Critique : Boardwalk Empire 2.01

Le 27 septembre 2011 à 21:09  |  ~ 7 minutes de lecture
Auréolé de ses 8 Emmy awards, Boardwalk Empire nous revient avec un épisode absolument impeccable qui augure du meilleur pour la suite.
Par Altaïr

Critique : Boardwalk Empire 2.01

~ 7 minutes de lecture
Auréolé de ses 8 Emmy awards, Boardwalk Empire nous revient avec un épisode absolument impeccable qui augure du meilleur pour la suite.
Par Altaïr

Yo, yo, et une bouteille de rhum !

 

Ne vous est-il jamais arrivé de vous enthousiasmer pour une œuvre apparemment incomprise ?

C’est un peu mon cas avec Boardwalk Empire. Tenez, prenez, au hasard, ce magnifique, formidable, que dis-je,  exceptionnel site qu’est serie-all : d’aucuns conviendront qu’il est le point d’ancrage de moult gens de bon goût, dont toi ô lecteur chéri (non, non, je ne fayotte pas). Et pourtant, pourtant !!! Personne ici ne semble regarder ou apprécier à sa juste valeur cette série en tous points remarquable.

À partir d’aujourd’hui j’enfile donc mon habit et mon bâton de pèlerin, et je m’en vais cheveux au vent, la tête dans les vapeurs d’alcool embruns, prêcher la bonne parole.

Bref, vous l’avez compris : c’est désormais moi qui ferai les critiques de Boardwalk Empire. Et Scarch me direz vous ? Je crois qu’il a abandonné par K.O.

 

Euh… où en étais-je…

Le season premiere de Boardwalk Empire, donc. En un mot ? Excellent. Et en deux ? Sacrément bon… Développons.

Chalky White a des problèmes

C'est toujours un plaisir de revoir Omar Little Chalky White


Ze pitch

 

Dans cet épisode, Chalky White a de légers démêlés avec le Ku Klux Klan, l'agent Van Alden fête ses 13 ans de mariage dans une nuit de folie (quasiment) orgiaque, Nucky nous donne une leçon de démagogie, et Jimmy cogite.

Une qualité formelle quasi-parfaite

 

À chaque fois que je regarde une série HBO, et tout particulièrement Boardwalk Empire, je ne peux m’empêcher de m’extasier devant la qualité formelle de l’œuvre qui nous est proposée.

Là, l’épisode commence et il suffit de quelques secondes pour que je sois transportée dans l’Amérique des années 20. Les images sont magnifiques : décors, costumes, lumières, cadrage, tout est beau, les plans s’enchaînent parfaitement… on reconnait bien là la patte de Tim Van Patten qui nous a ravi il n’y a pas si longtemps avec les deux premiers épisodes de Game of Thrones.

Et puis il y a la bande-son, jazzy et immersive, les acteurs, tous impeccables dans leur jeu, et une écriture très travaillée, toute en non-dits, qui joue sur les résonnances entre les thèmes des différentes storyline et les échos entre épisodes.

 

Un début de saison prometteur

 

L’épisode  reprend l’histoire quasiment là où on l’avait laissé à la fin de la saison précédente : la première saison s’ouvrait sur l’arrivée clandestine d’une cargaison de whisky sur les plages d’Atlantic city, la deuxième saison s’ouvre sur une cargaison de rhum. En apparence, donc, rien n’a changé ou presque : Nucky Thomson règne toujours en maître incontesté sur la ville, à la tête d’un empire politico-mafieux qui tire ses principaux revenus du trafic d’alcool. Mais ce qu’il ne sait pas encore, c’est que le navire prend l’eau de toutes parts et que de nombreuses trahisons se profilent à l’horizon…

 

Le Ku Klux Klan c’est des méchants

Premier (gros) souci en vue pour Nucky : la question raciale. En effet, les relations entre la communauté noire d’Atlantic City, qui aspire aux mêmes droits que les blancs, et les notables de la ville affiliés au Ku Klux Kan (KKK), n’ont jamais été aussi tendues. Là où le scénario de BE est super intelligent, c’est qu’il ne nous prend pas par la main pour nous dire « ouuuuuuh les vilains racistes, le racisme c’est mal ». Non. La caméra reste toujours neutre et factuelle, et ce qu’elle nous montre n’en est que plus terrible : le KKK à l’époque n’est pas le fait de quelques extrêmistes anonymes, mais de notables respectés qui s’exposent au grand jour sans la moindre gêne, et qui vont à la chasse au nègre comme ils vont à la chasse au gibier.

J’ouvre une parenthèse pour dire que la scène des discours de Nucky sur le sujet est un grand moment de cinéma, absolument magistral. Tout le personnage, son ambiguité, sa duplicité et sa démagogie, sont résumés dans cette scène brillante…  fin de la parenthèse

 

C'est l'heure de la leçon de démagogie...


