La deuxième saison d’une série est un passage crucial : celui de la confirmation. Je ne sais pas vous, mais moi ça me stresse : avant chaque nouvel épisode d’une série que j’aime beaucoup, mon p’tit cœur se serre de peur d’être déçue. Eh bien cette deuxième saison de Boardwalk Empire me fait un peu cet effet en ce moment : après un premier épisode que j’ai adoré et un deuxième décevant, j’étais sur les charbons ardents pour le troisième.
Eh bien j’ai été comblée. Car cet épisode est excellent !
Un épisode complexe mais équilibré
Je crois qu’à part Chalky White, absent de l’épisode, tous les personnages un tant soit peu importants de Boardwalk Empire ont droit à au moins une scène marquante dans cet épisode.
Parce que oui, la structure de cet épisode est complexe. En effet, plutôt que de suivre quelques personnages principaux et de broder autour comme cela se fait généralement, cet épisode s’articule plutôt autour de thèmes : hormis Lucy et l’agent Van Alden qui ont une intrigue à eux, aucun personnage ne dépasse vraiment de l’épisode. On y teste la solidité des soutiens du Commodore et de Nucky, on y voit des jeunes aux dents longues, des femmes dans l’ombre…
Aux commandes de cet épisode, une certaine Susana White à la réal, et Itamar Moses au scénario : deux personnes qui me sont inconnues (ce ne sont pas des habitués des séries HBO), mais qui passent leur galop d’essai haut la main !
Gare au homard !!!
Un monde où les aînés s’entredétruisent…
Attention attention, le suspense est à son comble dans le match opposant Nucky Thomson, dit « le teigneux », à Louis « Commodore » Kaestner ! En effet, souvenez-vous : le Commodore avait terrassé Nucky à coup de défense d’éléphant la semaine dernière, laissant son adversaire à deux doigts du KO. Mais Nucky a plus d’un tour dans son sac, et contre-attaque cette semaine avec un homard aux pinces acérées !!! 1 partout, la balle au centre.
La semaine prochaine, les deux se battront à coup de bulots, ça va saigner !
Plus sérieusement, cet épisode montre effectivement que la position du Commodore se fragilise : Eli voit sa fidélité familiale remise en question par son père (dans une scène par ailleurs magistralement écrite – avec une chute qui surprend et qui marque !), Jimmy doute (encore !), et la grogne monte parce qu’il n’y a plus de livraisons d’alcool depuis que Nucky ne tient plus les rênes de la ville.
De son côté, Nucky est de plus en plus isolé : adieu Chicago, adieu président… Mais à la fin de l’épisode, il semble avoir trouvé 2 nouveaux atouts : un nouvel homme de main prometteur – le beau gosse irlandais de l’épisode précédent - et, surtout, sa niaque – grâce à un homard, donc ! Car Nucky n’est pas content et bien décidé à en découdre !
Quand je vous disais que ça allait saigner…
… où les jeunes loups ont les dents longues…
A propos de sang, qui nous revient dans cet épisode ? Al Capone himself, qui illumine chacune de ses scènes, dont ma scène préférée : quand Al rend visite à Jimmy et Richard – en quelques dialogues et beaucoup de non-dits, tellement de choses sont dites sur ces personnages, leurs destinées parallèles, la douleur d’Al d’avoir un fils sourd, ou le désir presque romantique qu’a Richard d’être aimé... C’est beau, émouvant, magnifiquement écrit et interprété.
On n'est pas chez John Woo, mais presque !
… et où les femmes veillent dans l’ombre.
Il y a peu de femmes parmi les personnages principaux de Boardwalk Empire, mais elles ont un rôle malgré tout important.
Après tout, c’est la mère de Jimmy qui détient la clef de ses relations avec Nucky ou le Commodore. C’est parce qu’ils peuvent assurer l’avenir de Jimmy qu’elle leur a pardonné… mais lui, leur pardonnera-t-il ?
Jimmy aime sa mère, cela crève les yeux à chacune de leurs scènes ensemble. Bien plus que sa femme… et cela, Angela le sait et en souffre. Pauvre Angela, la voir accomplir son devoir de bonniche maîtresse de maison à chacune de ses apparitions me rappelle à chaque fois quels progrès ont été faits dans le domaine de la condition féminine depuis les années 20 !
La cause féministe est d’ailleurs un thème qui semble avoir complètement disparu de Boardwalk Empire. Exit Margaret la suffragette, elle ronronne pour le moment dans une intrigue peu passionnante centrée sur son passé. J’avoue que je pensais la voir militer pour les droits des femmes dans cette saison. Je suis déçue, ça aurait été passionnant.
Jimmy et sa môman en pleine manucure
La dévergondée et le psychorigide
Enfin, last but not least, cet épisode comprend une intrigue parallèle et déconnectée du reste, encore une fois centrée autour de l’agent Van Alden, comme dans le premier épisode. Cette fois-ci, il est question de sa relation avec Lucy, qu’il tient recluse dans un appartement en attendant qu’elle accouche de leur enfant.
Bon, j’avoue que la relation Lucy/Van Alden, je l'avais trouvée too much dans la saison 1. Le genre de truc pire qu’un lapin qui sort du chapeau. Mais force est de constater que ce choc des cultures entre la très libérée Lucy et le super coincé Van Alden ne manque pas de charme : c'est un bonheur de voir l’agent Van Alden s’humaniser par toutes petites touches grâce à la subtilité du jeu de Michael Shannon (Lucy/Paz de la Huerta est en revanche toujours aussi insupportable)
O tempora, O mores !
En résumé, j’ai aimé :
- Les dialogues, excellents, et la réalisation, très fluides, pour un épisode à la structure pourtant très complexe,
- Voir Nucky se réveiller et, semble-t-il, enfin prêt à contre-attaquer,
- Revoir Al Capone
- Voir que Van Alden s’humanise
J’ai moins aimé :
- La diction toujours aussi irritante de Paz de la Huerta/Lucy
- L’intrigue autour de Margaret
- L’abandon j’espère momentané de la thématique du droit des femmes
Note : 15/20