story 6.01

Le 03 octobre 2016 à 12:54  |  ~ 34 minutes de lecture
La saison 6 se dévoile enfin. Deux de nos rédacteurs fans d’American Horror Story confrontent leurs avis et c’est Billie Dean Howard qui est là pour les interviewer.
Par Cail1

Critique : American Horror Story 6.01

~ 34 minutes de lecture
La saison 6 se dévoile enfin. Deux de nos rédacteurs fans d’American Horror Story confrontent leurs avis et c’est Billie Dean Howard qui est là pour les interviewer.
Par Cail1

Bienvenue cher public. Je suis Billie Dean Howard, medium de profession. Vous me connaissez probablement pour avoir été dans la maison des cinglés de la saison 1 de votre série préférée. Depuis que je me suis fait attaquée par des fantômes tueurs dans un hôtel, j’ai décidé de me reconvertir dans le simple reportage d’opinion, et plus particulièrement des séries TV. C’est bon, vous suivez toujours ? Bien. J’ai ici avec moi deux membres de l’équipe de Série-All, Cail1 et Galax, qui vont nous donner leurs avis de spécialistes sur la plus récente des saisons d’American Horror Story, j’ai nommé : My Roanoke Nightmare

 

Critique Roanoke Interview

 

Après des mois de teasing et d’attente, le secret très bien gardé de cette saison 6 est enfin tombé. Mais que vaut vraiment ce nouveau départ ? La série se dirige-t-elle vers un retour en force ou vers un échec ? Le succès de la série, aussi bien critique que commercial, n’a pour l’instant pas l’air d’être au rendez-vous. Et hum… je peux déjà lire dans les pensées de nos rédacteurs que… oui… oui en effet, ils n’ont pas l’air très emballés non plus… Oh ! pardon, parfois ma nature de medium me revient vite. Hem hem bref. Nous avons beaucoup de choses à couvrir dans cette interview, alors commençons sans plus tarder. C’est bon, on est prêt à tourner ? Alors c’est parti !

