Critique : Càrnivale 1.01

Le 05 octobre 2009 à 00:00  |  ~ 5 minutes de lecture
Au chapitre des séries qui sont passé inaperçues et qui se sont arrêtées par manque d'audience alors qu'elles valaient mieux que cela, je voudrais Carnivàle : la caravane de l'étrange, une série qu'il faut regarder, sinon pour son histoire, au moins pour son ambiance et l'esthétique qu'elle dégage. Une série dont chaque plan, chaque scène et chaque acteur semble être choisi avec beaucoup d'attention. Un article sur le pilote pour tenter de vous en convaincre.
Par Scarch

Critique : Càrnivale 1.01

~ 5 minutes de lecture
Au chapitre des séries qui sont passé inaperçues et qui se sont arrêtées par manque d'audience alors qu'elles valaient mieux que cela, je voudrais Carnivàle : la caravane de l'étrange, une série qu'il faut regarder, sinon pour son histoire, au moins pour son ambiance et l'esthétique qu'elle dégage. Une série dont chaque plan, chaque scène et chaque acteur semble être choisi avec beaucoup d'attention. Un article sur le pilote pour tenter de vous en convaincre.
Par Scarch

Bien vs Mal : Fight !

 

Quoi de mieux pour vous résumer rapidement l'ensemble de la série dans les grandes lignes, que de vous citer les premières paroles prononcées :

Avant le Commencement, après la Grande guerre entre le Paradis et l'Enfer, Dieu créa la Terre et la donna au singe habile appelé homme. A chaque génération, naissaient une créature de lumière et une créature de l'ombre. De grandes armées s'affrontaient alors dans le conflit ancestral entre le bien et le mal. C'était une époque de magie, de noblesse et de cruauté inimaginable. Ainsi était le monde. Jusqu'au jour où un faux soleil explosa au-dessus de Trinity et où l'homme troqua à jamais l'émerveillement contre la raison.

Le générique est tout simplement magnifique, terriblement stylé, et je vous invite grandement à le découvrir, car il donne vraiment le ton de la série. La série débute donc par les quelques phrases citées plus haut, puis nous amène dans la caravane de Ben Hawkins, un jeune homme interprété par Nick Stahl et dont on ne sait absolument rien sinon qu'il semble assez pauvre, et que sa mère est mourante à côté de lui. Celle-ci refuse d'ailleurs étrangement tout contact physique avec son fils. Après ce qui semble être une ellipse, un homme vient lui réclamer sa terre alors qu'il creuse la tombe de sa mère et qu'une caravane de forains passe par là. L'un des forains intervient, et la caravane décide de recueillir Ben.

 

 

Les forains

 

Carnivàle nous plonge dans un univers réel mais étrange, teinté de surnaturel, comme s'il s'agissait d'une réalité différente, un monde légèrement à part sur de petits détails. C'est, semble-t-il, ce que les réalisateurs souhaitent faire apparaître. En effet, du début à la fin de chaque épisode, flotte un je-ne-sais-quoi de mystique peut-être un peu dérangeant, et chaque personnage renforce cette impression.

Avant d'attaquer l'emballage, un zoom sur chaque protagoniste. Cette volonté de nous présenter chaque forain comme étant un personnage haut en couleur est parfaitement aboutie.

Samson, interprété par Michael J. Anderson, est ce qui semble être le chef de la caravane. Un personnage dont le nom, qui fait référence au Hercule biblique, est en complète opposition avec son physique - c'est un nain - mais en accord avec sa forte personnalité de meneur juste. Il est inutile pour chaque personnage que je précise sans arrêt la même chose : ils sont tous remarquablement interprétés, les acteurs campent leur rôle magistralement et, bien que je ne tarisse pas de superlatifs, cela me semble amplement justifié, et je vous encourage fortement à jeter un œil sur la série pour vous en convaincre.

Lodz, interprété par Patrick Bauchau, est un aveugle disposant du pouvoir de divination. Il vit avec Lila (Debra Christofferson), la femme à barbe de la troupe.

Rita Sue (Cynthia Ettinger) est une sorte de stripteaseuse qui va plus loin pour quelques billets.

