Critique : Angie Tribeca 1.01

Le 20 janvier 2016 à 16:03  |  ~ 8 minutes de lecture
Un spoof de séries policières risqué qui, après un début quelque peu laborieux, s'envole dans le haut niveau de la parodie.
Par RasAlGhul

Critique : Angie Tribeca 1.01

~ 8 minutes de lecture
Un spoof de séries policières risqué qui, après un début quelque peu laborieux, s'envole dans le haut niveau de la parodie.
Par RasAlGhul

Le procedural est probablement le type de séries le plus utilisé en ce moment. Le concept est simple comme bonjour : avec un bout de bâton et quelques ficelles, tu réussis à faire une série, cachant par là le manque total de créativité de ta chaîne – coucou la FOX. Un flic un peu bourru, un autre un peu plus léger dans sa vision de la vie. Quelques dialogues bien pensés. Deux-trois idées d’enquêtes sortant un peu des sentiers battus. Un soupçon d’intrigues amoureuses – si possible entre les deux partenaires, même si je me demande si quelqu’un osera un jour faire un will they/won’t they sur des partenaires homosexuels. Vous mélangez le tout, vous obtenez votre série, que vous pourrez vite présenter à des chaînes trop friandes de séries à se mettre sous la dent. Néanmoins, vu que le cop show est le genre le plus répandu à la télévision, c’est forcément celui qui a le plus de chance d’être parodié.

Arrive alors Angie Tribeca, la nouvelle comédie de Steve et Nancy Carell pour TBS. Elle raconte l’histoire d’Angie (Rashida Jones), une vétérane de la police de Los Angeles, qui n’a jamais eu du succès avec ses partenaires – elle en a même usé 236 ! Lorsque son boss (Jere Burns, que j’adore parce qu’il a joué dans Justified) lui impose un nouveau partenaire (Hayes MacArthur), Angie va devoir mettre ses plaintes de côté pour tenter d’aider le Maire de Los Angeles (joué par le vrai Maire de Los Angeles), embourbé dans une affaire de racket.  

Dans la plus pure tradition du spoof (la parodie d’un genre particulier), elle se veut la parodie du genre policier, dans tous ses clichés et ses exagérations. Dès lors, le spoof étant un genre toujours très risqué, on se dit, avant visionnage, qu’on va assister à deux possibilités :

 

  • Soit la série sera complètement débile, et ça va te plaire.
  • Soit la série sera complètement débile, et ça va te faire chier.

 

Laquelle des deux prédictions va être la bonne ? Tellement de suspens pour une série de TBS… C’est parti mes kikis* !

 

*Oui, je sais que cette expression n’a plus été utilisée depuis les années 90, mais je vous emmerde !

 

 

Un humour bien particulier

 

Puisqu’elle répond aux critères du spoof, tu pouvais être sûr que la série allait être particulière en termes d’humour. Et effectivement, Steve et Nancy Carell ne déçoivent pas. De nombreux éléments des shows policiers en prennent pour leur grade tout au long du pilote. En vrac : la routine matinale musclée, les placements produits pour des bagnoles, les courses poursuites où ce sont davantage les doublures que les acteurs qui font le job, une séquence d’infiltration, le générique des Experts, un suspect qui s’incrimine tout seul, un chien… Enfin bref, Angie Tribeca brûle un nombre incommensurable de cylindres en seulement vingt minutes, niveau humour. Et c’est également la série la plus littérale de la galaxie !

 

La scène classique de la bataille dans une voiture

 

Le genre du spoof est, par nature, risqué. Il est également très clivant, dans le sens où l’humour proposé dépendra beaucoup du type de personnes qui regarderont la série. Ce qui est sûr avec Angie Tribeca, c’est que les scénaristes ont été inspirés, niveau humour. Les gags sont plutôt élaborés, même s’ils n’ont pas tous fonctionné pour moi. Néanmoins, aucune chance que les Carell tombent en rade d’humour, et ce n’est que positif.

 

 

Une enquête pas si mal que ça

 

Puisqu’Angie Tribeca est une comédie policière, il faut bien avoir une partie enquête. Celle-ci est étonnamment intéressante, profitant beaucoup de la présence de Gary Cole comme suspect potentiel. Toute la séquence d'infiltration dans son atelier d’art est d’ailleurs absolument hilarante, tout comme la séquence de course-poursuite qui débute juste après.