 

~~~

 

Billie : Tout d’abord, évoquons la campagne promotionnelle de la série. Cette année, la chaîne FX et les producteurs du show ont préféré jouer sur la curiosité des téléspectateurs en dissimulant le thème de la saison, et en privilégiant les teasers accrocheurs au trailer classique. Que pensez-vous de cette campagne ?

 

Galax : Clairement Billie, je n’étais pas fan du jeu lancé par les créateurs autour du thème de la saison. Tentative évidente de créer du buzz après une saison 5 aux audiences en baisse, il me semblait plus que certain que tout finirait par être une grosse mascarade et que la saison possédait bien plus de secrets que ce qu’on voulait nous faire croire. Cela dit, la simple excitation de ne pas savoir le thème a été, indépendamment du jeu avec les teasers, très bien gérée, le secret conservé avec brio jusqu’au jour de la diffusion. Tout cela a relancé ma hype autour de la série. Au moment de lancer l’épisode, je voulais plus que TOUT savoir quel était le thème et avoir enfin droit à des images de la saison.

Cail1 : Si vous voulez mon avis, le problème avec ce genre de stratégie, c’est qu’elle en vient à susciter tout un tas de d’interrogations, de théories et de rumeurs sur le net. Par là même, elle fait naître de faux espoirs dans le cœur de certains fans, qui se mettent à imaginer les thèmes les plus fous. Malheureusement, c’est bien connu : c’est souvent de l’espoir que naît les pires déceptions. Slender Man, The Mist, expérimentations scientifiques, voyages dans l’espace… Nous avions lu beaucoup de théories concernant le possible thème de cette nouvelle saison, mais rares sont ceux à avoir pensé à Roanoke. D’ailleurs, en découvrant ce nom la première fois, ma réaction a surtout était de dire "Roanokoi?".

Galax : Ah ah, idem. Ce pilote aurait vraiment pu d’ailleurs mieux expliquer l’histoire de Roanoke et apporter tout de suite quelques réponses. Ce ne devrait pas être à nous d’aller sur Google pour comprendre à quoi la série fait allusion.

Cail1 : Oui, surtout que cela joue un rôle énorme sur la manière de regarder et recevoir l’épisode, justement.

 

Billie : Et alors, quelles sont vos premières impressions ?

 

Galax : Elles sont très bonnes. Du moins, pour les premières minutes du pilote. Dès le début, on sent que la saison sera bien différente : sous forme de documentaire reconstitué – un classique dans le genre de l’horreur, cf. toutes les reconstitutions d’histoires surnaturelles – on est un peu perdu au début. Le format est également très intrigant. L’attente valait le coup et j’espère même qu’à l’avenir les thèmes de chaque saison seront cachés, c’est beaucoup plus marrant de cette façon.

Cail1 : Mouais. Je suis beaucoup moins enthousiaste que mon collègue. Comme lui, j’ai beaucoup aimé le fait d’être surpris au début de l’épisode. Mais cet effet de surprise s’est très vite évaporé chez moi… avec des impressions de déjà-vu qui ont pas mal entamé mon enthousiasme. Et puis, ils ont osé toucher au générique. Pour moi, une saison d’American Horror Story sans générique, c’est juste inconcevable.

 

Billie : Du coup, votre avis sur le thème ?

 

Cail1 : Ce qui est certain, c’est que ce thème est assez mystérieux. Sa faiblesse, c’est que du coup, il risque d’avoir un peu de mal à susciter l’enthousiasme de prime abord. Surtout que comme nous le disions tout à l’heure, la série n’apporte pas suffisamment d’informations dans ce premier épisode pour savoir de quoi il s’agit vraiment. Mais bon, ce thème a au moins le mérite d’être surprenant et pour moi, c’est un gros point positif. De plus, en ayant fait quelques recherches sur le sujet depuis, je me rends compte qu’il y a vraiment matière à proposer quelque chose d’intéressant et de pertinent sur le long terme.

Galax : De mon côté, j’aime beaucoup, beaucoup l’idée de s’éloigner du simple nouveau "lieu de fiction" horrifié (l’asile, le couvent, le cirque, l’hôtel…) pour baser la saison sur un mythe passé, sur une idée, sur tout un concept. Le mystère de Roanoke a en effet tout pour plaire et correspond parfaitement à l’ambition de Ryan Murphy cette année : renouer avec l’origine plus sobre de la série tout en pouvant s’éclater à étendre la mythologie du show.

 

