Suis moi je te fuirais.
Ce troisième épisode de Breaking Bad se compose de seize scènes exactement, tout comme le précédent. Je ne sais pas si c'est une coïncidence, je ne m'étais jamais amusé à compter le nombre de scène des épisodes auparavant mais mine de rien, il se passe pas mal de choses à Albuquerque même si l'histoire principale reste en toile de fond.
Dans onze de ces seize séquences, Skyler ou Marie sont présentes ce qui m'amène à dire que cet épisode est consacré aux femmes et présente les faits sous un angle différent. En effet, en se servant du parti pris de la série qui est d'humaniser au maximum chaque scène, en travaillant les dialogues et les attitudes et en exploitant l'image et le cadrage pour en extraire le maximum d'émotion, l'épisode de cette semaine revient aux fondamentaux de la série à savoir le drame familial.
Comme le dit Skyler à Saul lorsqu'ils cherchent avec Walter une solution pour blanchir l'argent, « On change d'approche » depuis le début de cette quatrième saison et cela peut paraître déconcertant pour certain. Beaking Bad fuit les codes traditionnels qui consistent à se servir des émotions pour créer les situations. Ici, c'est le pathos qui doit s'adapter à une recherche de réalisme dans le scénario ce qui ne rend pas les choses simple. Je m'explique et j'illustre :
Dans la saison précédente, Jesse cherchait la solitude mais était rattrapé par les évènements, Hank couvrait sa femme pour avoir la paix, Walt était paranoïaque et voulait sauver son couple et Skyler était en complète rébellion. Désormais, Jesse cherche la compagnie - même celle de Walt – ce qui transcende son sentiment de solitude, Hank se noie dans l'ennuie et trouve sa seule planche de salut, celle qui lui permettrait de se sentir enfin utile, dans la cleptomanie et la mythomanie de Marie, Walt n'a plus a trouvé une vraie raison d'être parano vu que Gus le surveille à son labo par caméra et chez lui directement, mais retrouve les bonnes grâce de Skyler alors qu'il avait abandonné tout espoir de la récupérer.
Chaque protagoniste est en pleine leçon de vie en ayant plus ou moins obtenus ce qu'il voulait d'un mauvais génie farceur. C'est ce qui fait de Breaking Bad une série a part, pleine de subtilité et dont le scénario est parfaitement maitrisé.
Foolish heart
Ce troisième épisode est lent, certes, mais il n'en demeure pas moins très intéressant pour poser les bases de la suite. Je suppose que c'est le genre d'épisode que l'on doit juger après coup car il réoriente les points de vue. Certes il n'y a plus de menace, de jumeaux-Méxicains-psychopathes-charismatiques, de cartel ou de corps dissolus dans de l'acide. Mais il y a des dialogues travaillés avec beaucoup de minutie et des situations intrigantes.
Comme je le disais plus haut, les femmes sont à l'honneur dans cet épisode qui semble vouloir nous démontrer toute leur importance depuis le début de la série. Depuis que Skyler est entrée dans le business avec son « changement d'approche », Walt dispose d'un garde fou et les affaires se règlent de manière plus pacifique, sans tuer qui que ce soit et sans dépenser des fortunes. La discussion qui a lieu au milieu de l'épisode entre Saul, Walt et Skyler m'a paru être un petit guide des intentions des scénaristes. C'est désormais Skyler qui influence le jeu, et son inquiétude pour Walt et son œil montre non seulement qu'elle tient encore à lui mais aussi qu'elle veut s'investir à 100%. Dans ces conditions, et si Skyler a vraiment un rôle important à jouer dans la suite des évènements, il fallait évidemment lui consacrer un épisode pour lui permettre de se faire une place dans le tableau final.
Il en va de même pour Marie qui prend tout à coup des airs de raison d'être pour son mari. Il aura fallut qu'elle se fasse attraper pour faire naitre une étincelle d'espoir et de réaction chez Hank.
Au final il se passe des choses dans cette saison. Le premier épisode remettait les choses à plat après le final mouvementée de la troisième saison. Le second présentait le duel perdu d'avance entre Gus et Walt tout en appuyant la toute puissance du premier sans même avoir à le montrer. Ce troisième épisode, outre l'avancée avec la station de lavage, introduit Skyler dans le camp de Walt et montre que Hank est sur le point de revenir sur le terrain après une absence pour blessure. Seul Jesse est sur la touche, loin, désemparé et pathétique. Les trois scènes qui lui sont consacré sont encore une fois d'une justesse impressionnante et j'ai vraiment peur de son avenir dans la série parce que sa situation fait mal.
Verdict?
Ce n'est pas un épisode coup de cœur mais ce n'est pas non plus une catastrophe. C'est une transition obligatoire qui montre qu'il ne faut pas oublier Marie et Skyler dans l'histoire. En tout cas, je ne me suis pas ennuyé et j'ai apprécié chaque dialogue. La réalisation est toujours irréprochable et j'ai hâte de voir ce que va donner Hank en consultant. Je ne suis donc pas inquiet pour la suite, Breaking Bad est toujours là.
Ce que j'ai aimé :
- Les dialogues
- La réalisation comme d'habitude
- Dean Norris mérite un oscar
- Jesse est touchant
Ce que j'ai moins aimé :
- Pas vraiment de scènes « trippantes »
- Les scènes avec Marie un peu trop longue.
Scarch
