L'ombre de Gus
Avant toute chose et pour continuer sur la lancée des critiques précédentes, sachez que l'épisode de cette semaine se compose de quatorze scènes dont huit avec Walt, trois avec Jesse, deux avec Hank, et une avec Gus. Ce qui me paraît intéressant dans ces chiffres c'est de constater que Gus continue à écraser les épisodes de sa présence en apparaissant au compte goutte ou en étant tout juste évoquer. Gus est pourtant partout : Dans les caméras, derrière Mike, dans le stress de Walt, dans les recherches de Hank... Gus est en quelque sorte la raison d'être de tous les principaux protagonistes.
Bref, je vais commencer cette critique par un très léger coup de gueule : Trop de feinte tue la feinte et je veux bien sur parler du Cliff de fin du dernier épisode. Ce n'est pas la première fois que Breaking Bad utilise des Cliff pour nous feinter, mais à force, ces derniers n'auront plus aucun impact si la machine ne s'emballe pas un minimum. Pourtant, je le dis d'entrée de jeu, cet épisode m'a vraiment plut et il s'y passe beaucoup de choses même si le rythme reste lent. Cette saison de Breaking Bad est définitivement orientée Western et pour le moment, les deux cowboys opposés dans un duel se regardent, l'un main tremblante et sans expérience et l'autre sûr de lui, parfaitement conscient que le moindre de ses gestes est une pression supplémentaire sur les épaules de son adversaire. Mais au delà des apparences, Walt résiste et semble mettre au point une stratégie subtile dans laquelle Hank a un rôle important à jouer. Mais revenons au personnage qui nous intéresse maintenant et dont le nom introduit ce chapitre. Si je devais m'avancer, je dirais que Gus et Walt se sont choisis un favori, un champion pour les défendre. Si Walt dispose de Skyler comme soutien, Hank est une pièce de l'échiquier qui pourrait faire pencher la balance en sa faveur. Pareillement, Gus se sert de Mike comme soutien et contrairement à ce que laissait penser l'épisode précédent, de Jesse comme pièce stratégique. Visiblement, ce dernier n'est plus l'homme à abattre, mais plutôt à manipuler. Deux raisons possibles à cela : Soit Gus cherche à isoler Walt physiquement et psychologiquement pour l'affaiblir et en faire ce qu'il veut, soit il se sert de Jesse pour motiver Walt, pour le piquer dans son orgueil afin de mettre un peu de piquant dans leur combat. La scène du repas sur laquelle je reviendrais plus tard semble donner raison à la seconde hypothèse vu que Walt semble se prendre au jeu et passer à l'attaque, mais je laisserais les prochains épisodes répondre à cette question.
Toujours est-il que Gus conserve pour le moment un avantage certains et que ce nouveau western s'avère être passionnant.
L'ennemi de mon ennemi est mon ami.
Avant de commencer la seconde partie de cette critique, je vais citer Plutarque pour faire genre je suis cultivé :
« Il faut avoir des amis et des ennemis ; des amis pour nous apprendre notre devoir, et des ennemis pour nous obliger à le faire. »
Cette citation me semble tout à fait appropriée à Breaking Bad. Si Gus est clairement l'ennemi de Walter, il me semble désormais que ses amis soient Skyler et Hank. Nul besoin de justifier le premier choix, l'épisode parle de lui-même, mais les deux dernières scènes de l'épisode sont encore une fois extrêmement riches et travaillées concernant la relation entre Hank et Walt.
Avant de parler du contenu, j'aimerais saluer la performance de Bryan Cranston pendant la scène du repas. Ça fait plusieurs fois que ça arrive mais je ne l'ai jamais souligné et je vais sauter sur l'occasion pour le faire : mais quel acteur ! Cinq minutes basées entièrement sur sa gestuelle pour faire monter la pression. Cinq minutes pendant lesquelles tout est dans le regard de Walter qui se concluent par un magistral défi sorti tout droit de son orgueil.
Ici aussi deux explications possibles : Soit Walt s'est laissé submerger par ses émotions et cède à la pression de Gus pour se mettre en avant vu que Jesse prend du galon, soit il veut se servir de Hank pour échapper à la situation, devenir une sorte de Moriarty tout en protégeant sa famille. Ici aussi les prochains épisodes se chargeront d'éclairer notre lanterne. En tout cas, cette scène de repas est représentative de ce que j'aime dans Breaking Bad.
Et Jesse?
Le jeune Pinkman semble avoir également évolué avec l'intervention de Mike. Le premier arrêt en voiture joue parfaitement avec nos nerfs, et l'épisode s'offre même le luxe de nous offrir un clip sur la musique « 1977 » de Ana Tijou, avec quelques séquences en stop motion ou en accéléré que j'ai beaucoup apprécié.
Pour le reste, Jesse semble être encore très obscur. J'ai presque envie de dire qu'il est déjà mort vu qu'il n'a plus vraiment de volonté propre. Ce n'est pas dérangeant car on le comprends, et cette mise à l'épreuve de Gus sous forme de chemin de croix est encore une fois une excellente idée.
Pour finir, le fait d'écrire ma critique en retard m'a permis de constater que la réception de l'épisode par nos membre était plutôt mitigée. A mon avis, Breaking Bad est toujours l'excellente série qu'elle était mais se permet cette saison de changer de registre pour introduire un long combat final. Il lui faut bien plusieurs épisodes de chauffe pour lâcher la pression, mais ce western à Albuquerque me passionne déjà bien assez pour me permettre de ne pas faire la fine bouche. Je vais donc mettre une très bonne note à cet épisode, en attendant LE gros coup de coeur qui fera s'envoler la moyenne de cette saison un peu en deçà des autres à en juger par ses notes. J'y crois dur comme fer.
Ce que j'ai aimé :
- Le clip sur 1977
- Le repas de famille
- L'intensité de la pression de Gus.
- Le chemin de croix de Jesse
- la réalisation, encore et toujours.
Ce que j'ai moins aimé :
- Presque un coup de cœur, mais pas encore tout à fait. On y est presque.
- Un petit je ne sais quoi qui me gêne dans la psychologie de Hank qui prend cette affaire comme celle de sa vie un peu trop vite...