Critique : Breaking Bad 4.06

Le 29 août 2011 à 10:12  |  ~ 10 minutes de lecture
J'entends dire, ici ou là, que Breaking Bad n'est plus la série qu'elle était. Eh bien c'est faux! Et je le prouve...
Par Scarch

Critique : Breaking Bad 4.06

~ 10 minutes de lecture
J'entends dire, ici ou là, que Breaking Bad n'est plus la série qu'elle était. Eh bien c'est faux! Et je le prouve...
Par Scarch

You clearly don't know who you're talkin...

Avant toute chose, j'ai envie de dire que l'épisode de cette semaine pourrait être entièrement résumé par un échange de deux phrases entre Walter et Skyler, phrases qui sont disséminées tout au long des onze scènes et des quarante six minutes de ce sixième épisode de Breaking Bad. Les voici :

 

Walt : I am not in danger Skyler, I am the danger, I am the one who knock. As it is, It's all about me !

Skyler : Someone has to protect this family from the man who protect this family.

 

Autant dire que cet épisode apporte enfin l'étincelle qui va mettre le feu aux poudres de cette saison de Breaking Bad. On aurait presque envie de dire : « il était temps » mais je ne le dirais pas. Les cinq premiers épisodes prennent désormais tout leur sens et ma note me paraît amplement mérité. C'est ce que je m'en vais vous expliquer maintenant avant de rentrer dans le détail.

Tout d'abord, cet épisode montre avec brio ce qui fait de Breaking Bad une série à part, supèrieure aux autres, plus orientée 7eme art que simple divertissement : lorsque Jesse à mal, il ne le dit pas au spectateur via une pirouette dans un dialogue, non... Quand il a mal, on le sait, même s'il le manifeste en faisant la fête avec ses amis. Si Gus a un plan, il serait trop facile de nous le révéler. Le téléspectateur sait se servir de son cerveau pour constater au fil des épisodes à quel point Gus en veut à Walt et cherche à l'anéantir, doucement et méthodiquement, en commençant par son orgueil et sa confiance en soi, son esprit ou son ame en quelque sorte vu qu'il a besoin de son corps. Enfin, lorsque Walter est déstabilisé, il fait des erreurs stratégiques sans qu'a aucun moment le spectateur ait l'impression de lire en filigrane : « cet homme est en stress, c'est pour ça qu'il dit et fait des énormités. » En un mot comme en cent, Breaking Bad ne nous prend définitivement pas pour des cons et se permet de développer son intrigues sur des scènes de plus de sept minutes, comme la première conversation entre Walter et Skyler, ou encore la partie « Tucker! ».

La construction de cet épisode m'a parut encore une fois millimétrée. Onze scènes découpées de la manière suivante : Une introduction, puis deux scènes consacrées à Walt, donc trois scènes sans Jesse. Celui-ci n'est présent qu'à partir de la quatrième scène avec Mike. Viennent ensuite trois autre scènes avec Walt et Skyler, puis une autre avec Jesse. Les trois dernières scènes concluent brièvement l'épisode qui se suffit presque à lui-même. Pas vraiment de cliff de fin, des intrigues qui prennent leur sens précédées par une introduction qui explique clairement les enjeux de la famille White. Un moyen métrage, au milieu de la saison, dont chaque séquence m'a fait réagir et jubiler.

Pour terminer ce tour d'horizon et avant de rentrer dans le détail des deux principaux protagonistes de la série – qui sont largement mis à l'honneur dans cet épisode – je voudrais, pour ne rien oublier, parler de l'introduction qui me paraît elle aussi donner du sens à ce que nous avons vu précédemment. Sans parler de la réalisation d'une grande justesse encore une fois, tout en restant incroyablement artistique, il semblerait qu'entre Gus et le cartel adverse, la balle soit désormais au centre. Mike à gagné une manche et la « Gaz team » également, il va être temps de discuter comme le laisser entendre l'écriture sur le couvercle de la boite de Pollos. A partir de là, deux possibilités : soit cette histoire est juste une toile de fond pour poser le décor dans lequel évoluent les gens « normaux et dépassés par les évènements », soit elle représente le raz de marée à venir pour Walt qui fait déjà ce qu'il peut pour montrer qu'il maitrise la situation. Dans ce deuxième cas, les scénaristes mettent l'accent sur le sang froid et la maitrise de Gus, qui ne se laisse jamais emporter par une seule émotion, qui reste froid et méthodique et sait gérer une crise. Le fossé entre Walt et lui est tellement immense qu'il est forcément insurmontable pour le premier. J'ai en tout cas hâte de voir ce que cette conversation entre les deux cartels va nous apporter.