Clayton Jones (Tim DeKay) est l'assistant de Samson, chargé du bon déroulement du montage/démontage de la fête foraine.

Sofie (Clea DuVall) est une jeune cartomancienne en relation télépathique constante avec sa mère dans le coma.

Cette liste est loin d'être exhaustive, et il faut garder à l'esprit que chacun de ces personnages a un rôle dans l'histoire et est reconnaissable dès le premier épisode, ce qui contribue énormément à l'immersion du téléspectateur.

 

 

Immersion totale

 

Du générique fort particulier à la dernière seconde de l'épisode, rien n'est laissé au hasard pour plonger le spectateur dans cet univers inqualifiable. Que ce soit la photographie qui est une des plus belles que j'ai pu voir dans une série, le cadrage qui donne lieu à des scènes marquantes et magnifiques, le déroulement du scénario qui s'étale dans la longueur justement afin d'accentuer l'histoire des personnages et donc l'immersion, les détails visuels et la qualité du jeu des acteurs, absolument tout est fait pour nous faire ressentir quelque chose d'étrange pendant le visionnement. Carnivàle, c'est un monde à part, qui a un aspect "Amérique des années 1930" remarquablement renforcé par la photographie sur laquelle chaque personnage semble fantasmagorique et pourtant bien réel. Tout s'ancre dans la normalité de ce petit monde tout en entraînant le spectateur. L'histoire se met en place lors de ce pilote et semble vraiment prendre son temps pour nous poser un décor devenu familier à la fin du pilote. Sur la forme, Carnivàle c'est du très bon, à regarder autant qu'a voir.

 

 

Oui, mais...

 

Ce choix esthétique et immersif a un revers de médaille et c'est cela qui, je pense, découragera beaucoup de monde de continuer la série. A la fin du pilote, on n'a pas du tout l'impression qu'une quelconque intrigue soit posée, et on a une sensation d'insatisfaction inqualifiable. Pour avoir vu la suite, je peux vous dire qu'intrigue il y a, mais pas pour tout de suite. Quelques éléments sont dévoilés, par-ci par-là, pour laisser le soin au spectateur de prendre ses marques et de découvrir par lui-même, avec les éléments dont il dispose, ce qui se trame dans cette série.

Carnivàle mérite donc d'être découvert et la première vision déterminera sûrement si vous accrochez ou pas à la série, car c'est avant tout une alchimie entre ambiance, mysticisme et surnaturel qui s'opère dans cette histoire, et il est possible que l'on n'accroche pas. Je vous encourage en tout cas à essayer.

 

Ce que j'ai aimé :

 

  • tout l'aspect visuel, remarquable (photographie, cadrage, réalisation)
  • le casting parfaitement choisi
  • le soin donné à l'immersion
  • la grande originalité

 

 

Ce que je n'ai pas aimé :

 

  • la trop grande originalité ?...
  • le fait que l'intrigue ne soit toujours pas posée

 

 

