Community c’est une série que la rédaction de Série-All adore particulièrement, alors je dois dire que j’étais ravi de pouvoir critiquer ce « Repilot », le titre faisant référence à un reboot de la série suite au retour de Dan Harmon.
On ne reviendra pas sur l’historique global de la série, mais pour rappel, suite à de nombreuses divergences Dan Harmon, génial créateur et showrunner des trois premières saisons, a laissé la série livrée à elle-même lors de la saison 4 avant de faire son retour. Et cette saison 4 s’est retrouvée amputée des épisodes géniaux que les 3 précédentes ont pu avoir, mais a aussi destructuré toutes les relations entre les personnages. Cependant, tout n’était pas à jeter, loin de là, la saison restant globalement correcte après un démarrage délicat.
Toujours est-il qu’elle est considérée comme le mouton noir des saisons de Community, et que tel le nouvel OMO, Dan Harmon allait rendre le prochain mouton plus blanc que blanc pour tous les fans.
Community, le retour
Alors oui qu’on se le dise, Community est de retour. On retrouve bel et bien l’esprit de la série, son âme dès ce premier épisode. Mais ce retour doit-il être forcément accueilli comme une bonne nouvelle ?
J’ai vraiment cherché à regarder cet épisode sans le filtre du fanboy de base « Youpi Dan Harmon est de retour donc ça va forcément être génial ! ». Et j’ai bien fait, parce que si j’étais rentré dans le rang de mes camarades en adoration devant cet épisode sous prétexte que le nom de Dan Harmon réapparaît au générique, je pense que j’aurais moi-même perdu une partie de mon âme.
Jeff en sauveur, comme Dan Harmon ?
A la décharge de Harmon, il y avait un véritable chantier de reconstruction. Difficile de reprendre la série là où il l’avait laissé puisque entre temps, 13 épisodes sont passés et les personnages ont été diplômés et n’avaient plus de raison d’être à Greendale. Alors Harmon a choisi une voie et cette voie pour moi, c’est la facilité.
Du passé faisons table rase
Pourquoi la facilité ? Parce que Dan Harmon choisit volontairement et explicitement de ne pas considérer la saison 4, ou au mieux comme de la merde (tout juste une référence à une fuite de gaz). Un procédé qui ferait presque pâlir les créateurs de Dallas qui avaient transformé une saison complète en un rêve, ou ceux de Roseanne qui avaient renié l’intégralité de la dernière saison dans les derniers instants du final. Et parce que le procédé pour faire revenir tout le monde à Greendale aurait pu être écrit par le premier showrunner venu.
Encore une fois, le Community qu’on connaît, la série qui n’hésite pas à se servir de ses personnages pour faire son auto-critique et qui brille dans le méta, est de retour. Mais, c’est tellement peu subtil et tellement facile de critiquer cette saison…
Non, Joel McHale n'a pas décroché de rôle dans Mad Men. Mais il déprime autant qu'eux...
Et pour aller jusqu’au bout de sa démarche, Harmon nomme cet épisode « Repilot ». C’est encore une fois explicite, pas besoin de détailler surtout qu’Abed le fait dans les premières minutes de l’épisode. Le terme suggère une réinvention de la série, un reboot, un nouveau départ trois ans après la fin de la saison 4. La comparaison avec la saison 9 de Scrubs est faite, sauf que concrètement, hormis le fait que les deux personnages principaux deviennent enseignants, il n’y a aucun rapport. Le seul intérêt de cette comparaison est la vanne sympathique sur le départ de Donald Glover (Troy) mais à part ça, pas de changement de chaîne, pas de changement de lieu, pas de changement de cast…
Non au contraire, on retrouve les personnages dans un état similaire à celui dans lequel on les avait découverts. Et c’est là qu’intervient LA scène de l‘épisode, la seule qui vaille réellement le coup d’être vue et revue : il s’agit de l’enchaînement dans lequel le groupe récapitule tout l’historique de Chang dans l’ordre antichronologique, suivi du speech de Jeff sur le « Avant/Après » de tous les personnages. Et ce discours a le mérite de réellement remettre les choses à plat et donner de la légitimité à l’épisode, puisqu’il justifie le fait que les personnages ont finalement encore besoin de Greendale, même si l’on peut déplorer le côté auto-destructeur de la décision. D'autant plus que là, pour le coup, on perçoit une critique globale de la série, et pas juste de la saison 4 (notamment Jeff et son "It was a four year process").
Reculer pour mieux sauter ?
On fait également un point sur la situation de Pierce et ça, c’est très agréable : son (éphémère) retour pour annoncer son départ et les raisons de celui-ci est plutôt bien amené. Même si malheureusement, c’est ce passage qui lance la sempiternelle happy ending de Community, quelque chose que je déplore depuis tant de saisons. Et cette fin est en plus accompagnée de lourdeur, avec la table brûlée « comme un symbole » mais sans subtilité aucune. Mais bon, tout ça fait plus partie de mes critiques envers le Community old school.
Les adieux de Pierce, dans toute sa grandeur
Malgré tout ce que j’ai pu dire, il faut reconnaître cet épisode réalise assez correctement sa fonction de Repilot. On réintroduit le héros, Jeff, dans sa nouvelle position et on présente les personnages et leur situation de départ. L’épisode contient quelques bonnes vannes, notamment grâce à Troy (Zach Braff, Clive Owen, robot fight…) et Britta, même si l’on n’est pas hilare pendant 20 minutes.
Dan Harmon a beau m’avoir déçu en empruntant un chemin que j’imaginais trop banal et convenu pour être le sien, il n’en reste pas moins qu’il a globalement bien réussi à remettre SA série sur pieds. J'ai quand même hâte de voir la suite de la saison.
J’ai aimé :
- Troy, peu de répliques mais que du lourd
- Le retour de Pierce
- Le speech de Jeff et celui sur Chang
J’ai moins aimé :
- La position de Dan Harmon
- Le Dean
Ma note : 13/20, parce que Dan Harmon a pataugé, mais qu’il ne s’en sort pas si mal.