Billie pensive

 

Billie : La mythologie du show ? Que voulez-vous dire par là ? Laissez-moi deviner... les connexions entre les saisons ?

 

Galax : Précisément. Car en effet, le mystère des disparitions de Roanoke dans le passé de l’Amérique a déjà été mentionné dans la première saison de la série, par vous, Billie. Le potentiel pour créer des liens entre la maison hantée de la saison 1 et celle de la 6 est bien présent, par exemple. Et puis, l’histoire de la colonie perdue Roanoke est creepy à souhait ; ajoutez-moi un peu de flashbacks à tout ça, et ça sera parfait.

 

Billie : Au final, c’est donc un bon thème ?

 

Galax : Attention, il faut rester sur nos gardes. Qu’est-ce qui nous dit que la saison ne se concentrera que sur Roanoke ? Qu’est-ce qui nous dit qu’elle ne va pas basculer sur autre chose ? Qu’est-ce qui nous dit que c’est vraiment cela, le sous-titre de la saison ? En l’absence du générique (ce qui est très frustrant, même si je comprends la volonté de faire sobre), nous ne regardons officiellement pas "American Horror Story", mais "My Roanoke Nightmare". Une autre émission, une reconstitution. Un show dans un show. Ce que j’ai d’ailleurs énormément apprécié comme idée… Bref. Peut-être que c’était juste pour l’effet de buzz du premier épisode et que le prochain sera plus classique dans sa forme, contiendra un vrai générique et le sous-titre "American Horror Story : Roanoke". Ou peut-être que tout cela sous-entend plus de choses, une autre histoire derrière, la vraie "american horror story" qu’on attend. Peut-être que la reconstitution ne durera pas toute la saison et que l’on suivra une autre chose ensuite. À voir comment cela se développera tout au long de la saison.

 

Billie : Justement. Tout à l’heure, Cail1, vous disiez qu’avec ce thème, il y avait matière à proposer quelque chose d’intéressant sur le long terme. pouvez-vous préciser votre pensée ?

 

Cail1 : Si on ne doit juger ce thème que sur ce season premiere, autant être honnête : il est loin d’être engageant. À sa décharge, il faut dire qu’il est amené de manière très maladroite, puisqu’il reste finalement assez secondaire. Pire encore : ce premier épisode reprend un peu trop le principe de la maison hantée que la série a déjà eu l’occasion d’exploiter lors de ses première et cinquième saisons, et ce au détriment de ce nouveau thème dont on ne sait finalement pas grand-chose à l’issue du premier épisode. Comme nous l’avons déjà dit plusieurs fois au cours de cet entretien, la plupart des gens ont été obligés de faire une recherche sur internet pour savoir ce qu’il en était vraiment.

De mon point de vue, la série aurait gagné à tout de suite mettre l’accent sur la particularité de ce thème, à savoir la disparition d’une colonie anglaise sur l’île de Roanoke au 16ème siècle. À la place, elle choisit de nous présenter un couple qui s’installe dans une maison où il se passe des choses étranges. Dans le genre classique, il n’y a pas pire, et même si on devine que les "fantômes" de cet épisode doivent être les pionniers de cette colonie, ils restent ici trop secondaires pour être attrayants et enthousiasmants.

 

Billie : Parlons du casting, le deuxième grand mystère gardé par toute l’équipe d’American Horror Story. Le voici :

Faisons le bilan. Déjà, que pensez-vous des nouvelles recrues ?

 

Galax : André Holland et Cuba Gooding Jr., je suis assez content, surtout pour ce dernier que j’ai découvert dans la fantastique American Crime Story. C’est un peu bizarre de voir Marcia Clarke et O.J. Simpson se faire des papouilles, mais on s’y fera. ^^

Cail1 : C’est toujours un plaisir de découvrir de nouvelles têtes dans American Horror Story, et ça l’est encore plus quand les acteurs en question font du bon boulot.

 

Billie : Quant aux autres ? On retrouve bien évidemment les cinq habitués : Bassett, Bates, O’Hare, Paulson, Peters ; mais il y a quelques retours assez inattendus.

 