Guerre des gangs en vue

Deuxième gros souci en vue : les malfrats prêts à tailler des croupières dans l’empire de Nucky ou à le coincer plus ou moins légalement sont de plus en plus nombreux… cet épisode apporte assez peu d’eau au moulin, puisque des personnages « mythologiques » de BE, seul Al Capone est présent dans cet épisode, et qui plus est dans une courte scène. Qui augure cependant du meilleur pour la suite : la perspective de voir Al à Atlantic City est des plus réjouissante !

Tu quoque, fili !

Et enfin, tout semble annoncer que cette saison sera placée sous le signe d’une confrontation entre Nucky et Jimmy. Toujours aussi peu bavard, ambigü et énigmatique- Jimmy, donc,  va-t-il consentir à tuer le père ? Et si oui, lequel ? le père biologique ou le spirituel ? Ou bien les deux ?

J’avoue placer les plus hauts espoirs dans cette storyline qui débute à peine mais promet d’être absolument passionnante.

 

Le couple Van Alden

Le couple Van Alden : les rois de la déconne.


Rions un peu à « Sodom by the sea »

 

Cet épisode est construit autour de trois personnages : Nucky, Jimmy… et, étonnamment, l’agent Van Alden, dans une intrigue quasiment déconnectée des deux autres. J’avoue que la storyline de Van Alden m’avait passablement déçue en fin de saison 1. N’ayons pas peur des mots : ça devenait vraiment, mais vraiment n’importe quoi.

Du coup, si quelqu’un m’avait dit que l’intrigue qui m’enthousiasmerait le plus dans cet épisode serait la sienne, je lui aurais gentiment ri au nez ! Et j’aurais eu tort ! Parce que l’agent Van Alden qui fête son 13ème anniversaire de mariage avec son épouse, c’est complètement inattendu, drôle, tendre et cocasse à la fois. Et jubilatoire !

Il faut dire qu’ils ont un peu l’air d’extraterrestres ces deux-là, austères grenouilles de bénitier perdues dans ce lieu de débauche qu’est « Sodome-sur-mer », (c’est le surnom qu’ils donnent à Atlantic City). Et grâce au jeu subtil des acteurs (la femme de Van Alden est formidable !), on rit  (hahaha la scène du lit !), mais on éprouve aussi beaucoup de tendresse pour ces deux personnages totalement en décalage avec leur époque.

Et ces scènes étaient d’autant plus rafraîchissantes que les scènes drôles dans BE, c’est rare. Du coup, ça se savoure…



J'ai aimé :

  •   l’agent Van Alden et sa femme        
  •   la réalisation à tomber de Tim Van Patten
  •   l'immersion quasi-immédiate dans les années 20
  •   voir Omar Little/Chalky White
  •   des pistes prometteuses pour la suite


J'ai moins aimé

  •   pas assez de Margaret et de Richard Harrow à mon goût (j'adore ces personnages) – mais ç’aurait été au détriment du reste, les épisodes suivants compenseront certainement.

 

Note : 16/20

L'auteur

Commentaires

Avatar Taoby
Taoby
Tu devrais écrire plus souvent Altair , c'est nikel. Je te promet que je m'intéresserais à la série, dès je me serais tapé l'intégralité de the Wire.

Avatar Puck
Puck
Bon, ben comme je te suis les yeux fermés, et comme elle se lit comme un petit pain ta critique -quoi ça colle pas ?- je vais m'y mettre... Mais après avoir terminé Wilfred et la saison 1 de Downtown Abbey, quand même.

Avatar CaptainFreeFrag
CaptainFreeFrag
Pareil, je suis sur le coup. Et excellente critique, comme je te l'ai dit sur le forum !

Avatar Altaïr
Altaïr
*rougit* rooooh merci zêtes choux !

Avatar OSS
OSS
Effectivement, ta critique est très agréable à lire Altair. Je vais peut-être finir par regretter d'avoir abandonné la série (ou bien c'est elle qui m'a abandonné, je ne sais plus). Mais il y a quand même quelque chose qui me turlupine. Pourquoi cet acharnement envers le Ku Klux Klan ? Oui, pourquoi ?

Avatar Altaïr
Altaïr
c'est àd ire ? A quel acharnement fais-tu allusion ?

Avatar Taoby
Taoby
Hahaha, mais comment va t'il s'en sortir.

Avatar OSS
OSS
Eh bien, tu associes "Ku Klux Klan" et "terrible" dans la même phrase. On frôle l'oxymore. L'acharnement, c'est surtout parce qu'on lit un peu partout qu'il s'agirait d'une horrible organisation ou de gens mal intentionnés. On pourrait pas leur lâcher un peu la grappe de temps à autres ? Ben oui c'est vrai quoi, j'ai horreur de la discrimination.

Avatar sephja
sephja
joli critique altair. Très agréable à lire (hélas, moins à voir, mais l'épisode était pas mal en effet)

Avatar Gouloudrouioul
Gouloudrouioul
C'est vrai que la scène du discours est absolument géniale ! Sinon je n'ai rien à ajouter à ta critique, tu as dit à peu près tout ce que je pensais de l'épisode. Et OSS m'a fait rire. J'ai honte.

Image Boardwalk Empire
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