Critique : Breaking Bad 2.06

Le 05 octobre 2009 à 00:00  |  ~ 5 minutes de lecture
Après une saison 1 exceptionnelle, je me demandais si l'effet de surprise allait s'estomper pour nous laisser avec une série de très bonne qualité certes, mais qui ne se renouvelle pas. Eh bien non: cette saison 2 s'offre le luxe d'être encore meilleure que la première, tout en apportant son lot de nouveautés qui me laissent en tête le sentiment que je vais me régaler à chaque fois que je m'installe devant un épisode. Du grand art je vous dit.
Par Scarch

Critique : Breaking Bad 2.06

~ 5 minutes de lecture
Après une saison 1 exceptionnelle, je me demandais si l'effet de surprise allait s'estomper pour nous laisser avec une série de très bonne qualité certes, mais qui ne se renouvelle pas. Eh bien non: cette saison 2 s'offre le luxe d'être encore meilleure que la première, tout en apportant son lot de nouveautés qui me laissent en tête le sentiment que je vais me régaler à chaque fois que je m'installe devant un épisode. Du grand art je vous dit.
Par Scarch

Vito Corléone

 

Après leurs précédentes péripéties, et malgré la situation familiale de Walter, au demeurant plutôt tendu, ce dernier décide tout de même d'enfoncer le clou, voir le burin, et de s'imposer dans le monde de la drogue. Cela dit, il laisse à Jesse le soin de jouer les gros bras pour aller expliquer aux mauvais payeur, en l'occurrence des non-payeurs voleurs, qu'avec M Heisenberg on ne rigole pas.

Voila donc notre jeune junkie qui doit jouer les Tony Montana et aller réclamer son dû à une "famille" de drogués durs, pendant que Walter tente désespérément de coller des rustines un peu partout sur les brèches que les récents évènements ont provoqué.

Nous sommes donc confrontés à deux storyline bien distinctes, l'une nous mettant aux prises avec la quintessence de la misère, avec des scènes fortes et violentes, en parallèle avec la vie de Walter dont chaque pan s'effondre doucement sans qu'il puisse y faire quoi que ce soit malgré toutes ses ruses. La confrontation entre la manière douce et la forte de l'effondrement d'une vie toujours admirablement mise en scène.

 

 

Walter et Gretchen

 

Walter monte au fil des épisodes une seconde vie qu'il parvient de plus en plus difficilement à maitriser. Ici on revient sur l'offre des Schwartz, pour le paiement des frais médicaux que Walter a refusé sans prévenir sa femme. Malheureusement pour lui, Gretchen appelel Skyler et cette dernière la remercie pour sa générosité. Évidemment, ça fait désordre.

Il est intéressant de constater que chaque détail est abordé dans la série avec le plus grand soin. Bien entendu, ici, le détail en question a une grande importance, mais un épisode entier n'est pas de trop pour approfondir les conséquences des choix de Walter, et nous en révéler d'avantage sur son passé.

En ce qui concerne cette histoire, on notera surtout la bonne utilisation des différents points de vue, notamment le coup de fil entre Skyler et Gretchen qui aboutit sur l'arrivée de cette dernière chez les White, puis l'arrivée de Walter qui va découvrir en même temps que nous quelle direction va prendre sa vie. Ici, je trouve que l'attente et la pression engendrées sur les épaules de Walter sont parfaitement rendus par le découpage et la mise en scène, tout ceci desservit par un Bryan Cranston toujours énorme et une Anna Gunn dont on a pas trop parlé jusqu'à présent, mais qui a le don de jouer à merveille la mère de famille qu'il ne faut pas prendre pour une abrutie. On obtient au final une sorte de Vaudeville dramatique où tout est crédible et juste, mais cela devient coutumier de la série.

Une storyline qui fait souffrir le spectateur donc, simplement parce qu'il constate aussi bien que Walter, que tout cela est définitivement voué à se terminer mal.

 

 

Pick-a-boo

 

Ma note sur cette épisode vient en fait,surtout de cette partie là, celle dans laquelle Jesse se retrouve seul dans le capharnaüm qui sert de maison à la famille de drogué qui lui doivent de l'argent et de la drogue. En gros, si pour l'histoire Walter/Jesse/Gretchen, la note avait été 14, la note de la partie "pick-a-boo" atteint bien les 17.

La raison en est simple: une photographie simplement parfaite, un jeu sur la couleur verte très évocateur, un petit garçon idéalement choisi, et une situation cauchemardesque, tant par la misère qui transpire des yeux du gamin, que par la connerie (excusez moi du mot, mais je ne vois que ça) qui suinte de ses parents.

Il est vraiment difficile d'expliquer la scène en transposant réellement ce que l'on ressent en la voyant, mais j'ai réellement été touché par cette poésie sale qui se dégage du tableau. Tout cela vient peut-être du contraste entre le petit rouquin que plus rien ne touche, qui arrive dans le salon sans même prêter attention à l'intrus, tant sa vie que l'on devine aisément l'a rendu impassible. Il aurait suffit d'une autre manière d'entrer dans cet enfer que le petit garçon, pour rendre la scène quelconque. Mais non, il se dégage une grande douceur de cet enfant qui contraste violemment avec l'arrivée de ses parents, des junkies au stade terminal, sans une once de scrupule ou d'humanité en eux. Je ne raconterai pas la scène mais la finalité de tout ça on la comprend : on oscille en même temps que Jesse entre tristesse et dégoût, le tout renforcé par le jeu de couleur vert qui inspire tantôt la crasse tantôt le cauchemar, et tout cela ne pouvait terminer autrement.

 

 

 

Essai sur l'effondrement d'une vie

 

Au final, l'épisode nous montre deux aspects de l'effondrement de la vie des protagonistes. Jesse qui n'a encore rien construit, s'enfonce seul dans un méandre de méfaits dont il ne prend sûrement plus conscience, et Walter, qui à déjà toute une vie derrière lui, attire avec lui sa famille dans sa descente aux enfers.

Deux vies radicalement opposées (jeune/vieux, père de famille/célibataire, junkie/professeur, malade/bonne santé) qui montrent dans cet épisode que selon le point de vue, la gravité des évènements change radicalement.

Malgré la touche encore légèrement rocambolesque de tout cela, Walter et Jesse dépassent dramatiquement et douloureusement la ligne de non-retour, et chaque élément de la série et en l'occurrence, de cet épisode nous le rappelle un peu plus: Breaking Bad, c'est une histoire qui tourne mal.

 

 

Ce que j'ai aimé:

 

  • Chaque seconde de l'histoire Pick-a-boo
  • Le parallèle qui est fait entre les deux histoires
  • La réalisation, comme d'habitude, sans faute.
  • la mise en scène de l'histoire avec Gretchen.
  • On s'enfonce toujours plus dans l'histoire

 

 

Ce que je n'ai pas aimé:

 

  • allez, pour chipoter, je dirai quelques longueurs dans l'histoire entre Skyler et Gretchen.

 

 

Note: 16/20

 

L'auteur

Commentaires

Avatar Bleak
Bleak
Tout à fait d'accord avec ta critique, cet épisode nous prend par les tripes et les passages de Walter et sa famille sont presque les moments qui nous permettent de souffler un peu. L'histoire du Peekaboo est magnifiquement réalisée, les deux junkies sont carrément stressants tant ils sont déconnectés de la vie réelle: "une petite dose et je serais une bonne mère". Un épisode bluffant.

Image Breaking Bad
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