Galax : En effet, je suis très content de les revoir. Pour les autres, ça dépend. Par exemple, je n’ai rien contre Cheyenne Jackson mais je suis un peu déçu de le retrouver à nouveau en personnage principal, quand j’avais trouvé son rôle en saison 5 vraiment transparent et inintéressant. Peut-être était-ce dû à son personnage, je l’ignore. En revanche, très bonne surprise de voir le retour de Wes Bentley en lead ; j’avais adoré son apparition guest dans la saison 4 comme le sombre Edward Mordrake, et j’ai aussi adoré John Lowe dans Hotel. Et enfin, HYPER content de retrouver Lily Rabe après des saisons de simple apparition guest.

Cail1 : Cela dit, dommage pour Lily Rabe. Comme pour les six acteurs interprétant les trois personnages principaux de ce pilote, leurs rôles ne sont pas forcément à la hauteur de leur talent. On aurait pu espérer un peu mieux pour eux.

 

Billie AHS

 

Billie : Vous m'intriguez. Des rôles qui ne sont pas forcément à la hauteur de leur talent, que voulez-vous dire par là ?

 

Cail1 : Si vous voulez mon avis, c’est vraiment dommage de constater qu’une actrice aussi talentueuse que Lily Rabe soit une nouvelle fois reléguée au second plan. Mis à part dans les saisons 2 et 3, la série ne lui a jamais offert de rôles forts ou marquants. En apprenant qu’elle ferait de nouveau partie des personnages principaux, je m’attendais donc à ce qu’elle fasse un retour remarqué. Ce n’est malheureusement pas le cas dans ce season premiere, où elle doit seulement se contenter d’apparaître face caméra pour témoigner. Un véritable gâchis selon moi, une injustice même, qui j’espère sera très vite corrigée lors des prochains épisodes. J’ai envie d’y croire.

Galax : C’est vrai qu’elle ne semble pas avoir pour le moment un rôle ultra développé mais la saison ne fait que débuter, j’ai bon espoir de la voir sortir de sa pauvre pièce. J’ai le sentiment que la saison nous réserve des surprises dans sa tournure, je pense que la "reconstitution" des faits n’est qu’une étape.

 

Billie : D’ailleurs, l’une des grosses nouveautés de la saison c’est le fait que les acteurs ont une mission un peu différente. Leurs personnages sont interprétés par plusieurs acteurs. Un concept assez déroutant, qu’en avez-vous pensé au final ? Vraie originalité, ou fausse bonne idée ?

 

Cail1 : Eh bien justement, si aucun acteur n’arrive vraiment à se démarquer lors de ce premier épisode, c’est qu’on ne leur propose pas un rôle sur mesure. Par exemple, Sarah Paulson interprète le rôle de Shelby Miller… ou plutôt la version fictive du personnage de Shelby Miller qui, lui, est interprété par Lily Rabe. Vous me suivez ? Comme d’habitude, l’actrice est convaincante et nous n’avons pas grand-chose à reprocher à son jeu. Disons qu’elle fait avec ce qu’on lui donne et que même si elle le fait bien, on aurait malgré tout aimé la voir incarner un rôle un peu plus surprenant que celui-ci. C’est ce qui arrive quand on a déjà incarné dans les saisons précédentes une médium, une journaliste enfermée dans un asile, une sorcière, des sœurs siamoises et une junky… Des rôles à chaque fois surprenants. Ce n’est pas le cas ici.

Galax : Je suis totalement d’accord avec Cail1 sur ce point. Sur le papier, c’est malheureusement une nécessité pour l’aspect "reconstitution des scènes". Dans la pratique, ça ne rend pas bien. Cela limite l’implication de chaque acteur dans leur rôle. Je sais que la série a souvent le but de jouer avec les différents rôles de chaque acteur. Ainsi, en voyant Jessica Lange, on ne se dit pas "oh tiens, c’est elle qui a joué XXX !", on pense à tout son travail dans les quatre premières saisons. Même chose pour Sarah Paulson, Evan Peters et tous les récurrents. Parfois, un rôle est tellement bon qu’on ne se souvient d’un acteur que pour ça (Dennis O’Hare me vient en tête) mais autrement c’est libre. D’ailleurs, dans la saison 5, un même acteur a joué pour la première fois deux personnages différents dans la même saison (Finn Wittrock et Sarah Paulson). Mais à l’intérieur de chaque saison, chaque acteur se mettait vraiment dans la peau de son personnage et se transcendait le temps de treize épisodes. On ne peut plus avoir cela. Bref, la série n’avait jamais expérimenté l’autre sens (un personnage joué par deux acteurs) et je pense qu’on aura du mal à s’impliquer pour les personnages présentés. Je suis très dubitatif là-dessus.

 