 

I am the one who knock – La famille White

Walt perd pied. Il ne sait plus vraiment dans quel direction aller, donc il fonce, tantôt vers la droite, puis vers la gauche. La première conversation avec Skyler, brillante et dont la phrase : « I am the danger, i am the one who knocks » pourrait d'ores et déjà se classer au panthéon des phrases cultes, le dépeint comme un Heisenberg maladroit, ou un Tony Montana survolté. Après cette conversation, pendant laquelle j'avais envie de lui demander de fermer sa gueule et de ranger sa puérilité au placard, s'ensuit une autre avec l'ex propriétaire du car wash ou l'on a, cette fois, envie de lui dire de réagir. Pourtant le paradoxe est là et il est magnifiquement amené : Si Walt veut devenir Heisenberg il faut – tout comme Gus le fait si bien – qu'il ferme sa gueule. Conclusion ? Duel contre Skyler perdu et celui contre le car wash gagné. Cependant, Walter ne semble pas l'avoir compris, du moins pas encore, et ce n'est pas sa virée avec Junior qui va me contredire. Peut-être est-ce d'ailleurs le seul petit défaut de cet épisode, cette imprudence, après tout ce qu'il a traversé, me paraît flirter avec le capilo-tracté mais bon, pourquoi pas. Tout ceci magnifie Skyler qui se retrouve dans le rôle de l'anti-scarface, pleine de bon sens et de raison. C'est peut-être elle, le Gus de la famille White après tout. C'est elle qui, comme elle le dit, protège sa famille de l'homme qui protège cette famille, c'est elle qui sécurise tout. Walter n'est encore une fois qu'un chimiste qui veut jouer les caïd et dont l'orgueil est extraordinairement réceptif aux provocations d'un Gus marionnettiste sans trop forcer. Car Walt aboie beaucoup mais commet autant d'erreurs. Son « It's all about me » en dit long et la réaction de Jesse traduit autant de pitié que d'agacement. Je suppose que si Walt veut s'en sortir, il devra apprendre l'humilité car c'est cette arme que Gus maitrise le mieux. Leur partie de ping pong, illustrée par les femmes de ménages espagnoles était en tout cas parfaitement mise en scène et toujours aussi agréable à regarder.

Enfin, pour conclure cette partie White (et je suis en train de me demander si le nom de cette famille à été choisit au hasard), je vous avouerais que la scène avec Skyler, le bébé et la frontière cadastrale, aussi poétique fut-elle, m'a parût un peu inutile et longue. On sait que Skyler est border line dans sa tête et qu'elle encaisse difficilement. Inutile de nous montrer son hésitation de cette manière.

 

Tucker !

