Bien vs Mal : Fight !
Quoi de mieux pour vous résumer rapidement l'ensemble de la série dans les grandes lignes, que de vous citer les premières paroles prononcées :
Avant le Commencement, après la Grande guerre entre le Paradis et l'Enfer, Dieu créa la Terre et la donna au singe habile appelé homme. A chaque génération, naissaient une créature de lumière et une créature de l'ombre. De grandes armées s'affrontaient alors dans le conflit ancestral entre le bien et le mal. C'était une époque de magie, de noblesse et de cruauté inimaginable. Ainsi était le monde. Jusqu'au jour où un faux soleil explosa au-dessus de Trinity et où l'homme troqua à jamais l'émerveillement contre la raison.
Le générique est tout simplement magnifique, terriblement stylé, et je vous invite grandement à le découvrir, car il donne vraiment le ton de la série. La série débute donc par les quelques phrases citées plus haut, puis nous amène dans la caravane de Ben Hawkins, un jeune homme interprété par Nick Stahl et dont on ne sait absolument rien sinon qu'il semble assez pauvre, et que sa mère est mourante à côté de lui. Celle-ci refuse d'ailleurs étrangement tout contact physique avec son fils. Après ce qui semble être une ellipse, un homme vient lui réclamer sa terre alors qu'il creuse la tombe de sa mère et qu'une caravane de forains passe par là. L'un des forains intervient, et la caravane décide de recueillir Ben.
Les forains
Carnivàle nous plonge dans un univers réel mais étrange, teinté de surnaturel, comme s'il s'agissait d'une réalité différente, un monde légèrement à part sur de petits détails. C'est, semble-t-il, ce que les réalisateurs souhaitent faire apparaître. En effet, du début à la fin de chaque épisode, flotte un je-ne-sais-quoi de mystique peut-être un peu dérangeant, et chaque personnage renforce cette impression.
Avant d'attaquer l'emballage, un zoom sur chaque protagoniste. Cette volonté de nous présenter chaque forain comme étant un personnage haut en couleur est parfaitement aboutie.
Samson, interprété par Michael J. Anderson, est ce qui semble être le chef de la caravane. Un personnage dont le nom, qui fait référence au Hercule biblique, est en complète opposition avec son physique - c'est un nain - mais en accord avec sa forte personnalité de meneur juste. Il est inutile pour chaque personnage que je précise sans arrêt la même chose : ils sont tous remarquablement interprétés, les acteurs campent leur rôle magistralement et, bien que je ne tarisse pas de superlatifs, cela me semble amplement justifié, et je vous encourage fortement à jeter un œil sur la série pour vous en convaincre.
Lodz, interprété par Patrick Bauchau, est un aveugle disposant du pouvoir de divination. Il vit avec Lila (Debra Christofferson), la femme à barbe de la troupe.
Rita Sue (Cynthia Ettinger) est une sorte de stripteaseuse qui va plus loin pour quelques billets.
Clayton Jones (Tim DeKay) est l'assistant de Samson, chargé du bon déroulement du montage/démontage de la fête foraine.
Sofie (Clea DuVall) est une jeune cartomancienne en relation télépathique constante avec sa mère dans le coma.
Cette liste est loin d'être exhaustive, et il faut garder à l'esprit que chacun de ces personnages a un rôle dans l'histoire et est reconnaissable dès le premier épisode, ce qui contribue énormément à l'immersion du téléspectateur.
Immersion totale
Du générique fort particulier à la dernière seconde de l'épisode, rien n'est laissé au hasard pour plonger le spectateur dans cet univers inqualifiable. Que ce soit la photographie qui est une des plus belles que j'ai pu voir dans une série, le cadrage qui donne lieu à des scènes marquantes et magnifiques, le déroulement du scénario qui s'étale dans la longueur justement afin d'accentuer l'histoire des personnages et donc l'immersion, les détails visuels et la qualité du jeu des acteurs, absolument tout est fait pour nous faire ressentir quelque chose d'étrange pendant le visionnement. Carnivàle, c'est un monde à part, qui a un aspect "Amérique des années 1930" remarquablement renforcé par la photographie sur laquelle chaque personnage semble fantasmagorique et pourtant bien réel. Tout s'ancre dans la normalité de ce petit monde tout en entraînant le spectateur. L'histoire se met en place lors de ce pilote et semble vraiment prendre son temps pour nous poser un décor devenu familier à la fin du pilote. Sur la forme, Carnivàle c'est du très bon, à regarder autant qu'a voir.
Oui, mais...
Ce choix esthétique et immersif a un revers de médaille et c'est cela qui, je pense, découragera beaucoup de monde de continuer la série. A la fin du pilote, on n'a pas du tout l'impression qu'une quelconque intrigue soit posée, et on a une sensation d'insatisfaction inqualifiable. Pour avoir vu la suite, je peux vous dire qu'intrigue il y a, mais pas pour tout de suite. Quelques éléments sont dévoilés, par-ci par-là, pour laisser le soin au spectateur de prendre ses marques et de découvrir par lui-même, avec les éléments dont il dispose, ce qui se trame dans cette série.
Carnivàle mérite donc d'être découvert et la première vision déterminera sûrement si vous accrochez ou pas à la série, car c'est avant tout une alchimie entre ambiance, mysticisme et surnaturel qui s'opère dans cette histoire, et il est possible que l'on n'accroche pas. Je vous encourage en tout cas à essayer.
Ce que j'ai aimé :
- tout l'aspect visuel, remarquable (photographie, cadrage, réalisation)
- le casting parfaitement choisi
- le soin donné à l'immersion
- la grande originalité
Ce que je n'ai pas aimé :
- la trop grande originalité ?...
- le fait que l'intrigue ne soit toujours pas posée
Note : 13/20