Billie : Ce n’est pas le cas de tous les personnages, cela dit.

 

Cail1 : Certes. Mais étonnamment, ce season premiere se contente d’un cast finalement très réduit par rapport à ce que la série nous avait habitué à avoir jusqu’ici. Seuls sept acteurs ont le privilège d’apparaître dans cet épisode. Sachant que Sarah Paulson et Lily Rabe incarnent le même personnage, tout comme Cuba Gooding Jr. et Andre Holland, ou Angela Bassett et Adina Porter, il n’y a finalement que quatre véritables personnages principaux qui semblent se détacher de ce premier épisode.

Galax : Adina Porter !!! Indra dans The 100 <3 !! … Pardon, c’est sorti tout seul. Continue 

Cail1 : Alors oui, le personnage de Kathy Bates est en effet unique, mais reste assez secondaire pour le moment. Pauvre Kathy Bates. Elle ne doit se contenter que de furtives apparitions dans un rôle qui ne surprendra quasiment personne, tellement il semble lui coller à la peau. Quand on connaît le potentiel de l’actrice, on ne peut s’empêcher de penser que c’est quand même un gros gâchis.

Galax : Personnellement, je n’ai même pas vu que Kathy Bates apparaissait dans cet épisode. Son introduction est aussi un peu bâclée.

Cail1 : En fait, il est évident que le problème de ce premier épisode ne vient pas des acteurs-actrices ou de leur jeu, mais bel et bien de leurs personnages, qui sont des espèces d’archétypes déjà vus mille fois. On a d’un côté la hipster un brin écolo fan de yoga et de coolitude, on a aussi le mari complètement dépassé par les événements, sans oublier la femme noire autoritaire et légèrement badass qui ne peut pas piffrer sa belle-sœur… Ces personnages n’ont pour le moment aucune nuance. Si on s’en tient à ces quarante premières minutes, ils sont tous assez lisses. C’est regrettable parce que la série nous avait habitués à beaucoup mieux, y compris lors de ses season premieres.

Très sincèrement, American Horror Story n’a pas du tout gâté ses acteurs lors de ce premier épisode. Je me retrouve partagé entre un sentiment d’excitation de voir réunis tous ces acteurs talentueux, et un sentiment de malaise face aux personnages qu’ils doivent interpréter. Pour tout vous dire, j’ai bien peur que la série soit entrée dans une certaine forme de routine et que celle-ci ne parvienne plus à surprendre. Avoir de bons comédiens, c’est une chose. Avoir de bons personnages, c’en est une autre. S’il faudra attendre de voir comment l’écriture de ces protagonistes va évoluer par la suite pour affiner davantage notre jugement, en l’état, elle est loin d’être convaincante.

 

Billie : Si j’ai bien compris dans l’ensemble, on peut dire que les noms vous font plaisir, mais que pour l’instant, leurs rôles et la façon dont ils sont utilisés dans l’histoire laisse à désirer. J’ai bon ?

 

Galax : C’est ça !

Cail1 : Parfaitement résumé. On dirait presque que vous lisez dans nos pensées.

 

Billie : Ah ah, je ne suis pas medium pour rien, voyons. Aussi, pour finir, quelques informations : le guest cast n’est pas encore entièrement connu mais sont déjà annoncés, entres autres : Finn Witrock, Leslie Jordan, Matt Bomer et Lady Gaga. Voilà. Allez, on fait un petit break et on reprend dans trois minutes. COUPEZ !... Fiou. Je me prends une clope.

 

Pause clope Roanoke

 

[...]

 

Galax : J’en profite pour dire que l’absence d’Emma Roberts est la meilleure chose de ce pilote.

Cail1 : Celle de Lady Gaga a fait ma journée, je dois bien l’avouer… Euh nous ne sommes pas enregistrés là, n’est-ce pas Billie ?

 

Billie : Ah si si, ça tourne à nouveau, depuis dix secondes, désolée ! Bref, reprenons ! "Roanoke" c’est bien beau, le casting et les personnages c’est bien utile, mais parlons peu, parlons bien : que vaut vraiment l’histoire ?

 