Note : 13/20

L'auteur

Commentaires

Avatar Gouloudrouioul
Gouloudrouioul
Je suis pas vraiment d'accord avec ta critique. Déjà pour moi l'intrigue est clairement posée dès le premier épisode, et même si ce n'était pas le cas, ça ne m'aurait pas dérangé. C'est le genre de série qu'il faut prendre comme un immense film d'une vingtaine d'heures, donc ne pas voir la direction que veut prendre le show dès le premier épisode n'est je pense pas un inconvénient en soit, au contraire, ça pousse à continuer. On en retire un sentiment d'insatisfaction, certes, mais il profite au suspense et à l'histoire. Pour la trop grande originalité là je ne suis pas d'accord DU TOUT, d'ailleurs ça me choque un peu de voir que l'on peut qualifier quelque chose de "trop" original. Du moment que ça sort trop des sentiers battus, ça devient handicapant pour l'œuvre ? Je ne vois vraiment pas en quoi, on dirait presque que tu encouragerais la banalisation des histoires, ce qui devient, j'ai l'impression, un peu un virus dans les fictions actuelles. Je suis moi même dans une période où je perds énormément d'imagination pour me conformer sans me vouloir à la vision de tout le monde, et je trouve ça formidable que des histoires aussi originales puissent encore voir le jour. Ca ne plaira certes pas à tout le monde mais ce n'est, je pense, pas un mauvais point. Au contraire, c'est ce sur quoi repose toute l'histoire, c'est l'âme même de Carnivale. C'est un peu comme si tu remettais en question le fondement de l'œuvre, ce qui n'a absolument aucun sens dans une critique, tu crois pas ? C'est comme si tu mettais un carton à Shining parce que c'est flippant, ou encore à Breaking Bad parce que c'est déprimant. Et crois moi, je connais plein de gens qui n'aiment pas Stephen King parce qu'ils n'aiment pas avoir peur, et BB parce que c'est beaucoup trop noir et qu'ils sont déjà assez abattus comme ça. Est-ce que ça change pour autant les qualités intrinsèques de l'histoire et de la mise en scène ? Bien sûr que non, AU CONTRAIRE même, ils font dans un certain registre, et ils le font bien, tout comme Carnivàle. Alors, oui, ça ne plaira pas à tout le monde, mais hey, est-ce qu'une histoire doit vraiment plaire à tout le monde pour être de qualité ? Bon, j'ai un peu l'impression de partir en roue libre, mais étrangement je tombe sur ta critique pile au moment où je me pose moi même des questions sur l'originalité et les limites de l'imaginaire. Parfait timing. J'espère ne pas avoir paru trop agressif, j'memporte souvent quand quelque chose me passionne.

Avatar Scarch
Scarch
Merci pour ton commentaire Gouloudrioul. J'ai écris cette critique au début du site, il y a deux ans, et je viens de la relire en pensant utiliser l'argument de la facilité en prétextant qu'a l'époque, j'étais jeune et con et j'aurais conclut ma réponse par un désolé qui aurait enterré l'histoire. Mais je reste d'accord avec le moi d'il y a deux ans. La ou nous ne sommes pas d'accord, c'est quand tu dis que tu vois la série comme un immense film d'une vingtaine d'heure. Une série n'est PAS un film. Ce ne sera jamais un film, et a mon sens qui correspond au sens démagogique, une série construite comme un film est vouée à l'échec car un scénariste ne peut pas se permettre de s'étaler sur plusieurs épisodes pour immerger le téléspectateur, même s'il a toute la volonté du monde. Si tel devait être le cas, il lui faudrait une histoire qui accroche et pose des repères rapidement comme c'est fait dans Mad Men ou Boardwalk empire, deux séries auxquelles je n'accroche pas malgré tout parce que le rythme ne me correspond pas. Après, il n'y a bien entendu pas de recettes miracles et une série n'a pas forcément besoin d'un twist ou d'un cliff à chaque épisode pour être bien, mais il faut tout de même savoir jongler avec les intentions des scénaristes et leurs convictions d'une part, et le soin apporté à l'immersion d'autre part sans quoi le spectateur le moins courageux qui n'a pas forcément que ça a faire que de se taper 6 épisodes juste pour comprendre ou on l'amène. Je ne parle pas forcément pour moi, mais quand j'écris une critique, j'essaie de me mettre a la place des gens qui regarderaient la série pour la première fois sans y chercher forcément de l'originalité mais plutôt juste pour passer un bon moment. Comme je vois que le terme "trop grande originalité" te choque, je te répondrais simplement que je disais cela par rapport aux gens qui se lanceraient dans la série pour y suivre une histoire qui va les prendre par la main et les amener pendant deux saisons a une conclusion qui ne les aura jamais sortie de leur bulle. Carnivale, ce n'est pas ça, c'est une œuvre complexe, travaillée et qui mérite une certaine concentration. Pour extrapoler un peu, si j'étais critique littéraire populaire (au sens peuple, pas au sens star), je ne conseillerai pas guerre et paix au premier venu en lui disant que ça le passionnera quoi qu'il arrive, mais plutôt, s'il recherche juste de la distraction, un petit Bernard Werber ou autre (c'est un exemple hein). Donc pour moi, et rien que pour moi, et tu remarqueras que maintenant, je fais surtout des critiques pour moi en parlant de ce que je pense moi (ça fait beaucoup de moi), pour moi donc, Carnivale n'est pas trop original, et d'ailleurs le trop original n'existe pas. Il faut juste tout de même considéré le public que l'on vise et bien garder présent à l'esprit que si l'on veut mener son histoire jusqu'au bout dans une série, il faut savoir parfois sacrifier l'art au divertissement pur. Certain le font mieux que d'autres, je pense par exemple à Breaking bad. Je dis donc qu'a mon avis, si Carnivale a été arrêté au bout de seulement 2 saisons, c'est parce que le public n'est pas encore prêt pour les "séries d'auteurs" et ici, l'allégorie sur la guerre manichéenne n'intéressai personne à l'époque ou alors, il fallait la mettre dans un autre contexte (Lost par exemple, et encore, quand la série est partie dans ses délires mystiques, l'audience a bien chuté). Voila, en espérant que mes explications t'aient moins choqué que la critique...

