Critique : CHAOS 1.02

Le 25 juillet 2011 à 21:33  |  ~ 6 minutes de lecture
Episode creux et fade, porté par des personnages transparents et sans saveurs qui se lancent dans une mission suicide qui fait bailler. Au programme, des Coréens du Nord, des espions tous identiques pour une série qui ne ressemble à rien.
Par sephja

Critique : CHAOS 1.02

~ 6 minutes de lecture
Episode creux et fade, porté par des personnages transparents et sans saveurs qui se lancent dans une mission suicide qui fait bailler. Au programme, des Coréens du Nord, des espions tous identiques pour une série qui ne ressemble à rien.
Par sephja

Pitch Corée du Nord 

Lee Quan Song est un représentant de la Corée du Nord sur qui la CIA a des vues depuis que le régime de Pyongyang a décidé de se passer de ses services. Rick Martinez le retrouve sur le point de se suicider et obtient le deal suivant : le diplomate acceptera de rejoindre l'Agence s'il parvienne à sauver sa femme avant cinq jours, sans quoi il s'arrangera pour disparaître du paysage. 

 

 

Un show à l'identité trouble 

Commençons par une petite mise au point au cas où un lecteur maladroit se perdrait sur cette critique : non, je ne veux pas régler de compte avec Chuck 44 et non, je ne vais pas faire la promotion de CHAOS. Du moins pas de cet épisode clairement raté, la faute à toute une série de défauts qui nuisent fortement à la série depuis le pilote. CHAOS est une show d'espionnage, genre qui occupe une place à part dans mon coeur depuis Alias ou plus récemment Burn Notice. De plus, elle se démarque des autres pour une vraie raison : elle est le symbole des nombreux maux qui minent un genre victime d'une crise profonde. 

Il est ici question d'un diplomate Nord Coréen que ses supérieurs ont bien l'intention de supprimer, sauf si les américains parviennent à le faire changer de bord en prouvant leur bonne foi. Après avoir passé le pilote à passer pour une andouille afin d'apporter un ton comique au show,  Rick Martinez endosse pour de bon le costume du héros qui se bat ce qu'il croit juste, quitte à monter en quelques heures sa propre opération d'infiltration de la Corée du Nord. Avec ses quatre collègues, ils vont alors pénétrer une fois de plus en territoire ennemi, pour convaincre l'épouse du diplomate de partir avec eux.

Le problème de cette intrigue est qu'elle est trop réaliste pour faire rire et trop parodique dans son final pour être vraiment crédible. Le syndrome qui touche la série vient de son identité particulièrement étrange, CHAOS n'étant pas une comédie, contrairement à ce que la promotion de la chaine avait laissé croire. Elle ne correspond à rien de particulier, essayant de jouer sur le tableau du divertissement pur tout en proposant des histoires qui se veulent ambitieuses, mais rament beaucoup trop pour convaincre vraiment.

Difficile de cerner CHAOS surtout que les comédiens ne nous aident vraiment pas dans notre objectif de comprendre le but réel de son créateur. Car Tom Spezialy n'est pas un débutant et a participé à suffisamment de shows honorables (Reaper, Dead like me, Desperate Housewife) pour surprendre ici en donnant vraiment l'impression de ne pas savoir où il va. 

 

Des personnages monumentalement ratés

Tous les auteurs de série expliquent qu'un personnage doit pouvoir se distinguer par son costume et sa façon de circuler dans l'espace qui l'entoure. Hors là est le problème concernant les héros de CHAOS : ils sont tous les mêmes et absolument rien ne permet de les différencier les uns des autres, à l'exception de James Murray et son accent de Manchester. En effet, avec cette épisode, chacun des espions essayant de gagner au jeu de trouver lequel des trois est le moins charismatique, faisant preuve lors du dernier acte d'une passivité assez exaspérante. 

CHAOS n'est pas un divertissement car ses personnages sont trop rigides et réalistes et que le scénario semble s'interdire toute forme de fantaisie. Mais elle n'a pas non plus l'ambition d'être sérieuse, tant les individualités qui le composent manquent d'épaisseur et de crédibilité pour apporter l'intensité nécessaire à cette histoire. En fait cette série essaie de jouer sur les deux tableaux et rate totalement son coup, la faute à un casting mal pensé et à un style de narration déséquilibré. La palme de la mauvaise idée va au choix de Tim Blake Nelson (très bon cinéaste au demeurant) qui ne correspond vraiment pas à son rôle et ne parvient pas à croire à son personnage. 

Il en résulte une histoire qui fait bailler, ne contenant que peu de rebondissements et qui ne parvient ni à divertir, ni à créer le moindre trouble. Le chaos désigne ce qui échappe à la conception humaine, le grain de sable qui met à mal une structure et oblige à tout repenser. En fait il n'y a pas mensonge, cette série est la parfaite définition du chaos qui touche un genre en pleine crise : la série d'espionnage.

 

Un épisode particulièrement creux

Résultat prévisible d'une série mal construite et particulièrement fade du point de vue des personnages, CHAOS ne permet jamais de croire à son intrigue, hormis la conviction de Freddy Rodriguez qui fait de son mieux mais ne parvient pas à tenir la série sur ses épaules. Tout comme Covert Affairs, cet échec est le symbole de la crise rencontrée par les séries d'espionnage classique, incapable de sortir du traumatisme causé par le 11 septembre. De Undercovers à CHAOS, aucune ne parvient à renouer avec la réussite de Alias ou le charme des Mystères de l'Ouest, laissant le genre mourir lentement à petit feu. 

Vous le comprendrez aisément, j'ai repris les critiques de CHAOS non pas pour proposer une analyse épisode par l'épisode, mais pour se pencher sur la lente mort qui touche les séries "CIA spy". Seuls les bannis comme Michael Westen ou les parodiques comme Chuck trouvent encore grâce aux yeux de spectateurs, les auteurs semblant incapable de croire encore à une CIA qui agit pour le bien de tous. Les espions ne sont plus que l'ombre d'eux-mêmes, comme ce quatuor de barbouzes incapable d'incarner le mythe de ces héros en qui plus personne ne croit.

 

J'aime :

  •   Freddy Rodriguez seul à sortir la tête de l'eau 
  •   les scènes en extérieur à Pyongyang assez réussies 

 

Je n'aime pas : 

  •  les personnages trop fades 
  •  le scénario sans queue ni tête 
  •  une série qui ne parvient pas à trouver son identité 
  •  l'absence de cohérence avec l'épisode pilote 

 

Note : 07 / 20 

Un épisode raté, la faute à une série avortée, sans identité, ni personnalité  et à un casting incohérent, preuve qu'un show ne peut se construire sans une véritable idée directrice. Un épisode qui laisse indifférent, partageant avec les séries d'espionnages contemporaines (Undercovers, Covert Affairs) une vraie tendance à la médiocrité. Navrant.

Merci à Chuck 44 de m'avoir passé la main. Je continuerais cette saison de chaos si cela ne le dérange pas car la suite réserve quelques éléments intéressants.

L'auteur

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