Critique : Breaking Bad 4.02

Le 27 juillet 2011 à 13:10  |  ~ 7 minutes de lecture
Comme vous aviez pu le constater, l'épisode de la semaine dernière ne m'avait pas vraiment convaincu. Pour celui de cette semaine, que j'ai envie de rebaptiser « il était une fois à Albuquerque », la donne change et le monde de Breaking Bad commence à se diviser en deux catégories...
Par Scarch

Critique : Breaking Bad 4.02

~ 7 minutes de lecture
Comme vous aviez pu le constater, l'épisode de la semaine dernière ne m'avait pas vraiment convaincu. Pour celui de cette semaine, que j'ai envie de rebaptiser « il était une fois à Albuquerque », la donne change et le monde de Breaking Bad commence à se diviser en deux catégories...
Par Scarch

Ceux qui ont un pistolet chargé...

 

Chacun vit son drame personnel avec ses moyens et sa personnalité. Walter est déterminé à ne pas se laisser faire et l'ouverture de l'épisode est aussi claire que réussie. Un dialogue long et parfaitement construit entre un citoyen normal au bout du rouleau et son marchand d'arme qui en a vu d'autres et qui tente de lui faire entendre raison. Tout comme Jesse sur lequel nous reviendrons plus tard, Walt parle très peu, il ne baratine pas. La réalisation se sert de l'environnement des personnages pour les mettre en valeur et appuyer le sentiment de solitude qu'ils traversent. Hank mène son combat seul face à son handicap envers et contre sa femme Marie, qui pour le coup se sert du combat de son mari comme exutoire. Jesse s'isole au milieu de ses amis, Mike est seul avec son verre de skotch, Walt ne fait plus de fioriture et Skyler mène seule les affaires de la famille. Six cowboys solitaires aux destins croisés.

Ceux donc qui ont un pistolet chargés mènent leur combat de manière différente. Walter décide de se retourner contre Gus lui-même et tente de faire ressortir le « Heisenberg » qui est en lui. Pourtant, celui qui mène la danse - visiblement sans forcer – c'est Gus. Les quatre scènes de l'épisode consacrés à Walter ne servent qu'a montrer son manque de contrôle et de maitrise sur la situation, tout en creusant l'écart qui le sépare de Gus.

Walter se fait gentiment raisonner par le marchand d'arme qui constate son manque d'expérience, suivi de son échange avec Skyler au téléphone ou il se trahis tout seul en voulant reprendre le contrôle de la conversation concernant la station de lavage . Sa troisième scène mettra en valeur l'omniprésence de Gus quand Walter/Heisenberg tente une approche de sa maison sans même réussir à voir son ennemi. Enfin, on ne peut pas vraiment dire que la conversation avec Mike au bar ait porté ses fruits. Walter dispose d'un pistolet chargé, certes, mais il ne sait pas s'en servir et il est désespérément seul. La scène du laboratoire ne fera que confirmer cela jusque dans la réalisation. Celui que l'on croit être Gus est filmé comme le tueur d'un film d'horreur et Walter comme la victime affolée.

D'un autre coté, Mike sait se servir de son pistolet mais il n'en a pas le contrôle. Il est résigné à servir Gus comme un chien fidèle. Ce personnage me semble difficile à cerner tout en étant la pièce de l'échiquier qui pourrait faire pencher la balance d'un coté ou de l'autre. Sa solitude à lui se retrouve dans ces petites ambiguïtés qui tendent à le rendre humain et qui me font me dire qu'il à peut-être aussi cassé la gueule de Walter pour le protéger de Gus. En ce cas Mike serait tout autant désemparé que Walter.

La troisième, Marie, qui semble armée de bonne volonté, traverse à sa manière le chemin de croix des deux protagonistes cités plus hauts. Elle dispose des armes mais ne maitrise rien. Hank garde sa souffrance, son contrôle et ses victoires pour lui et paraît maitriser la situation bien plus que sa femme.

 

… Et ceux qui creusent.