Parlons maintenant de Jesse, que cette saison avait relégué au rang d'accessoire contemplatif ou comme excuse pour tourner des plans de drogués que Vince Gilligan affectionne apparemment beaucoup. Désormais, Jesse croît pendant que Walt décroît. On le sait désormais, le plan de Gus est de faire en sorte que Walt se sente inutile et que Jesse se prenne pour un héros. Le moins que l'on puisse dire c'est que tout marche sur des roulettes. Après une petite conversation ou Jesse joue magistralement le mec en manque et où je me dois de souligner une nouvelle fois le talent de ce jeune acteur, la partie « planque devant la maison » et tout ce qui s'ensuit fait désormais partie, pour moi, des meilleures scènes de Breaking Bad. Une petite mise en bouche pour commencer, quand Jesse frappe une première fois à la porte et ou l'on sent bien que c'est quand même pas mal le stress dans cette maison. Un point pour Mike. Puis une petite idée de réalisation, comme il y en a dans chaque épisode et que l'on ne remarque même plus, une caméra sur une pelle... bravo. Vient ensuite un délire de drogué que je pense crédible, pour finir sur une séquence d'une intensité phénoménale ou l'on a envie d'être partout sauf en face de ce paranoïaque drogué armé d'un fusil (je dirais une bonne paire d'as dans la pub winamax). Et voilà ! Jesse s'est pris pour un héros et le sort (ou pas...?) a décidé d'aller contre Walt et son « It's all about me » et pour Gus qui sait déceler le potentiel des gens qui en ont. Pinkman s'en est sorti après avoir pris une initiative et c'est un pas de plus vers le coté obscur (ou black).

 

Les grands absents.

Hank, Marie et Saul sont absents de cet épisode. Je me demande si le prochain ne sera pas consacré à Hank qui prend de plus en plus d'envergure vu ses récentes découvertes. C'est d'ailleurs Skyler qui a raison à mon avis : Walter a peur et une partie de lui veut que la police le retrouve.

Pour conclure, cet épisode fait pour moi partie du top 10 des épisodes de Breaking bad et je lui attribue une note en conséquence. Les deux plus grands ennemis de Walt ne sont pas des personnages. Ce sont sa peur et son orgueil et je pense que ces deux émotions sont les seules qui empêchent encore Heisenberg de sortir. A la semaine prochaine pour en apprendre plus – je l'espère – sur l'enquête de Hank.

 

Ce que j'ai aimé :

  • Dix scènes sur onze, c'est pas mal.
  • Le jeu de Jesse.
  • Les dialogues, épatants.
  • Toutes les intrigues prennent une raison d'être.
  • Un épisode qui non seulement se suffit à lui même mais qui en plus magnifie les précédents.
  • La partie Tucker.
  • I am the danger !
  • La scène d'introduction.

 

Ce que j'ai un peu moins aimé :

  • Une scène sur onze, c'est n'est pas beaucoup (Skyler et la pièce de monnaie)
  • Walt et la voiture de Jr, un peu tiré par les cheveux.

 

Note : 17/20

L'auteur

Commentaires

Avatar sephja
sephja
tout à fait d'accord pour la réplique. Et bien fait pour toi, el piolito, j'ai mis une note. L'orientation de la saison est plutôt bonne et on sent la montée en puissance qui vient.

Avatar Unknowned
Unknowned
Salut, ah quelle fut ma joie quand j'ai vu que tu aimé cet épisode. Je l'avais prédit dans mon ancien commentaire, mais j'avais toujours ce doute "Est-ce qu'il va aimer comme moi ?". Et bah ça y est Scarch a enfin retrouvé le Breaking Bad qu'il aimait (aime au présent aussi). Ça fait plaisir, surtout que moi aussi ça m’énerve que tout les gens a qui j'ai conseillé la série, me disent que la saison 4 ne vaut rien, FAUX. En attendant ta critique sur l’épisode 7 que je vais m'empresser de regarder des ce soir. See You Online.

Image Breaking Bad
14.71
14.44
13.29

Derniers articles sur la saison

Critique : Breaking Bad 4.13

Et voilà ! Breaking Bad c'est fini et tout va bien ! Comment? Seize épisodes l'année prochaine? Mais pour quoi faire?

Critique : Breaking Bad 4.12

J'ai décidé d'attribuer un 19 à l'épisode de cette semaine. Une telle note, ça se mérite et l'ennui avec ce genre de note, c'est que plus la note est haute, plus on doit la justifier. Alors c'est parti.

Critique : Breaking Bad 4.11

C’est le début de la fin pour Breaking Bad avec un onzième épisode qui une fois de plus nous force à nous interroger sur les suites éventuelles qui pourraient résulter d’une telle situation…