Galax : C’est peut-être sur ce point que le pilote est le plus faible – tout sonne très cliché, même si c’est un peu dans le contrat de la série. L’ambiance maison hantée renoue avec les tons claustrophobiques et plus horreur type "épouvante". Cela me ravit, car même si les saisons "stylisées" à outrance avec du gore, une esthétique recherchée et des ambiances noires et absurdes dans Freak Show et Hotel m’ont beaucoup plu, j’ai le sentiment qu’il est temps de passer à autre chose. Seulement, je trouve le cadre bien similaire à la première saison et pas plus emballant que ça.

Cail1 : Je suis d’accord avec Galax. le scénario, c’est sans aucun doute le plus gros raté de ce début de saison. En faisant le choix d’aborder son nouveau thème à travers le prisme d’un couple qui s'installe dans une maison en proie à des phénomènes étranges (apparitions, disparitions, pluie de dents et autres joyeusetés…), American Horror Story prend le risque de répéter une formule qu’elle a déjà exploitée au cours de sa première et de sa cinquième saisons, à savoir la maison hantée. C’est bien simple : mis à part le cadre et quelques événements surnaturels, quasiment tout dans ce premier épisode a une impression de déjà-vu.

C’est en ça que cette entame est un échec : on a l’impression que la série commence sérieusement à tourner en rond et qu’elle n’a plus rien à raconter. Les situations se répètent et finalement, nous avons du mal à voir en quoi ce nouveau thème va parvenir à se distinguer de celui des autres saisons. Comme je le disais précédemment, la série aurait dû tout de suite miser davantage sur la spécificité de son thème plutôt que de nous balancer une repompe de ce qu’elle avait déjà fait.

Galax : Je ne serai pas aussi catégorique que toi sur le fait que la saison peut avoir du mal à se distinguer des autres ; je pense plutôt qu’on a une forte chance d’avoir un gros coup de frais par la suite, mais par contre c’est clair que ce pilote est très mal axé et qu’il met l’accent sur une ambiance déjà vue au lieu de se concentrer sur le thème en lui-même et les choses originales qu’il peut apporter. Et en ce sens, la saison commence assez mal.

 

Roanoke Billie choquée

 

Billie : ... Vous êtes un peu durs quand même. Rassurez-moi Cail1, il y a bien quelque chose qui vous a plu dans ce premier épisode, mis à part le casting et l’aspect surprenant du thème ?

 

Cail1 : La seule véritable particularité de Roanoke pour le moment, c’est d’avoir choisi le format documentaire pour présenter le cadre de son histoire. Ce format documentaire a ça de particulier qu’il amène une fiction dans la fiction. Autrement dit, on suit des personnages – ceux de Sarah Paulson et de Cuba Gooding Jr. - qui interprètent, à travers une reconstitution des faits, les rôles de deux autres personnages – ceux de Lily Rabe et d’Andre Holland, qui eux font office de témoins et relatent les faits, devenant ainsi les narrateurs de l’histoire. Ce choix aurait pu être intéressant à plus d’un titre, si on n'avait pas autant l’impression qu’il n’était qu’un prétexte pour dissimuler la faiblesse d’un scénario sans surprise et qui pour le moment n’a rien de révolutionnaire. Durant toute la durée de cet épisode, je n’ai pas pu m’empêcher de me dire que ce procédé n’était qu’un subterfuge pour offrir de l’originalité à une histoire qui s’en retrouve dénuée.

Galax : Tout pareil. Le format est intéressant mais n’est pour l’instant pas bien employé.

 

Billie : Donc même l’aspect documentaire de ce premier épisode ne vous a pas convaincus ?

 

Cail1 : Le truc, c’est que cette reconstitution documentaire amène un autre souci scénaristique : celui de l’anticipation. Sarah Paulson et Cuba Gooding Jr. rejouent l’histoire des personnages de Lily Rabe et Andre Holland, et ces deux derniers sont là pour témoigner. On devine déjà que ces protagonistes seront toujours vivants à la fin. Autant dire que pour un scénario qui manque déjà d’originalité et qui souffre d’un sentiment de déjà-vu trop prononcé, ce faux documentaire devient très vite une fausse bonne idée. J’ai encore du mal à voir comment les scénaristes vont s’en sortir avec ça, mais dans tous les cas, ça pourrait sentir le boudin.