Avatar Gouloudrouioul
Gouloudrouioul
Ah, mais selon moi Carnivàle pose clairement des bases dès l'épisode 1. Il ne donne certes pas d'indice sur où ça va finalement mener, mais est-ce que ce n'est pas ça, après tout, raconter une histoire ? On sait dès le début qu'on va suivre le périple de deux personnages qui sont voués à lutter l'un contre l'autre. Tous les personnages sont présentés, ainsi que les enjeux et les mystères (rêves, pouvoirs, direction...), les points de repère sont donc bel et bien là dès le départ. Si tu trouves que c'est évasif, et bien Boardwalk Empire et Mad Men le sont aussi largement, ainsi que beaucoup d'autres séries feuilletonantes comme Dexter ou encore Breaking Bad. "Comme je vois que le terme "trop grande originalité" te choque, je te répondrais simplement que je disais cela par rapport aux gens qui se lanceraient dans la série pour y suivre une histoire qui va les prendre par la main et les amener pendant deux saisons a une conclusion qui ne les aura jamais sortie de leur bulle. Carnivale, ce n'est pas ça, c'est une œuvre complexe, travaillée et qui mérite une certaine concentration. " Oui, je comprends parfaitement l'intention, mais de là à mettre l'originalité dans les points négatifs alors que ça fait plutôt partie de ses qualités... Où que tu la positionnes, les gens seront de toute façon averti que c'est original, et ça te permet de ne pas démonter LE point fort du show. Le public visé n'est clairement pas celui qui a besoin d'être pris par la main, je ne vois pas pourquoi tu devrais te soucier d'eux dans ta critique, autant te concentrer uniquement sur ce qui fait de la série ce qu'elle est sans te placer du point de vue d'un spectateur lambda. "Je dis donc qu'a mon avis, si Carnivale a été arrêté au bout de seulement 2 saisons, c'est parce que le public n'est pas encore prêt pour les "séries d'auteurs" et ici, l'allégorie sur la guerre manichéenne n'intéressai personne à l'époque ou alors, il fallait la mettre dans un autre contexte " Ah, là je suis bien d'accord. Mais encore une fois, ce n'est pas la série qui est fautive, mais le public trop abruti pour suivre une telle série. Ce n'est pas sur le dos de la série qu'il faut mettre le manque d'audience et d'intérêt des spectateurs, c'est sur le dos des spectateurs eux même, et c'est d'ailleurs je dirais sur ce point particulier que notre façon de voir les choses diffère. "Certain le font mieux que d'autres, je pense par exemple à Breaking bad." En même temps, BB c'est beaucoup moins original et beaucoup plus d'actualité. Les gens sont bien plus intéressés par le milieu de la drogue, par un héros père de famille auquel ils peuvent certainement plus s'identifier, par l'action plus présente, etc... Je ne dis pas que la série est moins méritante, mais en tout cas elle prend moins de risque, c'est clair et net. "Voila, en espérant que mes explications t'aient moins choqué que la critique... " J'ai pas été choqué du tout par ta critique, juste par le terme "trop grande originalité". Ca reste d'ailleurs une très bonne critique (j'ai oublié de le souligner, désolé), bien écrite, pertinente,... il y a juste quelques points sur lesquels je ne suis pas d'accord et je voulais en discuter :P

Image Carnivàle
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