Contrairement à Walt, Jesse creuse sa tombe. Avec toute ma subjectivité, je dirais que Jesse dispose de la storyline la plus intéressante et la plus touchante de l'épisode. Comment mieux montrer la solitude d'un homme, sinon en l'entourant de son monde pour la mettre en exergue. Jesse fuit sa condition, son passé et son présent et me paraît être le premier a avoir atteint le plancher de sa vie ou le sommet de ce qu'il lui est possible d'endurer. Il subit Walter depuis le début de l'histoire sans être l'initiateur de quoi que ce soit et son cas est particulièrement intéressant car il n'a jamais eu les objectifs qui permettent à Walter de tenir. Du coup, il est en roue libre et son futur dans la série ne peut nous réserver que des surprises. J'avais peur avec l'épisode précédent que Breaking Bad soit à court d'arguments pour nous surprendre, mais cet épisode qui se permet après trois saisons, de faire un bilan sur les personnages avec autant de créativité m'a réconcilié avec cette série.

Skyler et Hank sont les seuls qui me semblent maitriser leurs solitudes. La première tente de donner un sens aux agissement de son mari tout en tentant tant bien que mal d'éviter les obstacles que Walt a dressé malgré lui sur leur chemin. Ce n'est plus la mère que l'on regarde - tout comme Walt au début de la série était détaché de son rôle de père – mais la femme résignée à suivre la voie dangereuse emprunté par son mari.

Hank semble puiser sa force de sa solitude de son coté. Il s'appuie sur Marie qui ne comprends rien et dont il se sert comme d'un défouloir pour mener son combat. A noter concernant Hank la scène ou il marche quelque mètres qui parvient avec brio à puiser tout le pathétique de sa situation et toute la souffrance qu'il doit ressentir.

 

Le bon, la brute et le truand.

Si Walt est « le bon » et Jesse « le truand », le rôle de « la brute » revient indiscutablement à Gus. Ce dernier est présent tout au long de l'épisode sans qu'il apparaisse une seule fois. Cette omniprésence met en exergue la scène du premier épisode et me fait revenir sur mon jugement. Je l'avais trouvée au bord du too much et je lui donne désormais un sens. Il fallait faire monter la présence de Gus d'un cran pour le rendre vraiment inquiétant et lui permettre de dominer tout le monde par son aura et l'épisode précédent l'a parfaitement fait au final. Insondable, incompréhensible, froid et méthodique, Gus pourrait bien devenir pour le même coup un grand méchant charismatique dont on se souviendra.

Je comprends désormais l'intention du premier épisode de cette quatrième saison. Il fallait lever le pied pour amorcer un virage dans les intentions et dans l'intrigue. Désormais, le combat entre David et Goliath est annoncé et comme dans l'histoire original, l'issue semble évidente et c'est bien là l'intérêt de cette saison car nous savons le potentiel dont Breaking Bad dispose pour nous surprendre.

Pour finir sur la technique, non seulement la réalisation est comme d'habitude impeccable au même titre que la photographie, mais j'avais envie de mettre une mention spéciale pour deux plans de la fête de Jesse. La première floutée et saccadée qui aurait pu être empruntée à pas mal de films tout en ayant sa touche d'originalité, et la seconde, caméra posée sur un aspirateur automatique pour dresser le bilan de la fête. C'est ça Breaking Bad. Des idées, du talent et des surprises. La meilleure série, définitivement. A la semaine prochaine.

 

Ce que j'ai aimé :

 

  • Du breaking Bad comme on l'aime
  • Un rythme lent qui passe trop vite
  • Les petites idées de réalisation
  • La solitude de Jesse
  • L'omniprésence de Gus
  • La musique

 

Ce que je n'ai pas aimé :

 

Note : 16/20

L'auteur

Commentaires

Avatar Taoby
Taoby
Chouette critique même si je ne suis pas en fusion comme toi, mais en tout cas content que quelqu'un fasse enfin le parallèle avec BB et les westerns Léonien. Car c'est de plus en plus flag.

Avatar sephja
sephja
best critique ever, surtout que j'adore ce parallèle avec l'univers de Leone. Totalement d'accord.

Avatar Serivore
Serivore
La critique est meilleure que l'épisode ;)

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