Galax : Je reste plus positif sur la suite car je suis payé par FX, mais tout pareil sinon !

 

Billie : American Horror Story s’est fait une spécialité de faire des références au cinéma d’horreur. Avez-vous un commentaire à faire sur ces références dans l’épisode que vous venez de voir ?

 

Cail1 : Côté influences, la série emprunte une nouvelle fois de nombreuses références au cinéma d’horreur : il y a un peu de Shining dans cette demeure isolée aux longs couloirs, un peu de The Ring avec cette télévision qui se met en marche toute seule… Comme d'habitude, les références s’accumulent, jusqu’aux voisins légèrement demeurés ou la femme dans le jacuzzi, tous deux des motifs réguliers des slashers et autres films d’horreur. Notons tout de même que la référence la plus évidente de cette saison tient en deux mots : Blair Witch. La forme documentaire, la forêt, les rituels un peu bizarres… de nombreux éléments de ce premier épisode font directement écho au film culte de la fin des années 90. Sur ce point, c’est plutôt encourageant et prometteur je dois l’admettre.

 

Billie : Que pensez-vous de l’esthétique de cet épisode et qui pourrait bien être l’esthétique de cette nouvelle saison ?

 

Cail1 : Dans l’ensemble, le style de ce premier épisode est plus sobre que celui des saisons précédentes, et particulièrement de celui de la saison 5. J’avoue que cet aspect n’est pas pour me déplaire, car contrairement à mon collègue Galax, j’avais moyennement apprécié l’excès de fioritures et d’effets de style dans cette même saison. Je trouve que ça charge un peu trop inutilement l’esthétique générale, en plus de ne pas être toujours pertinent. Il faut savoir qu’à titre personnel, l’horreur est plus efficace sur moi lorsqu’elle surgit dans ce genre de cadre plus proche de ma réalité. Du coup, je suis plutôt convaincu par ce retour à la sobriété.

Galax : L’ennui c’est que du coup, on perd énormément de charme. C’est plus "authentique" mais également beaucoup plus classique. Et je ne parle pas seulement de l’ambiance saison 1 déjà vue dont on a tous les deux parlé plus haut, mais bien de la réalisation, et de l’ambiance visuelle et sonore. C’est vrai, voir Lady Gaga et Matt Bomer faire l’amour en saignant à mort des innocents sous fond de "Hotel California", c’est très loin d’être dans l’esprit horreur classique ; il n’empêche que ces images restent en tête longtemps. La série avait progressivement fait évoluer son registre sérieux en saison 1 en ajoutant de plus en plus de touches absurdes (The Name Game, le côté sitcom ado de la saison 3, le show anachronique d’Elsa Mars, le gore à outrance de la saison 5, etc.).

Je suis donc moyennement convaincu par l’ambiance de ce pilote, qui fait un virage brusque "retour au sérieux" de la première saison. Et surtout, contrairement à plein d’autres aspects, je vois aussi mal la saison réussir à ce niveau-là. On aura bien quelques rituels avec Kathy Bates et autres scènes qui pourront se démarquer, mais je sens que la période comédie-horrifique-trash des saisons précédentes va un peu me manquer. Bon après, la plupart des fans sur internet ont l’air ravis de ce retour à la sobriété et à l’épouvante plus classique, je vais me contenter d’apprécier ce que j’ai là.

Cail1 : Je comprends ce que tu veux dire et je suis même assez d’accord avec toi. Moi-même, j’étais complètement fan des petits shows improbables de Jessica Lange. Ce n’est pas cet aspect absurde que je remets en question, mais le gore à outrance et les effets trash de plus en plus appuyés. Pour moi, il y en avait beaucoup trop lors des précédentes saisons et je suis donc content qu’on revienne à quelque chose d’un peu plus simple par rapport à ça. Quelque chose qui soit moins dans la démonstration à outrance.

 

Billie AHS

 

Billie : Nous approchons de la conclusion de cet interview. En quelques mots seulement, vos impressions sur cet épisode ?

 