 

Angie Tribeca, regardant pensivement l'horizon

 

L’autre point positif de l’enquête, ce sont les guests qui peuplent son déroulement. Là encore, c’est une satire des séries policières, qui aiment bien prendre des guests connus pour remonter un peu leurs audiences. Sauf que, vu que c’est Angie Tribeca, le pilote est rempli d’invités de marque ! On ne sait plus où donner de la tête avec, outre Gary Cole, la présence de Nancy Carell, le vrai Maire de Los Angeles, et Lisa Kudrow.

Rashida Jones et Hayes MacArthur portent bien l’intrigue sur leurs épaules, et possèdent une jolie alchimie, qui donne un peu plus de substance à l’épisode. Les deux acteurs vont être précieux pour la série, qui manque justement de substance du côté de ses personnages.

 

 

Des personnages qui manquent encore d’humanité

 

Le vrai défaut du premier épisode d’Angie Tribeca – puisque l’humour est un concept hautement subjectif – se trouve dans ses personnages. Trop concentrée à les faire débiter des âneries à un rythme de mitraillette, l’équipe créative ne prend pas le temps de les doter de caractéristiques propres. Du coup, on se retrouve entièrement accroché à l’humour pour se faire un avis sur le pilote.

 

Un chien, qui tient un sac de boxe. Normal.

 

Attention, cela ne veut pas dire que les personnages ne sont pas bien, au contraire. J’aime beaucoup, mais alors vraiment beaucoup, le médecin légiste (Alfred Molina). Ce mec est une sorte de ramassis de clichés sur tous les médecins légistes jamais créés, et c’est génial ! Sinon, évidemment, il y a Hoffman (un chien) et son partenaire, Tanner (Deon Cole). Il y a un côté délicieusement taré à voir les deux interagir ensemble, comme si personne ne se rendait compte qu’Hoffman était un fucking dog. Tu me diras, personne ne semble remarquer qu’Angie est une femme…

 

Avec ce pilote, Angie Tribeca nous présente bien son univers, qu’on pourrait définir par le magnifique oxymore « subtile débilité ». La parodie de cop show est bien réussie, et si vous vous êtes bouffé ce type de séries pendant un bon bout de temps, ça devrait vous plaire. En fin de compte, votre appréciation de l’épisode dépendra du ratio « blagues qui ont fonctionné/blagues qui se sont plantées ». Pour moi, après un départ un peu poussif, la série a réussi à bien trouver son rythme, et c’est avec plaisir que je regarderai les épisodes qui suivent !

 

J’ai aimé :

 

  • La scène de course-poursuite avec la doublure. J’en ris encore.
  • J’adore Gary Cole, donc le voir dans le pilote m’a fait bien plaisir.
  • Le chef d’Angie. Justified cœur cœur.
  • J’ai A-DO-RÉ le coup du placement produit pour Ford. Avec à chaque fois une voiture différente ! Par exemple, j’avais beau bien aimer White Collar mais, pour le coup, leurs placements produit pour Ford n’étaient pas des plus discrets.
  • C’est vrai que les parents proches des victimes ont une fâcheuse tendance à filer de la bouffe aux enquêteurs dans les séries policières.
  • Le chien. J’ai l’impression que c’est un être humain en fait. Ou que tout le monde semble le considérer tel un être humain. #égalitéentrehommesetcanidés
  • Le générique, juste après le coup des lunettes !
  • Le médecin légiste. Pareil, les gens en fauteuil roulant, jamais faut leur faire confiance !

 

Je n’ai pas aimé :

 

  • Y a des segments humoristiques qui ne m’ont pas trop plu. Par exemple, la scène d’ouverture.
  • Le passage avec Lisa Kudrow.
  • Des personnages qui manquent de profondeur.

 

Mises en garde :

 

  • Sans vouloir être trop original, attention à ne pas non plus abuser de l’humour parodique, au risque de provoquer la nausée.
  • Densifier un peu les personnages. Ça sert lorsque l’humour ne fonctionne pas toujours.
  • En fait, c’est quoi l’histoire qu’ils veulent raconter, les Carell ?

 

Ma note : 14/20.

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