Cail1 : Si certains parlent déjà avec Roanoke d’un retour aux sources, et même si je suis content de ce retour à la sobriété, pour ma part, je vois surtout cette saison comme un retour en arrière, une preuve de plus s’il en fallait qu'American Horror Story est arrivée au bout de son concept et qu’elle peine désormais à se renouveler. J’espère me tromper, mais c’est l’impression que me laisse malheureusement ce premier épisode.

Galax : Pour ma part je reste confiant sur la capacité qu’a la série à se renouveler, du moins j’espère qu’elle apportera le vent de fraîcheur nécessaire. Dans ce pilote on commence tout juste à sentir la brise, mais l’odeur de renfermé de cette maison hantée gâche un peu le plaisir.

Si je devais juger ce pilote uniquement donc, ça ne serait pas une bonne note du tout pour le scénario, pas assez palpitant. Pour autant, je le trouve plein de promesses : le format reconstitution est une excellente idée et s’inspire d’un procédé très courant dans les reportages d’horreur (vous aussi vous zappez sur des émissions de la 8 le soir à minuit sur des choses paranormales ?), le background de Roanoke est hyper prometteur, le potentiel de connexions avec les anciennes saisons me fait bouillir d’impatience… bref il y a des tas de choses qui m’ont l’air bien.

 

Billie : Avant de nous quitter, avez-vous certaines attentes en particulier pour cette saison ?

 

Cail1 : J’espère que les futurs épisodes me donneront tort et feront en sorte de relancer mon intérêt pour la série. De ce fait, mes attentes pour cette saison sont nombreuses... J’attends d’être surpris et d’en découvrir davantage sur cette colonie de Roanoke qui m'intrigue énormément. J’ai hâte de voir comment les scénaristes vont s’emparer de cette histoire. J’attends des personnages qu’ils gagnent en profondeur et je suis convaincu que ce sera le cas. J’attends de la série qu’elle ne se contente pas de recopier oisivement des classiques et qu’elle prenne des risques. J’attends d’elle qu’elle me fasse peur tout en restant émouvante et sans qu’elle ne parte dans tous les sens comme ce fut trop souvent le cas. J’attends d’elle qu’elle ne se cache pas derrière un concept tel que le style documentaire. J’attends d’elle qu’elle ne soit pas prévisible. Ah et j’attends aussi le retour du générique. Je sais que ça fait beaucoup d’attentes, mais je ne perds pas espoir. S’il y a bien une série qui est capable de répondre à ces attentes là, c’est American Horror Story.

Galax : Pour ma part, je n’en attends pas plus que ce dont j’ai parlé plus haut : découvrir le reste du cast, découvrir ce qui se cache derrière ce documentaire qui a pris la place de la série, et découvrir le background de Roanoke afin de voir jusqu’où les scénaristes avanceront les connexions entre les multiples saisons. Ce sont les trois gros points qui m’intriguent. J’espère donc vraiment que le show ne perdra pas trop de temps avec des épisodes standalones inutiles sur le couple qui se fait effrayer par des trucs de la maison, choses déjà vues, et qu’on entrera très vite dans le vif du sujet. Surtout avec seulement dix épisodes.

 

Billie : Merci à vous deux pour votre franchise et votre honnêteté. On se retrouve à la fin de la saison pour faire un point sur votre ressenti. Ici, c’était Billie Dean Howard. À vous les studios !

 

~~~

 

Nous avons aimé :

 

  • Le thème surprenant
  • Le casting toujours aussi efficace, avec de nouveaux visages sympathiques
  • L’idée géniale de s’inspirer de reconstitutions
  • Le potentiel du scénario

 

Nous n’avons pas aimé :

 

  • L’introduction de cette saison qui n’est pas à la hauteur (le thème n’est pas présenté, ni même la moitié du cast principal)
  • Un scénario qui ne décolle pas et qui pue le déjà-vu
  • Des personnages parfois un peu trop lisses et qui ne mettent pas en valeur leurs interprètes
  • Où est passé le générique, bordel de merde ?

 

Notre note : 11/20.

L'auteur

Commentaires

Avatar MembreSupprime2
MembreSupprime2
Il me tarde de voir cette saison, rien que pour lire cette critique de malade !!!

Avatar Marie-Louise
Marie-Louise
J'ai kiffay. Et quand j'ai vu les images, j'ai surkiffay. <3

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